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400-350

363

Publié le par drink 75

 

L'immeuble est assez joli au 363 de la rue des pyrénées, un peu comme les HBM en brique rouge qui jalonnent les boulevards des maréchaux, il doit dater des années 20 ou 30, un truc dans le genre, au pied de l'immeuble. Au second étage de l'immeuble, un homme prépare son suicide. Il est toujours un peu au bout du rouleau quand noël arrive, quand les gens passent leur temps a faire un pseudo-bilan comme si la vie était un classement d'équipe de foot ou une connerie de ce style. Dans la matinée, il avait lu sur le facebook d'une vague connaissance le classement de ses 10 films préférés de l'année. Il se demandait quel type de personne pouvait penser que ça intéressait les autres, le classement de ses 10 films préférés, le classement de ses 10 livres, le classement de ses 10 amants ou maîtresse de l'année. C'était quoi ces conneries ? Les journaux regorgeaient de cela, comme si la vie devait absolument avoir une instantanéité, comme si on devait tout voir, tout lire, tout de suite. Et tout classer, putain, ça lui rappelait l'école, cette connerie inventée par l'homme pour créer des machines. De toutes façons il n'allait plus au cinéma, ce n'est pas seulement qu'il n'avait plus d'argent, c'est juste qu'il n'avait plus envie. Il lisait encore beaucoup mais c'est a peu-près tout. L'essentiel de ses journées, c'était fréquenter des collègues complétement abrutis, exécuter un travail sans intérêt. Il avait depuis longtemps ce soupçon d'inutilité qui lui vrillait tout le corps. Vivre ? J'aimerais mieux ne plus, j'aimerais mieux ne pas, se dit-il ce matin là, parodiant Bartleby, alors qu'après s'être branlé au réveil en pensant a des corps inconnus, il regardait la circulation éparse de la rue des pyrénées. Si le regard portait plus loin, il voyait le marché de la place du guigner qui longeait la rue des pyrénées jusqu'au croisement avec la rue de ménilmontant. J'aimerais bien manger une banane avant de mourir il se dit en se dirigeant vers la douche, ou l'attendait posé sur le rebord de la douche le gel douche pamplemousse-fleurs de frangipanier acheté au franprix d'en face. Alors que l'eau coule sur sa tête, il se demande comment il pourrait se fumer, après tout c'est bien beau de prendre des décisions de ce genre mais il faut ensuite les mettre en pratique. Un dimanche matin au 363 rue des pyrénées, un homme pense au suicide mais une bonne douche va dissoudre tout cela. Ou peut-être pas.

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365 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

