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187 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 187 de la rue des pyrénées, dans son appartement du troisième étage, un homme écrit sur un cahier a spirale avec un vieux stylo plume. Comme depuis 35 ans, comme depuis qu'il a 15 ans :  Samedi 26 mai 2018. Soirée chez benjamin. Je tombe sur élise, la soirée commence bien. A peine une bise et elle entame un monologue.  " J'ai prié pour te revoir, j'ai tellement voulu que tu réapparaisse. Je ne comprends pas ce qui nous à séparé, l'hôpital, l'alcool, la drogue, les infidélités ? Je crois que nous n'avons jamais su vivre, tout simplement. Nous ne sommes que l'impression de nos propres possibles, nous ne sommes pas nous-mêmes. Nous rêvons peut-être trop tout simplement. Tu refuse le sérieux, je peux comprendre tu sais, je sais que nous ne sommes pas obligé de tout prendre au tragique mais parfois c'est fatigant. Parfois je ne comprenais pas ce refus de responsabilité. Tu sais, quand on va mal, vraiment très mal, que les médocs ne font plus d'effet, quand on à envie de s'arracher la peau avec les ongles parfois on sature de ce refus du combat. Je hurle à en mourir, je te demande d'ouvrir ton cœur et tu me réponds que tu n'as pas d'ouvre-boîte ! Je ne riais pas toujours quand tu appelais tout tes copains au téléphone pour leur demander pour quelles raisons la danette en gros pots n'a pas le même goût que la danette en portion individuel. Je voulais me battre et toi tu planais, à lire tes livres, à écouter ta musique, à aller voir tes films, à écrire. Tu es égoïste, je ne te le reproche mais tu refuses de communiquer. Tu sais, je crois que tu es la personne que j'aime le plus au monde mais tu es la dernière personne avec laquelle je voudrais vivre et construire une relation amoureuse. Oui je sais tu n'es pas maçon, tu ne veux rien construire. J'ai toujours entendu dire que dans un couple, il y en à un qui souffre et un qui s'emmerde. Tu n'es pas celui qui souffre ça c'est sur. Mais tu ne t’emmerdes pas non plus, non, tu t'en fous. Tu t'en contrefous. Tu es insensible aux autres, ce n'est pas une critique, je crois même que ça te satisfait." La soirée commençait mal, du coup j'ai pas traîné. Jai pris quelques vieux amis sous le bras et nous avions entamé la tournée des rades, pour se soumettre à l'exposition du zinc, c'est ma thérapie à moi. Noir. Je me souviens que je parle a Sébastien, je dis, tu ne vas pas te rendre malade pour une fille quand même. Bon je veux bien que tu picoles mais tu ne vas pas te mettre à chialer parce que ta copine s'est barré. Merde. Je suis bourré je sens que je vais en faire trop. Et comme Eric est dans le même état que moi et qu'il est aussi léger, tout en délicatesse et en nuances, je sens que nous allons vraiment atteindre des sommets d'intelligence. Mais oui, je reprends, déjà arrête de chialer comme ça, tu noies ta bière. C'est gâché. Oui, reprends Eric, qui voit bien que j'ai du mal à ne pas rire et qui veut faire dans la surenchère, arrête de te lamenter. C'était quoi cette fille ? C'est juste un squelette avec de la peau dessus, passe une femme aux rayons X, tu vas voir, tout de suite tu vas remettre les pieds sur terre et ramener les choses à une plus juste proportion. Et puis sincèrement, je reprend, cette fille elle était pas  faite pour toi, tu as beau jouer les intellos, elle était un peu "too much" comme on dit maintenant. Sébastien nous regarde avec un air ahuri. Son regard va de l'un à l'autre, il sait qu'il va entendre un flot de conneries mais bon comme son moral est en dessous du niveau de la mer, il préfère encore ça à rentrer chez lui et se morfondre tout seul. On nous ressert une tournée de bière mais c'est surtout pour eric et moi car séb n'a même pas fini la sienne. Tu vas quand même pas arrêter de boire, je lui dis, elle trouvait que tu picolais trop, mais bon maintenant qu'elle est partie autant te laisser aller. Ca sert plus à rien de pondérer ta consommation, elle n'est plus là pour te surveiller. Sébastien hausse les épaules, il dit que nous avons raison cette fille n'était pas faite pour lui (moi perso je doute qu'une femme soit faite pour un homme ) mais qu'il souffre quand même. Ecoute, je dis, les femmes elles ne sont pas faites comme nous, bon c'est des êtres humains c'est vrai mais c'est pas des vrais êtres humains comme nous quand même, tu aurais idée toi d'acheter des magazines qui expliquent tous les mois comment maigrir. Ben bien sur faut acheter un magazine pour savoir que si tu mange rillette, cassoulet et tiramisu arrosé de vin rouge tu vas grossir. Alors que si tu mange carotte rapée, filet de poisson grillée, haricot vert et une pomme arrosée d'eau plate tu vas maigrir. Et puis ça ne pouvait pas marcher, reprends délicatement eric, tu as fais des efforts pour la mettre dans ton plumard mais vous n'aviez pas les mêmes goûts, faut la comprendre aussi, elle pensait se retrouver dans un film de bresson écrit pas rohmer et elle se retrouve dans un claude sautet joué par patrick sébastien. En gros elle rêvait de visiter le musée guggenheim de