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299-250

258 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

 

Au 258 de la rue des pyrénées, un homme lave un verre dans la cuisine de son appartement du troisième étage. Il chancelle un instant, et puis il essuie ses lèvres d'un revers de la manche. Il a un goût de dépit et de tristesse.  Il relit la lettre qui explique sa situation. Avis a tiers détenteur il est écrit en haut et a droite, la première lettre explique que l'on va lui prendre l'argent de son compte bancaire, la seconde lettre explique que l'on va lui prendre l'argent de son salaire. L'homme froisse les deux lettres et les jette dans sa poubelle. Ce n'est plus vraiment important. Il aimerait s'asseoir dans un endroit chaud et rassurant pour ne pas avoir peur. A défaut il traverse la petite pièce de son appartement pour se rendre dans la chambre. Il pourrait prendre un cioran pour lire quelques lignes avant de fermer les yeux. Ce serait peut-être encore plus angoissant. Ou ça le ferait rire. Il doit y avoir une cigarette quelque part, il a encore l'énergie de chercher pour fumer une dernière cigarette. Et puis il renonce. Sa vie n'aura pas été si pénible, au fond, il aura toujours été amoureux, aimé, et il ne comprends pas pour quelles raisons il est en train de se jeter dans le précipice. L'argent aura été son unique problème dans la vie, cet argent qui lui aura toute sa vie brûlé les doigts, qu'il aura dépensé a tort et a travers, pour aider des gens, beaucoup par naïveté, un peu par lâcheté. Il ferme les yeux pour essayer de se détendre. Il sait que le breuvage qu'il a absorbé va l'endormir pour le tuer. Il ne voit pas d'image défiler devant ses yeux. Il ressent une forme de tourment mêlé a un apaisement, il ferme les yeux pour appréhender la mort. En attendant. Il ferme les yeux. En attendant la mort. Il ferme les yeux.

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258 bis rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au troisième étage du 258 bis rue des pyrénées, premier appartement a droite quand on débouche sur le palier, un homme hoche la tête avec dépit. L'entrée de cet appartement est minuscule, on débouche presque immédiatement sur une petite salle a manger avec au fond une cuisine américaine. L'homme avec un sentiment qui pourrait s'apparenter au désespoir relève la fourchette de son récipient et le liquide jaunâtre qui dégouline n'est pas celui espéré. Il y a un poster dans la salle a manger, un vieux film de jarmusch du temps ou il ne se prenait pas pour un artiste mais pour un cinéaste, une photo de gene tierney dans laura, le plus grand film de tout les temps d'après le type qui vit ici. A moins que ce ne soit l'avis d'une femme qui a vécu ici et qui est parti depuis longtemps en laissant cette photo accrochée au mur. L'homme soupire, chantonne en même temps que tom waits dont la voix sort par les enceintes, la chanson "poor eward" sixième piste de l'album "alice". Des bibliothèques remplies de livres remplacent les murs. Le premier dans l'ordre alphabétique parfaitement respecté est un james agee, "louons maintenant les grands hommes", le dernier livre de la bibliothèque est un ievgueni zamiatine, "l'inondation". L'homme jette le contenu du récipient dans l'évier et regarde le liquide jaunatre  disparaître dans le siphon. Son regard s'écrase sur l'affiche du grand incendie, un web-documentaire assez riant sur les personnes qui s'immolent sur leur lieu de travail. L'homme va maintenant se préparer pour aller au supermarché. Il pense a sa mère, qui elle non plus, ne la réussissait jamais, alors que c'était une cuisinière hors pair. L'homme comprends que lui aussi, comme sa mère, comme une forme de maladie héréditaire, lui aussi est atteint de ce mal incurable, bref, lui aussi  est atteint du syndrome de la mayonnaise ratée.

