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77 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je suis posé devant le 77 de la rue des pyrénées a l'angle de la villa du même nom, le cul dans ma voiture pourrie, devant cette boutique qui s'appelle dépan'vite dont je connais le gérant, un pakistanais que je vais voir quand j'ai un problème de téléphone portable ou d'ordinateur. Je regarde les gens qui  entrent du lidl, qui fait l'angle lui aussi avec la rue et la villa des pyrénées. C'est intéressant de regarder les gens qui fréquentent lidl, mais c'est plus aussi prolo qu'avant, soit le quartier s'embourgeoise, soit lidl est un peu monté en gamme. Un peu des deux j'imagine. J'attends ce petit dealer qui doit me rencarder sur des affaires glauques. Flic c'est vraiment le métier ou tu as le plus de dichotomie entre l'imaginaire et le réel. Quand tu penses aux films, aux livres et aux séries, ou les tueurs sont des génies, du mal certes, mais sont presque toujours des gens hyper intelligents et fins. Dans la réalité, on passe son temps a recevoir des plaintes a la con, a gérer des histoires de maris violents et de crétins avinés. La misère humaine. Quand je pense que je suis obligé de me coltiner les pensées vaseuses d'un crétin camé. Pour serrer un revendeur de cocaïne. Voila ou nous en sommes. J'allume une clope. Je pense a louise, je pense a sa mère, comme chaque jour. Comme chaque jour depuis sa mort. Je vois ce crétin de dealer de shit de merde qui sort du lidl. J'attends ce débile, et monsieur est parti faire ces courses. Il me sourit de loin, avec son paquet de chips et sa canette de faux coca. Je vais le buter. Je suis vieux mais je suis loin de la retraite. Je me demande comment je vais tenir, j'ai encore quelques années et je me demande comment je vais tenir. Je démarre ma caisse, l'autre con qui était a trois mètres me regarde de son ahuri, lui qui déja a une tête de con au naturel, il fait une sorte de grimace bizarre. C'est jouissif de voir sa tronche, il se demande pourquoi je lui attendu si longtemps pour partir quand il arrive. Il ne sait pas que je suis un grand malade. Et que le voir sortir avec son paquet de chips m'a rendu dingue. Encore plus que je ne le suis. Encore plus.

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78 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 78 de la rue des pyrénées, un homme regarde une dernière fois ce qui fut son logement pendant des années. Il va le vendre. Il a vidé l'appartement et il se demande ou il va aller désormais. Ca paiera les dettes d'une aventure collective qu'il n'a pas maitrisé jusqu'au bout. Quand les problèmes arrivent, le collectif devient individuel. Même chez ceux qui n'ont que des leçons de morale a la bouche, même chez ceux qui des trémolos dans la voix te racontent la révolution. Se rappeler que l'égérie d'attac possédait des comptes en suisse. C'est un peu triste d'avoir dû vendre cet appartement pour ne pas finir ruiné, tout quitter, ce quartier, sans doute cette ville, mais c'est aussi une leçon. Il avait toujours cru qu'il n'était pas d'extrême-gauche car il ne se prenait pas au sérieux, alors qu'en fait il n'en avait tout simplement pas les moyens. Au 78 de la rue des pyrénées, dans l'immeuble un peu moche, style massif soviétique années 50, un homme éteint sa télé alors que défile le générique de la série "after life". Il est un peu déçu par la saison 2. La saison 1 était beaucoup plus poilante. La saison 2 n'est pas très drôle, c'est une suite de scènes identiques qui utilisent les mêmes ressorts. Il prêche dans le désert. L'homme est vraiment déçu, la première saison était si drôle, si cynique, si décapante. La série fait du surplace, c'est, comme souvent, un problème d'écriture. Manque de temps, manque d'idées, peut-être manque de travail. Ce n'est pas du tout convaincant. Un homme coupe des oignons en brunoise au 78 de la rue des pyrénées, puis il les dépose dans la poêle ou l'huile d'olive commence a frémir. Il aime le bruit du crépitement des aliments. C'est comme une plainte, une longue plainte qu'on aimerait ne jamais oublier. Il se souvient de sa femme. Elle s'y connaissait en plainte.  Rarement entendu une femme autant geindre. Il avait du prendre les choses en main. Tuer sa femme n'était peut-être pas la plus humaine des solutions. Mais c'était la plus efficace. A n'en pas douter.

