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326 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme entre dans la boutique qui se trouve juste a côté du 326 rue des Pyrénées, il ne sait même pas si l'adresse du traiteur correspond a ce numéro. En fait il ne pense pas a cela, il espère que c'est la jeune fille qui va le servir. Elle lui fait son joli sourire. C'est elle qui se trouve derrière le comptoir. Il devrait peut-être lui parler comme il espère le faire depuis des mois. Il se demande parfois comment elle est en civil, dans la vraie vie, quand elle ne porte pas cette blouse un peu informe et moche que porte aussi sa mère. Il a l'impression qu'il ne la croise jamais dans le quartier, en même temps elle est tout le temps ici a servir, elle ne doit jamais sortir. La mère lui fait aussi un beau sourire alors qu'elle apparait elle aussi derrière le comptoir pour servir un autre client qui vient d'entrer après lui. Il aime bien la mère aussi, elle est gentille, elle lui offre toujours quelque chose, un paquet de chips, un dessert. Mais s'il aime bien la mère, il aime la fille d'un amour profond. C'est une déesse, il vient plusieurs fois par semaine pour admirer ses beaux yeux bridés, il aime son visage un peu poupin, son port de tête élégant et gracieux, il aime son physique de liane, et son sourire a la fois mystérieux et chaleureux. Il est amoureux. Tout simplement. Il aimerait lui parler, échanger d'autres mots que ceux des plats qu'il commande, qu'elle lui demande autre chose que le montant de l'addition. Il demande du riz thaï avec son poulet au caramel, elle approuve toujours d'un petit signe de menton, il peut demander n'importe quoi elle semble acquiescer. Il se demande quel âge elle peut avoir, peut-être 20 ans, peut-être un peu moins, un peu plus, la mère semble avoir entre 40 et 50 ans, peut-être 48, la fille dépasse un peu la vingtaine mais c'est difficile de juger. Il préfère toujours emporter sa nourriture, pourtant il pourrait manger sur place, et la regarder a loisir, mais ce serait comme la partager, il la regarderait pendant qu'elle sert d'autres clients, et il n'aimerait pas cela, il verrait la même politesse, la même déférence, le même sourire, il sait bien qu'il n'aimerait pas ça. Au moment de payer, il essaie toujours de faire un peu d'humour, elle se contente de sourire, toujours ce fameux sourire. Il aimerait lui dire de partir avec elle, mais il ne lui dit rien, il paie et il s'en va. Il paie en liquide pour effleurer ses mains, et puis il s'en va. Un jour il lui parlera, un jour il sait qu'il lui parlera.

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328 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

Un homme pousse la porte cochère du 328 rue des pyrénées et se retrouve sur le trottoir, il jette sa cigarette en direction du caniveau, il reste une voiture électrique a la station qui se trouve a cet endroit précis, l'homme mourra dans 28 ans, d'une hémorragie interne, il ne souffrira pas, on le trouvera dans son lit de la maison de retraite au petit matin. Une femme monte dans l'ascenseur pour monter au troisième étage et faire le ménage chez le jeune couple de cadres, elle sera morte dans 43 ans et quelques mois, elle sera retournée vivre dans son pays d'origine, les médecins parleront d'insuffisance rénale pour ne pas dire qu'elle est morte de vieillesse. Un enfant fait ses devoirs, penché sur le petit bureau de sa chambre, au second étage du bel immeuble du 328 rue des pyrénées, il sera mort dans 12 ans, il ira trop vite avec la moto que son père lui a offert pour ses 18 ans, et il se fracassera contre un camion, mourra sur le coup comme on dit. Une vieille dame se prépare un thé dans son tout petit appartement du troisième étage, elle mourra dans 8 ans, de la maladie d’Alzheimer, on l'internera dans quelques années, après qu'elle se soit perdue dans paris, et que sa fille la cherche pendant plusieurs jours, après qu'on la retrouve errante en gare de la ferté sous jouarre en seine et marne, on l'internera. Une adolescente regarde sur son téléphone les photos de son petit copain, elle se demande combien de temps elle restera avec lui, elle mourra dans 77 ans alors que très âgée elle tombera dans son appartement, elle ne se remettra jamais vraiment de sa fracture du col du fémur, elle  mourra a l’hôpital quelques jours plus tard. Elle ne quittera jamais le quartier et sera incinéré au crématorium du cimetière du père lachaise. Incinerée. Morte. Un peu comme nous tous.