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259 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je pénètre dans l'immeuble du 259 de la rue des pyrénées. C'est celui qui se trouve juste a côté de cette boutique faisant l'angle avec la rue orfila et qui change d'enseigne tout les 6 mois depuis que la clinique de l'aspirateur dont le nom m'a toujours fait sourire a fermé. J'ai mon adjoint aux fesses, lui aussi continue de penser que l'on va finir par trouver l'assassin de louise. Nous montons l'escalier jusqu'au deuxième et je frappe a la porte. Une femme, la petite soixantaine m'ouvre la porte, je l'ai vu a l'hôpital, c'est la mère de la meilleure amie de louise, elle s'efface pour nous permettre d'entrer dans son appartement. L'amie de louise nous attends, assise sur le canapé de la salle a manger. Je lui serre la main. Je n'ai pas revu Chloé depuis l'hôpital, son copain venait de décéder suite a une tentative de suicide. Il y a plus d'une semaine. Elle a été hospitalisé et j'ai renoncé a l'interroger. La meilleure amie de louise, peut-être la seule. Louise, louise, louise. Je la devine qui me sourit alors que je serre la main de la jeune fille, je la devine qui pleure alors que je m'assois sur le canapé, je la devine qui hurle alors que j'ouvre la bouche. Louise, je vais trouver ton meurtrier. Comment vous sentez vous je demande a chloé. Nous avons bien entendu tiré des conclusions hâtives quand nous avons découvert le suicide du petit ami de chloé, après tout peut-être était il amant de louise et c'est lui le meurtrier, rongé par la culpabilité. Après tout il avait peut-être assassiné louise qui allait tout révéler de leur liaison et il se suicide. C'est courant de sortir avec la meilleure amie de sa femme ou de sa petite amie. Très courant. J'ignore ce qui n'allait pas chez mon copain dit chloé, il a toujours été ainsi, vaguement dépressif. Je crois que sa mort n'a aucun rapport avec celle de louise. Comme un hasard elle ajoute. Peut-être est-ce un déclencheur, mais il n'y a pas de liens entre leurs morts. J'ai relu le dossier de la jeune fille, khâgne, hypokhâgne, étude brillante. Elle est jolie. Je comprends que mon adjoint la regarde avec un certain intérêt. Il aimerait consoler la veuve je me dis en rigolant. Je le laisse poser des questions tout en pensant a louise. Mes yeux se perdent dans l'horizon qui est assez réduit, puisque c'est l'immeuble de l'autre côté de la rue des pyrénées. J'entends louise qui m'appelle, je l'entends mais je ne comprends ce qu'elle me dit. Je reviens un moment a la conversation, chloé explique que louise ne sortait qu'avec des hommes plus agès qu'elle, comme si elle cherchait son père dans ses amants. Rien de nouveau je ne lui dis pas. Le visage de louise se dessine près de moi. Je suis loin de tout, je suis près de toi louise, je suis tout près de toi.

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260 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Il y avait un squat au 260 rue des pyrénées. Cette soirée a ou tout le monde se parle, ou tout le monde picole, cette soirée ou les visages se succèdent, ou les alcools se succèdent, ou l'on oublie peu à peu, ou les visages disparaissent, ou les alcools se succèdent, de la musique dans les oreilles, les alcools se succèdent, des danses de plus en plus enivré dans le salon, des souvenirs qui s'estompent, et des alcools qui se succèdent. Je me souviens vaguement je parle avec une fille dans le jardin et qu'elle m'embarque dans les toilettes et qu'on sniffe un petit rail de poudre blanche sur la lunette des chiottes, je crois que c'est le seul vague souvenir que j'ai de cette soirée. Et aussi des éclairs ou je danse, enfin disons plutôt ou j'agite mon corps sur des rythmes et des sons que je serais bien en peine de reconnaître aujourd'hui. Je me souviens aussi que ma copine de Montreuil me dit que je vais venir dormir chez elle car je suis dans un état vers les 4 heures du matin ou je ne pourrais pas rentrer chez moi. Et puis elle ajoute tu es trop bourré aucun taxi ne voudra t’emmener. Je n'essaie plus de prendre un taxi a paris de toutes les façons. Ils ne veulent jamais de toi. Soit c'est trop loin, soit c'est passez loin, soit ça ne les arrange pas, soit ton copain est trop noir, soit tu es trop bourré. Oui mais tu es vraiment trop bourré me dit ma copine. On commence a marcher mais on est trop bourré et trop défoncé pour que l'air du dehors nous permette de retrouver nos esprits. Ma copine en a marre de marcher et me propose qu'on prenne un vélib pour rentrer plus vite. Je me souviens que c'est très difficile de pédaler dans mon état et j'ai l'impression que la rue de paris ne va jamais finir, c'est comme si chaque coup de pédale me semblait un effort surhumain. Je monte les étages de chez ma copine et je m'effondre sur son canapé. Je me réveille le lendemain avec une gueule de bois monumental et je vais la soigner en rentrant chez moi pour ne plus sortir de mon lit avant le lundi matin et la reprise des hostilités professionnelles.