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79 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je me pose au 79 de la rue des pyrénées, dans ce petit restaurant thailandais qui est tenu par des chinois d'origine laotienne nés a belleville, autant dire qu'ils sont aussi thailandais que je suis un grand ténébreux. Monsieur le commissaire me salue la fille ainée d'a peine 15 ans que ses parents ont déjà mise au turbin. Capitaine je ne lui réponds pas. Sa mère arrive et m'embrasse comme si j'étais un habitué alors que je dois venir trois fois par an. Une tsing-tao pour monsieur le commissaire principal lance la mère à la fille. Une grande bouteille. Et des chips aux crevettes. Capitaine je lui réponds pas. Il y a quelques années de cela j'ai obtenu des papiers pour un de ses frères, et depuis elle me situait entre columbo et le commissaire maigret dans le panthéon des policiers.  Je commande des plats sans faire vraiment attention, des trucs a la vapeur, un petit potage, et je mange tout seul. Je pense a louise, je pense a sa mère. Je pense toujours a elles deux. Dans la foulée. J'ai l'impression d'être devenu un pestiferé au commissariat, comme si les autres couillons avaient résolu le meurtre de louise, eux. Les grands cons du quai des orfèvres ne font pas mieux. Ils tournent dans le quartier de temps en temps mais c'est juste pour pisser contre les murs et marquer leur territoire. Putain de cow boys qui nous prennent pour des bouseux. Ce meurtre est en train de me rendre dingue, je pense a louise que je n'ai pas connu, et a sa mère que j'ai baisé pour me rapprocher d'elle. Maintenant elle me déteste. Je ne sais même plus pourquoi. J'ai envie de boire. Et de boire encore. En même temps tu veux faire quoi d'autre, tout seul, dans un restaurant un peu glauque de la rue des pyrénées.  La mère me sourit quand je lui demande l'addition. Elle hausse les épaules et dit que c'est gratuit. Me dépose un verre de digestif sur la table. Je me demande si j'ai pas envie de la baiser, là tout de suite. Sur une table du restaurant du 79 de la rue des pyrénées.

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80 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 80 de la rue des pyrénées, dans un immeuble sans âme, un homme qui se demande ce qu'il fait encore en vie, remplit des pages d'un cahier. " Je reconnais la voix exaltée de mon père qui avait amorcé la pompe a morphine après son opération quand j'entends ma mère sur son lit d'hôpital qui me dit ah drink c'était génial cette opération j'ai vu le paradis, et j'ai vu ton père, il m'a dit de bien te dire de mettre de la crême solaire avec le temps qu'il fait. Il a peur pour ta peau. Je sens qu'on va bien se marrer cet après-midi je me dis. Il fait le même soleil de plomb la veille, je hurle sur la place les huit phrases que je dois dire pour lancer le spectacle. Au bout de 20 fois, je n'ai plus de voix. Une fille me dit j'ai des frissons quand je t'entends. Une autre me demande si j'ai fait du théatre, elle me dit c'est tellement bien quand tu parles. Je suis tout content des compliments des jeunes filles. Mes chevilles dégonflent brusquement. T'es trop mauvais drink me dit la chorégraphe, je vais te remplacer. Je suis tellement fatigué après ma