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110 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 110 rue des pyrénées, dans un appartement du deuxième étage avec balcon qui donne sur la rue, une femme fume une cigarette en regardant le mouvement de la rue. Elle aimerait bien prendre un peu d'énergie, juste pour sortir et marcher, mais elle se sent lasse, si lasse, c'est toujours ainsi plusieurs jours après la chimio, c'est comme si tout lui semblait difficile, elle se sent comme une centenaire nauséeuse, comme vidée de toute son énergie. Elle ne sait pas si ça vaut le coup de continuer, d'encore et toujours continuer. C'est comme une course de fond dont on ne verra jamais la ligne d'arrivée. Quel est l'intérêt de se battre et de souffrir pour ne pas avoir de répit.  Au 110 de la rue des pyrénées, une fille parle a son père de l'étude sociologique qu'elle est en train de mener. Son père se demande si on a encore besoin de sociologue en france. C'est fascinant dit la fille, j'ai crée 3 profils sur tweeter avec 3 orientations politique opposées et en fait a chaque fois, en exprimant des opinions très tranchées, je me suis fait bloquer par ceux qui ne pensent pas comme moi, et insulter par d'autres que j'aurais du bloquer dans la vraie vie. Ma conclusion c'est que les raiseaux sociaux te conforte dans tes certitudes puisque tu ne fréquente a plus ou moins court terme que des gens qui pensent comme toi. Ca pourrait expliquer que les fans d'asselineau croient réellement qu'il fera plus de 1% a chaque élection ou que les insoumis pensent toujours qu'ils vont gagner les élections. Le père se demande qui est asselineau. Au 110 de la rue des pyrénées, une femme d'une quarantaine d'années bien tassées regarde le générique du dernier épisode de la saison 3 de stranger things qui défile sur l'écran. Elle est un peu déçue. La saison 3 ressemble a la deux qui ressemblait a la une et qui ressemblera a la quatre. Au début, la série, lui plaisait car c'était comme une madeleine de proust, les fringues, la musique, tout lui rappelait sa jeunesse. Elle se souvenait quand elle avait été voir avec ses parents dans une grande salle des champs élysées. Ca l'avait marqué car sa mère n'allait jamais au cinéma, et son père n'allait pas vraiment voir des films grands publics. Elle se dit que c'est la qu'on comprenait que mad men était vraiment une série incroyable, il ne se passait pas grand chose tout au long des saisons, et pourtant c'était passionnant jusqu'au bout des 7 saisons. Dans stranger things il se passait pleins de trucs mais c'était plat. Le seul truc bien dans la troisième saison c'était les interludes comique même au milieu d'une scène dramatique. Au 110 de la rue des pyrénées, un homme lit la tribune pro-burkini d'un collectif quelconque. Au départ il pensait a un texte écrit par les allumés indigénistes et signé par annie ernaux, doudou louis et de lagasnerie. En fait non, c'était écrit et signé par des universitaires canadiens, et des profs de paris 8 et paris 13 surtout connus de leur famille. Le texte était chiant et confus, les signataires expliquaient par de curieux syllogismes que porter un burkini était quasiment un combat féministe et que bien entendu les intégristes détestaient le burkini. Libé aimait bien publié ce genre de tribune qui ne servait a rien et qui ne changeait pas l'avis d'une personne. L'homme referme le journal et boit une gorgée de café. Adolescent on croyait que la vie serait marrante et au fond devenir adulte c'était se rendre a quel point les gens étaient chiants et se prenaient au sérieux. Tellement au sérieux.

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111 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 111 de la rue des pyrénées - juste après l'angle avec la rue des orteaux et de la rue des haies-  se trouve un immeuble, caché derrière l'arrêt de bus du 26 et 64 direction nation pour l'un et place d'italie pour l'autre. Dans cet immeuble, au premier étage, un homme, de retour de voyage,  relit ce qu'il a écrit pendant qu'il était a prague. " Prague. je me souviens du garçon dépressif et bègue qui ne parle que quand il est tout seul et qui ne prononce plus un mot quand sa copine est présente. Je m'approche de son front et je pose ma main sur le visage brûlant de la plus jolie femme du monde. Je me souviens des parties de flippers et de baby-foot, quand nous donnions des cours de flipper a la jeune fille et qu'elle nous donnait des cours de baby-foot. Je regarde ton visage un peu transpirant, un peu glacé, un peu comme hors du monde et je sais que je donnerais ma vie pour que tu ailles mieux. Je me souviens du petit enfant qui donnait toute sa bouffe au petit chien pendant qu'on descendait des bières dans le chalet près du bunker. Je dépose des baisers sur le plus beau front du monde comme pour lui donner un peu de chaleur et de vie. Je me souviens de cette femme qui s'acharnait a me parler en tchèque dans la rue alors que la pluie tombait sur zizkov. Je m'assois près du lit et je plante mes yeux dans les siens et je lui dis que tout ira bien parce que c'est comme ça. Je me souviens des verres et des verres et des verres de bière qui succédaient aux verres de bière et comme j'ai apprécié quand la jeune fille nous a servi une soupe aux potirons. Je caresse son front tout chaud et je sais que c'est la seule femme que j'ai jamais aimé, la seule que j'aimerais jamais, je le sais. Je me souviens du nain qui a gerbé en