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261 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis dans un canapé au troisième étage du 261 de la rue des pyrénées, il s'apprête a regarder le premier épisode de la saison 3 de the affair. Il a l'impression que c'est une des meilleurs séries qu'il ait vu dans sa vie. Il n'aime pas les classements ou la hiérarchie que l'on donne aux sentiments, aux événements, aux films et aux livres, mais il sait une chose, c'est une des meilleures séries qu'il ait vu dans sa vie inutile. Une femme lit un livre, assise en tailleur sur son lit dans le petit studio qu'elle occupe au dernier étage du 261 de la rue des pyrénées, le livre qu'elle relit c'est un foster wallace, la fonction du balai. Ce livre l'intrigue, elle sait bien que foster wallace est un immense écrivain et elle se rends compte que lors de la première lecture, elle n'a pas extrait toute la substance du livre. Elle entame donc sa relecture. Une adolescente casse un oeuf dans une eau bouillante dans la cuisine d'un appartement du 261 de la rue des pyrénées. Réussir l'oeuf mollet est toujours une chose compliquée. Alors que le blanc prend, elle se demande ce que sera son futur, rassemble le blanc autour du jaune dans l'eau frémissante, la jeune fille s'interroge, ses deux intérêts dans la vie sont la cuisine et la philosophie et elle ne sait toujours pas vers quelle domaine s'orienter. Un homme repose ses muscles, il vient de terminer ses pompes quotidiennes. Il ne sait pas encore avec quelle fille, il va sortir ce soir. Ce n'est pas très important. L'important c'est de passer une bonne soirée, de bien manger dans un bon restaurant, d'aller boire un verre et puis de baiser pour se détendre. Il n'écoutera pas la femme avec laquelle il passera la soirée, il ne vit que pour lui et ce qu'il ressent. Un homme est allongé sur son lit dans un appartement du 261 de la rue des pyrénées. Le plafond ne l'aide pas dans sa réflexion. Il aimerait se fondre dans son lit, se dissoudre pour disparaître, il est fatigué de vivre, tout simplement. Il a l'impression que le sexe, l'amour, les sentiments, il a l'impression que tout est derrière lui. Tout est derrière lui.

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262 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 262 rue des pyrénées, un type est allongé dans l'escalier. Il se demande comment c'est venu. De tomber ainsi a terre. De se retrouver allongé dans l'escalier de l'immeuble qui se trouve au 262 rue des pyrénées. Il est peut-être mort, il est peut-être vivant, et il est peut-être vivant et mort. Au fond ce qu'il aura été toute sa vie. Vivant et mort. Il ressent une douleur dans ce qui doit être son coeur. C'est ainsi que tout fini, se dit-il alors, une impression de déjà vu, une illusion que l'on va rester éternel. Toute sa vie a penser sa mort, toute sa vie a panser le rien, égarer le néant. Au 262 de la rue des pyrénées, un type est allongé. Il va mourir, il n'en est sans doute pas encore conscient, il s'est effondré d'un coup, il devrait peut-être crier, appeler au secours, il a comme l'impression que son coeur va bientôt cesser de battre. Que ce qui ressemble a sa vie bientôt ne sera plus. La mort n'est pas comme dans les films, on ne voit pas sa crétinerie de vie défiler devant ses yeux, on a juste peur. La trouille. On ne voit pas sa mère, son père, son poisson rouge, on en revoit pas des évènements ou des morts un peu oubliés. Il faudrait qu'il se relève, il faudrait qu'il finisse de descendre l'escalier, il faudrait...

