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337 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme est assis par terre, devant le 337 rue des Pyrénées. Il se demande quand la mort va venir le libérer de toute cette boue. Il voudrait parler a quelqu'un mais personne ne s'arrête, il voudrait juste parler a quelqu'un. Un homme est assis par terre, juste devant le 337 rue des Pyrénées. Il se demande si la mort va venir le libérer de toute cette boue. Il aimerait peut-être parler a quelqu'un mais il n'y a plus personne dans la rue. C'est la nuit. C'est la nuit qui recouvre le 337 rue des Pyrénées. Un homme est assis dans la nuit devant le 337 rue des Pyrénées. Il se demande. Quand il va mourir. Il est ivre, tellement ivre, presque mort. Il se demande si un jour il pourra arrêter de boire et il sait que ça ne se pourra pas. L'homme voudrait aller en face de l'autre côté de la rue, aux bains douches, mais ce n'est pas encore ouvert, peut-être demain matin s'il est encore en vie. Peut-être pas s'il n'est plus en vie. Un homme est assis par terre devant le 337 rue des Pyrénées, il ne sait pas a qui il pourrait parler, il ne pense pas que qui que ce soit vienne lui parler alors il parle avec sa bouteille, l'homme qui est assis devant le 337 rue des Pyrénées n'a plus tellement envie de boire ou de vivre, l'homme ne veut plus, et il attend que le jour se lève. Il boit encore une gorgée de sa bouteille et il se demande quand tout cela va finir. Quand est ce que tout cela va se terminer ?

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338 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Il rentre chez lui dans son appartement du 338 rue des Pyrénées. Il pose sa veste sur un fauteuil. Demain il ne travaille pas. Profite bien de ce jour de repos lui ont répétés ses collègues, profite bien, la phrase bateau qui ne veut rien dire que les gens au boulot vous rabâchent comme des robots quand vous partez en vacances ou que vous prenez un jour de congé. Profitez de quoi bande de cons ? de ne plus voir vos gueules ? de regarder des émissions débiles à la télévision ? Profitez pour dormir, profitez pour promener sa carcasse dans la rue en croisant des débiles comme vous qui n'ont rien d'autre a faire que des putains de course a la con au supermarché du coin ? Il regarde les murs de son appartement, il attend sa femme qui va rentrer elle aussi du travail, il se demande ce qu'il va pouvoir lui dire ce soir, ce qu'il va pouvoir lui dire demain. Ah mais il n'aura rien a raconter, cette conne travaille, il sera peinard, il a attendu ce soir pour lui annoncer qu'il ne travaillait pas demain et pour être sur qu'elle ne prenne pas aussi un jour de congé. L'appartement semble vide. Son débile de fils n'est pas dans sa chambre, a pratiquer les deux activités qui remplissent largement sa pauvre existence d'ado désœuvré : La branlette et les jeux vidéos. Il doit tellement s'astiquer le gourdin que sa bite de crétin doit être ocre. Sinon il passe ses nuits sur son ordinateur a jouer a des jeux débiles avec des bons et des méchants, ou des monstres, enfin des trucs complétement cons. Il allume la radio, les nouvelles sont proprement hallucinantes. Mélenchon se présente aux élections de l'année prochaine. Il se prend pour bernie sanders. Il sera toujours surpris par la connerie de ces types qui se croient sincèrement d'extrême-gauche ou de la vraie gauche. Tu parles d'un gauchiste le bernie sanders, en france il ferait passer bayrou pour un révolutionnaire maoiste. Le gars sanders a remporté les primaires démocrate dans l'état le plus bourge des states, le new hampshire, du blanc, du friqué, a l'américaine c'est sur, vachement ouvert sur le monde, préservant l'environnement, mangeant bio et toutes ces conneries, mais le new hampshire bordel c'était du bobo de compétition pas du rigolo du vingtième arrondissement de paris a casquette. Bref le type sanders était devenu l'alpha et l'omega de la vraie gauche française. Marrant. Un conseiller de sa suffisance a du lui dire que podemos c'était plus du tout tendance.. Car l'idole de d'ormesson et de buisson, croyait que podemos c'étaient des révolutionnaires, sauf que non, les gars se réclament de la social démocratie a la suédoise et font alliance avec les socialistes donc maintenant c'est bernie le nouvel exemple. L'homme qui habite au 338 rue des pyrénées avait envie de picoler, un peu, envie de bouffer des cochonneries, des chips, boire du vin ou de la bière. Sa femme ne le faisait pas trop chier au fond, c'était sa fille ainée la plus casse-couille. Elle était végan, écolo, enfin toutes ces conneries, elle semblait s'éclater a bouffer des concombres et boire du lait de soja toute la journée. Elle aurait eu bien besoin d'un concombre dans le cul oui, ça l'aurait détendu. Elle voulait des chiottes sèches et ce genre de conneries. C'est dommage que les jeunes soient devenus des curetons. Ils ne picolaient pas, ne prenaient plus de drogues, bouffaient bio et sains, ils étaient raisonnables, faisaient des économies, cotisaient pour la retraite. Il avait envie de gerber, il avait envie de prendre une corde. les jeunes flippaient de la mort, c'est ce qui les rendait aussi cons, comme si soudain tout ce qui les intéressaient c'était de ne surtout plus braver les interdits. Bientôt il serait a la retraite. L'homme ouvre la fenêtre de son appartement du 338 rue des pyrénées, il aimerait bien prendre l'air. Vraiment il a une furieuse envie de prendre l'air.

