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157 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 157 de la rue des pyrénées, un homme reste presque immobile devant l'immeuble. Il se sent perdu, il ne sait plus comment il s'appelle, il ne sait pas ou il se trouve. Il ne se souvient pas avoir bu, il ne se souvient pas avoir fumé, il ne se souvient pas avoir eu un accident, il ne se souvient de rien. Il ne se souvient d'absolument rien. Au rez de chaussée du 157 de la rue des pyrénées, un homme glisse des prospectus dans les boîtes aux lettres, il fait cela rapidement, mécaniquement. Il ne se demande pas s'il a eu raison de quitter son pays, ses brillantes études, sa mère, son père, ses soeurs, ses si chers cousins, il ne se demande pas s'il a eu raison de venir ici, la veille quand il a été a la poste et qu'il a envoyé la moitié de son salaire, il s'est dit qu'il n'y avait pas d'autres solutions, il a pensé que venir ici a paris était la meilleure des solutions. Enfin la moins pire. Une femme range la vaisselle dans les placards prévus a cet effet dans son appartement du premier étage du 157 de la rue des pyrénées, elle souffre encore de son épaule, mais ce n'est pas la pire des douleurs. Elle se retient de pleurer, elle essaie de comprendre comment tout cela a pu arriver. Elle n'aurait pas du se laisser faire au départ, elle n'aurait pas du accepter, elle aurait aller au commissariat porter plainte. Ce matin, il s'est excusé, il a dit qu'il avait bu mais elle sait bien que ça pourra recommencer. Ca recommence toujours. Comment peut elle accepter cela de son propre mari, comment c'est arrivé ? Au second étage du 157 de la rue des pyrénées, la jeune femme enfile une culotte et un soutien-gorge princesse tam-tam. Elle fait rouler sous ses aisselles son déodorant héma et puis elle enfile ses chaussettes de chez monoprix en s'asseyant sur le rebord de la salle de bains. Elle rejoint sa chambre et prend un tee-shirt imprimé du groupe melkbelly, puis elle enfile son jean noir de chez levi's. Elle retourne dans son minuscule salon et enfile ses doc marten's 12 trous de couleur noire, puis elle retourne dans la salle de bains et dépose sur ses poignets quelques gouttes de son parfum privée de carolina herrera et frotte le bas de la paume de ses mains sur son cou. Elle se sent prête pour le concert, et avant de partir et de refermer la porte de son appartement, elle enfile sa veste en cuir noir cintrée. Au troisième étage de l'immeuble du 157 de la rue des pyrénées, un homme regarde dans le vide, assis dans son canapé. Il n'a plus envie de penser a rien, il n'a plus envie de s'agiter, d'analyser quoi que ce soit. Il n'est pas fatigué par la vie, il n'est pas suicidaire. Il est neutre. Il est comme ces gens qui sont d'un genre neutre. Il est d'un caractère neutre, d'une envie neutre, d'un sentiment neutre. Il se considère neutre.

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158 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Une femme est allongé dans le lit d'un appartement du 158 rue des pyrénées, elle regarde la femme qui dort a ses côtés, elle recouvre ses seins et ses épaules avec la couette pour ne pas qu'elle attrappe froid, elle se demande si elle va continuer de coucher avec elle. La femme qui dort est très jolie mais elle est bien trop jeune. Elle doit se protéger. Elle sort du lit, et se dirige vers les toilettes pour aller pisser, l'amour est une saloperie, l'amour est une putain de saloperie cosmique. L'enfant étale le nutella sur une tartine, dans la cuisine de l'appartement de son père au 158 rue des pyrénées, il en profite pendant qu'il est chez son père, pour se laisser aller, bouffer toutes les conneries qu'il peut, regarder la télé et jouer a la console, se la couler douce au fond. Il aime bien sa mère, mais la bouffe vegan, équitable, bio, toutes ses conneries ça le saoule un peu. Il se demande vraiment comment il a pu naître de l'union de deux personnes aussi différentes et éloignées. Ca lui troue un peu le cul pour dire les choses. Ca lui troue clairement le cul. Un homme se verse un verre de rosé dans son appartement du 158 de la rue des pyrénées, il se demande pourquoi il  continue de boire, c'est un mystère, il est cartésien, il se pense raisonnable, mais il a du mal a comprendre et a analyser son alcoolisme. Il est heureux quand il ne boit pas, mais il revient toujours a l'alcool, il revient toujours a sa maîtresse qui se fout totalement de lui. L'alcool est une impitoyable saloperie mais c'est tout ce qui l'intéresse dans la vie. Boire encore et toujours. Boire encore. Et toujours.