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330 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Nous pénétrons au 330 rue des Pyrénées, la minuscule entrée de l'immeuble est prise en sandwich entre le restaurant africain et un magasin d'optique. Je continue encore et encore a sillonner le quartier, même si l'enquête n'avance pas, il est question qu'on me retire l'affaire. La veille j'ai été voir la mère de louise et  lui ai dis que je cherche et que je chercherais encore et encore. Je monte les escaliers, mon adjoint me suit, il ne me parle pas depuis que nous avons quitté le commissariat, il a comprit que ce n'était pas le jour, que je n'étais pas d'humeur. La veille j'ai tellement pensé a  l'affaire, tellement étudié le dossier, j'ai regardé chaque photo, lu chaque mot des rapports, et je n'ai rien trouvé. A la fin de la soirée, j'ai bu une bouteille de whisky et le cd qui passait sur ma chaîne était terminé depuis des heures. Le juge m'a parlé de confier l'affaire a un œil neuf, le commissaire m'a parlé de confier l'affaire a un œil neuf, tout le monde semble comme interdit que nous n'ayons pas le plus petit début d'une piste. Le type a un sourire narquois quand il ouvre la porte. Je n'ai pas appelé pour le prévenir mais c'est comme s'il m'attendait. Commissaire, il entame, capitaine je corrige, mais entrez donc, il glousse en s'effaçant pour nous laisser entrer avec mon adjoint. Trois minutes plus tard, nous sommes assis autour de la petite table de son misérable deux-pièces, même si les prix sont tellement fous a paris que ce taudis qui n'est plus entretenu a la même valeur qu'un beau trois-pièces dans une  ville de province. Il me verse un café dans une tasse crasseuse et je lui dis que je constate qu'il a toujours l'argenterie de sa pauvre mère. Elle est morte depuis combien de temps déjà, cette femme qui a passée sa vie a se tuer au travail pour racheter les conneries de son fils ou pour qu'il puisse cantiner en prison. Alors Maurice, quelles sont les nouvelles ? je demande en trempant les lèvres dans le café qui a ma grande surprise s'avère plutôt bon. Il hausse les épaules et me dit que c'est la crise. Il doit toucher une retraite maintenant, il devrait vendre cet appartement et s'acheter un petit appartement dans une petite ville de province, il vivrait peinard, mais non, il va mourir ici, il n'a toujours vécu qu'ici, j'ai connu son père, un sacré loustic aussi, quand je pense a sa mère, a ce qu'elle du supporter avec les deux branquignols que malheureusement pour son matricule elle aimait, j'ai comme une bouffée d'amour pour elle. J'ai pas d'alibi capitaine pour cette pauvre petite mais croyez moi j'y suis pour rien. Je ricane. Je sais bien que tu y es pour rien, tu verrais le spectacle, une vraie boucherie, du sang, des viscères, des dizaines et des dizaines de coups de couteaux, je sais que tu n'aurais aucun scrupule a voler le sac d'une petite vieille pour lui piquer 10 euros, mais tu es le genre a tourner de l’œil quand tu t'érafles un doigt. Je suis plus arsène lupin que guy georges, il réplique. Mon adjoint semble dépité. Il ne connaissait pas Maurice, il croyait quoi ? que c'est le fils caché de Mesrine et de marie Besnard. Non c'est un petit truand de quartier sans aucune envergure et avec le charisme d'un aspirateur. J'aimerais juste savoir si tu as entendu quelque chose, j'embraye, il ne semble pas qu'il y ait eu vol mais on ne t'a pas parlé de bijoux a refourguer, ou ce genre de choses. Je suis a la retraite capitaine, me lance ce con de Maurice d'un ton sentencieux. Je devrais toucher 300 balles vu que j'ai été souvent retenu derrière les barreaux, mais royalement la société française m'attribue le minimum vieillesse, je palpe mes 800 biftons par mois, alors vous savez je dis pas que parfois j'ai pas un tuyau pour jouer au tiercé, ou même qu'on me demande mon avis sur une table ancienne ou une petite bagouze qu'une personne aurait trouvé dans la rue, mais je suis hors service maintenant ,le trafic de drogue, le meurtre, c'est pas mon rayon. Je termine le café, je suis presque sur le point de finir son petit laïus en disant amen tellement c'est émouvant. Qu'est ce qui se dit au café du coin entre deux courses de canasson, je lui demande. C'est pas un type du quartier, il répond.. Avec tous les zonards qui trainent dans le coin. Entre les étrangers, les tarés en liberté, les drogués, vous avez le choix. Vous voulez que je vous dise capitaine, même moi j'ai peur de sortir le soir, c'est devenu dangereux ici, la rue des rigoles c'est bagdad. Je reste pour honorer la mémoire de mes parents, mais j'ai peur capitaine. Je ne t'ai pas demandé ton programme de candidat front national pour les prochaines élections maurice, je te demande si tu as entendu quelques chose sur ce meurtre ? Tout le monde pense que la fille a rencontré un type dans un café, il répond, les jeunes filles de maintenant elles n'aiment que les zonards les drogués et les chevelus. Comment elles disent, les bad boys ? Le gars a dû péter une durite et il a massacré la gamine. C'est pas quelqu'un du quartier capitaine, c'est une ordure du dix-huitième ou du dix-neuvième arrondissement mais pas un gars de chez nous capitaine. Dans le vingtième on est pas des sauvages ! Vous savez capitaine, on aurait jamais du accepter le rattachement de ménilmontant a paris, on était bien mieux entre nous. Plus tard, dans la voiture mon adjoint me demande si c'est utile d'interroger ce genre de bras cassés. On est tellement dans la semoule je dis, il va falloir se taper tout les crétins du quartier, ils sont nés ici, ils ont toujours vécu ici, on ne sait jamais. Je commence moi-même a douter que je retrouverais ton assassin louise, je vais essayer je te promets, je vais tout essayer. Je te promets.