bilbao et tu l’emmènes à eurodisney, il y avait un décalage. Ben oui, je continues, aller voir les matchs de rugby dans un pub irlandais je t'avais dit que ça lui plairait pas, je la sentais pas dans son élément. Sébastien me regarde. Je regarde Sébastien. On regarde Eric. J'aime pas claude sautet, je dis. Pourquoi, tu aime quelque chose toi, dit Séb. Je le sens devenir hargneux.C'est normal il est triste et puis on à peut être été un peu fort. Vous êtes content tous les deux que je me sois fait largué, évidemment c'est pas quelque chose qui t'arriverait toi hein, dit-il en me regardant, tu reste jamais plus d'une journée avec une fille. Juste le temps qu'elle comprenne quel escroc tu es. Et toi c'est pas mieux, il dit à eric, toi la fille elle est déjà partie quant tu te réveilles, une fois que tu as consommé. Vous me faites de la peine, on dirait deux ados attardés. Pourquoi attardé, je reprends. Bon dit éric, tu es malheureux, mais ne nous on t'a jamais gonflé avec nos conquêtes. Oui, reprends sébastien, vous n’en avez pas de conquêtes, vous arrivez juste à emballer les filles encore plus bourrée que vous à la fin de la soirée. Il y a un petit silence pendant quelques secondes, en fait je ne sais pas trop si chacun cherche une vacherie à sortir ou une remarque pour calmer le jeu. Ben pour finir on trinque et on va passer une soirée entière a essayer d'avoir le dernier mot. Noir.  L'homme pose son stylo un peu étonné de dire autant de conneries quand il est bourré. Se demandant si c'est une excuse.

 

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189 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je fume une cigarette et je bois une gorgée de ma bière. Je me remémore la cérémonie de la veille, l'enterrement de mon débile de frère. Je suis dans son appartement juste au-dessus du franprix, au premier étage du 189 rue des pyrénées. Je n'y étais jamais venu. L'enterrement de mon débile de frère, la veille. Je regarde cette fille qui vient vers moi après la cérémonie. Je suis devant l'église, j'attends que le cercueil avec le corps de mon frère soit emmené par les pompes funèbres. Je ne connais pas la fille qui vient vers moi, elle est blonde, un peu inconséquente, je crois qu'elle a pleuré. Pendant la cérémonie, je suis resté bien sagement près de mes parents. Je ne connais pas l'étendue de mes sentiments, je n'avais pas vu mon frère depuis plus de 10 ans, nous nous évitions. Je vivais loin d'ici, et quand je revenais, nous arrivions sans aucune difficulté a ne pas nous rencontrer. Si je venais a Noël, je passais le réveillon avec mes parents, et le lendemain midi je me débrouillais pour aller ailleurs. Mon frère se fichait totalement de ma présence. C'était moi qui ne voulait pas le croiser. J'en voulais encore à ce connard plus de dix ans après les faits, j'ai toujours été hyper susceptible et rancunier. Surtout susceptible, surtout rancunier. Alors qu'elle s'approche de moi je rends compte que le visage de la fille est remplie de larmes." Je m'appelle Reine, elle me dit comme pour s'excuser de son prénom ridicule. J'étais l'amie de ton frère. Je dois la regarder d'un air un peu surpris car mon père m'a présenté une autre fille comme sa copine officielle. " Je n'étais pas l'amie officielle, elle m'explique, mais nous vivions une histoire fusionnelle et passionnelle". Oui je vois bien je me dis. C'est juste que mon frère ne voulait pas s'encombrer de cette fille, et qu'il la voyait quand il voulait, ça voulait juste dire qu'ils s'engueulaient puis se réconciliaient dans la moiteur d'une couette. Une histoire fusionnelle, c'est bien une phrase de mon frère. Il devait bien se marrer quand il repensait à cette fille. Une histoire passionnelle, c'était aussi une connerie qu'avait vu du trouver mon frère, ça voulait juste dire qu'ils se voyaient quand lui en avait envie, qu'ils n'habitaient pas ensemble et que mon cher frère  pouvait se taper d'autres fille. * J'aimerais venir au cimetière, tu m'autorises a y aller avec toi ? Je finis ma bière au 189 de la rue des pyrénées, et je hausse les épaules en repensant a cette fille. Je lui dis qu'elle peut venir avec moi au cimetière et c'est le moment ou cousin camé arrive vers moi et me demande de lui présenter mon amie. Ensuite il lui demande si elle habite aussi en Belgique et je constate a ce moment précis qu'il la drague. Tu m'étonne que cousin camé s'entendait bien avec mon frère, le même intérêt pour les trucs sans intérêts, la même fatuité. Je suis inconsolable, il répète à la fille qui pleure a chaudes larmes. Je ne le connais plus assez pour juger de sa sincérité. Je ne prends pas assez de drogues pour juger de son état réel. Cousin est un gros fumeur de pétard, je sais qu'il peut se maîtriser, j'ignore ce qu'il ressent. Depuis la petite dizaine d'années que je vis a Bruxelles, je le ne vois qu'a de très très rares occasions. Alors que nous prenons la route du cimetière avec Reine, il s'éclipse sans doute pour aller draguer une nouvelle conquête. L'avant-veille je suis revenu a Paris. J'ai erré dans toutes les rues de mon ancien quartier. J'ai pris