nuit aux urgences, après la journée de la veille, je suis tellement harassé que mécaniquement j'éteinds mon cerveau et je ne pense qu'a dormir. Elle me demande si je lui en veux a la chorégraphe mais je suis épuisé, tellement au bout du rouleau que je lui dis qu'elle a raison. Je manque d'énergie. Drink me dit ma mère, il y a une grosse bête derrière toi sur le mur. Je me retourne et je ne vois rien. Le téléphone sonne, ça commence je me dis, je vais faire secrétariat pour la rockstar. Pendant que ma mère jacte au téléphone j'essaie de comprendre ce qu'elle peut prendre pour une bête le long du mur. Je ne vois rien, j'ai l'impression d'être dans un film de cronenberg. Tout le monde vient m'arroser de crême solaire, une fille vient me voir pour me dire je ne comprends pas ce qu'elle te reproche la chorégraphe, et elle me propose de venir boire un verre avec le petit groupe qui se dirige tranquillement vers le café. Tu peux prendre mon chèquier drink, remplir un chèque je vais te le signer, je crois que je te dois pas mal d'argent reprend ma mère. Soeur krishna en reste estomaqué, ce serait bien la première fois que quelqu'un doit de l'argent a drink, elle grince, d'habitude c'est toujours l'inverse. Tu ne me dois rien je dis a ma mère. En tout cas, elle ajoute, si tu veux de l'argent, prends ma carte bleue et retire tout ce que tu veux. Un des danseurs me fait répèter toujours les mêmes phrases, je  ne comprends pas ce que je dois faire, ma voix résonne sur toute la place, j'essaie de chialer de faire passer l'émotion, de donner ce qu'il me demande de donner. J'ai la gorge en feu, a force de répèter, c'était bien la peine de vouloir faire de la danse je me dis pour me briser la voix pour déclamer comme un cinglé sur une place ensoleillé. Ca ne va pas il me dit, tu n'es pas bon. Un des proprios de l'appartement dont je squatte le balcon, me dit je pensais voir noureev et j'ai pavarotti. Physiquement c'est je lui réplique.  Je suis chez moi, ma mère m'appelle, drink tu peux venir tout de suite s'il te plaît, mais maman je réponds, il est dix heures du soir, tu n'as plus le droit aux visites. Non drink je ne te demande pas de venir a l'hôpital mais chez moi. Je suis là-bas, je suis chez moi et je ne me reconnais pas. Mais maman je lui réponds un peu ahuri tu es à l'hôpital, tu ne peux pas être chez toi ! C'est bien mon problème elle me dit, je suis a deux endroits en même temps. Je suis au comble de l'épuisement sur la place ensoleillée, la fille italienne au visage comique me dit tu es bronzé. Oui je suis le premier rouquin qui bronze je lui explique. On travaille la scène et je ne parviens pas a garder mon sérieux. Elle a une bille de clown comme j'en ai peu vu. Pendant que ma mère plane a l'hôpital, je dors dans les bras de tes pensées. Je danse dans tes bras. Pendant que ma mère dépasse les plafonds de la raison je serre le vide de ton absence. Je valse le vide pendant que tu regarde les corps graciles sur leur planches a roulette. Un jour après l'autre, un pas après l'autre. Mais une seule vie. Une seule toi. Tant qu'il y aura moi. Il y a toi. Je ne lâcherais jamais ton bras. Et tu valseras."  L'homme repose son stylo. Il se sent un peu plus détendu. C'était il y a longtemps. Au 80 de la rue des pyrénées.

