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54 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

 

Au 54 de la rue des pyrénées, un homme trouve une lettre dans sa boîte. Elle vient de loin, de si loin, de très loin. Elle vient d'il y a très longtemps. De vies qui n'ont plus de raison d'être, de douleurs évacuées, de sentiments distendus. Elle vient du brouillard et de la mine. La lettre qu'il tient entre ses mains est adressé à lui dans une autre vie, la lettre dont il regarde l'écriture semble adressé a l'homme qu'il fut, a l'homme qu'il ne sera plus. A l'homme qu'il ne sera plus jamais. Au 54 de la rue des pyrénées, une femme lève la jambe encore et encore. Et elle souffre encore, et encore. Elle comprends que cette nouvelle blessure sera celle de trop. Une de plus mais une de trop. Nous sommes des rivages ou la mer parfois se tarit. Et maintenant, la femme s'assoit dans son canapé, les articulations douloureuses car elle sait que c'est finit. Qu'elle ne pourra plus jamais danser comme avant. Comme avant la blessure. Les larmes viennent doucement. Pas comme un torrent. Elles viennent, délicates et dégringolent sur ses joues comme pour une dernière cascade. Au 54 de la rue des pyrénées, la jeune fille regarde son téléphone. Encore et encore des insultes et encore et encore des ragots et encore et encore des photos et encore et encore de la haine. Cela ne se terminerait jamais. Cela ne terminera jamais. Il n'y a plus d'échappatoires, plus de solutions, c'est comme une marée qui vous recouvre jour après jour, c'est comme une mémoire qui ne s'effacera jamais. Parfois, elle se voit comme une petite adulte mais soudain, là, elle comprends qu'elle est une enfant. Elle aimerait retourner dans le ventre chaud et rond de sa mère. Elle aimerait revenir en arrière. Au 54 de la rue des pyrénées, un homme regarde le pistolet qui repose, froid, dans son carton. La mémoire de la famille. La mémoire de son père, la mémoire de son grand-père. Vivre, au fond, était transmettre un peu de mémoire, un peu de souvenirs, a des gens qui ne demandaient rien. Et qui supportaient votre fardeau avec plus ou moins d'empathie, plus ou moins de bonheur. Parler aux autres, c'était vraiment votre putain de problème. L'homme se demande ce qu'il pourrait faire de ce flingue. RIen. C'était un peu une dominante de son existence, ne rien faire, ne rien décider. Ne rien.

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55 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je vomis contre un mur vers le 55 rue des pyrénées. Ou des gars rangent leurs affaires dans des entrepots. C'est la nuit, je crois, pas tout à fait l'aube. Bordel qu'est ce que je fous la ? J'ai presque toute la putain de rue des pyrénées a me remonter. J'habite vers le 400. Enfin pas tout à fait mais bien après le 300. Et je suis a ce putain de 55 rue des pyrénées, pour vous dire je ne suis même pas au métro maraîchers. J'ai envie de vomir, encore, j'ai envie de pisser, j'ai envie de chier, j'ai envie de me liquéfier sur place et de rendre tout les boyaux que j'ai encore en moi. Pourquoi je bois et je bois encore, a mon âge ? Pourquoi je bois encore a mon putain d'âge ? Comment je vais rentrer, comment je vais réussir a parcourir les quelques kilomètres pour rentrer dans mon appartement au bout de la rue des pyrénées. Quand c'est presque le dix neuvième arrondissement. Je m'assieds contre le mur, juste a côté de l'entrée qui permet de rentrer dans les box et d'y cacher des trucs bizarres, inutiles ou crétins. Je pourrais peut-être louer un box pour y disparaître quelques temps. M'y enfermer et y pourrir. Retenir cette adresse du 55 de la rue des pyrénées. Ca pourrait toujours servir. Je pourrais peut-être attendre que le service du 26 reprenne, ça doit aller vite a cette heure, ce sera dur a supporter le voyage en bus sans vomir. J'ai combien une bonne dizaine de stations, peut-être un peu plus pour arriver chez moi. Combien de temps pourrais-je encore envoyer des branlées a mon corps, le mettre plus bas que terre. Combien de temps encore pourrais-je continuer a boire et pousser mon âme toujours plus loin vers les rives de la souffrance. Je suis en route pour une disgrâce de plus en plus mémorable. Je me relève et je suis toujours au 55 rue des pyrénées, toujours et encore. Je me demande combien de temps je vais y rester.