un hôtel a Belleville. Je suis retourné dans les rades ou je traînais il y a une dizaine d'années et j'ai retrouvé des visages un peu connus, un peu vieillis aussi sans doute. Depuis que je vis a liège, je ne viens que pour noël a paris et je reste très peu de temps. Comme si j'avais un peu peur de me brûler a nouveau a Belleville, comme si je sentais l'odeur de mon frère, comme si la présence prégnante de Hell m'empêchait de rester là. Je n'étais pas vraiment revenu a Paris depuis la petite dizaine d'années que j'en étais partie. Trop peur de croiser des fantômes sans doute, j'étais exilé de l'intérieur. J'ai pris une chambre d'hôtel porte des lilas. Je ne suis pas allé voir mes parents, j'avais annoncé mon arrivée pour le lendemain. Le premier soir de mon retour a Paris, j'ai déposé ma valise a roulette dans ma chambre d'hôtel du troisième étage de l'hôtel de la porte des lilas, posé sur le périphérique qu'on avait recouvert d'un toit de béton. J'avais une vue imprenable sur le cirque électrique dont le chapiteau trônait tel un dernier rempart contre les bâtiments et les immeubles de béton. Le ciel de novembre recouvrait le vingtième arrondissement alors que je dépassais la place Édith piaf. Plus je descendais vers la place Gambetta, plus je sentais et ressentais la ville, la vie de mon ancien quartier. Les lieux n'existent que pour ce a quoi ils nous ramènent. Les lieux sont le cœur palpitant de notre existence. J'ai bifurqué dans la rue Pelleport et j'ai dépassé l'immeuble ou vivait Hell quand je l'avais rencontré. Quand nous l'avions rencontré. La fille descends la rue qui nous mène au cimetière a mes côtés. Quand le corps de mon frère s'est pointé à l'église dans son joli cercueil en chêne, je me suis dis tiens il est a l'heure, ça doit être la première fois de sa vie. Une fille pleurait sur l'épaule de mon père devant l'église et celui-ci m'a dit je te présente la petite amie de ton frère. J'ai serré la main, d'une créature blonde et sans saveur, soulagé que ce ne soit pas Hell. La fille pleurait a chaudes larmes, elle m'a soufflé son prénom sans que je le comprenne. Ma mère semblait la connaître aussi. J'ai pensé que c'était la copine officielle de mon frère. " Ton frère ne parlait jamais de toi, elle à dit d'une voix un peu lasse, j'imagine que tu n'avais jamais entendu parlé de moi non plus.". " Je n'avais pas parlé à mon frère depuis une petite dizaine d'années, je lui ai expliqué. ". La dernière fois que j'ai vu mon frère, j'avoue ne même pas être sur de m'en souvenir, j'ai parfois l'impression que j'ai tout effacé de mes souvenirs. Je n'ai jamais pensé qu'il y avait un bon et un mauvais, c'est juste, mon frère et moi, nous étions si différents, c'est comme si on avait pris deux personnes aux antipodes l'une de l'autre et qu'on les avait obligé a vivre sous le même toit. Je crois que nos parents aimaient nos caractères différents, je crois qu'ils appréciaient nos visions totalement à l'opposé. Nous avons toujours eu des rapports difficiles, j'ai longtemps cru que c'était du à la promiscuité de notre chambre, au fait que nous vivions sous le même toit. Mais dès que sommes devenus adulte, dès que nous avons vécu loin l'un de l'autre nos rapports sont devenus encore plus compliqué. Les repas de famille, seule occasion ou nous nous fréquentions, sont devenus le théâtre d'une sorte de guerre larvé, un combat sourd mais saignant, et peu a peu nos frasques respectives n'ont plus fait rire nos parents. Après ma trahison, comme on dit dans la mythologie familiale, et suite à mon départ pour l'étranger, je n'ai plus jamais revu mon frère. J'arrive devant le cimetière avec la fille à mon bras, mes parents sont dans le corbillard qui visiblement n'est pas encore arrivé. Je vois Alain qui est avec une fille à son bras et je vais vers lui. Salut il me dit alors que je lui tends la main. "Je te présente Camille, il me dit, la nouvelle compagne de ton frère." La fille à le visage ravagée de larmes. Elle me tends une main molle et puis dans un élan soudain me tombe dans les bras et me déclame une phrase de petit vieux à la manière d'une tragédienne. " Je suis désolé de faire ta connaissance dans des circonstances aussi dramatique." Je la laisse finir de verser des larmes sur ma veste en cuir pendant qu'alain serre la main de la fille qui m'accompagne dont j'ai oublié le nom. Il demande à la fille si elle est mon amie. " Non, elle réponds avec un air digne et mauvais, je m'appelle reine et je couchais avec Jérôme moi aussi." Alain est un ami de mon frère que j'ai toujours connu. Ils étaient déjà en classe en primaire ensemble, c'était un peu son frère de substitution, mais un qui avait le même âge et qui n'était toujours en désaccord comme moi. Un qui ne le méprisait pas et qu'il ne méprisait pas. Je referme la fenêtre de l'appartement de mon frère. Ma mère fait des cartons. Je repense a la scène quand mes parents sont arrivés avec la pseudo petite amie officielle de mon frère et que les trois filles se sont retrouvées face a face. Mort, mon frère m'aura fait rire. Le jour de son enterrement il m'aura enfin fait rire.

