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141 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au troisième étage de l'immeuble moche du 141 de la rue des pyrénées, un homme fume une cigarette pour se calmer. Il se sent plutôt bien malgré la crise de boulimie qu'il vient de vivre. Elle était moins dure et brut que d'autres fois, il a mangé tout les chocolats de toutes les putains de boites de chocolat qu'il a reçu en cadeau pour noêl. Il n'a pas trop mal a l'estomac pas encore, il sait qu'il va passer un certain temps aux toilettes. Il va passer très longtemps aux toilettes. Dans l'appartement du rez-de-chaussée du 141 de la rue des pyrénées, l'enfant regarde le sapin qu'elle a décorée avec son père. Elle aimerait que sa mère le voit, que ses yeux brillent eux aussi. Mais sa mère ne verra jamais le sapin, elle est morte ce matin, le lendemain de noël comme si elle avait attendu, comme si elle avait voulu être encore avec elle pour ouvrir ses cadeaux. Comme si.  Le type qui vit dans un appartement tout petit au cinquième étage du 141 de la rue des pyrénées, il se verse encore un verre et se rend compte que la bouteille est terminée. Il faudrait un jour décrire l'alcoolisme solitaire, on commence a boire pour se détendre, puis on continue de boire par qu'on se sent bien puis on termine la bouteille de vin et l'on se demande comment cela à commencé. L'alcoolisme c'est toujours les autres, c'est presque toujours les autres.  Une femme est allongée sur son canapé, elle s'est touchée un peu pour obtenir un orgasme. Elle trouve ça un peu pathétique, non pas se toucher, mais se toucher depuis si longtemps. Elle a passée noel toute seule. Elle se demande depuis combien de temps elle n'a pas couchée avec une fille. Depuis combien de temps elle n'a pas touchée une autre peau que la sienne.

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143 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

J'attends au feu rouge, je suis devant la boulangerie a l'angle des rues de pyrénées et de ménilmontant, je suis au niveau du 155, sur le papier il est indiqué que je dois me rendre au 143. Je passe enfin au feu vert et après avoir dépassé l'arrêt du bus du 26 qui va vers nation, je me gare, devant le chantier dont j'ai l'impression qu'il dure depuis des siècles. Tout a coup, je capte, le 143, c'est cet immeuble moche des années 70 ou j'ai déjà été. Une secrétaire du commissariait, une intérimaire, je l'ai raccompagné un soir, enfin je lui ai évité dix minutes de marche qu'elle a troqué pour cinq minutes de voiture et j'ai passé la nuit chez elle. A baiser. Je rentre dans l'immeuble, je sonne a l'interphone. Dans l'ascenseur je pense a louise, a sa mère, a son meurtrier, je pense a louise et a l'enquête qui n'avance pas. J'ai été déssaisi mais je surveille un peu l'affaire.  Quelques contacts. Je sonne. Personne ne répond. Je sonne a la porte et personne ne répond. La femme qui vit dans cet appartement a demandé que je passe aujourd'hui. Je me demande si mes collègues n'ont pas voulu me faire une farce.  J'essaie de pousser la porte, c'est vrai, dans les films tu pousses la porte et elle s'ouvre. Dans ma tête j'entends des râles d'une femme en train de rendre l'âme.  J'appelle le commissariat, et je demande pour quelles raisons cette femme voulait que je vienne chez elle. Violence conjugale me dit mon collègue.  Alors j'attends devant la porte et je me demande si j'entends réellement des râles de l'autre côté de la porte. J'attends comme un con devant la porte. J'attends comme un con.  Vraiment comme un con.