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331 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le 331 c'est la cantine des Pyrénées, avant qu'elle ne se fasse murer et que les gens qui tenaient le lieu rouvrent un peu plus loin vers la place krasucki, un peu en-dessous, rue de la mare, une autre cantine des Pyrénées. Quand les flics ont décidés de virer les gens qui squattaient la cantine, ils ont carrément muré l'endroit. Aujourd’hui c'est encore le cas, cela fait peut-être un an, peut-être moins, peut-être plus, le temps passe si vite ma bonne dame. Maintenant il n'y a plus rien, hormis un café muré. Avant la cantine, c'était aussi un café, ce genre de rade toujours un peu vide, ou un type un peu âgé semble attendre le client derrière son comptoir. Et puis quand le gars est parti, le café a fermé et il n'y avait plus rien. Les gens de la cantine ont squattés l'endroit, je crois que c'est eux qui avant squattaient un rade vers la place gambetta, dans la rue des pyrénées déjà. On pouvait y manger le midi a la cantine des pyrénées, je crois que c'était 5 euros, les gens de rue 89 qui se trouvaient juste en face a l'angle de la rue de l'est venaient y manger parfois. Il y avait des aides administratives pour les gens ayant du mal a remplir des papiers, il y avait aussi un ciné-club le dimanche soir. Je n'ai jamais franchi les portes de la cantine des pyrénées. Je les ai croisé plus tard, quand ils ont voulu reprendre un lieu dans la rue piat. Je suis trop sauvage pour le collectif. C'est sans doute pour cela que j'écris. Il y a plus d'un an qu'un matin en sortant de chez moi, j'ai vu des cars de crs garé tout le long de la rue, a partir de l'angle de la rue de l'ermitage. Je partais bosser et j'ai compris que c'était fini. Depuis il ne s'est rien passé, depuis que c'est muré, le propriétaire attends sans doute qu'on lui propose un bon prix pour vendre. Les commerces n'arrêtent pas de changer dans le quartier, avec cette gentrification propice aux quartiers populaires. Un jour un truc va ouvrir en quelques jours. Peut-être encore une cave a vin, ou un bar lounge, un bar a chichas, enfin les trucs a la mode qui ouvrent dans le quartier. Parfois je passe devant la cantine des pyrénées qui s'appelait le bar des amis dans une autre vie et je vérifie qu'il est toujours muré. Je regarde les pavés qui montent jusqu'au plafond. Pour être sur que rien n'a changé. 