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190-188-186 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je ne fais plus que regarder, le peu que je puisse, regarder encore et encore. Ouvrir les yeux et caresser tout les lieux, les gens, pour en garder l'image. Je m'arrête devant le 190 de la rue des pyrénées alors que je descends vers l'intersection entre la rue des pyrénées et la rue de bagnolet. Je regarde ce si beau bâtiment, le dispensaire jouye-rouve, qui fait l'angle avec la rue stendhal. Il a une rue a son nom maintenant, le père jouye-rouve, qui donne dans la rue de belleville. Il y a un super restaurant dans cette rue mais j'ai oublié son nom. Je touche les pierres, je sais que bientôt je n'aurais plus que ce sens. Le toucher. Quand j'aurais perdu la vue. Je m'apitoies quelques secondes sur mon sort, et je regarde ce bâtiment ou j'ai été avec ma mère quand j'étais jeune. Je ne sais même plus depuis quand il est fermé. Des dizaines et des dizaines d'années sans doute. Il est muré de partout, sans doute que la ville de paris a peur qu'il soit squatté. Je me souviens de l'intérieur et comme ça me semblait immense, j'avais une petite dizaine d'années, et les plafonds très haut et les vastes pièces me semblaient gigantesque. C'est curieux que ce lieu soit toujours a l'abandon, quand je pense que les pompes funèbres de la ville de paris sont devenus le 104, l'endroit ou l'on cramait tout les morts est devenu un lieu hype comme disent les jeunes. Cet endroit - un peu au milieu de rien dans ce virage de la rue des pyrénées, la seule partie de la rue qui n'est pas commerçante et grouillante de monde - il reste vide. Je touche ces briques, que l'ont retrouve sur beaucoup de bâtiments construits au début de siècle. Ces pierres, ces vieilles pierres, sont comme moi en fin de compte, un vestige du siècle dernier, un lieu inhabité, un lieu qui s'effrite peu a peu, qui s'enfonce dans le néant. Je touche une dernière fois les pierres comme pour en garder l'empreinte sur ma main, comme pour me souvenir, car bientôt je n'y verrais plus, très bientôt je n'y verrais plus.

 

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191 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 191 de la rue des pyrénées, un homme relit la nouvelle qu'il à écrite pour un concours. Elle s'appelle l'une et l'autre.