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263 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

 

Au 263 rue des pyrénées, un homme enlève son noeud de cravate. Il retire sa chemise. Au 263 de la rue des pyrénées, voici ce qu'il écrit. " Nous sommes une petite trentaine de personnes à l'enterrement de mon père. Un peu de famille, quelques amis éloignés, son fils unique. Sachant l'aversion de mon père pour la religion, j'ai opté pour cette cérémonie civile qui me semble respecter ce qu'aurait pu être ses dernières volontés. Je n'avais pas parlé de la mort avec mon père, encore moins de la sienne. Il était décédé assez soudainement mais de manière sereine. On l'avait trouvé dans son lit, un livre posé sur sa couverture. D'après le médecin, son cœur s'était éteint paisiblement. Je connaissais presque toutes les personnes assises dans la petite salle du funérarium du père Lachaise, mon géniteur est mort comme il a vécu je me suis dis, de manière effacée et discrète. Passager d'un bateau où il ne voulait pas monter. Navigateur improvisé d'une vie sans doute vaine. Je me demandais toujours ce qu’était sa vie, depuis que je le connaissais, depuis qu'il était apparu dans la mienne. Je ne l'avais jamais considéré comme un inconnu, plutôt comme une connaissance lointaine. J'attendais sagement que le cercueil brûle et qu'on me remette l'urne. Ensuite je devais dire un petit laïus. Je n'avais rien préparé, je n'avais rien à dire. Nos rapports étaient cordiaux mais lointains, et je n'aurais su prononcer que quelques phrases banales sur lui. Il méritait mieux. Je me suis donc levé à la fin de la cérémonie, remerciant les personnes pour leur présence et ne trouvant rien de plus à ajouter. En sortant, alors que le soleil et les nuages livraient une bataille pour s'imposer sur paris, j'ai remarqué une vieille femme qui semblait très tourmentée et qui me dévisageait comme si j'étais une sorte d'apparition. Je me suis demandé si cette femme avait toute sa raison et si elle n'était pas égarée. Peut-être qu'elle venait juste assister aux cérémonies funéraires parce que qu’elle n’avait rien de mieux à faire, ce qui ne me paraissait pas plus incroyable que d'assister à un match de football, peut-être qu'elle connaissait mon père. J'ai ressenti tout à coup une forme de tristesse, comme une nostalgie de ce qui n'avait pas été. Je me rendais compte que je ne savais rien sur mon père, ne connaissais ni ses amis, ni ses habitudes. La proximité que nous avions un peu trouvée depuis que j'étais adulte, n'incluait pas l'intimité. C'est comme si mon père, désormais, devait vivre dans mon souvenir, et comme si, je n'étais pas capable d'animer le film de son existence. Les murs qu'il avait patiemment érigés autour de sa vie, semblait le rendre encore plus lointain." 

 