Ma fille, ma toute petite fille, dit l'homme qui vit avec sa femme au troisième étage d'un petit appartement du 365 rue des pyrénées alors qu'il berce le nouveau-né dans ses bras, mon enfant, mon tout petit enfant, tu dois me pardonner car tu ne me connaîtras sans doute pas si longtemps, tu dois me pardonner car j'ai bien peur de ne pas être un bon père pour toi, je ne serais sans doute pas à la hauteur, et surtout je ne serais plus la, quand tu auras besoin de moi, je ne serais plus la et je t'en supplie ne m'en veux pas pour ça, je suis trop vieux pour toi il murmure beaucoup trop vieux pour être ton père, mais ta mère te désirait tellement. Ta mère sera toujours près de toi, ne l'oublie pas, s'il te plait, n'oublie pas que c'est à elle que tu dois tout. Je serais mort avant que tu n'aies 20 ans et je te supplie de ne pas m'en vouloir pour ça. Pardonne moi de ne plus être la. Un homme au premier étage regarde par la fenêtre pour regarder la circulation de la rue des pyrénées, les feuilles jaunies des arbres, les gens qui marchent vite pour combattre le froid, un sdf dort dans l'abri anti-atomique qui sert de bureau d'accueil dématérialisé quand vous avez un problème ou une question pour les autolib dont les emplacements sont comme toujours presque vide. L'homme cherche la solution et ne la trouve alors il se pose quelques minutes regardant le bruissement de la rue des pyrénées au-dehors et puis il se rassied et reprend sa grille de sudoku. Une femme compte et recompte les pièces au creux de sa main et se demande ce qu'on peut faire comme course pour 3 euros soixante quinze. Il va lui falloir aller au lidl de la place des fêtes, acheter un paquet de pâtes, nous sommes le quantième du mois elle se demande, et puis elle se dit que c'est de pire en pire, avant elle n'avait plus d'argent juste avant la fin du mois et maintenant c'est quasiment au début du mois qu'elle est a sec. Ne pas sortir ce week-end, ne plus sortir du tout, elle va rester chez elle et arrêter de claquer sa paie dès le début du mois dans des rades et dans des soirées bidons. Elle ne comprends pas pourquoi elle n'a pas d'argent et comment elle en est arrivé la. Elle se demande si elle va s'en sortir un jour mais elle ne le croit pas. L'homme est assis dans sa cuisine, il boit un café, il ne sait pas si c'est bon pour la santé et il s'en fout. Ainsi donc c'est arrivé il se dit, il est comme tout le monde désormais lui aussi il a un cancer. C'est curieux il se dit, je n'avais pas l'impression d'être aussi malade, cette petite douleur dans les poumons, il ne pensait pas que ça prendrait de telles proportions, lui qui ne va jamais chez le médecin, il est comme qui dirait récompensé de sa visite. Elle lui a trouvé un bien beau cancer. Il se dit qu'il va attendre de voir comment cette merde évolue, si c'est grave ou non, il considère qu'il n'est pas nécessaire de harceler son corps pour le tuer avec autre chose. Si c'est trop grave ou trop pénible, il en finira. Il n'a pas de famille, pas d'enfant, ce n'est pas indispensable de s'accrocher plus que de raisons. L'enfant qui vit au premier étage du 365 de la rue des pyrénées, est assise a son bureau, en train de rédiger sa liste de cadeaux. Elle sait que le père noël n'existe pas mais elle joue le jeu car elle voit bien que ça fait plaisir a ses parents. Elle aimerait qu'il neige sur paris, elle aimerait que les buttes chaumont soit recouverte de blanc coton pour y glisser de tout en haut avec un morceau de carton. Son père lui a dit qu'il faisait cela quand il était petit. Elle se demande quand il y aura de la neige. Elle se lève de sa chaise et se poste devant sa fenêtre, elle regarde le ciel, un garçon de sa classe passe en trottinette de l'autre côté de la rue et s'engouffre dans le franprix. Elle retourne s'asseoir pour continuer sa liste. Un sourire se dessine sur son visage alors qu'elle écrit. Dehors il ne neige pas.

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367 bis rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 367 rue des pyrénées, au second étage, vue sur cour, calme et silencieux, un homme rédige son journal intime. Il appelle ça fragment de la vie d'un homme, c'est un peu pompeux mais l'homme lui-même, est un peu pompeux. Il écrit sur son journal, au stylo, old school, et voici qu'il écrit : "Parfois je me dis que je n'arrive pas a la cheville de ce qu'elle croit que je suis et puis je me dis quelle importance après tout puisque l'on peut vivre en plaquant les uns sur les autres ce qu'ils ne sont pas mais ce qu'on veut qu'ils soient. Une étreinte me convainc qu'elle ne plaisante pas et je crois que c'est ce que j'aime chez elle, elle ne plaisante pas. J'entends sa fureur dans le téléphone mais j'entends ses larmes. Je devine les battements de son cœur qui s'espacent, trépassent, je dévie les larmes de son visage vers le néant. C'est curieux comme je n'ai jamais supporté quoi que ce soit de qui ce soit et comme j'accepte toutes ses questions et toutes ses interrogations. Elle est sincère, elle ne triche pas. J'ai connu des gens nocifs, des gens qui n'ont jamais dis une phrase sincère de leur existence. Elle est l'exact inverse. Elle ne triche pas, elle ne joue pas. On voudrait la prendre dans ses bras et lui dire de ne pas se fracasser contre des murs de métal la tête en avant. Je sais que je pourrais l'attendre des heures, des jours, des semaines, des mois, des années...On passe sa vie a ne croire en rien. A n'attendre rien. A n'espérer rien. J'attends, pendant qu'elle maintient des existences a bout de bras. J'attends. Elle ne se plaint jamais de ça. C'est un taureau. On passe sa vie en sachant qu'on fera de son mieux entre les grands moments, que les tourments sont proches des plaisirs et que la vie n'est pas la pire des choses. On passe sa vie car on se ne sait pas l'occuper. Et puis un jour rien n'a plus vraiment d'importance. On regarde cette femme qui dort au fond d'un lit sans confort. On sait qu'on veut juste qu'elle ne parte jamais. Je sais que je ne te mérite pas je lui dis. C'est vrai que tu n'es qu'une andouille elle répond. Un jour on regarde cette femme qui dit oh la tour eiffel comme si c'était la première fois qu'elle la voyait et l'on a pas envie de se moquer d'elle. Mais juste de la prendre dans ses bras. Et qu'elle ne vous quitte pas. Qu'elle ne te quitte pas. Je crois que tu es faite pour moi. Ou moi pour toi. Je crois que nous sommes faits pour nous." Au 367 rue des pyrénées l'homme pleure sur ce qui ne sera pas. Au 367 rue des pyrénées, l'homme coule des larmes sur des feuilles de papier et puis il attends que le temps ne passe pas. Il attends un peu, que le temps ne passe plus.