"Las. Se vautrer dans les fleurs en bas de la rue Crébillon. Tu perds tes papiers. Fille qui se brûle les mains avec des cigarettes pour être sûr de bien souffrir est sous l'influence du Rohypnol. pourtant mais elle fait n'importe quoi. Tu as un peu plus de 20 ans à peine 22 et tu fais n'importe quoi. Seul ce qui te détruit te plaît, ce sont les années de déroutes ordinaires. Elle est défoncée à cause des médicaments et de l'alcool. Tu rentres à l'appartement. Boites de conserves vides et un peu de sang par terre. Des morsures de mâchoires dans les draps. Elle fait n'importe quoi. Mais toi aussi. Tu cours dans les rues du quartier Decré, tu traverses le cours des 40 otages et tu fonces vers chez l'autre. L'autre qui picole des verres et des verres, l'autre qui inflige a son corps des tourments sans fin. Une vie sans suite de douleurs ordinaires non maîtrisées comme qui dirait expurgées de toute vitalité. Une vie sans souffle. Les serments les uns après les autres, comme on va arrêter la drogue et l'alcool, comme on va vivre comme les autres vivent, on aura des enfants et tout ça tout ça. Et puis non nous picolons et nous hurlons dans la nuit comme des soudards qui ne se réveillent jamais. L'autre n'est pas la. L'appartement est vide, vide de tout d'ailleurs, hormis ce lit défait, hormis tous ces écrivains morts dans la bibliothèque, c'est la grande période ou on vénère des gens comme sylvia plath. On vénère les suicidés. Ou est l'autre ? Peut-être embarqué par les flics ou alors dans un lit sous des lanières de cuir à l'hôpital. Saint jacques. Tu ne sais pas quoi faire, il fait nuit sur nantes. Tu ne sais pas quoi faire. Tu fonces vers la place de la bourse, tu fais n'importe quoi. Cabine téléphonique. Tu prends le tram jusqu'à la gare. Asphalte mouillé. Elle. L'autre. Tu ne sais pas choisir déjà, c'est ainsi que ce rythmera toute ta vie, dès que tu rencontres une fille toutes les autres meurent, dès que tu couches avec une fille tu ne couches plus avec toutes les autres. Sauf là, l'une et l'autre tu ne sais plus. Tu grattes les murs de la gare de nantes avec tes ongles en sang. Tu renifles les odeurs mais tu ne sens rien. Tu regardes le tableau des trains qui arrivent et qui partent, tu sais que tu devrais en prendre un pour n'importe ou, pour n'importe quoi d'autre. Que cette hésitation sans fin entre l'une et l'autre. Tu joues ton destin en lançant une pièce et puis non tu ne regardes pas. Le pile ou face. Tu te dis qu'il suffit qu'une des deux meurent. La fièvre, tu sens la fièvre. Infirmier. Je peux vous parler ? Mais non tu n'es pas encore à l'hôpital, tu n'y es pas encore, tu erres dans la ville, un peu sombre, un peu humide, un peu froide, un peu morte sans doute. Tu retrouves l'une dans une boîte homo en train de sniffer du poppers. Rue quoi déjà ? Vers le centre. Là, ça devient n'importe quoi, tout le monde court après tout le monde. Personne ne court plus après personne. Comment dire ? Comment vivre ? Comment faire ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Tu quittes la boîte, ce n'est pas encore l'époque des téléphones portables ou l'on retrouve tout le monde, ou l'on ne parle à personne, ce n'est pas encore cette période, c'est encore l'époque ou une soirée peut décoller avec les gens présents, ce n'est pas encore cette vie a toute vitesse ou il faut toujours qu'il se passe quelque chose. Je quitte la boîte homo, je laisse l'autre le nez dans les drogues pendant que l'une est perdue. C'est encore l'époque des surprises, si ça se trouve l'autre est avec son amant régulier. Je vais boire des bières dans ce rade vers la rue de l'évêché. Courir. Encore. Courir après l'une et après l'autre. Tu n'as plus les clés de l'appartement, tu ne sais plus qui veut et qui ne veut pas, qui veut vivre avec qui. Tu t'épuises dans l'alcool, déjà et pour toujours, tu ne sais plus rien de ta vie, de la vie des autres. Tu commences déjà cette vie vaine ou tu passeras ton temps à courir après les autres, à mourir après les unes. Ce n'est que le début.Rue de budapest. Entre le monoprix et la tour de bretagne. Elle est sur la terrasse au sixième étage. Voudrait bien se jeter. Mais ne peut pas. Whisky sur Rohypnol. Pas con le mélange. Pizzéria rue jean jacques rousseau. Les mains. Ses mains...Des dizaines de coupures sur le dos des mains, ces crises ou elle se blesse pour ne pas oublier qu'elle est cinglée. Tout le monde a peur. Sauf moi. Je suis alcoolique il faut dire je ne me rends compte de rien. Putain de croute de sang sur ces mains a elle. . L'une qui veut se balancer de sa terrasse. Et l'Autre qui boit des verres. Et des verres. Il te dit quoi le gars qui connait vaguement ta vie ? Une seule de ces deux filles te rendraient déjà cinglée. Et toi tu veux tenir une relation avec les deux nanas les plus déjantés à 200 bornes à la ronde. Après-midi rue du calvaire. Porte bien son nom cette rue à la con. Cafètéria.. Le rendez-vous de ce que tout ce que Nantes compte comme brin d'errants, de défoncés, d'alcooliquess et autre personnes sous état médicamenteux avancés. Les foutus de la vie. Les morts pas en sursis. Cafétéria. "Ca va flancher". Tu m'étonnes. Café. Des heures là. L'après-midi en attendant la nuit. La vie en sourdine. Le Nantes de cette époque qui se sent encore un peu merdeux car tous les musiciens et toute