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142-144 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Il y a une grille fermée au 144 et 142 rue des pyrénées, un petit escalier sur la droite si on veut aller a la crêche et une grille close pour rentrer dans l'immeuble. Juste devant l'arrêt de bus du 26, un homme se demande comment on accepte que ses parents soient morts. Ces derniers jours, il lui semble que le travail de deuil comme dirait l'autre commence.  C'est un rapport a sa propre mort, celle de ses parents, c'est en rapport avec sa propre vie.  Après être passé devant le 142 de la rue des pyrénées, il tourne a gauche sur la rue de bagnolet pour se diriger vers la bibliothèque marguerite duras. Une femme descend les petits escaliers de la crêche et se sent déjà las de la journée a venir. Elle pensait que devenir une mère c'était beaucoup plus marrant que cela, beaucoup plus vivifiant. En fait c'était un bouleversement, un bouleversement du couple, un bouleversement de soi, un bouleversement de tout. Une jeune fille qui porte des dock martens aux pieds et un anneau dans le nez, traverse la rue des pyrénées pour se retrouver devant le 144, elle se souvient que juste après sur la gauche, rue de bagnolet, il y a la flèche d'or ou elle a été voir tant de concerts, et puis ensuite le rade avec le patron de bar le plus con de paris, le gambetta.  La jeune fille cherche ce magasin ou elle doit récupérer un paquet, mais elle devait être dans le gaz quand elle a écrit l'adresse car le 144 c'est un immeuble et une putain de crêche. Un homme sort de l'immeuble par la grille ou une plaque indique 142-144. Il allume la cigarette qui pend entre ses lèvres, dehors il fait froid, enfin, il ressent comme une forme d'euphorie, même s'il sait que ça ne dura pas longtemps. Il fait tout le temps chaud maintenant dans cette ville, paris c'est en train de devenir une putain de station balnéaire, en plus cher. Le chauffeur du bus 26 regarde droit devant lui. Pyrénées-bagnolet, c'est le début de son circuit, il n'est pas encore arrivé a saint lazare, il en a marre des têtes de cons dans son bus, il en a marre des têtes de ses enfants qui sont toujours a geindre pour des conneries, il en a marre de la tête de con de sa femme qui n'est jamais contente, il en a marre des têtes de cons de ce pays ou tout le monde ne semble que vouloir chialer et s'apitoyer sur son sort. Il démarre son bus, un jour il ne va pas s'arrêter aux arrêts prévus, juste pour voir les têtes de cons a l'arrêt. Juste pour ça.

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148-154 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Il passe par la porte d'entrée principale, il salue le gardien qu'il connait de vue, c'est celui qui souvent fait la nuit, enfin un de ceux, il prends l'ascenseur et appuie sur la touche 2.  Puis, arrivé a l'étage, il prend sur sa droite, sort ses clés et ouvre la porte de son bureau. Il pose son manteau et s'assieds a son bureau puis allume son ordinateur. Il fait encore nuit, il est très tôt, il pense qu'il va se pendre ce soir, dans son bureau, quand tout le monde sera parti, puisqu'il arrive quand personne n'est la et qu'il part  très tard quand il n'y a plus personne. Il en a assez, le travail le tenait encore en vie mais il est usé par l'ennui de son poste. Cette boite de surveillance. Ces gens a recruter. A diriger. Ce soir il va sans doute se pendre avant de rentrer chez lui, ce sera plus simple. Une femme descend du bus 26 qui vient de nation et qui s'arrête quasiment devant l'immeuble ou elle travaille. Elle pense a ce soir quand elle va revoir son amant. Elle pense a ce matin quand il l'a penétrée, elle pense a sa langue sur sa peau. Il la rend dingue. Elle est moins sûre que l'inverse soit vrai. Elle a peur de le perdre, peut-être par ce qu'il a 10 ans de moins qu'elle, peut-être par ce qu'il est très beau alors qu'elle commence a se fâner. Elle entre dans l'immeuble sans voir personne autour d'elle, passe son badge et prend les escaliers pour monter au premier étage. Le gardien de l'immeuble regarde passer les salariés du matin, il va bientôt partir, il salue d'un léger coup de menton les personnes qu'il reconnait. Il aime bien partir le matin, et dans les transports, croiser ceux qui vont travailler. Il a envie de leur dire, vous allez au travail et moi je vais me coucher. Moi je vais me coucher.