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159 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 159 de la rue des pyrénées, un homme regarde le plafond. Puis il dédide de s'asseoir a son petit bureau et de rédiger une très courte nouvelle pour un concours. La voici : L'une est l'autre. "Las. Se vautrer dans les fleurs en bas de la rue Crébillon. Tu perds tes papiers. Fille qui se brûle les mains avec des cigarettes pour être sure de bien souffrir est sous l'influence du Rohypnol.  pourtant mais elle fait n'importe quoi. Tu as un peu plus de 20 ans à peine 22 et tu fais n'importe quoi. Seul ce qui te détruit te plaît, ce sont les années de déroutes ordinaires. Elle est défoncée à cause des médicaments et de l'alcool. Tu rentres à l'appartement. Boites de conserves vides et un peu de sang par terre. Des morsures de mâchoires dans les draps. Elle fait n'importe quoi. Mais toi aussi. Tu cours dans les rues du quartier Decré, tu traverses le cours des  40 otages et tu fonces vers chez l'autre. L'autre qui picole des verres et des verres, l'autre qui inflige à son corps des tourments sans fin. Une vie sans suite de douleurs ordinaires non maîtrisées comme qui dirait expurgées de toute vitalité. Une vie sans souffle. Les serments les uns après les autres, comme on va arrêter la drogue et l'alcool, comme on va vivre comme les autres vivent, on aura des enfants et tout ça tout ça. Et puis non, nous picolons et nous hurlons dans la nuit comme des soudards qui ne se réveillent jamais. L'autre n'est pas là. L'appartement est vide, vide de tout d'ailleurs, hormis ce lit défait, hormis tous ces écrivains morts dans la bibliothèque, c'est la grande période ou on vénère des gens comme sylvia plath. On vénère les suicidés.  Où est l'autre ?  Peut-être embarquée par les flics ou alors dans un lit sous des lanières de cuir à l'hôpital. Saint jacques. Tu ne sais pas quoi faire, il fait nuit sur Nantes. Tu ne sais pas quoi faire. Tu fonces vers la place de la bourse, tu fais n'importe quoi. Cabine téléphonique. Tu prends le tram jusqu'à la gare. Asphalte mouillé. Elle. L'autre. Tu ne sais pas  choisir déjà, c'est ainsi que se rythmera toute ta vie, dès que tu rencontres une fille toutes les autres meurent, dès que tu couches avec une fille tu ne couches plus avec toutes les autres. Sauf là, l'une et l'autre tu ne sais plus. Tu grattes les murs de la gare de Nantes avec tes ongles en sang. Tu renifles les odeurs mais tu ne sens rien. Tu regardes le tableau des trains qui arrivent et qui partent, tu sais que tu devrais en prendre un pour n'importe où, pour n'importe quoi d'autre. Que cette hésitation sans fin entre l'une et l'autre. Tu joues ton destin en lançant une pièce et puis non tu ne regardes pas. Le pile ou face. Tu te dis qu'il suffit qu'une des deux meure. La fièvre, tu sens la fièvre. Infirmier. Je peux vous parler ? Mais non tu n'es pas encore à l'hôpital, tu n'y es pas encore, tu erres dans la ville, un peu sombre, un peu humide, un peu froide, un peu morte sans doute. Tu retrouves l'une dans une boîte homo en train de sniffer du poppers. Rue quoi déjà ? Vers le centre. Là, ça devient n'importe quoi, tout le monde court après tout le monde. Personne ne court plus après personne. Comment dire ? Comment vivre ? Comment faire ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Tu quittes la boîte, ce n'est pas encore l'époque des téléphones portables ou l'on retrouve tout le monde, ou l'on ne parle à personne, ce n'est pas encore cette période, c'est encore l'époque où une soirée peut décoller avec les gens présents, ce n'est pas encore cette vie à toute vitesse où il faut toujours qu'il se passe quelque chose. Je quitte la boîte homo, je laisse l'autre le nez dans les drogues pendant que l'une est perdue. C'est encore l'époque des surprises, si ça se trouve l'autre est avec son amant régulier. Je vais boire des bières dans ce rade vers la rue de l'évêché. Courir. Encore. Courir après l'une et après l'autre. Tu n'as plus les clés de l'appartement, tu ne sais plus qui veut et qui ne veut pas, qui veut vivre avec qui. Tu t'épuises dans l'alcool, déjà et pour toujours, tu ne sais plus rien de ta vie, de la vie des autres. Tu commences déjà cette vie vaine ou tu passeras ton temps à courir après les autres, à mourir après les unes. Ce n'est que le début. Rue de Budapest. Entre le monoprix et la tour de bretagne. Elle est sur la terrasse au sixième étage. Voudrait bien se jeter. Mais ne peut pas. Whisky sur Rohypnol. Pas con le mélange. Pizzéria rue jean jacques rousseau. Les mains. Ses mains...Des dizaines de coupures sur le dos des mains, ces crises où elle se blesse pour ne pas oublier qu'elle est cinglée. Tout le monde a peur. Sauf moi. Je suis alcoolique il faut dire je ne me rends compte de rien. Putain de croute de sang sur ces mains à elle. . L'une qui veut se balancer de sa terrasse. Et l'Autre qui boit des verres. Et des verres. Il te dit quoi le gars qui connait vaguement ta vie ?  