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367 Rue des Pyrénées.

Publié le par drink 75

 

L'immeuble qui se trouve trois cent septante sept rue des pyrénées forme un arrondi a l'endroit ou la rue vacille un peu sur sa droite pour ensuite aller tout droit vers la place Gambetta pour ensuite descendre tout schuss vers le métro maraîchers pour ne vaciller en bout de course que vers le cours de Vincennes. En face la rue des pyrénées s'interrompt quelque peu pour laisser l'espace a la place des grandes rigoles. Mais nous en reparlerons quand enfin nous commencerons le décompte des numéros pairs de la rue des pyrénées, bientôt, pas tout a fait tout de suite mais bientôt. Dans l'immeuble qui se trouve au trois cent septante sept rue des pyrénées, une femme caresse les seins de sa femme, elles sont toutes deux nues, allongées sous la couette. La femme caresse les tétons de sa femme comme pour se persuader qu'elle ne rêve pas, que tout cela est bien réel. Elle voudrait laisser encore courir sa langue sur tout le corps de l'autre femme, elle a encore envie de s'abreuver de sa peau salée, de sa chatte chaude qui a goût de caramel. L'autre femme est un peu assoupie, ce serait bien que jamais elle ne se réveille. Dans l'immeuble du trois cent septante sept rue des pyrénées, un homme assis dans son fauteuil club acheté en solde a maisons du monde, lit "or noir" le dernier livre publié par dominique manotti à la série noire de gallimard, il entame le chapitre 4, sous-titré mercredi 14 et jeudi 15 mars 1973, mercredi en soirée, nice. C'est le onzième livre de dominique manotti si l'on compte celui co-écrit avec DOA, c'est la quatrième a la série noire. Il contient trois cent trente deux pages si l'on compte la post-face. Au trois cent septante sept rue des pyrénées, une femme compte et recompte, elle regarde son compte bancaire sur l'écran de son ordinateur et calcule que vers le 15 elle sera a découvert et une semaine plus tard, elle aura atteins la limite de son découvert et elle vivra sur ses réserves de nourriture et sur ses tickets restaurant pour la semaine qui précède la paie suivante. Le seul problème par rapport a d'habitude c'est que cette fois nous sommes en décembre et qu'il y a les fêtes de noël. Ou va t'elle trouver l'argent pour offrir les cadeaux de noël ? Demander a sa mère combien ils seront a noël, en espérant que ce soit le chiffre minimum. Cette connerie de noël la fout dans la merde de manière récurrente chaque année. Au trois cent septante sept rue des pyrénées, un homme écoute un album de miossec tout en rêvassant, miossec chante : c'était mieux avant quand on chantait pour les allemands, l'homme se demande ce qui l'attends pour le futur, qu'est ce qui peut encore lui arriver de bien, il est a ce moment de sa vie ou l'on se demande si ça vaut le coup de continuer encore, pour subir les assauts du temps, pour se laisser peu a peu recouvrir par un torrent de boue, pour s'enfoncer dans les sables mouvants, un prélude a la mort. Au trois cent septante sept de la rue des pyrénées, l'enfant se demande quand il pourra vivre tout seul, quand il pourra s'échapper de l'appartement de ses parents, quand il pourra enfin ne plus étouffer ici, quand il sera maître de son destin. Il se rend compte comme il a hâte, il se rend compte comme il veut vivre. Au trois cent septante sept de la rue des pyrénées...

