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296 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le 296 rue des Pyrénées. Les bains douches. Une femme qui vit dans la rue derrière le bâtiment, dans la rue des rigoles donc, vient ici une fois par semaine. Il n'y a pas de baignoire et encore moins de douche dans le placard ou elle vit, juste un lavabo dans son seize mètres carrés. Elle vient ici une ou deux fois par semaine. Elle sait bien qu'elle ne peut plus vivre a paris, elle n'a pas assez d'argent, mais elle a toujours vécue ici, elle ne voit pas très bien ou elle pourrait aller. Un homme pleure sous la douche au 296 rue des Pyrénées, il n'en peut plus de cette vie, Il est tout le temps sale, il se réfugie dans l'alcool, il ne comprend pas comment il en est arrivé là. C'est a dire nulle part. Il n'en peut plus. Une femme se lave avec sa fille au 296 rue des Pyrénées, elle compte dans sa langue combien il lui reste de bons pour finir le mois. Elle frotte sa fille mécaniquement, se demande ce que l'avenir lui réserve, elle ne regrette pas d'être parti de son pays en guerre mais elle se sent las de toujours courir, de toujours quémander. Elle n'a pas été élevée comme ça. C'est souvent difficile. Un employé frotte le sol, vigoureusement, il se demande pour encore combien de temps, il doit frotter le sol, pendant combien de temps mécaniquement, encore et encore frotter le sol, encore et encore pendant combien de temps. Un homme se lave, sans réfléchir, dans une douche municipale du 296 rue des pyrénées, un homme se lave, en attendant le rien qui viendra inexorablement, en attendant il se lave. Des gens entrent et des gens sortent, des vies entrent dans cet endroit, des gens essaient de se débarrasser de tout ce qui les détruit, de tout ce qui leur fait mal, mais ces mêmes gens savent bien que rien ne pourra désormais plus réellement les laver car les gens qui viennent ici, aimeraient plus que de se nettoyer, ils aimeraient se vider et oublier un peu la saleté de la vie, oublier la saleté de leur vie.

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297 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je sors de la pharmacie du 297 de la rue des Pyrénées. Je vais peut-être aller jeter un coup d'œil a la droguerie qui vient d'ouvrir, il n'y a pas très longtemps, juste à coté et a la même adresse. Avant, ils vendaient des cuisines toutes équipées dans ce magasin. Maintenant ils vendent des ustensiles de cuisine. Il doit y avoir un machin comme une allégorie de la vie dans cette transformation mais je n'ai pas le niveau intellectuel pour la trouver. Née cuisine elle devint ustensile. Je sors de la pharmacie. Je me souviens être venu dans cette pharmacie avec cette fille qui venait chez moi pour baiser, nous avions attendu le médecin pendant la nuit, elle se tordait de douleurs. Je m'étais endormi et je m'étais réveillé alors que ce con de médecin minaudait au lieu de la soigner. Je me souviens. Le lendemain matin nous nous étions retrouvé au matin dans cette pharmacie pour acheter le traitement. Je me souviens elle avait donnée sa carte vitale au pharmacien et il lui avait demandé son adresse. J'avais ri intérieurement et je m'étais reculé comme pour faire semblant de ne pas entendre et il avait fallu qu'elle donne son adresse que je ne connaissais pas, je savais qu'elle habitait près d'une grande ville de province mais je ne savais pas exactement dans quel bled elle vivait. J'ai senti qu'elle hésitait un millième de seconde. J'ai entendu le nom de sa rue et un numéro que j'ai oublié depuis longtemps, et puis le nom d'un patelin qui ne m'a rien dit. Je crois que nous avons bien ri ensuite, elle m'a dit que j'étais une andouille, et je lui ai dis que dorénavant je savais ou elle habitait. Je suis devant la pharmacie du 297 rue des Pyrénées, la vie est un songe, l'illusion d'un songe. On dirait qu'il va pleuvoir. On dirait bien qu'il va pleuvoir.