Une seule de ces deux filles te rendrait déjà cinglé. Et toi tu veux tenir une relation avec les deux nanas les plus déjantés à 200 bornes à la ronde. Après-midi rue du calvaire. Porte bien son nom cette rue à la con. Cafétéria.. Le rendez-vous de ce que tout ce que Nantes compte comme brin d'errants, de défoncés, d'alcooliques et autre personnes sous état médicamenteux avancés. Les foutus de la vie. Les morts pas en sursis. Cafétéria. "Ca va flancher". Tu m'étonnes. Café. Des heures là. L'après-midi en attendant la nuit. La vie en sourdine. Le Nantes de cette époque qui se sent encore un peu merdeux car tous les musiciens et toute la culture sont à rennes. Nantes c'est morne. A l'époque il n'y a rien. Une ville de vieux bourgeois avec un maire de droite. Elle. Qui chiale sur les marches de l'opéra.  L'Autre qui sort de st jacques pour boire des verres. Les jardins de l'hôpital. Tu traînes au ciné. Angoisse. Estomac noué. Défonce. Hypnotiques et excitants. Défonces. Tout le monde qui se shootent, claquer des thunes qu'on a pas dans tous les restaurants chers de la ville. Ne rien manger. Zoner au magasin de disques. Rue crébillon je crois. Piquer des trucs. Tout le monde  qui lèche les paves pour extraite de la poudre qui rend dingue. A quatre pattes. La ville entre deux eaux. A peine un tramway. Le morne fric. La défonce déjà. La peur de la nuit. La peur de la vie. On sait pas où on va mais on fonce. Toujours foncer. Toujours défoncer. Ne rien lâcher dont les autres pourraient profiter. Les murs gris et ternes de Saint-Jacques...Grillages aux fenêtres...L'une et l'autre sont parties ailleurs...La fin du cauchemar...Ma part de ténèbres... Fièvres...Merde sur les murs...Sang sur le sol...Des taches partout....Des gens qui parlent...Bouillie indescriptible...Porte fermée sur nos vies qui ne se veulent...Laisser moi partir rejoindre l'une et  l'autre...Ricanements...Corps enfiévrés...Goût de fer dans la bouche...Goût de merde dans la gorge...Odeur de morts....Senteurs des corps...Odeurs de merde...Des cris...Portes fermées...Vomi sur le sol...Nous sommes si jeunes et nous ne pouvons pas attendre...Nous sommes si jeunes...On ne verra pas l'an 2000...Beaucoup trop loin...On sera morts...Hein...Coke dans le sang encore...Hurlements...Portes fermées...Héroïne dans le sang...Matelas sur le sol...Petites pilules...Alcool dans le sang...Couverts en plastique....Ne pas se couper...Ils ont peur qu'on se fasse mal alors qu'ils nous trépanent... Ah les comiques...Murs sales...S'échapper...Portes fermées...Barreaux aux fenêtres...Cris...Gens qui parlent...Comment tu veux t'en sortir...Partir...Tu voudrais voir la gare...Après ça va mieux...Ping-pong...Prendre le train...Tu veux quitter la ville...Prendre le train...Tu peux pas partir...Sans elle et l'autre...C'est pas un putain de cauchemar...Baladeur...T'écoutes quoi...Un gars qui s’assomme contre les murs...Pas de rasoirs...Et toujours les portes fermées à clé...La réalité...Faut me laisser...Pilules...Shoot...Barreaux aux fenêtres...Un gars qui te parle...Les conversations...Tu planes...Tu sens plus rien...Faudrait sortir...Tu pues le vomi, haleine de médicaments...Tu sens le terne et la merde...Ta gueule...Pas de miroir pas se couper...Tu vois ton visage dans une fenêtre...Même pas mort...Il faut que tu téléphones...Faut que tu trouves un putain de téléphone...Alors tu appelles l'une et puis l'autre...L'une et l'autre...Mais personne ne décroche...Elles sont parties...On te raccompagne dans ta chambre...Sans l'une ni l'autre...Sans l'une et l'autre...Personne ne décroche..."

L'homme ferme l'écran de son petit ordinateur portable et retourne s'allonger dans son lit pour regarder le plafond de son appartement du premier étage sur cour du 159 de la rue des pyrénées.