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56 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 56 de la rue des pyrénées, la voix de bashung retentit dans le petit appartement de l'homme qui n'aimerait mieux pas. Encore un qui se prend pour Bartleby. Pas bashung (il est mort) mais le mec qui vit la. Il se dit que le double album de bashung, "climax", c'est suffisant. Tu peux écouter chacun des cd quasiment tous les jours sans te lasser. Et ça suffit. C'est une sorte de disque définitif. Il y a quelques mauvaises chansons, des musiques démodées et pas mal de chef d'oeuvre. La voix change. Il y a même des invités. L'homme penché a sa fenêtre se dit qu'il n'écoutera plus que ce double album. Il aimerait mieux ne pas en écouter d'autres. Au 56 de la rue des pyrénées, il aimerait mieux ne pas. Un enfant étale du beurre puis du chocolat en poudre sur une tranche de pain, au 56 de la rue des pyrénées. Il entend sa mère qui parle dans l'autre pièce. Elle est au téléphone. Sa mère est toujours au téléphone. Comme s'il n'existait pas d'autre moyens de communication. Comme s'il n'existait pas. L'enfant mord dans sa tranche de pain. Ce plaisir en rentrant de l'école de dévorer une tranche de pain beurré, alors que le chocolat en poudre vole dans la cuisine. L'homme regarde les livres qu'il vient d'acheter dans son appartement du 56 de la rue des pyrénées. L'énorme dernier volume de la saga knausgaard. Plus de 1000 pages. Le livre trône sur la petite table de son salon. L'homme sort les fraises de son congélateur. Il faut prendre une semaine de vacances pour lire le bouquin. Fraises, mascarpone, speculoos. Il y a une recette avec ces 3 ingrédients. Et ce n'est pas un tiramisu aux fraises. Un tiramisu aux fraises, répète l'homme tout haut dans son appartement du 56 de la rue des pyrénées, c'est vraiment n'importe quoi. S'il fallait rétablir la peine de mort, ce serait pour le type qui a pondu une recette s'appelant "tiramisu aux fraises", ça méritait vraiment la guillotine.

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57 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 57 rue des pyrénées, un homme qui vient de passer une nuit blanche, dans les bars de belleville-ménilmontant, le corps rempli d'alcool et de drogue, écrit sur sa machine a écrire. Ensuite il va tomber, mais pour le moment, il écrit :"Il est 10 heures du soir, encore un jour sans alcool, encore une nuit d'insomnie, encore un midi avec un patron de resto totalement ahuri quand il me dit une tsingha comme d'habitude et moi non un perrier avec un air mi figue mi raisonnable. Il est 10 heures du soir et je me dis demain le nouveau carax sort, si tu compte bien ça fait que 5 fois en 25 ans que ça arrive ce genre de truc. Oui mon niveau de calcul mental c'est autre chose que mon orthographe ma bonne dame, Et je reçois un sms qui dit «la je suis un peu bourrée mais ça fait du bien». J'ai envie de lécher l'écran de mon téléphone portable pour en récupérer quelques gouttes mais je me retiens pour ne pas affoler le chat patelin échoué sur le scanner en position post rasade de croquettes. Sur l'écran je vois tes yeux à travers les murs de saint jacques et tu me dis je crois qu'on se perds. Alors je me souviens je dessine sur la buée des fenêtres avec les barreaux derrière. Et puis je me souviens à nouveau, j'aimerais te parler là maintenant mais tu as disparu depuis des décennies je crois, les années 80, sans doute, les années du possible je me souviens et je sais même pas si ça me fait du bien. Et je reçois un autre sms et elle me dit l'ivresse c'est pas si mal même si ça fait mal. Et je me demande ce qu'il en reste de toutes cette ivresse de toutes ces cuites sans fins. Je voulais un jour parler à quelqu'un d'autre que moi mais je suis rapidement rendu compte que c'était pas possible alors j'ai vite parlé à la bouteille, à mes bouteilles, puis ensuite à des ombres, des ombres filantes sur le goudron humide. J'ai vite opté pour l'embrassade de lèvres esseulés contre des portes cochères, vite compris que je serai seul toute ma vie et que c'était mieux ainsi. C'était facile d'embrasser des filles, voire de coucher et de ne plus se souvenir, c'était si facile, je ne te cherchais plus du coup, puisque je ne t'avais pas trouvé, et je ne m'épuisais