la culture sont à rennes. Nantes c'est morne. A l'époque il n'y a rien. Une ville de vieux bourgeois avec un maire de droite. Elle. Qui chiale sur les marches de l'opéra. L'Autre qui sort de st jacques pour boire des verres. Les jardins de l'hôpital. Tu traînes au ciné. Angoisse. Estomac noué. Défonce. Hypnotiques et excitants. Défonces. Tout le monde qui se shootent, claquer des thunes qu'on a pas dans tous les restaurants chers de la ville. Ne rien manger. Zoner au magasin de disques. Rue crébillon je crois. Piquer des trucs. Tout le monde qui lèche les paves pour extraite de la poudre qui rend dingue. A quatre pattes. La ville entre deux eaux. A peine un tramway. Le morne fric. La défonce déjà. La peur de la nuit. La peur de la vie. On sait pas où on va mais on fonce. Toujours foncer. Toujours défoncer. Ne rien lâcher dont les autres pourraient profiter. Les murs gris et ternes de saint-jacques...Grillages aux fenêtres...L'une et l'autre sont parties ailleurs...La fin du cauchemar...Ma part de ténèbres... Fièvres...Merde sur les murs...Sang sur le sol...Des taches partout....Des gens qui parlent...Bouillie indescriptible...Porte fermée sur nos vies qui ne se veulent...Laisser moi partir rejoindre l'une et l'autre...Ricanements...Corps enfievrés...Goût de fer dans la bouche...Goût de merde dans la gorge...Odeur de morts....Senteurs des corps...Odeurs de merde...Des cris...Portes fermées...Vomi sur le sol...Nous sommes si jeunes et nous ne pouvons pas attendre...Nous sommes si jeunes...On ne verra pas l'an 2000...Beaucoup trop loin...On sera morts...Hein...Coke dans le sang encore...Hurlements...Portes fermées...Héroïne dans le sang...Matelas sur le sol...Petites pilules...Alcool dans le sang...Couverts en plastique....Ne pas se couper...Ils ont peur qu'on se fasse mal alors qu'ils nous trépanent... Ah les comiques...Murs sales...S'échapper...Portes fermées...Barreaux aux fenêtres...Cris...Gens qui parlent...Comment tu veux t'en sortir...Partir...Tu voudrais voir la gare...Après ça va mieux...Ping-pong...Prendre le train...Tu veux quitter la ville...Prendre le train...Tu peux pas partir...Sans elle et l'autre...C'est pas un putain de cauchemar...Baladeur...T'écoute quoi...Un gars qui s’assomme contre les murs...Pas de rasoirs...Et toujours les portes fermées à clé...La réalité...Faut me laisser...Pilules...Shoot...Barreaux aux fenêtres...Un gars qui te parle...Les conversations...Tu planes...Tu sens plus rien...Faudrait sortir...Tu pues le vomi, haleine de médicaments...Tu sens le terne et la merde...Ta gueule...Pas de miroir pas se couper...Tu vois ton visage dans une fenêtre...Même pas mort...Il faut que tu téléphones...Faut que tu trouves un putain de téléphone...Alors tu appelles l'une et puis l'autre...L'une et l'autre...Mais personne ne décroche...Elles sont parties...On te raccompagne dans ta chambre...Sans l'une ni l'autre...Sans l'une et l'autre...Personne ne décroche..."

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192 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Tu le vois, le 212 de la rue des pyrénées ? Le franprix, l'immeuble derrière, la rue stendhal qui part sur la gauche et puis la rue des pyrénées qui tourne sur la droite. Un homme va se suicider, au 212 de la rue des pyrénées. L'homme pense a sa journée. Il s'est levé ce matin a peine quelque secondes après la sonnerie du réveil il à pensé qu'il entamait la dernière journée de ma vie sans que cela me contrarie le moins du monde. La vie est cette expérience qui n'a aucun intérêt puisqu'on ne pourra jamais en tirer les conséquences. Des gens parlent dans la radio alors qu'il se lave les dents, des gens parlent dans la radio alors que l'eau frémit dans ma bouilloire, des gens parlent dans la radio alors qu'il se sèche en sortant de la douche. Il aime bien le matin en général mais apprécie encore plus le dernier matin de ma vie parce qu'il sait que c'est la dernière gueule de bois de sa vie et qu'il ne plus picoler comme un trou. Il regarde tout ces étrangers avec lesquels il travaille, tous ces gens auxquels il faut dire bonjour chaque matin et dire bonsoir chaque soir, et dire bon week-end le vendredi soir et dire bonnes vacances quand ils partent en vacances. Comment on appelle ça déjà ? Des collègues. Il ne comprends pas la signification de ce mot, des gens que tu dois supporter toute la journée alors que ton seul désir c'est de les fuir et ne plus jamais les voir de toute ta vie, de ne plus jamais entrer en contact avec eux. Ils te racontent des choses dont tu n'as rien a faire, sur le ronflement de leur copain ou le caractère de leur copine, ils expliquent comme leurs enfants leur donnent du souci mais comme malgré tout ils sont beaux et intelligents et comme les professeurs sont incompétents et ne reconnaissent pas le génie en fusion de leur enfant. Ils parlent des maladies de leur parent, du dégoût que leur inspire leur beaux parents. Il est parfois fasciné par les discours totalement sans intérêt que ses collègues peuvent débiter sur la famille. Le pire c'est le retour des vacances, quand ils reviennent de voyage et qu'ils doivent expliquer comme c'était formidable et comme les habitants du pays où ils étaient sont des crétins. Sauf dans les pays très pauvres ou ils sont soumis et ou on leur reconnaît une certaine gentillesse