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264 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis, il pleure. Nous sommes au 264 de la rue des pyrénées, l'homme sait qu'il ne supporte pas les nouvelles qu'il entend, il est assis dans un fauteuil, un ordinateur sur ses genoux. Il a reçu un mail funèbre de son frère, un mail qui raconte le quotidien. Ils ont crus en la révolution, mais personne ne les a soutenu, même en france les révolutionnaires se sont rangés du côté de bachar. L'homme pleure, il lit les lignes écrites par son frère, ses mots qui viennent de l'enfer : Il y a un homme a côté de moi, allongé contre le rebord, il y a un vieil homme qui me dit que ses enfants sont morts, il y a un vieil homme qui répète tous mes enfants sont morts, il y a un vieil homme qui me dit ma femme est morte aussi. Il y a un vieil homme a côté de moi. Je l'écoute qui répète la litanie des morts, l'homme qui pleure et qui égrène le nom de ses morts. Vous vous souvenez je lui dis alors qu'il ferme les yeux, vous vous souvenez comme nous avons fait la fête quand nous avons cru faire la révolution, vous vous souvenez des enfants montés sur les estrades, vous vous souvenez des voix des enfants et des chants. L'homme ouvre les yeux et l'homme me regarde, et l'homme me dit, non je ne me souviens pas monsieur, je ne me souviens plus comment c'était avant la guerre, et je ne veux plus me souvenir, je sais juste monsieur que j'avais une femme et des enfants, et que maintenant ils sont tous morts. Maintenant ils sont tous morts monsieur. Alors je veux lui dire que moi aussi ma fille et ma femme sont mortes, je veux lui dire moi aussi ma famille est morte, je veux lui dire moi aussi ma fille et ma femme sont mortes. Je veux lui dire et je ferme les yeux. Je me souviens de ma fille qui me souriait le matin et les bombes continuent de tomber. Je me souviens des yeux de ma femme qui s'ouvraient au monde chaque matin et les bombes continuent de tomber. Je me souviens de cette harmonie que nous formions tout les trois et les bombes continuent de tomber. Je me rappelle de ton corps, de ta peau caramel, de la saveur fruité de ta chatte dans le petit matin et les bombes continuent de tuer. Je vois tes yeux dans ce tunnel dont je ne sortirais pas vivant, je regarde tes yeux qui me disent qu'ils m'aiment, je tiens la main de notre petite fille et les bombes continuent de tuer.  Je ne suis plus en vie, mon corps est encore vaillant mais mon âme repose sous la terre auprès de ma fille et de ma femme, auprès de tout les autres morts, auprès des milliers et des milliers et des milliers de morts que la guerre a sacrifié. J'entends les enfants et j'entends ma fille qui pleure, j'entends les enfants et je vois le visage de ma fille endormie, j'entends les enfants qui pleurent et j'entends ma fille qui pleure. Je reste ainsi quelques instants, peut-être de longues heures, je reste ainsi attendant que le temps passe, que les bombes tombent, que les cris cessent et reprennent, je suis au milieu des miens, sous la terre, nous sommes enterrés, respirant encore, au milieu d'une hypothétique survie, attendant que la vie revienne, attendant que la guerre cesse. Mais la vie ne reviendra pas, mais la guerre jamais ne s'arrêtera, je n'y crois plus maintenant, je n'y crois plus. Ma guerre est terminée, ma vie est finie, ma fille et ma femme sont mortes. La guerre est terminée.Je berce le corps de ma fille. Morte. Je caresse le visage de ma femme. Morte. Je ne vais pas les rejoindre dans la mort, on reste seul j'imagine. Je caresse le visage de ma fille, je berce le corps de ma femme. Mortes. Je continue de courir sous les bombes, je continue d'avancer dans des tunnels desquels on ne sort jamais, je parle a des murs qui me renvoie un écho que je ne reconnais pas. Le sol vibre sous les bombes. Je veux sortir parmi les ruines, je veux me retrouver a l'air libre, je veux retrouver ma fille et ma femme, je ne veux plus rester terré dans ce tunnel. Je ne veux plus être mort. Je veux respirer au-dehors. Sentir le vent et la pluie. Je veux sortir au-dehors. Rejoindre ma fille et ma femme. Je veux ressortir dehors. Avec ma femme et ma fille.  

 