descendant du tramway, de la fille en mini-jupe qui s'est cassé la gueule au cross, du patron de l'herba ivre mort. Je laisse ma main sur son front et je sais que désormais, elle ne te quittera jamais, car je sais que désormais, nous ne nous quitterons plus jamais. Jamais plus. Noir. Il est 8 heures du matin et on sort de la boîte. Prague est éclairé par un ciel gris et recouvert d'un brouillard assez opaque. La jeune fille appelle un taxi alors que passe un tramway qui nous emmènerait chez nous. Je dois partir dans quelques heures pour l'aéroport et je sais que je n'aurais pas le temps de dormir. Je me sens assez peu bourré. Vu que la soirée a commencé aux alentours de 17 heures, j'ai du boire entre 5 et 7 litres de bières. Il a plu toute la journée sur Prague et pour la dernière journée on a pas fait grand chose, c'était le jour anniversaire de garçon tout maigre et on voulait être en forme en sachant qu'une nuit blanche nous attendait avant mon départ. On mange pas le midi vu que c'est l'heure ou on se lève, on se prend juste une soupe au self d'en bas de la rue. On bouge vers 17 heures, affamés, on se dirige vers cet endroit ou on a déjà mangé, en face de l'akropolis. Je me dis que pendant ces 8 jours, je n'aurais quasiment pas quitté zizkov. En même temps, hormis pour aller bosser, est-ce que je quitte souvent belleville ? Ça nous retape bien de manger, nous sommes ensuite rejoint par la jeune fille et par ce type que j'adore avec ses petites lunettes rondes. Il n'a pas fait d'études parce que c'est parents étaient adversaires du régime mais c'est un puits de science et de culture. La jeune fille s'énerve quand on parle de son avenir. On rejoint ensuite d'autre gens qui fêtent aussi un anniversaire au café u sadu. Il y a ce type qui me fait rire et qui porte une perruque, ce type qui a subi quelques sévices de la police quand il était jeune car il est homosexuel et dont tous les cheveux sont tombés. Il y a aussi ce garçon qui est devenu bègue suite aux visites incessantes de la police chez ses parents quand il était jeune. Comme le mur est tombé, on ne se rends plus compte ici, mais les gens de notre génération, les quarantenaires, ont des bagages un peu chargés. Sachant que je suis français, un type me demande si je connais magma. Niveau musical, ici, il y a toujours cette fascination pour la musique des années 70 et le hard-rock. J'ai même vu une affiche en ville pour un concert de queensryche, un groupe que je pensais disparu depuis les années 80. On boit des montagnes de bière, avec garçon tout maigre notre addition se monte a 500 couronnes sachant que la bière est a 25, je me dis qu'on a éclusé, et surtout que j'ai éclusé, vu que je picole plus que garçon. On va dans la boîte pour laquelle travaille la jeune fille. Son copain m'offre une bière après nous avoir fait rentrer gratuitement. Les autres prennent un peu de speed pour tenir toute la nuit. Je me sens pas très fatigué, j'ai les clés et je peux rentrer a tout moment. Je croise le patissier français avec lequel on déblatère sur la musique. De la techno ultra chiante. En même temps on ne prends pas de drogues je lui dis. Je croise une fille qui me dit que je n'ai pas le visage d'un français mais celui d'un anglais, voire même d'un irlandais. Non sérieux je lui dis pas. Je passe au gin-tonic. Je tiens ainsi toute la nuit, je parle rugby avec l'australien, j'erre dans les détours de l'endroit. Je pose ma main sur le front brûlant du fantôme et je lui dis de ne pas s'en faire. C'est vite le petit matin, je regarde le fantôme dormir alors que l'on remonte les rues de zizkov vu que garçon tout maigre a voulu qu'on descende au même endroit que jeune fille. Je décide de veiller sur le fantôme pour une fois. Je décide de veiller sur toi pour toi une fois. Veiller sur toi. Noir. Le serveur amène une poêle immense ou il doit y avoir la production annuelle de patates de la Corée du nord. Tout cela baignant dans un peu de lardons et recouvert de gruyère rapé vu que la mode ici est de tout recouvrir de gruyère râpé. La journée tire à sa fin, une sorte de fog commence a recouvrir la ville. La jeune fille mange trois ou quatre patates puis demande au serveur de lui mettre le reste dans une boîte pour l'emmener chez elle. Je pense que ça lui fera de quoi diner pour quelques jours. On sirote nos bières peinards. On vient juste d'entamer le marathon du houblon. Juste avant, on a été mangé un peu de sucre dans une de ces pâtisseries qui font salon de thé, garçon tout maigre à pris le gâteau le plus improbable, un truc avec des couleurs et des couches sans fin pendant que j'ai pris un truc avec pleins de crème, une sorte de mini paris-brest un peu lourd. On est dans ce premier café dont je ne me souviens jamais le nom sur une petite place dans les premières rues de zizkov sur jiriho z podebrad. La jeune fille nous a rejoint après avoir été distribuer des flyers tout une matinée pour la boîte de nuit. Le soir se mue en un tableau plus sombre, un dégradé de gris. La jeune fille nous quitte pour aller chez elle se changer pendant sort se changer. On remonte quelques rues pentues pour aller au chocobomba avec garçon tout maigre. On joue un peu au flipper, continuant de siroter des bières, la seconde salle est remplie de gens qui viennent rouler et fumer des pétards. Deux types à l'air crétin viennent jouer au flipper et nous entendant parler une longue étrangère, l'un dit à l'autre en tchèque, qu'est ce qu'ils fichent ici ces deux