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81 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 81 de la rue des pyrénées, dans son appartement du troisème étage, un homme est assis dans son canapé, un ordinateur portable posé sur ses genoux. Il lit des textes qu'il vient de retrouver qu'il semble avoir écrit a saint malo. "Le matin, la mer est loin. Je pourrais venir sur le sable et ramasser les coquillages comme quand j'étais enfant. J'en faisais quoi d'ailleurs, je les nettoyais, je les peignais peut-être, tout ça me semble si loin, tout va vite. Les souvenirs s'effacent, comme les traces sur le sable quand vient la marée. Beaucoup trop vite. Il fait beau et froid auprès de la mer, j'hésite à enlever mes docks et a tremper mes taches de rousseur qui ornent le dessus de mes pieds et puis je renonce. Je longe la mer sur la plage presque vide ou le seul bruit - hormis celui des vagues - est celui des voiles de chars qui foncent sur le sable. Je pense à la fille qui était venu avec moi les deux dernières fois et a laquelle la directrice générale de la mairie ou elle travaille lui a dit qu'elle était responsable de ce qui lui arrivait vu que ce n'était pas possible de faire une dépression en travaillant pour une mairie communiste. Je regarde les traces des bâtons dans le sable, des milliers de trous depuis que les plus vieux du coin font de la marche comme s'il faisait du ski de fond. Je me demande si c'est mer montante ou descendante mais je sais que dans quelques heures on ne pourra plus marcher sur la plage vu qu'il n'y en aura plus, ça me fascine toujours de penser que dans quelques heures,je n'aurais même pas pied à l'endroit ou je suis. Je regarde les mouettes qui narguent les chiens à moins que ce ne soit les chiens qui courent après les mouettes pour les faire chier. Je regarde les coquillages sur le sable en me demandant s'il y a une vie sous le sable. Je pense a la fille qui vient avec moi parfois et je me dis que je vais foutre une bombe dans cette mairie stalinienne ou l'on pratique le harcèlement moral dans la plus pure tradition patronale. Je laisse le soleil me caresser le visage en me demandant si la plus belle femme du monde va mieux mais je pense que oui. Le vent souffle tellement fort au bord de la mer que mes deux camionneurs ne sont pas de trop, je suis toujours fasciné par la force du vent alors que dès qu'on s'enfonce dans la ville il ne souffle plus du tout. Mes docks sont pleines de sable alors que je remonte vers le mail. C'est peut-être la dernière fois que je reviens à l'appartement, mais j'espère qu'un jour je reviendrais avec la plus belle femme du monde. Appartement ou pas. Avec la plus belle des femmes du monde sur le sable de saint malo. " La pluie est venu effacer le soleil de la veille, une pluie drue pleine, une pluie de belle-île, une pluie que tu regardes a travers les hublots du bateau alors que la mer se forme. Il y a un fort vent d'ailleurs, il faudrait que j'aille voir la mer, c'est un jour de tempête, et je me dis qu'il faudrait sortir voir. Mais je reste au chaud avec david peace, je reste à liverpool. Les gens disent toujours que le meilleur livre écrit sur le foot c'est carton jaune de nick hornby. J'ai toujours trouvé qu'hornby était un médiocre écrivain et que 44 jours de peace était le meilleur livre sur le foot. Mais je me rends compte que rouge ou mort c'est encore autre chose. C'est sans doute sur un homme, peace dit : pour une fois je voulais écrire sur un type bien, peut-être qu'après tout peace avait besoin de voir la lumière lui dont les livres ne font que s'enfoncer dans les ténèbres. J'étais décidé à balayer la terrasse qui en a bien besoin, a virer les chaises en plastique, a couper ce rosier qui envahit la terrasse mais je regarde la pluie en me disant que ce sera pour demain. Et si ce n'est pas pour demain et bien j'attendrai. Le jour d'après. Je regarde la pluie et je me dis qu'il faudra bien sortir chercher à manger, tout était fermé le dimanche après-midi a paramé alors j'ai fais cuire du riz qui trainait dans l'armoire. On dirait qu'une branche du parc à côté de l'appartement s'est cassé, il faut que je regarde s'il y a un ciré, le parapluie il faut oublier, il y beaucoup trop de vent, ça ne servirait a rien. J'aurais du faire les courses en arrivant, le dimanche matin tout est encore ouvert, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'aller marcher sur le sable pour trois tout petit quart d'heure, je n'ai pas pu m'empêcher de rejoindre intra-muros, je n'ai pas pu m'empêcher d'entrer par la porte principale et de prendre cette rue dont je ne connais jamais le nom. J'ai pris une galette saucisse et puis je suis reparti en sens inverse. Un dimanche au soleil intra-muros n'est pas fréquentable, on dirait le mont saint michel. Je reste donc dans l'appartement plongée dans une pénombre grise, j'allume les lumières et je pars avec cette homme qui veut retourner dans son pays. Je pars avec cette homme dont je me demande s'il est courageux ou inconscient. Ou fou. Dehors il souffle et il vente. Je pense à la plus belle femme du monde et j'espère qu'elle va se sentir mieux. J'espère qu'elle ira mieux quand je la tiendrais dans mes bras. Dans quelques jours. Mais j'espère qu'elle ira mieux. D'ici là. "  Ce sont de vieux textes se dit-il, il a du quitter saint malo et la femme l'a quitté. Revenir a la nostalgie c'est tout ce qui lui reste il se dit, revenir a une pathétique nostalgie.