a défaut de savoir faire a manger, de savoir sourire et de ne pas s'extasier devant la présence de formidables touristes français. Il faut supporter toutes ces considérations stratégiques et aussi les aventures qui ont égayé le voyage, la gueule de l'hôtesse de l'air, les pérégrinations du train, les bouchons en voiture. Ah la voiture. Que serait les conversations au bureau si la voiture n'existait pas. Les types peuvent expliquer pendant des heures et des heures pourquoi leur voiture roule bien ou pourquoi elle a des défauts et pour quelles raisons ils savent conduire et pour quelles raisons les autres ne le savent pas. La voiture semble devenir comme un cinquième membre de l'homme et quand on ne trouve aucun intérêt aux bagnoles, on est très vite exclu des conversations des mâles dominants. Le travail dans nos sociétés modernes c'est de trouver à s'occuper devant un écran d'ordinateur, de savoir quoi lui dire, de trouver une vie à l'intérieur. Il est fasciné par le ballet incessant de ses collègues. Quand la matinée se termine, les estomacs commencent a gargouiller et la question cruciale de la journée va commencer à se poser de façon prégnante. L'open-space, asservissement des temps modernes, et un peu comme les toilettes posés au milieu d'une cellule chez les prisonniers. L'open-space tue l'intimité et permet a chacun d'épier l'autre. Ils appellent ça un plateau. C'est juste un summum d'espace froid et brut ou personne ne peut se cacher et se réfugier sans être aperçu des autres. C'est formidable, ça permet de savoir avec précision et exactitude le temps que tu mets pour aller aux toilettes, si tu élimines liquide ou solide, le temps qu'il te faut pour aller chercher un café a la machine, ou de regarder tel un poisson rouge derrière son bocal la durée de ta conversation avec la secrétaire de la comptabilité. Il n'y a même plus besoin de chefs puisque tout le monde est chef et tout le monde est esclave. Tout le monde sait que tu es en retard, tout le monde t'entends dire ah ces problèmes de train alors que tu agite ton petit papier blanc que t'accorde la compagnie ferroviaire pour te permettre de repartir à l'heure le soir puisque tu n'étais pas en retard mais que le train avait un problème. Ses collègues chuchotent dans ton dos ou se moque de lui sur le ton de la plaisanterie depuis qu'ils ont remarqué qu'il partait plus tard. Il n'essaie pas de leur expliquer que c'est pour finir les choses tranquillement alors qu'il n'y a plus de bruit si ce n'est celui de la femme de ménage. Ses collègues croient qu'il reste plus tard pour te faire bien voir ou pour obtenir une quelconque prime à la fin de l'année. Ces juste pour retrouver une forme d'intimité et pour goûter au silence en travaillant sereinement. Il n'a pas de trains a prendre, d'enfants a aller chercher, de repas a préparer, de montagne de linge a repasser. Il a juste un métro qui passe toutes les deux minutes, un court trajet, une halte par l'indien en face de chez toi pour acheter de la bière et du vin et une soirée d'ivresse en perspective, seul devant ta télé. Il te fiches éperdument de partir à l'heure pour courir dans des couloirs de métro et attraper un train. Il regarde les sourires hypocrites de ses collègues qui te détestent de rester un peu le soir, et il n'y prête plus guère attention alors que le plateau comme ils disent devient silencieux et sombre. Il ne pense pas à la vie en terme de carrière et sans doute qu'il n'a jamais imaginé le travail comme un quelconque espoir d'ascension sociale. Il ne postule pas à des emplois hiérarchiquement supérieur pour évoluer comme ils disent dans leur jargon. Le travail est juste un passage obligé, une sorte de haie a franchir pour avoir les moyens d'acheter a boire, pour aller voire quelques spectacles, partir un peu en vacances. Il ne voyage pas beaucoup, non pas qu'il ait une quelconque peur ou un quelconque dégoût pour l'avion ou les peuples à l'autre bout de la terre, mais il n'a aucune envie d'aller les regarder comme un visiteur de zoos qui regarderaient les animaux. Parfois le dégoût le saisit quand il passe sur ce pont situé derrière notre-dame qui est recouvert de cadenas, et qu'il doit se frayer un chemin pour rejoindre le quais aux fleurs. Il les regarde, pantins de chair, se prendre en photo. Il a constaté déjà que les gens ne visitent plus les lieux ou les êtres, ils prennent des photos. L'avènement du numérique a transformé les touristes en photographe compulsif. Parfois, il prend des jours de vacances pour partir mais il ne sait jamais ou aller. Ni avec qui, il est un être de solitude, sans amis ou relations stables, sa vie est un passage dans le brouillard, une sorte de de voyage sans intérêt au milieu des autres. Les gens ne sont jamais seuls, ils partent en voyage avec des amis ou des groupes, pour ne pas se retrouver perdus au bout du monde. C'est la seule chose dont il aurait peut-être envie, te retrouver seul au bout du monde, l'idée le fait sourire et pourrai remplir une journée. Il sait bien qu'il est seul, dans une absolue solitude et qu'il n'a pas besoin d'aller au bout du monde. Il est seul à coté de lui, le voyage n'y changerait rien. Au 212 de la rue des pyrénées, un homme regarde la journée qu'il vient de passer. Il sait que c'est la dernière. Il sait bien que c'est la dernière.