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369 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 369 rue des pyrénées, un homme lit un livre ou il est écrit : Il est devenu solitaire. Mais sans jamais se plaindre. Il trouvait qu'il méritait d'être seul. Il disait je me souviens, que la haine de soi est une haine qui se nourrit chaque matin au réveil quand on se regarde dans une glace. L'homme referme le livre et récupère son verre pour boire une gorgée du porto qu'il contient. Au second étage du 369 rue des pyrénées, un jeune homme écoute le dernier disque de taulard. Il adore ce groupe de grenoble, l'album tourne en boucle sur sa platine disque, il regarde les posters au mur de son appartement, il écoute les photos sur le mur en face de son lit, il attend qu'un son sorte de la voix de la femme sur les photos même si ça n'arrivera jamais. De savoir que les choses n'arriveront pas, n'empêche pas de les attendre. Au 369 rue des pyrénées, une jeune fille écrit dans son journal intime comme chaque jour, elle a 16 ans et étudie dans un lycée professionnel, un endroit ou l'on envoie les filles comme elle qui ne feront pas de grandes études, elle vit un peu plus haut dans les hlm de la place des fêtes et si elle se trouve dans ce bel appartement c'est juste parce qu'elle garde la jeune enfant qui fait ses devoirs avant que ses parents ne rentrent, mère qui travaille dans la pub, père dans le graphisme. Des bobos comme ils disent dans les journaux de province pour ne pas dire parisien et ne pas être traité de xénophobe. Un homme fait revenir les oignons tout doucement dans une huile d'olive un peu chaude, il surveille aussi le lapin qui ruisselle dans la cocotte, et il l'humecte d'un peu d'eau pour ne pas qu'il brûle. Sa femme lui passe une main sur les fesses pour qu'il se souvienne qu'elle existe encore. Elle se demande s'il a une maîtresse. Au 369 rue des pyrénées, un homme prend la queue d'un autre homme dans sa bouche en même temps qu'il pose ses mains sur ces pectoraux. L'autre homme gémit et il lui dit des mots cochons pour l'encourager. Il ne faudra pas qu'il se souvienne de n'aimer personne. Aussi. Surtout n'aimer personne. Dans une chambre de bonne du 369 rue des pyrénées, un homme dont la vie n'a plus vraiment d'importance, regarde au-dehors le mouvement de la rue, détend peu a peu son corps et ses muscles, étreint comme ça vient la vie qui n'existe plus. Au 369 rue des pyrénées, des femmes et des enfants, des hommes et des moins que rien, des vies qui se continuent ou qui entament un peu de surplace, au 369 rue des pyrénées on dirait que la vie encore, on dirait que la vie toujours. On dirait que la vie. Malgré tout. La vie malgré tout.