 

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160 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 160 de la rue des pyrénées, je sors de mon lit avec difficulté. Il fait froid dans l'appartement mais je n'ai pas envie de mettre du chauffage. J'attends l'hiver. Je prépare un café et j'essaie de me souvenir de la journée de la veille. Les dépressifs tentent de se suicider pour briser le tourment, parce qu’ils n’en peuvent plus. L’alcoolique ne boit pas pour effacer la douleur mais pour retrouver l’ivresse. Juste parce qu’il s’habitue à vivre dans un monde parallèle, car il n’aime que l’ailleurs. Plonger dans l’inconnu, s’oublier, ne plus savoir ce que l’on fait, ce que l’on va devenir. Je ne tire aucune gloire à picoler énormément mais je ne me sens pas coupable. Je veux juste boire des coups et jouer aux cons. Ne plus espérer, ne pas vouloir s’en sortir, juste boire. Nous étions dans un état assez difficile à décrire, les estomacs remplis d’alcools. Nous marchions dans le froid pour nous revigorer un peu. Ben ne parlait pas et je n’essayais même pas de tenir une conversation avec lui. Après une demi-heure de marche, mon état s’est un peu amélioré, pas beaucoup plus haut que le niveau de la mer mais je me sentais un petit peu mieux.  Nous nous sommes arrêtés devant un bar qui semblait ouvert. Il se faisait déjà tard et ceux qui avaient commencé la soirée assez tôt brandissaient le drapeau blanc et rassemblaient de l’énergie pour parvenir à rentrer chez eux. Pour les noctambules, la soirée ne faisait que démarrer. Nous avons pénétré dans ce lieu ou il y avait de la lumière à défaut d’avoir de la vie. Tous les gens se regardaient comme si des tueurs de la mafia rôdaient dans le coin. Je compris immédiatement que ce n’était pas une bonne idée  d’être venu ici. Je n’avais malheureusement pas le courage de repartir. Le portier nous a regardé comme si nous avions la lèpre et que nous allions lui refiler en nous approchant à moins de cinq mètres. J’ignore encore aujourd’hui les raisons pour lesquelles il nous a laissé rentrer. Nous donnions sans doute l’impression d’avoir de l’argent. J’essayais de me souvenir comment était le quartier de la bastille quand j’étais jeune. Tous les cafés du coin étaient devenus comme celui-ci, des lumières tamisés pour faire intime, une musique hurlante à réveiller les morts pour être sûr que les clients ne somnolent pas et continuer de consommer et fasse tinter le tiroir-caisse, un portier pour donner l’impression que c’est un endroit chic réservé à une élite et des serveuses dont on veut nous donner l’impression qu’elles ont renoncé à une carrière de mannequin pour avoir l’insigne honneur de nous servir des cocktails aux couleurs criardes.  Le lieu était fréquenté par des types habillés comme s’ils avaient à peine de quoi manger et qui brandissaient aux bouts de leurs doigts des clés de voitures sans doute pour montrer aux filles qu’ils avaient une voiture pour les raccompagner. Les filles avaient trop peu de personnalité pour que je puisse en dire quoi que ce soit. Je suis resté ainsi pendant plusieurs minutes à observer autour de moi. Nous étions accoudé au comptoir et je me suis dit que je boirais juste un petit verre. Nous avions un peu de route avant de rentrer à la maison et je me dis qu’il faudrait prendre un taxi. Je me sentais déjà dans une autre dimension et j’avais l’impression qu’un nouveau verre me serait fatal. Je voulais m'en aller mais je voulais boire un verre. La musique était du domaine de l’insupportable. Je sirotais ma bière en regardant dans le vide, la serveuse derrière le bar me regardait d’un air sévère comme si le fait que je sois en face d’elle était déjà un crachat à sa face. C’était cela le nouveau Paris, tout le monde voulait faire son trou et pensait que le mépris était un marchepied. Benoît s’ennuyait prodigieusement, il n’y avait pas de mecs à draguer.  J’aime le côté galvanisant dans l’alcool, cette impression que l’on ne baissera jamais les bras, ce désir de tout renverser, cette idée qu’on sera toujours plus fort. Oui j’aime ça ! Oh mon  dieu, j’aime l’alcool, oh j’aime…C’est curieux quand vous buvez, vous pensez à des gens auxquels vous ne pensiez plus, comme si cela enclenchait la machine à souvenir, comme si les pensées dérivaient enfin libérés, comme si la douleur s’estompait…Et je voudrais ne plus boire, ne plus penser, ne plus être moi-même, ne plus comprendre…C'est ce que je pense le matin parfois, les matins de gueule parfois, et puis j'oublie...

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