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82 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 82 de la rue des pyrénées, assis dans le canapé du salon avec ma fille, nous regardons le début d'une série que j'ai envie d'appeler pour ados mais qui est surtout joués par des ados. Enfin de jeunes adultes. Et dès la moitié du premier épisode, je me tourne vers ma fille alors que j'allais boire une gorgée du café tellement le truc me frappe. C'est pas possible je lui dis, ils sont tous nourris a kipling les scénaristes américains, encore une série inspiré de "sa majesté les mouches" ! Au 82 de la rue des pyrénées, une jeune femme assise sur son balcon lit un livre de régis jauffret dont voici le passage : " J'étais allée voir le médecin le jour de l'attentat. Non seulement je n'avais pas fait l'amour depuis bientôt six semaines mais j'éprouvais plus aucun besoin de me masturber".  Au 82 de la rue des pyrénées, un homme regarde une reproduction d'un tableau de gustave caillebotte, "les cireurs de parquet", il se souvient de la première fois qu'il a été au musée d'orsay, le choc qu'il a ressenti quand ce tableau massif lui est apparu au détour d'une salle. Il en aurait presque pleuré d'émotion. C'était sans doute l'époque ou il était encore proche d'un être humain et capable de sentiment. Coupable de sentiment. Au 82 de la rue des pyrénées, ma fille sourit et termine de manger son épouvantable biscuit bio sans sucre et sans gluten, qui a autant de goût que du platre au citron. C'est "society" qui est inspiré de sa majesté les mouches super daddy, elle m'explique rien a voir avec cette série, il y a même des adultes dans celle-ci. Tu parles, je réponds, les adultes sont dans l'espace,  et sur il y a 100 mineurs livrés a eux-mêmes et qui commencent a se tuer, c'est quand même très très ressemblant. La jeune femme a posé le livre de jauffret, il y  a 500 très courtes nouvelles dans macrofictions 2, et en fait si elle en lit une par jour, ça pourrait durer deux ans. Ensuite relire le 1, ou il doit y en avoir a peu près autant, elle ne se souvient plus. Tout les jours lire une histoire. Avec les deux tomes, ça peut lui faire 3 ans. Après tout, sa mère lit bien la bible tout les jours. L'homme referme le livre sur gustave caillebottte. Il a tué 7 personnes dans sa vie, sans réellement y trouver de l'intérêt, de l'effroi ou du plaisir. Sans doute pour le caractère artistique que cela lui demandait. Ou juste pour l'argent. A la rigueur, reprend ma fille, je veux bien que tu dises cela de between. Seules les personnes de moins de 22 ans survivent a un virus dans cette série, et on enferme des jeunes dans une petite ville ou ils s'éliminent, on est plus près de sa majesté les mouches. Mais pour les 100 je suis moins d'accord avec toi. Voilà comment j'arrive a maintenant un semblant de vie sociale avec ma fille je me dis, théoriser sur les séries américaines pour jeunes adultes. La jeune femme se lève de son transat, et quitte le balcon pour entrer dans son salon. Lire jauffret lui donne souvent envie de baiser. C'est un peu animal. Il va falloir trouver un mec pour ce soir. L'homme range le livre de caillebotte dans la petite partie de sa bibliothèque consacré aux livres d'art. A côté de celui sur degas. Il se demande s'il ressentira un jour a nouveau de l'émotion, en découvrant une peinture. Il se le demande vraiment.