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371 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je toque a la porte du quatrième étage de l'appartement du 371 rue des Pyrénées. Je suis un peu essoufflé car j'ai voulu monter a pied pour faire le malin au lieu de prendre l'ascenseur. Je sors ma carte professionnelle quand la porte de l'appartement s'ouvre et j'explique a la femme qui se tient sur le seuil de son appartement que je suis de la police, mon adjoint fait de même et la femme qui semble totalement au bout de sa vie, s'efface sur le palier et nous invite a entrer. Nous la suivons dans le salon, ou je m'assieds dans un fauteuil passé de mode alors que la mère de la victime s'assoit au bord du canapé comme si elle voulait déjà s’éclipser, quitter cette place. Je lui présente nos plus sincères condoléances pour la mort de sa fille, je lui dis le baratin habituel, que nous mettons tout en œuvre pour retrouver la personne qui a fait cela et qu'elle sera lourdement condamné. Des larmes commencent a couler sur le visage de la femme. Elle a une cinquantaine d'années. Je me souviens que la victime a 22 ans. La femme se mouche et essaie de garder une contenance. Mon adjoint prend le relais. Avec sa voix douce et son visage avenant et imberbe d'asiatique mon adjoint ressemble a un gamin alors qu'il a presque 40 ans. Il entame la ronde des questions habituelles. Mes yeux courent à l'intérieur de l'appartement de la femme. Il y a des photos de la jeune fille que nous avons découverte morte, au 387 de la même rue. Elle était si gentille si vous saviez messieurs, elle était si douce, si prévenante, tout le monde l'adorait. La femme se mouche. Je regarde les photos de la victime disséminées un peu partout dans l'appartement. Fille unique, un père absent, qui n'a peut-être jamais existé. La femme est dévastée, sa fille était sa vie, son absolue, son unique enfant. Hospitalisation pendant quelques jours a tenon, puis retour a son appartement. J'ai lu et relu son audition dans sa chambre d'hôpital, le même discours, sa fille formidable, studieuse, elle habitait le petit appartement du 387 rue des pyrénées depuis quelques mois, étude sérieuse, du droit, elle voulait devenir avocate, travaillait dans un cabinet d'assistance juridique pour payer ses études. Pas de père, la mère travaille comme puéricultrice a la clinique des bluets vers le père lâchaise. Pourriez-vous nous parler du père de votre enfant, je demande après que mon adjoint se soit tourné vers moi pour montrer qu'il avait fini de reposer ses questions sans importance pour mettre en confiance la mère de la victime et vérifier quelques points de détail. Rien a en dire, elle soupire, un garçon qui a prit peur quand je lui ai dis que j'étais enceinte, nous sortions ensemble depuis quelques semaines, ce n'était pas dans mes plans de me retrouver enceinte aussi rapidement mais que voulez-vous, il a bien fallu que j'assume et je ne l'ai jamais regrettée. Sa voix se brise. C'est toujours un moment délicat quand vous interrogez les proches d'une victime. Il faut avancer dans l'enquête sans les brusquer. Excusez moi se reprend la femme. Je lève la main comme pour dire que c'est normal. Je ne vais pas vous ennuyer beaucoup plus longtemps. Vous avez déclaré que votre fille n'avait pas de petit ami mais il semble qu'elle connaissait son agresseur, il n'y a pas trace d'effraction, vous n'avez pas la moindre idée sur qui aurait pu faire une chose pareille. Elle secoue la tête. Elle dit que sa fille était une sorte de bon samaritain, elle pouvait accueillir un sans domicile fixe pour dormir au chaud, ou quelqu'un qu'elle connaissait peu. Plus tard alors que nous sortons de l'immeuble du 371 rue des pyrénées, mon adjoint me dit que tout le monde dit la même chose. Une copine extra, une fille bien. C'est un rôdeur il dit, elle a accueillie quelqu'un, il a voulu la violer, elle a résisté et il l'a tuée sauvagement. 10 jours qu'elle est morte, 10 jours de perdus. J'ai été occupé par cette merde qui a ruisselé sur paris et je n'ai pas pu m'occuper de l'affaire. L'autopsie de la jeune fille ne raconte pas la même histoire que mon adjoint. Elle n'a pas vraiment résisté a son agresseur, comme si elle acceptait son sort. Je commence a marcher en direction de gambetta pour rejoindre le commissariat. Le visage de Louise, 22 ans, assassinée dans son appartement, brutalement, sauvagement, me hante. Je vais trouver son assassin, je lui jure. Je vais trouver ton assassin.

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373 Rue des Pyrénées.

Publié le par drink 75

Une agence immobilière au 373 rue des pyrénées, une agence immobilière comme il y en a des milliers a paris ou la moindre petite surface vaut un prix délirant, une agence immobilière juste avant les escaliers qui descendent au bas de la rue levert ou il y a une école, les escaliers qui débouchent place krasucki a l'intersection de la rue des envierges, de la rue de la mare, de la rue des couronnes, de la rue des cascades. Après l'agence immobilière et les escaliers il y a un picard surgelés comme dans presque toute les rues de paris. En face de l'agence immobilière, de l'autre côté de la rue des pyrénées, alors que la rue levert continue vers la rue des rigoles et la rue olivier métra, il y a le café des rigoles. Pas très cher, pas très bon mais grande terrasse. La dernière grande terrasse avant les ours, la brasserie à l'angle de la rue villiers de l'isle adam. En bas des escaliers. On doit être vers le 250. A l'agence immobilière century 21 du 373 rue des pyrénées, il y a en vente un appartement de 24 mètres carrés pour la modique somme de 219 000 euros. Il se trouve un peu plus haut vers la rue pelleport près de la station de métro télégraphe là ou se trouve le plus haut point de paris. A l'agence du 373 rue des Pyrénées, il y a un parking a vendre pour 33 000 euros, il se trouve rue du jourdain, juste en face. Tout est à l'avenant, nous sommes a paris. Les prix ne veulent plus rien dire, l'immobilier parisien est une illusion qui permet aux gens de croire qu'ils vont s'en sortir. La ville recycle des gens qui lorsqu'ils sont épuisés partent vivre dans des lieux où l'on peut vivre sans se saigner a la vie a la mort. La ville est épuisante mais les gens de belleville continuent de se donner l'impression qu'ils vivent dans un quartier populaire. 373 rue des Pyrénées. Une agence immobilière. Une de plus.