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339 Rue des Pyrénées.

Publié le par drink 75

 

La bibliothèque de l'homme qui habite au 339 rue des Pyrénées couvre des murs et des murs. Un peu de littérature blanche bien entendu mais surtout beaucoup, mais alors beaucoup de polars, de la noire. La bibliothèque par ordre alphabétique commence avec Agee james et une poire pour la soif. La bibliothèque de l'homme qui habite au 339 rue des Pyrénées, des rayonnages plus loin par l'inondation d'ievgueni zamiatine, s'il ne se trompe pas c'est michel polac à l'époque de droit de réponse qui a fait découvrir zamiatine en france, c'est aussi a droit de réponse qu'il a entendu parler de jean-philippe toussaint pour la salle de bains. Ensuite il ferait un exposé en classe de seconde, et le professeur lui donnerai quatorze alors que les autres élèves sembleraient plus incertains sur le qualité du bouquin. Dans son souvenir, l'homme qui habite au 339 rue des Pyrénées, avait beaucoup insisté dans son exposé sur la préparation des poulpes et sur l'écoute du multiplex de football a la radio pour démontrer le talent de jean philippe toussaint. Plus tard alors qu'il vivrait a Bruxelles, une amie lui dirait que toussaint habite ixelles et qu'il fréquente le belga place flagey. Mais comme aujourd'hui ou il ne sort plus de d'un axe belleville Ménilmontant qui va en gros de père lachaise a stalingrad et en remontant au nord jusqu'à place des fêtes et porte des lilas, l'homme ne quitterait jamais les marolles du temps ou il résiderait a Bruxelles, sauf pour traîner un peu a saint gilles. Il fréquenterait beaucoup le pêle-mêle a Bruxelles comme aujourd'hui il fréquente toutes les boutiques de bouquins d'occasions, gibert, book-off, la boutique de polar rue cardinal lemoine, boulinier, oxfam près de saint ambroise et même le connard qui vend des livres d'occasion rue du jourdain dans sa boutique immense qui sert de tournage pour des films de cinéma. L'homme fait courir ses yeux le long de sa bibliothèque, il cherche un polar a relire, un petit polar nerveux, court, peut-être du hard-boiled, un truc a la duane Swierczynski. genre date limite ou the blonde. Au début de sa bibliothèque, il y a marc behm. C'est juste après angot, il n'aime pas trop le personnage angot, il n'aime pas tout ses livres, mais il se souvient encore de la fièvre qui l'avait saisi quand il avait lu sujet angot. C'était la découverte d'une langue, d'une littérature, ce livre avait révolutionné beaucoup de ses certitudes sur la littérature. Il regarde tout les titres de marc behm, tous chez rivages noirs, la vierge de glace peut-être ? La reine de la nuit ? C'est pas beineix qui voulait adapter au cinéma la vierge de glace et qui n'avait jamais trouvé l'argent. En fin de compte c'est claude miller qui avait adapté mortelle randonnée, avec adjani au faîte de sa gloire et serrault qui commençait a jouer des rôles sérieux. Encore une adaptation complétement raté. Ce qu'il aimait chez behm c'est le côté picaresque et foutraque des livres. A la même époque, serrault avait joué dans on ne meurt que deux fois l'adaptation par audiard en fin de vie d'il est mort les yeux ouverts de robin cook. Robin cook que tout le monde confond avec un mauvais écrivain policier qui s'appelle à l'identique et qui écrit des bouzes qui se passent dans le milieu médical. Même manchette a fait l'erreur dans une de ces chroniques. Tavernier adaptera les mois d'avril sont meurtriers de robin cook, c'est pas mal, il produira mais c'est un autre gars qui tournera le film, celui qui avait tourné il faut tuer birgit haas, le film est avec jean-pierre bisson, un acteur oublié que l'homme qui habite au 339 aimait beaucoup, il y avait marielle aussi, c'était un film avec des jean-pierre, il manquait plus que jean pierre sentier, un autre acteur oublié un peu lunaire, qui a furtivement comme bisson traversé les années 80. L'homme adore robin cook, peut-être l'homme qui a écrit les polars les plus tristes de tout les temps. j'étais dora suarez c'est tout de même plus puissant qu'american psycho. Tavernier bien plus tard s'attaquera a james lee burke et le film sera raté. Burke c'est lent et puis tommy lee jones ça va pas pour robicheaux. Burke ça avait été un sacré choc aussi, après la découverte de prisonniers du ciel l'homme se souvient qu'il avait voulu partir a la nouvelle orleans. C'était l'époque du film the big easy et aussi d'un autre film avec mickey rourke et de niro, la grande époque nouvelle-orleans. Les yeux de l'homme courent le long de sa bibliothèque, a b il y a Bello le gars qui se regarde écrire et qui se croit très malin, mais après tout éloge de la pièce manquante c'est pas mal, Benacquista, le regretté Benotman qu'il a failli rencontrer juste avant qu'il ne casse sa pipe. Les yeux de l'homme continue d'avancer, la lettre C, on arrive aux italiens, Camilleri, le poilant et rigolo Camilleri, Carofiglio, il faudra relire carofiglio, il se souvient comme témoin involontaire l'avait tout se suite emballé, les interrogations d'un quadragénaire, le temps qui passe, la vie qui fuit. L'homme qui réside au 339 rue des pyrénées n'est pas touché par les écrivains venus du sud qui passent leur temps a geindre, aime le polar italien, le blues absolu et désespéré du mâle italien. L'homme s'arrête sur Chesbro. Longtemps qu'il n'a pas lu chesbro, Sans doute le plus décalé du polar. Mongo le magnifique. Un nain artiste de cirque qui est aussi criminologue. Il pourrait lire Bone de Chesbro mais ce n'est pas un mongo le magnifique, c'est plus sur l’expérience de chesbro avec des sans abris. Il veut lire un mongo un peu nerveux, un peu irréel. Il s'assied dans son fauteuil. Il tourne la couverture de la cité ou les pierres murmurent il n'écoute plus les bruits de la ville, il n'écoute plus. Les bruits de la rue des Pyrénées. 