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332 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis a son bureau au cinquième étage du 332 rue des Pyrénées, il rédige une lettre. Il écrit a sa fille qu'elle ne doit pas lui en vouloir, qu'il était bien trop vieux lorsqu'elle est née, qu'il aurait aimé vivre un peu plus longtemps pour l'aider. L'homme voudrait dire a sa fille qu'il pensait vivre plus vieux, que même s'il avait 50 ans quand elle est née, il croyait qu'il vivrait jusqu’à 70 ans et qu'il pourrait la voir grandir. Il voudrait s'excuser non pas d’être malade, non pas parce qu'il va mourir mais juste parce qu'il l'abandonne. Elle n'aura pas dix ans quand il va mourir car ce n'est qu'une question de mois maintenant, peut-être de semaines, il sait bien en tout cas qu'il sera mort avant qu'elle ait dix ans. Sa mère la désirait tellement, sa mère est jeune, elle sera la encore longtemps pour elle, voila ce que voudrait écrire l'homme qui vit au 332 rue des Pyrénées, lui aussi était si heureux de la voir naître, son seul enfant, même s'il avait 50 ans, même si peu de temps après la mère de l'enfant l'avait quitté, il était heureux, si heureux de voir cette enfant entrer dans sa vie. Il aimerait lui écrire, lui transmettre cette amour qu'il a. L'homme assis a son bureau ne trouve pas les mots, ne peut absolument pas les aligner, il ne veut pas être larmoyant, il voudrait juste dire a son enfant tout l'amour qu'il a pour elle. Mais l'homme ne se trouve pas a la hauteur, alors il regarde par la fenêtre les gens qui y flânent et il aimerait voir sa fille marcher dans la rue, il aimerait tellement voir sa petite fille qui marche dans la rue des pyrénées.

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333 Rue des pyrénées.

Publié le par drink 75

 

C'est un bel immeuble le 333 rue des Pyrénées. Au premier étage un homme relit un lawrence block. Sans doute le meilleur livre écrit sur l'après onze septembre. Lendemain de terreur. Lawrence block n'est pas un écrivain de polar, c'est l'écrivain de new york. Le vrai. Pas le new york coincé du cul et faussement humain de paul auster. Pas le maniéré chic et so smart de jay mac inerney, même si mac inerney a écrit un bon livre sur le onze septembre. Mais lawrence block c'est le meilleur écrivain sur new york. Et lendemain de terreur c'est le meilleur livre écrit sur le onze septembre, sur le choc que ce fut. Lawrence block est un des meilleurs écrivains sur l'état alcoolique, et un des meilleurs sur new york. L'homme qui lit ce livre m'a un jour parlé de lawrence block et c'est lui qui me l'a fait découvrir. C'est un bel immeuble le 333 rue des pyrénées, c'est a cet endroit qu'une femme est morte il y a quelques années, de faim, une femme est morte de faim dans cet immeuble, les gens disaient qu'elle était folle, d'autres qu'elle ne voulait plus sortir de peur que les nazis reviennent la chercher, j'ai toujours pensé qu'elle était morte de solitude, je l'ai croisé quelques fois, en lui disant juste bonjour, je ne lui ai jamais vraiment parlé, sans doute parce que je ne parle jamais aux gens, sans doute pour cette raison. C'est un bel immeuble le 333 rue des pyrénées, parfois j'y croise le garçon qui est parait-il handicapé et qui vit avec sa mère. Elle m'invite parfois chez elle, alors je bois quelques verres, et je joue un peu avec le petit garçon qui ne veut plus aller a l'école car les autres enfants se moquent de lui. Je ne comprends pas, je ne comprends toujours pas quel est le handicap de l'enfant, enfin si je le sais une histoire de coordination des membres, mais je ne vois pas son handicap. Sa mère aimerait bien me mettre dans son plumard, le jeune garçon aimerait que je devienne son père, mais je ne le veux pas. C'est un bel immeuble le 333 rue des pyrénées, j'y vois parfois mon reflet dans le miroir de l'entrée. J'y bois seul dans mon appartement en attendant qu'il se passe quelque chose. J'y écris parfois, des mots que presque personne ne lit, des phrases qui ne mènent a rien, mais je me sens apaisé comme si cela pouvait encore donner un sens a mon existence. C'est un bel immeuble le 333 rue des pyrénées, c'est la que je vis, c'est ici que je vis. Ici que je vis.