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155 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 155 de la rue des pyrénées, voici ce qui se passe. Un homme qui vient d'y acheter un appartement, trouve un cahier ou un homme qui a vécu ici a écrit un longue lettre a sa fille. Il trouve le cahier bien usé, dans un vieux placard au-dessus de l'entrée. Voici ce qui est écrit :  "Ma toute petite, ma tout petite enfant...Mon petit morceau de moi, d'elle aussi...Ou est ta mère ? Je ne sais plus vraiment, loin si loin, si loin elle est partie, si loin, elle ne reviendra pas, tu le sais je crois, je le sais aussi, et même, même si elle revenait, elle ne serait plus là. Parmi nous. Parmi toi et moi. Elle ne serait plus telle que nous l'avons connu, telle que nous l'avons aimé, telle que nous avons cru qu'elle serait. Nous ne l'avons qu'imaginé je crois ta mère, nous ne l'avons que deviné, qu'espèré . Je me demande parfois si je l'ai vraiment connue, si ce n'est pas une chimère à laquelle je m'accroche. Je me demande tu sais. Mais non, puisque tu m'en parles, ma tout petite, mon adorée. Ta mère a réellement existé puisque tu me demandes souvent ces nouvelles. Ou est-elle me demande tu ? Ou est ma mère ? Je te regarde ma toute petite, mon adorée, je te regarde, je ne sais si j'existe, si tu existes, si ta mère existe, je ne sais pas si nous sommes encore une famille. Si nous sommes dans le champ des possibles, si nous sommes une illusion, si nous existons réellement. Tu ne sais pas toi si ta mère existe ma toute petite, je te regarde qui court de ta démarche mal assurée, je te regarde et je me demande aussi si ta mère existe réellement. Je me demande, souvent, parfois, ce qui nous a réuni un jour, ce que nous sommes encore et toujours, si nous nous sommes mêmes connus. Le jour où j'ai rencontré ta mère, ma toute petite, le jour bien avant que tu naisses, mais pas tant que ça, les jours avant que tu arrives au milieu de nous, parmi nous. Le jour ou je l'ai vu pour la première fois, assise a cette terrasse avec son tee-shirt, un ami à côté d'elle, le jour ou je l'ai vu, j'ai cru voir une autre mais non en fait c'était ta mère. Plus tard, nos ivresses, nos caresses, plus tard. Je me souviens la première fois, ta mère assise à la petite table ronde, sur la petite place en haut de la petite rue, c'était l'été, elle portait un tee-shirt, je ne sais plus sa couleur. Je ne sais plus. Peut-être était-il vert, peut-être rouge, l'ami avec lequel parlait ta mère est parti et je suis resté avec elle. C'est plus tard, dans un autre café, j'ai renversé la table. Je me souviens. Ma toute petite, tu cours sur les quais le long de la seine, je surveille que ta course ne finisse pas dans le fleuve. Je m'émerveille de tes si beaux cheveux et de la façon minérale dont tu ressembles à ta mère, je m'émerveille de cette vie que j'ai donné, je m'émerveille du soleil sur la ville, de la douceur de l'air, de cet agréable petit vent qui souffle sur nos visages. Je t'emmène vers l'île saint louis, je te montre la rue ou ton arrière-grand-père est né. Ensuite nous allons manger une glace chez Bertillon, nous errons un peu dans les petites rues comme des touristes que nous serons éternellement. Plus tard, tu me montres Notre dame, tu me dis j'aimerai aller là-haut, et je te dis quand tu seras plus grande, tu feras ça avec ta mère, c'est une grande randonneuse. Alors tu me demande, elle revient quand maman ? Je me mords les lèvres, me reprochant mon ivresse et de m'être laissé entraîner par ce court moment de bonheur, je me reproche de jouer avec les sentiments d'un enfant.  Je t'emmène parfois sur la tombe de mes parents, au cours de pérégrinations dans le quartier de mon enfance, je t'emmène parfois, je te parle d'eux, de ma mère, de mon père, je te parle un peu de ce qu'ils étaient. Je te montre les endroits ou nous vivions, les appartements du treizième arrondissement ou nous habitions, la butte aux cailles, les petites rues, les maisons. Nous rentrons dans l'église ou mes parents se sont mariés. Ensuite, rentrant à la maison, nous regardons des photos sur des vieux albums. Tu ris de me voir tout petit, nu, tu ris quand je suis assis sur mon pot, fixant l'objectif d'un air pénétré. J'aimais bien ton rire un peu cristallin, un peu étrange, parfois je crois qu'il me rappelait celui de ta mère. Mes amis parfois me disaient de recommencer ma vie, de retrouver une autre fille, avec laquelle je pourrais vivre une histoire d'amour, t'élever. Mais je me mettais en colère, expliquant que je ne pouvais pas trahir ta mère, que je ne pouvais pas me résoudre à l'abandonner. Je sais bien ce qu'il pensait alors, je sais ce qu'ils se disaient au fond d'eux, mais elle ne reviendra jamais...Ils essayaient parfois de me parler, je le vois bien, ils essayaient mais je ne les entendais pas, mais je ne pouvais comprendre, leurs mots et leurs paroles. Alors je repartais de chez eux, un peu plus vieux, un peu plus vouté, un peu plus ailleurs. Je me souviens de la nuit ou tu es née. Près de la maison dans cet hôpital au nom un peu curieux. C'était une nuit, glacée et froide. Tu serais une enfant de l'hiver, comme ta mère, comme moi. Tu serais une enfant venue du froid, tu serais notre enfant de presque noël. Je me souviens de ta mère, à laquelle je tenais la main, je me souviens que je suis rentrée à la maison, et que le téléphone sonnait pendant que je montais les escaliers pour me dire le travail à commencer. Je me souviens que j'ai redescendu les escaliers, les jambes tremblantes, et je suis sortie dehors, je crois qu'il neigeait. Au 155 de la rue des pyrénées, un homme lit ces lignes auxquelles il ne comprend rien. Rien.

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