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83 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 83 de la rue des pyrénées, je lis sur mon ordinateur. le début du journal que j'ai tenu lors de mon dernier séjour a los angelès. "Les vélos de la défonce tu te souviens. Un peu avant que nous ayons le droit de conduire, on prenait nos vélos et on roulait jusqu'au parc sur Colorado. On se mettait un peu à l'écart des jeux pour enfants et on fumait des pétards adossés aux arbres. C'est ainsi que j'ai découvert que je n'avais aucune appétence pour la drogue. C'est ainsi que j'ai découvert que je préférais l'alcool. C'était compliqué pour un jeune de boire. La majorité est a 21 ans en californie et on ne peut pas consommer d'alcool dans les lieux publics, ni en acheter. De même qu'il était impossible de rentrer dans une boîte de nuit. C'est pour cette raison que les fêtes battaient leur plein. On se réunissait chez quelqu'un, plutôt un friqué qui avait une baraque et l'on pouvait picoler tranquillement. On trouvait toujours un type de plus de 21 ans qui faisait les courses. C'est ainsi qu'on trainait a Venise ou santa monica dans des grandes baraques de bourges. Alors que je marche sur colorado, pour me rendre chez target, j'entends la voix de mon frère. Bordel, il me dit, tu es vraiment un putain de loser, tu reviens a pasadena alors que tu pourrais aller a venice, a santa monica, voire même a beverly hills. Et tu vas a target faire tes putains de courses. Tu vas dans ce truc daté et très années 80, mais bordel, tu te crois encore dans ce film, breakfast club ?

Los angelès ce sera toujours mon frère. Pas seulement parce qu'il est mort ici. J'ai cotoyé la came, la fortune, des filles avec des culs parfaits et des seins atomiques, j'ai vomi dans des chiottes en marbre, je me suis réveillé dans les bras de deux filles, j'ai pris un acide et je me suis retrouvé a courir nu dans un jardin pendant une nuit entière en jouant au fresbee avec des dingos, j'ai fait du surf ivre mort sur le sable de la plage de santa barbara, j'ai couché avec ma première fille, j'ai couché avec ma deuxième fille, j'ai même couché avec deux filles différentes dans la putain de même journée, j'ai bu des tequila dans un jacuzzi, j'ai vu une montagne de billets ça devait faire dans les dix mille dollars en liquide, j'ai croisé river phoenix a une soirée quelques jours avant qu'il meure, j'ai sucé un garçon dans une salle de bains sur mulholland drive, j'ai vu mon père pleurer en se roulant par terre dans la morgue, j'ai dû aller me faire soigner dans un centre pour homeless car j'étais pas assuré contre les brûlures, j'ai chopé la maladie des nageurs, j'ai mangé des crevettes sur le port seul blanc au milieu de milliers de mexicains, j'ai vu un type mourir a quelques mètres de moi atteint par une balle et je me suis pissé dessus. Et tout ce qui me reste de los angelès, c'est mon putain de connard de frère mort. Je traîne dehors sans vraiment traîner, essayant juste de retrouver une apparence humaine et d'être vaguement reposé avant de prendre la route. Je vais louer une voiture pour quelques jours. J'ai beaucoup perdu en anglais, j'arrive encore à m'exprimer correctement mais ma compréhension est limité. Je n'ai pas l'émotion que je pensais avoir en revenant ici. C'est comme voir un vieux film qu'on a adoré étant jeune et dont on avait un formidable souvenir et se rendre compte que le film n'était pas si terrible que ça. On a sans doute vieilli. Le film et la vie aussi. La circulation ne s'est pas amélioré a los angelès, il faut deux bonnes heures pour traverser la ville aux heures de pointe. Se rendre a santa monica depuis pasadena est juste un putain de cauchemar. J'attends que ça passe, l'air conditionné a fond, dans ma molle voiture aux vitesses automatiques, bercé par la voix du gps qui me dit left or right. Le centre ville est toujours le centre ville, un amas de building et de constructions en tout genre. Je visite le musée d'art moderne, je mange au marché, le parking est à trois dollars le quart d'heure. Il fait de plus en plus chaud."