pédés. Chaude ambiance je dis au garçon tout maigre en rigolant. La jeune fille nous rejoint, on boit un shot de becherovka et on repart à la bière tout en continuant de jouer au flipper. J'aime bien ici, il y a 4 billes par partie. Ensuite, une table de poker est installé dans le bar et on décide de se casser pour de nouveaux horizons. Encore une petite errance dans les rues de zizkov et on se retrouve au belzebuth. On tombe sur ce type un peu allumé qui à l'apocalypse de Dürer tatoué dans le dos. Le copain de la jeune fille nous rejoint et on fait quelques parties de baby foot. J'ai un peu faim. Il est aux alentours de une heure du matin. On sort du belzébuth. On laisse le petit couple devant sa porte. On monte cette rue ou le dénivelé est vraiment important. Je m'achète un sandwich chez une vietnamienne qui à les ongles peints en roses fluos et on se dirige vers l'akropolis avec garçon tout maigre. Un petit arrêt dans un square pour que je mange tranquille pendant que le garçon pisse contre un arbre et roule un pétard. Un jour je devrais compter combien il en fume par jour. Une dizaine, une quizaine, une vingtaine ? Je le connais depuis 25 ans, et le rythme n'a jamais faibli. Je ne fais plus attention depuis longtemps. Dans la première salle de l'akropolis, celle avec le bar tout en longueur, il y a une techno assez basique et chiante. Par contre dans la seconde salle c'est juste parfait. Il y a ce dj dont le nom est si long qu'il ne tient pas sur le flyer, j'adore ce qu'il fait, un son à la prodigy, très équilibré. Je bois des bières pendant que garçon tout maigre roule des pétards. Il regarde fasciné une jeune fille qui porte un tee-shirt magic girl danser. Un moment il me désigne une brune qui danse curieusement sur la piste. C'est pas le fantôme là-bas il me demande. Soudain l'effet des bières s'estompe un peu. Elle est jolie il me dit. Oué, elle est jolie je dis. Mais elle n'arrive pas à la cheville du fantôme. Elle est même à des années lumière de la grâce du fantôme je lui réponds. A des années lumière de la plus belle femme du monde. Noir. On est au cross club venu voir ce type qu'on avait rencontré la veille dans le bar punk. Je viens toujours au moins une fois au cross lors de mes séjours a prague. Comme une madeleine de proust. C'est vraiment chouette ce qu'il fait le garçon brésilien. Je descends jusqu’à Florenc pour récupérer le métro, il fait assez beau surs zizkov, j'aime bien le chemin dans ce sens, ca ne fait que descendre. J'ai un peu mal aux jambes à cause des longues heures de marche de la veille, vu que garçon tout maigre avec décrété que le cross n'était pas loin a pied. Je suis le regard extérieur de cette affaire familiale qui se déroule sous mes yeux, garçon tout maigre essaie de parler avec la jeune fille qui veut retourner vivre en belgique mais elle devient tout de suite hystérique, j'ai un peu peur un moment qu'elle nous balance dans la gueule la sauce brune et si tchèque dans lequel baigne son pauvre morceau de boeuf. Le brésilien nous l'avait expliqué la veille, il en a eu ras le pompon de la battucada et des sambas en tout genre, dorénavant il joue sur scène accompagné de multiples percussions et d'instruments divers et variés comme dirait l'autre, il accompagne un dj. Il brode un thème sur les sons que mixent le dj, c'est assez chouette. Ce soir là, il en a plus un saxophoniste à ses cotés. Je croise le garçon que j'appelle très finement pinocchio car il semble toujours avoir la gueule de bois, et on papote cinq minutes dans un sabir anglo-tchèque avant de se quitter sur la certitude de se revoir à l'anniversaire de vendredi. L'ex de garçon tout maigre habite en plein quartier touristique, juste au bout du pont charles sur malostranska. Sauf que perdu dans la corse profonde en train de lire le dernier toussaint je descends à l'arrêt d'avant qui est staromachinchouette près du conservatoire et que je me traverse le fleuve sur le pont à côté du pont charles pour éviter les hordes de touristes. Je devine le fantôme sur un bateau sur la vltava qui me fait de grands signes. On croise un français qui nous interpelle au cross, il a une portion de frites à la main et la main d'une fille dans l'autre. Il demande à garçon tout maigre ce qu'il fout la et celui ci lui retourne la question. On est pas amis dans la vie mais on peut être amis facebook me propose curieusement l'ex de garçon tout maigre en me faisant visiter son grand appartement. Je bois une ou deux bières pendant le conseil de famille. C'est presque cocasse. L'ex cinglée est relativement calme comme je l'avais déjà remarqué l'avant veille quand on l'a croisé dans je ne sais plus quel rade vers les trois heures du matin. J'explose de rire, quand elle dit je ne prends plus rien à la suite de la réflexion de garçon tout maigre, qui lui dit qu'elle semble plus sereine. Je ne prends presque plus rien drink elle insiste. Cinq minutes plus tard elle s'enfile deux lignes de speed sans sourciller alors que je me bidonne. On rentre par le tramway de nuit. Un nain vomit sur le trottoir. Une fille marche de travers sur le trottoir dans un état d'ivresse avancé. Je me dis que la nuit ressemble a berlin. C'est jour de match au viktoria zizkov et je me noie un peu dans la foule. J'essaie de trouver un regard. J'essaie de deviner son visage. Je cherche le fantôme qui me manque terriblement. Et puis je me dis qu'elle est quelque part et qu'elle veille sur moi. Quelque part et elle veille sur moi."