même plus. Boire c'est comme fuir la réalité, les sentiments, tous ces trucs sans intérêts que la vie balise sur la route un peu escarpée de la solitude. Picoler ça rendait les choses plus simples puisque ça évitait de souffrir, ça évitait le souvenir, ça évitait tous les trucs en I-R tu veux que je te dise, et tous les trucs en O-U-R aussi. La vie facile tout ça, je savais que ça ne pouvait pas durer, parce que l'esprit se fatigue, parce que le corps ne peut plus tenir, la vie des autres vivre la vie des autres je savais que ça s'arrêterait. Parce que la bidoche peut plus tenir, les boyaux toute la machinerie, je savais que ça ne pouvait pas continuer Un jour faut s'asseoir dans le fauteuil et ne plus vider des godets. Se demander comment meubler la décrépitude, s'interroger sur la vie à jeun et comment la rendre supportable. J'en suis peut-être là. Tu sais ses yeux le renoncement de ses yeux c'est la première chose, bon son corps ça reste son corps, il fait un soleil dehors à te faire cligner des yeux même avec des lunettes de soleil mais je crois que ce n’est pas suffisant pour qu'elle sourit. Le renoncement de ses yeux c'est la première chose, après vient le corps mais le corps je connais je me suis habitué et puis sa main aussi, sa main maigrelette et sans vie comme de petites nervures d'os qui se disloquent lentement. Ses yeux dans les miens quand elle se retourne vers moi et tu sais elle ne sourit pas, elle ne sourit plus, je me rends compte des choses avec cet acuité particulière, cette nef des fous ou l'esprit s'enfonce quand il est privé d'alcool. Tu sais je me rends compte je ne parle plus, elle ne sourit plus, moi aussi je cède au renoncement. La vie n'est pas ici, plus ici, je frissonne, j'essaye de retrouver le soleil dans la chambre moi qui le fuit en général, j'essaie de regarder la courbe des kilos. Je me dis toute cette mauvaise graisse que j'ai je pourrai peut-être lui refiler. Non. Si. Tu sais les mots s'assèchent au fond de ma gorge, les mots s'étrécissent je crois bien, ils restent collés au fond de ma gorge, mon cerveau ne peut plus actionner la langue. Je deviens fou je me dis, c'est le manque d'alcool sans doute, ça m'empêche de fuir, ça ne me permet pas de contourner les obstacles ou de foncer dans le mur, et je regarde son pauvre corps maigrelet, et je me dis ça ne s'arrange pas, ça ne s'arrange pas du tout. Je me sens chez Dreyer, malgré la souplesse de mes articulations, je me sens figé les pieds dans le sol. Mon corps s'enfonce dans le lino gris de la chambre d'hôpital, son visage est tourné vers moi. Ne rien exprimer, du coup je fais une espèce de sourire grimace, le soleil va commencer à décliner, fuir cette chambre avant la nuit, c'est toute la saloperie que je réussi à penser. Elle me sourit pas elle me regarde, ses yeux sont sans vie, elle a renoncé  encore une fois. Une dernière fois. Elle étend son bras, ça fait comme un reflet dans l'eau du canal, elle sourit soudain aussi soudainement qu'elle a pleuré un peu avant, et ça fait comme une grimace dans l'eau du canal. Elle dit tu ne peux pas me faire ça, tu ne peux pas. Ben non je peux pas en fait, je peux d'ailleurs pas grand chose pour qui que ce soit. Je suis comme qui dirait inapte a la compassion. Elle rit c'est bizarre on dirait le feulement d'un tigre dans la savane, enfin un truc dans le genre, oui vu que je fréquente à peu près autant la savane que la campagne ça te donne une idée de ma connaissance de la savane. On marche le long du canal, j'ai envie de picoler, c'est dingue comme l'alcool peut donner de l'amplitude a ces choses là, ce quotidien débile qui bout à bout devient une sorte de vie, l'alcool c'est un peu comme la caméra dans les road movies. T'as déjà vécu un road movie moi oui crois moi les milliers de bornes sur les routes désertiques, crois moi tu t'emmerdes alors que dans les films tout paraît magique. Au fil du temps, tu vois au fil du temps, ben crois moi j'ai fais la version américaine avec april, notre couple de pacotille n'a pas survécu...L'alcool c'est ça, pour ceux qui suivent, l'alcool ça te donne l'impression que tu vis un truc formidable alors que tu marches le long du canal, une fille cinglée qui se traîne un peu ivre, tu as peur qu'elle tombe, juste parce que toi tu es à jeun, et que