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265 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Un homme passe l'entrée de l'immeuble du 265 rue des pyrénées, curieusement petite la porte, l'entrée de l'immeuble semble comme coincé entre deux boutiques. Dont l'une s'appelle mistinguett. L'homme entre, longe les boîtes aux lettres et prend la direction de l'escalier pour rejoindre une femme au troisième étage droite. Un adolescent regarde une femme qui lèche les couilles d'un homme sur l'écran de son ordinateur au cinquième étage. Il descend sa fermeture éclair, il lui semble qu'il a envie de se branler toute la journée, il lui semble qu'il n'y a que le sexe dans la vie. Faudrait juste penser a trouver des gonzesses qui sont comme dans les films, qui veulent baiser et baiser encore. Une femme se lève et secoue ses bras et ses jambes pour les détendre après avoir terminé sa séance de yoga au premier étage du 265 de la rue des pyrénées. Elle attrape le petit tapis posé a terre qu'elle enroule et va le ranger dans un placard. Elle ouvre la porte de son réfrigérateur et choisit un jus a base de canneberge, une boisson saine et biologique qui va lui permettre de supporter ensuite les méandres de sa vie professionnelle. Un homme, jeune, mal rasé, bat le rythme de la musique qu'il écoute, les bras heurtant les peaux d'une batterie invisible. Il colle le papier pour parachever le pétard qu'il vient de se préparer. Il a besoin de cela pour entamer la journée qui se prépare, les transports a la con, le boulot de merde, les chefs débiles, enfin tout ce merdier quoi. Une femme sort de son appartement et claque la porte. En fermant la porte a clés de son appartement du quatrième étage du 265 de la rue des pyrénées, elle se dit qu'aujourd'hui au travail, elle va rompre avec son collègue. Un amant, en plus de ses enfants, de son mari, de son boulot, c'est juste plus possible a gérer. S'il le prend mal, elle se fera muter dans une autre structure pour ne plus le voir, ce ne doit pas être difficile. Un homme relit la lettre qu'il a jeté a terre la veille avant de se coucher, cette lettre qui annonce la mort de ce père qu'il n'a jamais connu. Il a rêvé la nuit, et se demande comment on peut encore prévenir les gens par lettre que leur père est mort, il n'a aucune envie de rencontrer cette demi-soeur a l'écriture vieillotte qui lui annonce cette nouvelle inopinée. L'homme frappe a la porte du troisième étage ou une femme l'attends. Mais personne ne vient ouvrir la porte. Il semble que personne ne veuille ouvrir la porte.

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266 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Il s'abrite sous l'entrée de la banque, s'assied sur les marches en attendant que la pluie cesse. Depuis quelques temps, il y a une famille qui campe devant la boulangerie qui fait l'angle avec la rue des pyrénées et de ménilmontant et parfois il parle avec eux. Des syriens. Il se souvient  de sa femme, quand elle était encore vivante, quand ils se promenaient dans le quartier, heureux et insouciants. Il pense a elle et récite une sorte de mantra. J'attends que tu viennes et reviennes mais tu semble absente alors j'essaie de te décrocher dans mon rêve et je cours après toi après que mes yeux se soient vacillés dans la nuit après que la nuit m'ait englouti comme pour que j'oublie que tu n'es pas la comme pour que mon esprit efface ton absence et puis que je recommence à compter les heures sans toi a compter les jours loin de toi à compter les semaines ou tu n'es pas la a compter les mois ou tu n'es toujours pas là je ne suis pas a plaindre je suis l'homme qui ne devrait pas partager le banquet ni le repas je devrais être dans l'ombre et te regarder vibrer sans moi parce que je suis un intrus je suis un étranger dans la maison et que ce n'est pas mon rôle acteur de boulevard dans cette pièce aux accents shakespeariens alors je retourne aux fondamentaux comme ils disent dans les vestiaires les entraîneurs à la con j'erre un peu sur le pavé des rigoles je traîne sur le belvédère je cogite en recherchant la rue vilain chère a pérec et puis je dégringole rue des cascades et je ressens ton absence sur les murs de la ville mais ce n'est pas grave parce que tu es toujours là me tenant la main et souriant de ton air qui est le même que lorsque tu es colère parce que tu es la même dans tout les sentiments parce que tu es absolu et sans concession et nous savons bien toi et moi que ton absence est une présence et que jamais tu ne quittes le pavé des rigoles jamais tu n'es loin de belleville. Même ton absence est une présence même ton absence est une prégnance. Une présence. Des gens pensent qu'il est fou. Tout le monde le pense. L'amour est une folie sans doute. Un homme attends que la pluie cesse abrité sous l'entrée de la banque du 266 rue des pyrénées.

 

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