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112 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Tu as lu que camilleri est mort ? me demande ma femme alors qu'elle pose les courses sur le bar de la cuisine de l'appartement que nous habitons au 112 de la rue des pyrénées. Oui je réponds, il avait plus de 90 ans, 94 je crois, je t'avoue que j'étais plutôt surpris quand je voyais un nouveau livre de lui. Alors que ma femme ouvre la boîte de cornichons qu'elle vient de ramener, en prends un, puis croque dedans et pose sur son visage un visage épanoui tout en machant son cornichon. Une fois le cucurbitacée ingéré partiellement, elle me regarde et dit : C'est rigolo je crois que camilleri ce qui me restera ce sont tous ces petits livres poilants et courts plutôt que la série montalbano. Dans un appartement du 112 de la rue des pyrénées, une femme entend la porte qui s'ouvre, ça ne peut-être que son fils, il est le seul a avoir les clés. Il entre dans la salle a manger, embrasse sa mère, et s'ecroule dans un fauteuil. Il habite pas très loin, mais il avait prévenu qu'il passerait après son audition. Comment ca s'est passé ? elle demande. Pas mal, il répond, ils sont assez sympas au palais de justice, bon, il semblerait qu'il y ait eu quelques abus des salariés donc c'est moi qui doit payer, je suis président. Il y a même une tablette qui a disparue, entre notre inventaire et la saisie par le commissaire priseur. Sa mère se lève pour aller vers le petit placard où elle range ses bouteilles. Tu veux un gin-tonic ? elle lui demande, alors qu'elle prend pour elle-même une bouteille de ricard pour se préparer un perroquet. Elle est inquiète. Elle sait que son fils va subir un préjudice financier, et surtout elle est en colère. C'est fou comme tout ces gens qui font des grands discours se comportent totalement différemment dans leur vie quotidienne. "La concession du téléphone", je crois que c'est mon préfèré dit la femme, cette poilade sur l'installation d'une ligne de téléphone au début du siècle c'est parfait et aussi "l'opéra de vigata". En fait, je reprends, camilleri c'est l'écrivain de l'adultère, même dans les montalbano c'est souvent lié a un problème de couple, de tromperie, d'adultère. "Le tailleur gris", c'est terrible comme histoire. Ma femme croque de nouveau dans un cornichon avec un air extatique que je lui vois parfois quand on fait l'amour. Puisqu'on parle d'adultère, devrais-je lui dire que j'ai une maîtresse, je me demande soudain. La mère est en colère alors qu'elle verse l'eau dans le mélange ricard sirop de menthe. Puis elle fait tomber deux glaçons dans le gin-tonic qu'elle va ensuite déposer devant son fils sur la petite table de la salle a manger. Donc, reprend la mère, tu es devenu président d'une association pour rendre service, tu t'es battu pour que des gens soient payés jusqu'au bout, tu t'es occupé d'aller chez le mandataire, que tout se passe bien, tu as même obtenu l'argent pour qu'ils soient remboursés de leur frais, et maintenant que tu as fait tout ça, tout ces gens qui t'appelaient chaque jour pour les 5 euros que leur devait l'association font les morts. Tu as déjà perdu de l'argent, tu te retrouves avec les dettes et tu vas seul au palais de justice.  Ces marrants j'ai souvenir des grands discours de tes salariés, la fine fleur de l'extrême-gauche, en fait c'est chacun pour soi. Le fils attrape son verre et boit une bonne gorgée. Il va devoir revendre son appartement, il a bien réflechi c'est la seule solution pour s'en sortir. Je crois que mon camilleri favori c'est "la prise de makalé" je dis a ma femme, c'est le plus drôle alors que le sujet est impossible. Ma femme ne m'écoute plus ,absorbé par ses cornichons. Notre vie est peut-être un roman a la camilleri, si ça se trouve ma femme aussi me trompe. Nous sommes peut-être tous, les personnages d'un livre un peu drôle de l'extérieur alors que nous nous débattons dans des problèmes ridicules. Notre vie est un livre de camilleri. Vendre l'appartement semble la meilleure solution, il rapportera pas mal, bien sur le crédit n'est pas terminé mais la différence sera suffisante pour échapper aux créanciers. Ensuite partir. Loin de tout cette merde. Changer de ville, partir en province. On se croirait dans ces films a la con ou il faut aller au fond de la piscine pour remonter. Mais après tout. Puisque c'est chacun pour soi, autant continuer tout seul. Autant continuer tout seul.