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375 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au second étage de l'immeuble du 375 rue des pyrénées, deux hommes se retrouvent comme chaque semaine. L'hôte dépose un verre de jack daniel's cuvée millénium devant son invité, un peu a droite de l'échiquier. Puis il s'assied juste en face et fait un peu tourner le cognac qu'il vient de se servir au creux de la paume de sa main. Cette semaine c'est l'invité qui joue avec les blancs et c'est donc lui qui démarre. Il joue le premier coup rapidement et appuie sur la pendule, l'invité est un peu supérieur a l'hôte mais il est aussi plus lent, le temps est son ennemi, aussi quand il joue avec les blancs, son ouverture et ses premiers coups sont presque toujours préparés pour ne pas obérer son chronomètre. Il ouvre par le pion en c4, l'hôte répond du tac au tac en plaçant son pion en e6. Cavalier en f3 pour l'invité qui joue avec les blancs, les noirs répondent par un pion en d5. Blanc pion d4 noir cavalier f6. Quelques secondes de réflexion pour l'invité. Pour l'instant l'ouverture est classique, la défense des noirs aussi. Une gorgée de jack daniel's. On continue dans l'ultra classique, cavalier blanc en c3, reine en e7. On fonce vers le pat. Après la gorgée de jack, l'invité enquille. Reine blanche en G5 et sans avoir commencé son cognac ni quitté l'échiquier des yeux, l'hôte exécute un petit roque. Le onzième coup de la partie c'est le pion blanc en e3. Pion noir en h6, pour menacer le fou blanc. Tout est écrit jusqu'ici, l'ouverture blanche, la défense noir, tout est classique. On entend un klaxon au loin, sans doute provenant du carrefour rue des Pyrénées, rue du jourdain. Le septième coup blanc c'est bien entendu le fou en h4. Pion noir en b6 pour temporiser. Pion blanc en d5, première prise de la partie. Cavalier noir en d5. Un pion de moins chez les blancs et les noirs. Première échange de pièce de la partie. Fou blanc en e7, puis reine noir en e7, second échange de la partie, un fou de moins dans chaque équipe. Le vingtième coup de la partie c'est le cavalier blanc en d5 pour la prise du cavalier noir et pion noir en d5 pour reprendre le cavalier blanc. 10 coups pour chaque joueur, un pion, un cavalier, un fou sont rayés de la surface de l'échiquier. Tour en c1 pour les blancs. Fou noir en e6. Peu de réflexion pour le moment. Assez peu de temps écoulé, c'est maintenant que les joueurs vont prendre leur temps. L'invité boit une gorgée de jack. L'hôte fait tournoyer son cognac dans le verre. Le douzième coup de la partie pour les blancs. L'hôte sort sa reine en a4. L'invité joue son pion noir en c5. La reine recule d'un case en a3. Tour noire en c8. La réflexion se fait plus intense, c'est toujours le noeuf gordien, la concentration au bon moment, les échecs c'est de la technique. Et de la concentration. Le temps défile, c'est le moment ou il ne faut pas craquer, c'est l'instant ou il faut choisir. Le technique, l'intuition, la concentration. Le 27 ième coup, le quatorzième des blancs, le fou en b5. La partie va encore durer une petite heure, l'hôte boira son cognac, l'invité sirotera son jack daniel's. Il est 20h48, dehors il fait nuit. Dehors il fait bruit. Deux hommes jouent aux échecs dans un appartement du second étage. Au 375 de la rue des pyrénées.