tu  attends le message d'une autre qui est pas loin de là, à quelques mètres tu sais, tu le sens qu'elle n'est pas loin. Mais elle n'appelle pas. L'alcool tu arriverais à gérer, à jeun tu sais pas, comme les camés tu sais, les filles sous speed sous champignons tu sais pas, tu n'as jamais trop su. Café, café, pas dormir. Elle se jette sur le canapé, tu te dis allez je vais y aller, elle pleure, elle rit on sait plus trop, les murs ça tourne elle dit, tu la regarde vautrée dans ce canapé, et tu te dis combien de mètres, combien pour aller sonner chez l'autre sur le boulevard à côté. Tu serais bourré tu le ferais, tu serais bourré tu l'appellerais, tu serais bourré tout serait plus simple. C'est fou comme la vie à jeun c'est compliqué et pas drôle. Tu lui piques une cigarette, elle dit tu fumes, ben oui quand je bois je fume. Enfin je fais n'importe quoi d'autre que je picole pas je serai capable d'écouter une chanson de gainsbourg, de lire une livre de palahniuk, de regarder un film de tarantino, n'importe quoi je te dis. Je suis capable de tout. Je vais dans la cuisine, j'ouvresr le frigo toutes ces bières qui te tendent leur goulots, toutes ces bouteilles qui t'appellent, tu ris bêtement, tu souris tu as envie de pleurer. Ton esprit s'envole, il reste plus que ça, ton corps débouche une bouteille, l'amène à la fille vautrée, mais ton esprit est ailleurs, tu attends qu'elle dorme plus tard tu t'en vas et tu te retrouves au bord du canal. Tu marche, tu longes, tu  te dis pourquoi elle m'appelle pas elle avait dit qu'elle m'appellerait, une mélopée dans la tête, il est minuit, tu serais ivre tu irais tu serais ivre tu serais normal, tu voudrais qu'elle appelle. Juste pour  te donner raison. Alors dans le métro tu parles tu pense aux mots d'une autre, à cet échange virtuel, tu  penses que tu aimerais faire comme elle, parler avec les mots des autres c'est ça la liberté, c'est à ça qu'il faudrait arriver, tu voudrais lui parler comme elle te parle, mais tu n'y arrive pas, tu n'as pas la légèreté suffisante. Trop lourd, tu as toujours été un peu trop lourd.  Le mix des émotions non. Nuit blanche un ce marivaudage léger et entêtant. Après je suis dans le rer de ceux qui ne sont pas, tu sais, le rer du samedi matin vers les 6 heures, t’as le même le dimanche. Pour une fois je suis pas totalement bourré, je suis même pas ivre, je suis en train de prendre une bonne douche glacée et ça me fait du bien.  Je comprends en lisant ces notes qu’elle à raison, qu’elle à mis le doigt sur quelque chose, une chose que je n’avais pas vu. C’est chiant quand les autres te rendent à l’évidence de tes propres erreurs. La plupart des gens dans le rer du petit matin, de l’aube, le rer de quand il fait nuit alors que c’est déjà le jour. Ils sont tous à moitié morts, dans le sommeil de l’alcool, peut être certains vont travaillés. Peut-être… Je donne des croquettes au chat, je me couche, je me force à me coucher alors que je n’ai pas envie de dormir. Ca tombe bien je suis endormi qu’il faut que je me lève, il est une heure, je le retrouve, je la retrouve. Je me demande ce que je fais là, eux aussi sans doute, se demandent ce que je fais là, c’est un symbole de leur propre défaite. J’imagine. Elle me dit tu parais si fatigué.  Manger me réveille un peu, ou alors c’est le pinard, je me souviens pas trop de cette conversation. Je me souviens juste du moment où il me pose la main  sur le bras. Il me dit bordel ce gamin ne me parle plus, c’est un étranger pour moi, reprends le ton fils, même si ce n’est pas le tien, reprends le de toutes les façons il ne parle qu’a toi. Je me demande à quoi on joue, je me demande de quoi il voulait me parler, de quoi elle voulait me parler, je me demande si tout cela n’est pas totalement saugrenu. J’ai l’enfant dans l’après-midi, il me dit bon le prochain concert je cherche. Je te laisse, j’ai rendez-vous, je vais traîner dans les cimetières avec mes amis. Saine activité je dis, et puis c’est de saison. Je suis dans le coma, faut dormir. Mais je ne peux même pas. Douche, réveil, ressortir. Nuit blanche deux. Benjamin qui drague mollement la serveuse de l’alimentation générale de la rue jean pierre timbaud qui comme son nom l’indique est un café bar resto fourre tout. Enterrement de vie de jeune fille on dirait