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113 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 113 de la rue des pyrénées, un homme relit les premières pages d'une nouvelle qu'il vient de commencer. Elle s'appelle "le bout du goulot", et il se demande si c'est vraiment intelligent comme titre. Il relit ce qu'il a écrit jusqu'ici. " J'ouvre un œil alors que le métro rentre dans la station. Je reste les yeux sous ma couverture, même si l'odeur est insupportable, je préfère l'odeur nauséabonde à la  lumière crue de la station. Je n'entends pas de pas, il doit être encore très tôt, ce qui devient pénible à partir d'une certaine heure, ce sont les talons des femmes qui résonnent dans toute la station et qui claque dans votre tête. Je les entends parfois arriver de l'autre côté du quai, elle commence par descendre l'escalier, et le bruit de leur talons qui commence lancinant a fracasser le crâne. Tous les matins c'est gueule de bois, et la lumière crue de la station plus le bruit du métro qui entre et qui repart, le bruit des talons des femmes et comme le bruit de trop. Je voudrais m'asseoir et me lever mais je reste sous la couverture, je tâtonne avec mon bras à la recherche d'une bouteille, j'ai envie de boire une lampée ou deux et puis de retomber dans le coma pour quelques heures. Chaque soir quand je m'endors, je me dis qu'il va se passer quelque chose le lendemain, mais il ne se passe jamais rien, chaque jour je m'enfonce un peu plus, mon cerveau perds des neurones, ma vie s'embrume, j'ai une longue journée d'alcools et de manches devant moi. Je sens de plus en plus mauvais chaque jour et même quand je me lave et qu'on me donne des vêtements propres, même si je pue un peu moins, je ne sens plus la différence. Je râle un peu sous ma couverture et je ferme les yeux en m'imaginant, loin d'ici, loin des odeurs du métro, loin de la ville. Je suis allongé sur une plage, le vent caresse mon visage et je sens le soleil qui me chauffe tout le corps. Les oiseaux gloussent au loin, des enfants jouent dans le sable, j'entends le murmure des vagues crescendo, il y a l'odeur des huiles et des crèmes solaires. Je ferme les yeux et je devine le sable et la mer. Le métro entre dans la station comme pour signifier la fin de ma rêverie. Ça sent mauvais sous la couverture, tout mon corps pue, je ne suis qu'un étron géant. Je ferme les yeux, j'ai mal au crâne, je voudrais encore un peu dormir, une femme avec des talons est descendue du métro, je la maudis, le bruit de ses pas résonnent dans mon cerveau. Je ferme les yeux. Je me souviens encore parfois, de mon ancienne vie. Je me souviens des odeurs de la campagne, du parfum des femmes, je me souviens encore et toujours du visage de mes enfants. Ma vie d'enfant, ma vie d'avant, était comme un rêve ouaté, une vision d'une autre vie. Je me souviens encore de la vie a jeun, d'une vie qui n'était pas encore noyé par l'alcool. Mon existence désormais, n'est plus qu'un cauchemar, une sorte de brume, un peu comme de la mort avant la vie. Ma vie est un réveil difficile, une journée difficile, une soirée difficile, ma vie est une existence fantôme, une vie qui ne veut rien dire, un contresens, mon existence est un sommeil en attendant la mort. J'ai vécu pourtant, je me souviens de ma femme, des mes enfants, je me souviens des semaines de boulot, je me rappelle des réveil à l'aube, je n'essaie plus de me remémorer les plaisirs, les bons moments, je ne crois pas que cela m'aide beaucoup. Je ne sais pas si j'ai été heureux, je ne sais pas si j'ai vraiment vécu, mais je suis persuadé que c'était différent quand j'étais vivant. Je me souviens de ses yeux, je me souviens de leurs yeux, je me souviens parfois, chaque jour sans doute comme nous étions heureux. Je ne raconte jamais ma vie, sans doute qu'elle n'intéresse personne, il faudrait pourtant, au fur et a mesure que la vie passe, au fur et a mesure que le temps trépasse, ma vie s'efface. Mon ancienne vie du moins, non ma vie en fait, puisque je ne vis plus vraiment. Je devrais sans doute me souvenir une dernière fois. Je me lève, j'ai l'impression que j'ai de plus en plus de mal a me lever, chaque matin, je me rends compte que c'est de plus en plus difficile, surtout les nuits ou je ne trouve pas de place dans un foyer. Je me lève alors qu'un autre métro entre dans la station de métro, j'ouvre tout doucement les yeux dans mon sac de couchage et peu a peu j'essaie d'acclimater mes yeux à la lumière crue et drue de la station. J'ai mal au dos à cause de la nuit allongé sur le carrelage du métro. Je me suis toujours levé tôt, je me levais sans faire de bruit, même si ma femme ouvrait déjà un œil et me regardait d'un air ensommeillé. Je me souviens comme ses yeux sont amour. J'aime m'inonder encore de l'amour de ses yeux, parfois, j'ai encore et toujours le souvenir de ses pupilles ensommeillés qui me regardent. Je préfère cette image plutôt que celle de ses yeux morts, perdus dans le vide, comme vidé de la moindre substance, hors de la vie. Je me levais de très bonne heure, je me levais rapidement après avoir allumé la cafetière pour me préparer un café. Je laisserais en partant la cafetière allumée, pour que ma femme puisse se servir en se levant peu après mon départ. Parfois je buvais le café auprès d'elle dans le lit, après m'être lavé, je la regardais se réveiller. Ces instants, d'une banalité absolue, ces moments répétés chaque matin, me semblent tout à coup comme