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334 Rue des Pyrénées.

Publié le par drink 75

 

334 rue des pyrénées. Le café de la place des rigoles. Bouffe pas très bonne, terrasse un peu bruyante. Un homme boit un picon bière et explique a une femme que ce n'est plus possible, que ce n'est pas de sa faute, ce n'est de la faute de personne, mais elle n'aurait pas du tomber amoureuse de lui parce que personne ne doit s'amouracher de sa personne, il ne s'en glorifie pas mais il est ainsi. La jeune fille lit la lettre de son père, il lui explique qu'un jour il reviendra, il y a un billet de 50 euros dans l'enveloppe, son père est fou, elle le sait, sa mère qui l'aime toujours le sait, elle lit les mots écrits sur la lettre d'une écriture tremblante qui ne veulent pas dire grand-chose hormis qu'il part, il doit être hospitalisé a sainte anne, elle imagine. Un homme boit un café, il n'en peut plus de cette vie, il se dit, a quoi bon repousser l'échéance, pourquoi encore et encore continuer cette mascarade, les médecins vont le maintenir en vie mais bordel a quoi ça sert puisqu'il n'attends plus rien de la vie. La femme termine son kir et en commande un autre, elle sent encore les mains de l'homme sur sa peau, sa vibrante respiration, son souffle brutal, son désir prégnant, elle sent encore sa queue palpitante en elle. Il s'interroge en remuant la cuillère dans la tasse, il se demande comment donc expliquer a ses élèves le pli chez leibniz. Faut-il uniquement parler de deleuze et seulement prendre l'optique de ce dernier. Il aimerait être novateur tout en se demandant si ses élèves en ont quelque chose a faire de ses propres rêves de grandeur. Le vieil homme sirote sa bière tout en regardant le cul des femmes. Il reconnait chaque cul, un cul d'asiatique, un cul d'africaine, un cul de vieille. Il est fasciné par toutes ses femmes en pantalon et leur cul qu'elles agitent devant ses yeux éblouis. Un homme sans âge lit ce livre de série noire inspiré de l'histoire du front national. Parfois il assèche son gosier d'une gorgée d'un rouge lourd et peu digeste, un vin chilien un peu vert. Le livre n'est pas très bien écrit, il faudra qu'il le revende. Il manque un souffle comme souvent dans le polar il manque un peu d'ambition comme souvent dans la littérature. La femme retient son souffle, elle se demande pourquoi la vie n'a pas voulu d'elle. Elle regardent tout ces gens qui respirent, vivent, vibrent et semble comme des gens ont un rôle dans la vie. Elle aimerait voir la mer encore une fois, c'est tout ce qu'elle redemande a la vie, voir la mer une dernière fois. 334 rue des pyrénées...

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335 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le commerce ne ferme jamais. Il y a toujours un fils, un neveu, une cousine, il y a toujours quelqu'un qui tien ouvert le commerce du 335 rue des pyrénées. Le vrai patron c'est l'homme moustachu. L'homme au chapeau qui ne sort que la nuit, et qui habite en face dans la rue parallèle a la rue des pyrénées, l'homme au chapeau qui habite rue des rigoles vient jacter un peu avec l'indien a la belle moustache. Ils sortent tout les deux de la boutique, l'hiver est enfin arrivé, l'homme qui est originaire d'inde n'est pas un grand fan de l'hiver. L'homme au chapeau dit a l'autre qu'il vient de recevoir des nouvelles du capitaine, ils rigolent tout les deux, le capitaine ne semble pas heureux mais le capitaine ne semble jamais heureux, il a envoyé une carte postale aux deux pour dire qu'il était a terre. L'homme moustachu, qui est originaire d'inde rigole, il ne sait pas gérer son argent le capitaine, il finit toujours par tout dépenser dans une soirée de beuverie. Cette fois-ci dit l'homme au chapeau je crois que la cuite a duré quelques mois. Le commerce ne ferme jamais. Les dealers d'en face, ceux qui squattent sous les fenêtres de rue 89, viennent parfois acheter une canette ou une cigarette, que l'indien vend 20 centimes l'unité. L'homme qui a toujours un chapeau sur la tête ne peut plus aller en face, le turc a vendu, il est sur le point de déménager pour les lilas. L'indien pense que les lilas sera comme Montreuil dans 20 ou 30 ans. Un nouvel arrondissement de paris. Ils rentrent dans la boutique, le vieux au chapeau va au fond du magasin pour chercher une canette bien fraîche. Il revient s'installer sur un siège à côté du gérant et de sa généreuse moustache. Ils sont ainsi tout les deux alors que des gamins rentrent pour acheter des bonbons, alors que des jeunes viennent acheter une cigarette, alors que d'autres viennent acheter des canettes de bière ou de coca, ils sont déjà le vestige d'un passé, le souvenir de ce qui ne sera plus. De ce qui n'est déja plus. 