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84 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 84 de la rue des pyrénées, il ne se passe rien. Il ne se passe jamais rien. C'est un immeuble ou il ne se passe jamais rien. Habité de néant. Y vivent des gens qui n'ont pas de vie. Comme a peu près tout le monde. Mais encore plus au 84 de la rue des pyrénées. Des gens y naissent, y vivent, y meurent, se succèdent dans cet immeuble. On ne peut totalement analyser le néant, lui donner une signification. Si vous venez au 84 de la rue des pyrénées, et que vous venez sonner a n'importe quelle porte, vous serez surpris par l'inanité de la conversation des habitants. Vous serez sans doute surpris, les gens ne sont pas désagréables, pas antipathiques, ils sont transparents. Ce sont comme des humains qui auraient été vidés de leur substance, c'en est presque fascinant. C'est comme du vide. Comme des blancs montés en neige. Une forme de mousse. Oui c'est la meilleure définition que je pourrai vous donner du 84 de la rue des pyrénées. C'est une adresse qui n'existe pas. Pas vraiment sans doute. Comme de la mousse.

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85 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 85 de la rue des pyrénées, je me penche à la fenêtre pour voir quel est le demeuré qui klaxonne comme un furieux. Un mec en bagnole qui vient de découvrir la circulation a paris. Un mec qui prend sa voiture a paris déjà, tu comprends qu'il a un léger problème psychiatrique. Enfin léger...J'ai une légère gueule de bois dans ma rue. Enfin légère. A chaque cuite, je me dis que je suis un putain d'alcoolique et qu'on ne m'y reprendra plus. La veille. Repas un peu arrosé chez ma cousine. Légère ivresse. Milieu d'après-midi, sois tu dors, soit tu enquilles. La finesse et l'élégance de mon esprit m'a entraîné au lidl d'en face, n'ayant que très peu d'argent chez moi, j'ai acheté deux briques de sangria moins de deux euros. Et quelques chips. Et puis je suis retourné chez moi au 85 de la rue des pyrénées ou j'ai bu assez rapidement les deux bricks de sangria agrémentés de glaçons et de chips. Les lendemains des cuites un peu raides, les lendemains ou j'ai bu tout seul chez moi comme un con en écoutant de la musique et en buvant de la merde, je pense souvent a cette citation de lawrence block  :" Je vais vous le dire, moi, ce que c’est que d’être alcoolo. Être alcoolo, c’est entrer dans un bar, y voir un panneau où on a écrit Bibine à volonté pour un dollar et lancer : Génial, ça…Donnez-m ’en pour deux dollars.".  L'alcool, c'est ce qui restait quand il n'y avait plus rien. C'est tout ce qu'il me restait. Pour tromper l'ennui. J'ai pensé cela accoudé au rebord de ma fenêtre du 85 de la rue des pyrénées. L'ivresse c'est tout ce qui me restait de la vie. Le pouvoir de la cuite. C'est tout ce qui m'intéressait.

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86 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 86 de la rue des pyrénées, un homme se regarde dans la glace et se demande comment il en est arrivé là, a partir de quel âge il a renoncé, rendu les armes. Au 86 de la rue des pyrénées, un enfant assis sur son lit, essaie de répéter dans sa tête sa leçon d'anglais avant de se coucher, il se demande si le lendemain il la connaitra par coeur comme si la nuit avait imprimé la leçon dans son esprit. Au 86 de la rue des pyrénées, une femme a sa fenêtre regarde le mouvement de la ville, comme tout cela est loin pour elle désormais, maintenant que son corps lui interdit tout mouvement. Une jeune fille danse dans le salon de ses parents au 86 de la rue des pyrénées, aérienne, elle fait vibrer son corps au son de la musique et c'est comme une ivresse, une soudaine et éternelle ivresse. Au 86 de la rue des pyrénées, un vieil homme est mort devant sa télé qui continue de débiter un flot d'images et de sons, une pomme repose au creux de sa main, entamée mais pas terminée. Au 86 de la rue des pyrénées, un homme ajoute un peu de crême fleurette dans ces oeufs battus pour rendre son omelette plus aérienne, il écoute les oignons qui crépite dans la poèle, comme un chant de désir. Une femme, assise dans son canapé, regarde les médicaments qu'elle doit prendre pour ne pas oublier, bientôt elle ne se souviendra plus qu'elle habite au 86 de la rue des pyrénées. Bientôt elle ne s'en souviendra plus. 

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