des instants de grâce, me paraissent si loin, mais si beaux. Je sais aujourd'hui que c'était cela le bonheur, me réveiller auprès de ma femme, la regarder, voir son ventre s'arrondir, toucher de près, la volupté et la douceur, la passion et l'amour. Ce temps semble si loin. Je pue, je le vois en me relevant, en m'extrayant de mon sac de couchage, je me rends des mines renfrognées, des femmes qui se pincent le nez, des visages agressifs ou condescendants, des gens de l'autre vie. Ceux qui partent travailler, qui ont une vie, une existence sociale, ceux qui sont de l'autre côté. Je me rends bien compte que je suis désormais hors-jeu, hors de la vie, et je m'éloigne tout doucement d'un monde dont je ne fais plus partie. Je ne bois pas beaucoup pour quelqu'un qui vit dehors. Je n'ai pas encore basculé dans la folie et dans l'alcoolisme. Je sais que ça viendra. Je sais déjà que peu à peu, ma pensée recule, l'âge venant, l'ancienneté de la rue, je me rends bien compte qu'un jour, mon esprit va me lâcher. Je me lève, le bruit du métro qui entre et qui s'en va de la station m'agresse, le bruit des talons des femmes m'agresse, la lumière crue m'agresse. J'enroule mon duvet et je sors de la station. La veille, comme il faisait beau, j'ai un peu traîné en ville, et il était bien trop tard pour espérer avoir une place dans un quelconque foyer. Il fut un temps ou je menais une vie normale. Auprès de cette femme, si jolie et si aimante, tout était bien jusqu'à...J'essaie parfois de me souvenir, de retrouver qui a décidé. Nous vivions depuis plusieurs années, un amour intense et fusionnel. Je crois que ma femme s'est retrouvée enceinte de façon naturelle, comme dans une sorte de continuité logique. Je me souviens de son bonheur, de la joie intense de ma femme quand elle s'est retrouvée enceinte. Et j'adorais ma femme, j'adorais qu'elle soit heureuse. J'ai regardé son ventre s'arrondir, je me souviens comme elle était heureuse, elle mangeait un peu plus, petit moineau qu'elle était, je lui découvrais tout à coup un grand appétit. Je me souviens comme parfois la nuit, je la regardais dormir sur le dos avec notre enfant dont le cœur battait au dedans de son ventre. Quand je dors dehors, je ais presque toujours au bain douches. Grâce a une assistante sociale qui m'a prit en amitié, je touche le RSA, ça me permet d'avoir un tout petit pécule. J'ai une carte de retrait que je laisse avec mes quelques affaires dans le lieu qui me sert de boîte a lettres. Pour me laver je fais toujours place du guigner. Quand je dors au métro jussieu, je prend la 7 jusqu'à châtelet et puis la 11 jusqu'à Jourdain. Ensuite je descends la rue du Jourdain et puis je longe la rue des Pyrénées jusqu'à la place du guigner. J'apprécie la douche chaude et je frotte énergiquement avec mon petit bout de savon, j'ai l'impression de faire un peu partie des humains quand je sors lavé de la douche. Parfois j'ai des affaires de rechange car j'ai prévu de dormir dehors, mais quand comme ce matin, je remets mes affaires sales, je sais bien que je ne vais pas garder longtemps cet illusion de propreté. Les journées sont longues même s'il faut se rendre assez tôt dans l'après-midi au foyer pour avoir une chance d'avoir un repas chaud et une place. Parfois je passe dans des lieux ouverts la journée, comme rue du château des rentiers, ou je bois un café, je mange un biscuit et ou on parfois on me donne quelques vêtements. Le ventre de ma femme grossissait et nous entamions une danse de bonheur, d'amour et de légèreté. La semblait simple. Je me rappelle de cette période comme d'une fulgurance, tout se passe bien, ma femme semblait apprécier la maternité, rien ne semblait devoir renverser la sérénité qui envahissait nos deux êtres. J'essaie de me rappeler de ce que fut notre vie pendant ces instants de vie tranquille, calme. Le ventre de ma femme s'arrondissait. Tout semblait sous contrôle."

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114 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 114 rue des pyrénées, dans un appartement du rez de chaussée,  une femme tape sur son ordinateur ce qu'elle réssent: " Je voudrais lui parler à Elvire mais je ne vois pas ce que je peux lui expliquer. Nous essayons de nous perdre et de retrouver notre ancien état d'esprit.  Nous traînons dans les bars du quartier Ménilmontant, buvons beaucoup de bière et rions aux éclats de blagues enivrés. Parfois un type vient discuter avec nous, je me laisse draguer. J'imagine que c’est en rapport avec le viol, mais je ne veux pas coucher avec un mec Je ne veux pas m'allonger sur un lit et écarter les cuisses.  C’est con, je suis un peu morte, je suis comme une pelure d’orange un peu sèche...Je vais mourir de cela, je vais pourrir de ça, je vais courir, je suis lasse, je vais m’enfuir, sans classe... Il n'est pas d'accord le psy, on ne peut pas dire que ça l’emballe totalement. Il me comprend dit-il, il voit bien la démarche, mais arrêter les médicaments, il dit que ce ne serait pas raisonnable. Et bien non, justement, ce ne serait pas raisonnable. Je prends ça à la légère, et le psy ça ne le fait pas rire. Et le voilà qui roule des gros yeux, n’oublions pas que c’est un médecin, ils se croient encore au dix-huitième siècle, ils pensent qu’on les craint. Bon, moi ça ne me fait pas rire, je sais bien que c’est dangereux mais je lui dis que j’en ai ras le cul de toutes ces pilules. Et puis je mens, comme au bon vieux temps, je dis