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336 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

L'homme qui bientôt ne verra plus rien tape le code pour entrer dans l'immeuble sis au 336 rue des Pyrénées. C'est le dernier immeuble avant la place des grandes rigoles, et la rue du jourdain qui monte vers la rue de belleville et le métro jourdain. La rue des libraires. Bientôt il ne pourra plus lire. Il sent une sourde émotion monter en lui et il pénètre le cœur un peu plus lourd dans l'immeuble du 336 rue des Pyrénées, se dirige vers l'ascenseur avec son bouquet de fleur a la main, se demande s'il a raison de tenir encore et toujours sa promesse, cela fait dix ans maintenant, et l'année prochaine, s'il est encore vivant, s'il ne voit plus, ou sera t'il ? Dans un établissement spécialisé ? Il se demande si ce n'est pas la dernière année qu'il pourra honorer sa promesse. Il va falloir lui annoncer a la si douce Blanche. Il sort de l'ascenseur et il se dirige vers la porte de l'appartement de Blanche et Maurice. Même si Maurice n'est plus, il considère que cet appartement est toujours le leur. La femme de celui qui fut son meilleur ami lui ouvre la porte et comme toujours depuis 10 ans, il est soulagé de constater qu'elle l'attends. Parfois il la croise dans la rue, parfois il l'invite au café du métro pour manger un choux farci, parfois ils vont au cinéma ensemble ou voir une exposition mais quand la date du 14 février approche, on dirait que comme un fait exprès, ils ne se croisent plus. Il y a les fêtes de noel et en général Blanche part chez ses enfants, il ne sait plus trop où, elle revient vers la fin janvier et parfois il ne se croisent pas avant ce fatidique 14 février. Ils s'embrassent et lui tends les fleurs, alors qu'elle sourit avec des larmes au coin des yeux. Elle lui dit merci et emmène les fleurs dans la cuisine tout en lui indiquant de s'installer et il lui laisse le temps de reprendre ses esprits. Maurice lui a fait promettre, alors que la mort semblait le rattraper il y a une dizaine d'années, maurice lui a fait promettre d'offrir un bouquet de fleurs a blanche de sa part chaque 14 février. La première année il se sentait un peu confus. Il était passé chez elle et lui avait offert les fleurs en lui expliquant. Elle avait ainsi décrété que tout les 14 février, elle l'inviterait a déjeuner après ce qu'elle appelait la corvée des fleurs. Il doit lui dire qu'il va perdre la vue, mais pas tout de suite, elle lui ramène un kir avec quelques olives et des cacahuètes. Il se sent bien avec elle, à l'époque, elle avait choisi maurice et comme il savait que celui-ci était plus beau, plus intelligent, plus léger que lui, il n'avait jamais plus pensé a cela. Sans doute que sa vie de solitude venait de la. C'était curieux de ne jamais passer seul ce jour alors qu'au fond personne ne l'avait jamais aimé, et qu'il n'avait jamais vraiment aimé personne. Je vais perdre la vue. Il ne le dit pas. Il lui dira après le dessert pour ne pas gâcher le repas, en attendant il lui sourit. Il sait qu'elle pense a maurice mais il sourit.

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