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379

Publié le par drink 75

Le bus 26 s'arrête juste devant la cave a vins du 379 rue des Pyrénées. Depuis qu'ils ont réaménagés la place des grandes rigoles, ils ont bougé l'arrêt, avant l'arrêt était devant la banque juste en haut des escaliers qui descendent vers la place krasucki. Je descends du bus et j'entre dans la boutique. Je prends un faugères et un vacqueyras, je veux me murger la gueule. Je veux boire jusqu'à en perdre la perception de la vie, jusqu'à en oublier que je suis en vie. Boire du vin rouge est la pire saloperie de l'existence, mais c'est aussi la plus belle des choses. Je tutoie l'ivresse de temps en temps, pas tout le temps, une ou deux fois par semaine, quatre ou cinq fois par mois. Parfois la biture, de temps en temps, moins souvent, une ou deux par fois, peut-être trois, peut-être moins, peut-être plus. Je discute avec le caviste du 379 rue des pyrénées, je me demande s'il s'en sort financièrement, il y en a tellement maintenant des cavistes dans le quartier, bordel il n'y a plus que ça. D'ailleurs celui du haut du rue de la mare, il a fermé. Mais ça ouvre de partout, il y en un vers le 300 un peu après à la bière comme a la bière, juste un face il y en a un aussi, vers le 300 aussi mais coté impair, a l'angle de la place du guigner à la place du magasin de brocante. J'ai une bouteille dans chaque main et je vais murger tranquillement et lentement, les vins a 14 degrés ne te laissent pas trop le choix, je vais forcément basculer dans l'ivresse, je vais perdre les sens qui me retiennent à la vie, m'embrumer dans des heures d'absence. Je sors de la boutique du 379 rue des pyrénées, je me demande si je vais acheter a manger avant de retourner a l'ivresse, sans doute que je n'aurais jamais dû quitter l'alcool, sans doute que je n'aurais dû revenir à l'alcool. Je vois mon reflet dans la vitre de l'arrêt de bus du 379 rue des pyrénées et j'ai comme l'impression que je ne suis plus tout à fait moi-même, plus tout a fait le même.

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381 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

L'homme commande un kir pour se donner du courage alors que le serveur du petit vingtième, restaurant situé au 381 rue des pyrénées et qui doit sans doute son nom a un patron tintinophile lui demande s'il souhaite un apéritif. La femme approuve et commande la même chose. Quelques instants plus tard, l'homme entame son kir et il répète dans sa tête ce qu'il doit dire. J'ai rencontré quelqu'un d'autre, une autre femme, je te quitte. Il se dit qu'il pourrait rajouter je te laisse l'appartement, c'est sympa ça de laisser l'appartement, même s'il ne voit pas comment elle pourrait payer le loyer toute seule. En attendant il lit la carte, il va lui offrir le repas, après tout ça fait presque 10 ans qu'ils sont ensembles, il peut bien faire un petit geste. Tu prends quoi elle lui demande en souriant, elle semble tellement amoureuse de lui, même au bout de 10 ans, il se demande comment elle va le prendre. Il s'en fout un peu. Elle replie le menu et pose son verre. Elle se demande quand elle va lui annoncer la nouvelle. Il ne va pas le croire, depuis 10 ans qu'ils sont ensemble, il va être fou de joie. Elle est passée au cabinet d'analyses et les résultats sont sans équivoque. Il faut qu'elle lui dise maintenant. Dès que le serveur aura pris la commande elle lui annonce la nouvelle. Il ne lit même pas la carte, il n'arrive pas a se concentrer, il a éteint son téléphone portable pour être certain que sa maîtresse ne l'appelle pas. Elle l'attends, il va la rejoindre ce soir, ce dernier repas et puis il prends quelques affaires et il s'en va. Il n'y aura pas une dernière nuit d'adieu, c'est certain. Il doit trancher dans le vif. Il va lui laisser la voiture, il va tout lui laisser comme ça aucun besoin de retourner en arrière. Ils n'ont aucun bien en commun en fin de compte hormis la caisse pourrie dont ils ne servent jamais. Elle choisit un poisson, il choisit une viande, elle commande du champagne, elle voit bien qu'il semble surpris. Elle aurait du y penser avant, au lieu de boire un kir, on va faire le repas au champagne elle annonce. C'est moi qui régale elle ajoute. Il se dit qu'un repas au champagne c'est une très bonne idée, pour fêter sa nouvelle vie, sa nouvelle femme, plus jeune, plus belle, plus vive, moins chiante, tu m'étonnes que je veux boire du champagne. Et tout a coup il se demande pourquoi elle a commandé ça. Bordel elle a enfin touché ce putain d'héritage qui traîne depuis des siècles, merde il la quitte alors qu'elle va palper un peu d'oseille. Il lui rends son sourire, car lui aussi est heureux, il rit intérieurement devant le comique de la situation. Le serveur ouvre la bouteille, verse le précieux breuvage dans deux coupes et dépose la bouteille dans une sorte de housse de l'espace qui garde le vin au frais. Il est 20h48, quand la femme lève son verre et annonce a celui dont elle partage la vie depuis plus de 10 ans qu'elle est enfin enceinte.

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