que  je me sens plus équilibrée ces temps-ci, que je sors avec un type, que je suis très entourée par ma famille, que je commence à ressortir la tête de l’eau. Il répond qu’il faut faire attention justement, que je suis encore convalescente, que la moindre perspective négative pourrait me faire chuter à nouveau...C’est justement aujourd’hui que j’ai besoin d’un traitement adapté, qu’il ne voudrait pas me revoir dans quelques semaines  dans son service...Je sais qu’il a raison mais c’est comme si désormais j’étais esclave de la chimie, de toutes cette merde qui se déverse dans mon corps, qui pollue mon sang, je sais plus... Je m’ennuie  un peu, je vois Elvire. Je ne crois pas qu’elle me comprenne, après la dégringolade du départ et puis cet état de grâce de quelques semaines à la sortie de l’hôpital, mon état à nouveau précaire semble la déboussoler. Je la comprends, moi-même je ne sais plus, je ne sens plus l’odeur de la mort comme au début, le viol date maintenant de plusieurs mois mais je ne parviens pas à m’en défaire. Il faudrait que je travaille à nouveau, mes indemnités chômage baissent et je pourrais bien m’enfoncer inexorablement comme dans des sables mouvants. Le vide m’aspire.  Je rêve de vivre, de pleurer ou de rire. Je n’ai plus cette énergie en moi.  Pourtant je ne veux pas mourir, je ne veux pas me suicider, je ne veux pas m’éteindre mais je n’ai à nouveau plus la force de me battre, je n’ai plus de souffle, je suis comme un bateau sans voile, comme une voiture sans essence, comme une crotte sans nez...Je voudrais bien me battre, j’aimerais que la sueur et le sang coule sur le ring, mais il n’y a rien que des fantômes après lesquels courir, il ne se passe plus rien, c’est comme si la vitre devait voler en éclat, je lance mon poing et j’attends la douleur...Mon âme va se fracasser de ne plus vivre, parce que je ne peux plus...Ne pas mourir mais ne plus vivre, c'est quoi cette équation a la con ?" Au 114 rue des pyrénées, la jeune femme interrompt le mouvement de ses doigts sur le clavier de son ordinateur, se lève de sa chaise et se dirige vers le coin cuisine de son studio pour se préparer un café.

 

                       

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114 bis rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

L'immeuble du 114 bis de la rue se trouve a cet endroit dans le prolongement d'un garage, ou un bras de la rue des pyrénées deviend la rue des maraîchers et l'homme qui va bientôt devenir aveugle a toujours tendance a se tromper et continuer sur la rue des pyrénées qui s'en va vers le métro maraîchers. Il va bientôt lui falloir une canne, il se demande si ça vaut vraiment le coup et s'il ne faudrait mieux pas en finir, il est déjà assez vieux et ce sera compliqué pour lui de s'adapter. Alors qu'il tape le code qu'on lui a indiqué pour entrer dans l'immeuble assez récent du 114 bis de la rue des pyrénées, il se demande pendant combien de temps il pourra encore accomplir ce simple geste, taper un code d'immeuble. L'homme, assis dans le canapé de la salle a manger de son appartement du 114 bis de la rue des pyrénées regarde la liste des 100 livres préfèrés des journalistes du monde depuis 1944, comme toujours dans ce genre d'exercice, ça crée plus de désaccords que d'agréments. Son fils lui tend une bière qu'il a décapsulé et  boit une gorgée de la sienne puis il s'effondre dans le fauteuil avec la grâce d'un jeune homme de 19 ans. C'est son fils qui a donné la liste des livres du monde, il en a parlé aujourd'hui en cours de littérature du vingtième siècle. Son fils est en lettre moderne et les cours ont parfois l'air beaucoup plus intéressant que ce que l'homme en aurait pensé. Il a toujours trouvé les études ultra chiantes, d'ailleurs on ne peut pas dire qu'il en ait réellement suivi. Alors demande son fils, tu n'es pas trop effrayé par cette liste ? L'homme qui n'y verra bientôt plus prend l'ascenseur et descend au troiisème étage, puis il prend le couloir et sonne a l'appartement 306. un homme de son âge lui ouvre. Ils se font la bise. L'homme qui n'y verra plus, se dirige directement vers la salle a manger.  Son hôte lui propose un verre et il accepte avec entrain, autant boire un verre, maintenant que tout est fini se dit-il. C'est la troisième et la dernière fois qu'il vient. La première fois c'était avec un copain qui lui a présenté le type, la seconde fois il est revenu seul, le gars lui a expliqué ce qu'il pouvait lui offrir et combien ça couterait, et puis surtout le mec voulait qu'il soit sur de lui. Il lui a demandé de respecter une sorte de délai de rétractation comme s'il faisait un prêt pour acheter un putain d'appartement. En fait, explique le père a son fils, ce que je trouve la plus bizarrre dans cette liste c'est que la moitié des auteurs sont français, ça sent quand même le truc auto-centré, sollers, ernaux, reza, laurens c'est très germano-pratin tout ça, et tu as tous les auteurs de chez minuit, faut pas déconner, la litterature depuis 80 ans ce n'est pas que les éditions de minuit. Il y a catherine millet mais il n'y a pas henry miller souligne le fils comme si cette simple constatation le dépitait au plus haut point. Ils n'aiment pas les américains, il n'y a pas jim harrison, pas john fante, pas bukowsky, pas ellis, pas mac inerney, pas nick tosches constate le père. Aussi ce qui m'étonne reprend le fils c'est le choix des bouquins. C'est ultra conventionnel. Carrère j'adore