187 rue des pyrénées
Au 187 de la rue des pyrénées, dans son appartement du troisième étage, un homme écrit sur un cahier a spirale avec un vieux stylo plume. Comme depuis 35 ans, comme depuis qu'il a 15 ans : Samedi 26 mai 2018. Soirée chez benjamin. Je tombe sur élise, la soirée commence bien. A peine une bise et elle entame un monologue. " J'ai prié pour te revoir, j'ai tellement voulu que tu réapparaisse. Je ne comprends pas ce qui nous à séparé, l'hôpital, l'alcool, la drogue, les infidélités ? Je crois que nous n'avons jamais su vivre, tout simplement. Nous ne sommes que l'impression de nos propres possibles, nous ne sommes pas nous-mêmes. Nous rêvons peut-être trop tout simplement. Tu refuse le sérieux, je peux comprendre tu sais, je sais que nous ne sommes pas obligé de tout prendre au tragique mais parfois c'est fatigant. Parfois je ne comprenais pas ce refus de responsabilité. Tu sais, quand on va mal, vraiment très mal, que les médocs ne font plus d'effet, quand on à envie de s'arracher la peau avec les ongles parfois on sature de ce refus du combat. Je hurle à en mourir, je te demande d'ouvrir ton cœur et tu me réponds que tu n'as pas d'ouvre-boîte ! Je ne riais pas toujours quand tu appelais tout tes copains au téléphone pour leur demander pour quelles raisons la danette en gros pots n'a pas le même goût que la danette en portion individuel. Je voulais me battre et toi tu planais, à lire tes livres, à écouter ta musique, à aller voir tes films, à écrire. Tu es égoïste, je ne te le reproche mais tu refuses de communiquer. Tu sais, je crois que tu es la personne que j'aime le plus au monde mais tu es la dernière personne avec laquelle je voudrais vivre et construire une relation amoureuse. Oui je sais tu n'es pas maçon, tu ne veux rien construire. J'ai toujours entendu dire que dans un couple, il y en à un qui souffre et un qui s'emmerde. Tu n'es pas celui qui souffre ça c'est sur. Mais tu ne t’emmerdes pas non plus, non, tu t'en fous. Tu t'en contrefous. Tu es insensible aux autres, ce n'est pas une critique, je crois même que ça te satisfait." La soirée commençait mal, du coup j'ai pas traîné. Jai pris quelques vieux amis sous le bras et nous avions entamé la tournée des rades, pour se soumettre à l'exposition du zinc, c'est ma thérapie à moi. Noir. Je me souviens que je parle a Sébastien, je dis, tu ne vas pas te rendre malade pour une fille quand même. Bon je veux bien que tu picoles mais tu ne vas pas te mettre à chialer parce que ta copine s'est barré. Merde. Je suis bourré je sens que je vais en faire trop. Et comme Eric est dans le même état que moi et qu'il est aussi léger, tout en délicatesse et en nuances, je sens que nous allons vraiment atteindre des sommets d'intelligence. Mais oui, je reprends, déjà arrête de chialer comme ça, tu noies ta bière. C'est gâché. Oui, reprends Eric, qui voit bien que j'ai du mal à ne pas rire et qui veut faire dans la surenchère, arrête de te lamenter. C'était quoi cette fille ? C'est juste un squelette avec de la peau dessus, passe une femme aux rayons X, tu vas voir, tout de suite tu vas remettre les pieds sur terre et ramener les choses à une plus juste proportion. Et puis sincèrement, je reprend, cette fille elle était pas faite pour toi, tu as beau jouer les intellos, elle était un peu "too much" comme on dit maintenant. Sébastien nous regarde avec un air ahuri. Son regard va de l'un à l'autre, il sait qu'il va entendre un flot de conneries mais bon comme son moral est en dessous du niveau de la mer, il préfère encore ça à rentrer chez lui et se morfondre tout seul. On nous ressert une tournée de bière mais c'est surtout pour eric et moi car séb n'a même pas fini la sienne. Tu vas quand même pas arrêter de boire, je lui dis, elle trouvait que tu picolais trop, mais bon maintenant qu'elle est partie autant te laisser aller. Ca sert plus à rien de pondérer ta consommation, elle n'est plus là pour te surveiller. Sébastien hausse les épaules, il dit que nous avons raison cette fille n'était pas faite pour lui (moi perso je doute qu'une femme soit faite pour un homme ) mais qu'il souffre quand même. Ecoute, je dis, les femmes elles ne sont pas faites comme nous, bon c'est des êtres humains c'est vrai mais c'est pas des vrais êtres humains comme nous quand même, tu aurais idée toi d'acheter des magazines qui expliquent tous les mois comment maigrir. Ben bien sur faut acheter un magazine pour savoir que si tu mange rillette, cassoulet et tiramisu arrosé de vin rouge tu vas grossir. Alors que si tu mange carotte rapée, filet de poisson grillée, haricot vert et une pomme arrosée d'eau plate tu vas maigrir. Et puis ça ne pouvait pas marcher, reprends délicatement eric, tu as fais des efforts pour la mettre dans ton plumard mais vous n'aviez pas les mêmes goûts, faut la comprendre aussi, elle pensait se retrouver dans un film de bresson écrit pas rohmer et elle se retrouve dans un claude sautet joué par patrick sébastien. En gros elle rêvait de visiter le musée guggenheim de bilbao et tu l’emmènes à eurodisney, il y avait un décalage. Ben oui, je continues, aller voir les matchs de rugby dans un pub irlandais je t'avais dit que ça lui plairait pas, je la sentais pas dans son élément. Sébastien me regarde. Je regarde Sébastien. On regarde Eric. J'aime pas claude sautet, je dis. Pourquoi, tu aime quelque chose toi, dit Séb. Je le sens devenir hargneux.C'est normal il est triste et puis on à peut être été un peu fort. Vous êtes content tous les deux que je me sois fait largué, évidemment c'est pas quelque chose qui t'arriverait toi hein, dit-il en me regardant, tu reste jamais plus d'une journée avec une fille. Juste le temps qu'elle comprenne quel escroc tu es. Et toi c'est pas mieux, il dit à eric, toi la fille elle est déjà partie quant tu te réveilles, une fois que tu as consommé. Vous me faites de la peine, on dirait deux ados attardés. Pourquoi attardé, je reprends. Bon dit éric, tu es malheureux, mais ne nous on t'a jamais gonflé avec nos conquêtes. Oui, reprends sébastien, vous n’en avez pas de conquêtes, vous arrivez juste à emballer les filles encore plus bourrée que vous à la fin de la soirée. Il y a un petit silence pendant quelques secondes, en fait je ne sais pas trop si chacun cherche une vacherie à sortir ou une remarque pour calmer le jeu. Ben pour finir on trinque et on va passer une soirée entière a essayer d'avoir le dernier mot. Noir. L'homme pose son stylo un peu étonné de dire autant de conneries quand il est bourré. Se demandant si c'est une excuse.