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298 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis a son bureau au 298 rue des Pyrénées. Il fait craquer les phalanges de ses doigts et se met a écrire. "J'ai prié pour te revoir, j'ai tellement voulu que tu réapparaisse. Je ne comprends pas ce qui nous à séparé, l'hôpital, l'alcool, la drogue, les infidélités ? Je crois que nous n'avons jamais su vivre, tout simplement. Nous ne sommes que l'impression de nos propres possibles, nous ne sommes pas nous-mêmes. Nous rêvons peut-être trop tout simplement. Tu refuse le sérieux, je peux comprendre tu sais, je sais que nous ne sommes pas obligé de tout prendre au tragique mais parfois c'est fatigant. Parfois je ne comprenais pas ce refus de responsabilité. Tu sais, quand on va mal, vraiment très mal, que les médocs ne font plus d'effet, quand on à envie de s'arracher la peau avec les ongles parfois on sature de ce refus du combat. Je hurle à en mourir, je te demande d'ouvrir ton cœur et tu me réponds que tu n'as pas d'ouvre-boîte ! Je ne riais pas toujours quand tu appelais tout tes copains au téléphone pour leur demander pour quelles raisons la danette en gros pot n'a pas le même goût que la danette en portion individuel. Je voulais me battre et toi tu planais, à lire tes livres, à écouter ta musique, à aller voir tes films, à écrire. Tu es égoïste, je ne te le reproche pas mais tu refuses de communiquer. Tu sais, je crois que tu es la personne que j'aime le plus au monde mais tu es la dernière personne avec laquelle je voudrais vivre et construire une relation amoureuse. Oui je sais tu n'es pas maçon, tu ne veux rien construire. J'ai toujours entendu dire que dans un couple, il y en à un qui souffre et un qui s'emmerde. Tu n'es pas celui qui souffre ça c'est sur. Mais tu ne t’emmerdes pas non plus, non, tu t'en fous. Tu t'en contrefous. Tu es insensible aux autres, ce n'est pas une critique, je crois même que ça te satisfait."

 

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299 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le 299 rue des Pyrénées. Du côté des numéros impairs c'est la première adresse après le croisement de la rue de Ménilmontant. Une femme descend les marches entre le troisième et le second étage, une femme se demande combien de temps elle va supporter que son mari la frappe, une femme voudrait s'enfuir mais elle se dit qu'il va devenir responsable un jour, elle est sûre qu'un jour il deviendra raisonnable. Et puis sa fille qui a 12 ans, elle est a un âge difficile ou l'on a besoin d'un père. Elle sera morte dans quelques mois sous les coups de son mari. Au rez-de-chaussée, elle croise cet homme un peu effacé, ils se disent bonjour. L'homme travaille pour la ville de paris, il passe inaperçu a son travail, il n'a pas réellement d'amis, il a toujours vécu ici, avec ses parents, puis seul quand ceux-ci sont morts l'un après l'autre. L'homme ramasse son courrier dans sa boîte aux lettres, une seule lettre, une facture de téléphone, il ne reçoit jamais autre chose que des factures ou des courriers administratifs. Il monte les escaliers, il habite au quatrième étage et il n'y a pas d'ascenseur. Au troisième il passe devant la porte de la vieille dame que connaissait bien sa mère, elle est encore en forme pour son âge, même si elle se fait aider pour monter ses courses, elle a un peu plus de 80 ans. Elle a une fille qui vit pas très loin, un peu plus a l'ouest dans le dix-huitième. Vers jules joffrin. La vieille femme se demande combien de temps encore elle pourra vivre seule, et elle aimerait ne pas connaître la déchéance, la maison de retraite, et une fin de vie ou son sort ne lui appartiendrait plus. Il va falloir qu'elle règle cela, pour partir dans de bonnes conditions. On frappe a sa porte. C'est la jeune voisine qui toque, celle qui parfois l'aide a monter ses courses. Elle vient pour lui demander de lui prêter son aspirateur. Celui de la jeune fille qui habite aussi au troisième étage de l'immeuble du 299 rue des pyrénées vient de tomber en panne. La jeune fille veut faire le ménage chez elle, ce soir sa nouvelle copine vient chez elle pour la première fois. Elle rit en toquant a la porte de la vieille femme en imaginant lui dire je viens chercher votre aspirateur parce que je suis lesbienne et j'aime que mon appartement soit propre quand je reçois une fille pour baiser. Un type descend du cinquième et dernier étage et passe derrière elle au moment ou la vieille femme ouvre la porte en souriant. L'homme est pressé. Il est juste venu acheter un peu d'herbe a un copain a lui. Il doit aller travailler. En sortant de l'immeuble, l'homme s'efface en ouvrant la porte du dehors pour laisser entrer une jeune fille de 12 ans. Elle rentre de l'école, doit faire ses devoirs. Elle se demande combien de temps encore il va falloir payer a l'école pour qu'on lui fiche la paix, elle se fait racketter il n'y a pas d'autres mots. Elle a envie de pleurer, très envie. Mais elle n'ose pas. Elle n'ose pas non plus en parler. Son père frappe déjà sa mère, elle ne veut pas que celle-ci souffre encore plus a cause d'elle. Son père lui fait peur. Son père lui fait un peu peur.