mais l'adversaire ? Angot okay mais l'inceste ? Bolano d'accord, mais 2666 ? Perec evidemment, mais la vie mode d'emploi ? Ils ont a chaque fois pris l'oeuvre la plus connue, la plus emblématique c'est vraiment pépére comme choix. Je suis content reprend le père, il y svletana alexievitch même si je n'aurais pas choisi ce livre. L'homme qui bientôt n'y verra plus, sort une enveloppe de sa poche et la tend a son hôte alors que celui-ci dans le même temps pose un verre devant lui. Ils trinquent. L'homme compte les billets puis lui donne un petit sac avec tout ce dont il a besoin pour en finir. Ils discutent un peu, comme pour évacuer la gravité de l'instant, de la décision prise, de ce qui ne pourra plus être. L'homme qui n'y verra plus se sent soulagé, dans quelques jours, il prendra les cachets qu'on vient de lui vendre, il mourra dans son sommeil, c'est mieux ainsi. Il a presque 75 ans, il est beaucoup trop vieux pour entamer une nouvelle vie d'aveugle. C'est vraiment mieux ainsi. Ce que je trouve étonnant reprend le père, c'est de mettre guibert, ça n'a pas énormément vieilli guibert ? Et subutex de despentes, reprend le fils, tu crois qu'on lira ça dans 20 ans ? Et encore c'est le premier volume, heureusement. Et comme toujours dit le père, aucun auteur de polar. Ils ont juste glissé pennac qui vient de la série noire. Mais ellroy et peace qui sont les deux inventeurs d'une langue, d'un style, ils passent a la trappe ! Même hammett avait sa place. C'est toujours le problème avec ce genre de liste, c'est pas seulement auto-centré, c'est ethno-centré. Ca sent la femme ou le mec parisien, autour de la cinquantaine, qui a fait khagne ou normal sup. C'est propre mais c'est chiant. Oui reprend le père, c'est l'appartement haussmanien du sixème arrondissement, c'est pas belleville-ménilmontant, ça manque de foufoune, d'alcool, de drogue, de folie et d'échec. Je crois que la maison le monde n'accepte pas l'échec.

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115 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 115 rue des pyrénées dans un petit appartement, une femme prépare ses valises. Le matin au travail, elle a offert le petit-déjeuner a ses collègues comme le veut la coutume avant de partir en vacances, et tous lui ont dit de surtout bien en profiter. Oh ce qu'elle détestait ce mot, profites bien, dès qu'on partait en vacances  en week-end ou je ne sais ou les gens disaient profites bien. Si on réflechissait ça prouvait la victoire du capitalisme sur le communisme, ce mot profit que désormais on identifiait aux vacances ou a je ne sais quel évènement a la con. Elle n'avait pas envie de profiter de ces vacances, elle voulait juste ne plus voir de gens, ne rien faire, lire des livres et attendre que les jours passent sans qu'aucun évènement vienne rompre la monotonie. Elle n'aurait pas pu publié des photos de ses vacances sur facebook ou instagram, elle se posait dans un coin assez peu intéressant, au climat perturbé et elle regardait les heures qui passaient. Elle ne profitait de rien, c'était très bien, elle ne profitait que du rien. Au  115 de la rue des pyrénées, un homme éteint sa télé alors qu'il vient de regarder le dernier épisode d'une série. Sur netflix, tout les pays produisent au moins une série incroyable, tu peux prendre les allemands, les polonais, les turcs, les norvégiens, les espagnols, les mexicains, les belges, les australiens, tu peux prendre n'importe quel pays dans ce monde et ils te sortent une série incroyable, au moins une si ce n'est plusieurs. Et les français, non. La dernière en date dont les affiches recouvraient les murs du métro, s'avérait pathétique. C'est comme d'habitude, il y avait une idée de départ mais ensuite la série n'était pas écrite. Les acteurs cabotinaient comme on ne le faisait plus depuis les années 50. A faire passer darry cowl pour alain cuny.  La série précèdente vaguement futuriste avait aussi une idée de départ intéressante, mais ensuite c'était un encéphalogramme plat. Agathe bonitzer avait l"énergie d'un poulpe mort et la série donnait juste envie de se flinguer pour éviter l'ennui. Au fond, la meilleure série des 4 était cette comédie bobo parisienne qui s'en sortait vaguement grâce a l'énergie et le bagou des comédiens. C'est dire. Un mystère. Pourquoi les séries françaises produites par netflix sont de telles panouilles ? Au 115 de la rue des pyrénées, un homme range les doses d'EPO dans son frigo. Il faudra qu'il confirme la bonne réception des doses a la jeune voisine qui est infirmière pour qu'elle vienne le piquer. Il n'a pas envie de dire qu'il a un cancer. Il ne veut pas de la pitié des autres, il ne veut pas que ses amis ou les quelques personnes de sa famille s'occupent de lui, prennent de ses nouvelles. Il veut que les rapports humains continuent normalement. Il ne se sent pas malade, il a beaucoup bu et beaucoup mangé, pris des drogues, aujourd'hui il paie l'addition. C'est logique. Il déteste ces gens qui ont éprouvés leur corps et leur âmes et qui ensuite se plaignent. Il se doute que certain de ses amis vont se rendre compte de sa maladie. Il va dire qu'il part en vacances alors qu'il ira séjourner en chimio. Mais il ne pourra pas toujours tromper son monde.  La bonne nouvelle c'est qu'il va maigrir. Enfin. Depuis le temps qu'il voulait perdre du poids, cela va enfin arriver. Oui, on dirait que cela va enfin arriver.

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