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193 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis dans un fauteuil de son appartement du 193 de la rue des pyrénées. Il regarde le jack daniel's qui repose au fond du verre. Il pense a celle qui souffre de la maladie de l'oubli. Il parle a son verre de whisky.  " Chaque matin, regarder le visage de ma femme, chaque matin embrasser son front, chaque jour se rendre compte de la réalité et se réveiller auprès d'elle. C'est cela que je vais devoir briser ou tuer ? Ma femme, la plus belle femme du monde, ma femme, toute ma vie et tout le reste, celle pour qui mon cœur ne pourra cesser de battre, celle pour laquelle mes yeux ne pourront cesser de regarder, ma femme, la plus belle et la plus formidable femme du monde. Je regarde ce souffle qui inspire et expire, cette poitrine qui se soulève, cette volonté absolue de m'aimer. Je ne pourrais jamais aimer cette femme comme elle m'aime, je ne peux lui rendre le bonheur qu'elle me donne, je ne qu'essayer de la faire sourire et de la rendre heureuse. Chaque seconde de chaque minutes de chaque heure de nos vies. Je regarde mon amour et je me demande si je ne vais pas devoir la tuer. Je lui demande combien il me reste de temps avant de sombrer dans l'oubli. Il hausse les épaules, il dit que ça peut évoluer tout doucement. Je lui demande dans combien de temps les souvenirs se seront effacés, quand je ne la reconnaîtrais plus. Elle. Je me fiche des autres souvenirs, je me fous éperdument de ma maladie ou de ma mort, je veux juste savoir a quel instant précis je ne reconnaîtrais plus ma femme. Mon amour. C'est tout ce qui m'importe. Il répond que ce n'est pas une science exacte. Je n'ai plus la maîtrise des événements. J'y repense le soir, quelques jours plus tard, alors que j'attends d'oublier les choses. Je regarde l'amour de ma vie, qui comme d'habitude, touche à peine à la nourriture, après l’absorption de trois pâtes, elle se touche le ventre m'explique qu'elle n'a plus très faim. Je souris alors que mon cœur se brise à l'idée de ce que je dois lui annoncer. Comme tout les soirs je remets l'annonce au lendemain. Plus tard je lui fais l'amour, en me demandant si ce n'est pas une des dernières fois dont je me souviendrais. Nous avons encore un profond désir l'un pour l'autre, nous sommes tout l'un pour l'autre, nous avons bien plus de 60 ans, surtout moi, mais je sais que c'est la plus belle femme du monde que je tiens dans mes bras. Alors qu'elle s'endort au creux de mes bras, je me demande si j'aurais jamais le courage de lui annoncer. Je sais qu'elle ne le supportera pas. Elle ne voudra pas rester seule, elle voudra se tuer avec moi. Je me demande ce que je dois faire. Je ne peux demander de conseil a personne, je ne peux en parler à personne. Je vais perdre la tête, je vais m'oublier, la maladie va peu à peu m'envahir, et bientôt je ne me souviendrais plus que je suis, ce que je suis, bientôt je ne serais plus moi-même. Mais surtout, bientôt cette femme ne sera plus rien pour moi. Indistincte de la foule. Dans la salle de cinéma, je la regarde, alors que sa main dans la mienne caresse doucement mes phalanges, alors que tout son être est tourné vers moi. Je me rends compte comme au bout de tant d'années, cette femme brûle pour moi d'un amour insubmersible, d'une flamme impossible à faire vaciller. Je ne mérite pas son amour, aucune homme ne mérite l'amour qu'elle me porte. Je me demande comment elle va supporter la nouvelle. Je sais bien qu'elle ne la supportera pas. Je dois lui dire l'insupportable. Je me rends compte comme ce n'est pas seulement la situation qui est difficile, mais c'est comment la communiquer. Je vais te perdre et t'oublier je ne lui dis pas dans la cinéma, et je sais à cet instant que je ne pourrais jamais rien lui dire. Je ne pourrais pas la tuer avec mes paroles." L'homme hausse les épaules et tend la main vers son verre de whisky. Quelques larmes au coin des yeux. Au 193 rue des pyrénées.

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