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300 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

Je passe au tabac et j'achète deux paquets de cigarillos et du tabac a rouler. La jeune vendeuse chinoise me donne du commissaire entre chaque phrase, bonjour commissaire, comme d'habitude commissaire. Le gérant du café tabac qui ressemble a un gamin, chinois lui aussi, me prépare un demi. Je dépose un peu de monnaie sur le zinc alors qu'il me dit mais non commissaire, c'est offert. Je hausse les épaules. Le jeune couple croit toujours que c'est grâce a moi qu'ils ont eu certains papiers qui leur facilite la vie. Je prends mon picon bière et je sors dehors ou je m'allume un cigarillos. J'habite la, au 300 rue des Pyrénées. L'affaire n'avance plus. Je commence a me demander si je suis réellement a la hauteur. Je bois une gorgée de picon. Je classe et reclasse encore tout les éléments dont je dispose sur la mort de Louise. Pourquoi est-elle morte ? Pas de réponses. Est-ce qu'il y a un mobile ? Pas de réponses. Quelqu'un en voulait a Louise ? Pas de réponses. Un petit ami : négatif. Une vie secrète : négatif. Des amis : négatif. Des ennemis : négatif. Je bois une seconde gorgée de mon picon, tire sur mon cigarillos. Une ambulance toute sirène hurlante passe en direction de la rue de belleville. Une femme qui tient un téléphone dans une main et qui dirige une poussette de l'autre main explique dans le combiné en parlant fort que ce n'est pas possible de continuer ainsi. Qui es-tu Louise ? Tu avais peu d'amis, tu avais peu de passion. Ta famille c'était ta mère. Tu semblais effacée, discrète. Je descends une troisième puis une quatrième gorgée de mon picon. Un autre verre commissaire me demande le jeune serveur chinois. Négatif je réponds alors que dans ma tête je souligne que je suis capitaine. Je me demande pour quelles raisons Louise avait quitté le domicile de sa mère. Après tout, son petit appartement était impersonnel, elle habitait près de chez sa mère. Souvent elle allait chez sa mère. Elle ne recevait pas. J'ai l'impression d'une incohérence. Il faut que je trouve un fil. Pourquoi prendre un appartement seule si c'est pour passer tout le temps chez sa mère, avec cette dernière ? Elle connaissait son meurtrier c'est certain. Aucune trace de lutte. Je finis mon picon. Cette histoire me rend dingue. Chaque soir je m'endors en devinant le visage de Louise. Chaque soir. Chaque matin je me réveille en devinant le visage de Louise. Chaque matin. Je me lève, je fais un signe au patron du bar tabac et je rentre dans mon immeuble au 300 rue des pyrénées.

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