ou anniversaire ces longues tablées improbables ou tu fais la bise à des gens que tu ne reverras jamais tu sais.  justemenent en voila un qui à gagné la course, il fait un temps gris et une ambiance de plomb, le baptême le 10 j’ai échappé. Je viens aux agapes le 11. Parfois le boulot à du bon je me dis. Le boulot justement, le politburo. Numéro 18 me convoque avec numéro 45. Oui au politburo numéros 1,2,3 ça va. C’est après que  ça se complique, ca devient transversal. Ya 3 numéros 5, des numéros 18 peut être 30 je sais, enfin numéro 18 me dit nous avons un problème. Je baisse la tête. Je suis mal vu par mes collègues. Surtout depuis que j’ai dit ça dans une tentative d’humour qui n’a fait que moi. Une fille me dit ça fait même pas un an que t’es là ? J’ai l’impression que t’es là depuis super longtemps. Oh non j’ai dit tout fort, c’est juste que comme je manque jamais j’ai autant de jours de présences que des gens qui sont là depuis 2 ou 3 ans. Ce n’était pas finaud ça. Le baptême, enfin le repas ouf, la mère ravie de la crèche ça me gonfle vite, beaucoup trop vite. Elle est heureuse dit ma mère. C’est le syndrome juno ça je dis, je ne supporterais pas ça 5 minutes, 3 baffes dans la gueule et au lit. Le syndrome juno dit ma mère. T’inquiète je dis, c’est un film tu vas jamais au cinéma, c’est un film tu sors de la salle t’as envie de faire bowling for columbine deux. Zigouiller tout le monde. Bowling for columbine deux dit ma mère ? La campagne ce temps de ténèbres, un baptême le 11 novembre, c’est une chouyette idée je dis au père. Il n’y a que toi qui à des chouettes idées il dit. J’ai envie de lui entarter la gueule, je me rends compte moins je bois, moins je suis soumis à l’ivresse, plus je suis en colère, une colère sourde. Et puis cette fatigue lancinante. Toujours fatigué mais bordel, c’est l’âge ou quoi ? Je t’aime bien rasé, me dit une cousine éloigné. De l’avantage de la chimio, je réponds tout léger et de bon goût. Plus d’alcool, plus de goût. Faut que je retrouve le goût de l’ivresse. Parce que là je suis un peu fou furieux, même la bière je supporte plus. C’est le truc le plus inquiétant qui me soit arrivé depuis que j’ai perdu ma majorette voiture de pompiers que frère connard m’avait piqué quand j’avais 5 ans. C’est peut-être même plus grave que ça."

 

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58 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 58 de la rue des pyrénées, assise dans le lavomatic, une femme lit un mail sur son téléphone portable en attendant que son linge qui tourne tel un raton-laveur dans sa roue soit sec. Un mail que lui a adressé un homme. Voici ce qui est écrit : " J'aimerais ne plus jamais te lâcher les mains et ne pas sentir ton absence au réveil et ne pas savoir ou tu es ce que tu fais j'aimerais tant que la douceur des choses englobe la vie la nuit les jours les soirs, j'aimerais que tes yeux ne quittent pas mon coeur j'aimerais tant que mon esprit vacille ton corps, j'aimerais tant que tu ne sois pas citrouille et que mes mains ne lâchent pas tes reins et que ta langue ranime mon corps chaque matin et chaque soir et je voudrais aussi que nos vies en cascades ne soit plus qu'une rivière ou un fleuve, je ne me fais pas mal ni ne me fait souffrir, ça se peut même si je suis loin de toi même si tu es loin de moi, la sérenité est comme un voile qui me recouvre, je décompte les jours comme si notre vie était soudain une procrastination heureuse, comme si le lendemain ne sera pas chantant ou triste mais sera, comme si le surlendemain n'était que de l'inconnu mais était, notre avenir est entre nos mains nous le berçons chaque matin et chaque midi et chaque soir et chaque jour et tout le temps et c'est juste comme si nous regardions notre futur les larmes aux yeux et le coeur battant et le cerveau plein d'allant et l'âme remplie d'allégresse alors tu peux t'asseoir sur le trottoir et je peux rester sur mon banc, il est certain qu'un jour tu seras près de moi a regarder la marée montante ou descendante, j'ai jamais rien compris aux marées mais je sais que tu seras près de moi. Tout près de moi. " Le linge dans la machine s'est arrêté. La femme lève les yeux de son portable. Au 58 de la rue des pyrénées.

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