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340 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

C'est comment le 340 rue des Pyrénées ? On s'en fout non ? C'est juste avant la place des grandes rigoles, juste avant la boutique de fringues pas chères. Une femme descend des verres dans je ne sais plus quel appartement de je ne sais plus quel étage. Un homme vomit dans le même appartement, la gueule dans la cuvette des chiottes. Un homme lèche la chatte d'une femme sur une moquette un peu sale d'un autre appartement. Elle gémit un peu mécaniquement pour que l'homme ait l'impression de lui donner du plaisir. Quelqu'un d'autre, dans un autre appartement, un homme, se demande en regardant par la fenêtre la rue des Pyrénées si un jour il arrivera enfin a se jeter par la fenêtre. Une femme mange une salade avec de l'avocat coupé en lamelles, quelques feuilles de sucrine, du blanc de poulet coupé en cubes, un peu de raisin, du concombre en tranches fines, du poivron, du rouge, du vert, et puis d'autres petites choses encore que j'ai oublié. Quelques noix ? Un homme se branle en regardant un film pornographique sur un écran d'ordinateur, il aime a penser que les femmes avec des seins énormes et des lèvres pulpeuses aiment entendre des insanités et se faire limer pendant des heures comme si le rapport sexuel était synonyme d'endurance et de performance. Une vieille femme se couche en se demandant si elle va se réveiller le lendemain, c'est comme une sourde angoisse désormais, comme s'il fallait continuer de vivre encore, alors la nuit l'angoisse. Un homme tient un livre de mark haskell smith entre ses mains qui s'appelle défoncé, il fume un pétard bien chargé en le lisant comme pour mieux s'identifier aux personnages du livre, ses yeux courent sur les pages comme si l'herbe lui donnait une énergie soudaine. Un homme remplit une machine a laver de linge sale, je ne sais plus dans quel appartement, ni a quel étage, il évite de mettre le blanc dans le tambour, mais il insère tout le reste de son linge sans trop se prendre la tête. Un homme appuie sur le bouton d'alarme de l'ascenseur, il espère ne pas rester trop longtemps coincé, il n'a rien a faire et personne ne l'attends mais il n'a pas très envie de rester enfermé. Des femmes, des hommes, des appartements, des destins vides et vains. C'est peut-être tout en fin de de compte. La vie du 340 rue des pyrénées. C'est peut-être rien. La vie au 340 rue des pyrénées. C'est peut-être tout.

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341 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au second étage du 341 rue des Pyrénées, un homme frôle les touches d'un ordinateur portable, voici ce qu'il écrit :

"Elle étend son bras, ça fait comme un reflet dans l'eau du canal, elle sourit soudain aussi soudainement qu'elle a pleuré un peu avant, et ça fait comme une grimace dans l'eau du canal. Elle dit tu ne peux pas me faire ça, tu ne peux pas. Ben non je peux pas en fait, je peux d'ailleurs pas grand chose pour qui que ce soit. Je suis comme qui dirait inapte a la compassion. Elle rit c'est bizarre on dirait le feulement d'un tigre dans la savane, enfin un truc dans le genre, oui vu que je fréquente à peu près autant la savane que la campagne ça te donne une idée de ma connaissance de la savane. On marche le long du canal, j'ai envie de picoler, c'est dingue comme l'alcool peut donner de l'amplitude a ces choses là, ce quotidien débile qui bout à bout devient une sorte de vie, l'alcool c'est un peu comme la caméra dans les road movies. T'as déjà vécu un road movie moi oui crois moi les milliers de bornes sur les routes désertiques, crois moi tu t'emmerdes alors que dans les films tout paraît magique. Au fil du temps, tu vois au fil du temps, ben crois moi j'ai fais la version américaine avec april, notre couple de pacotille n'a pas survécu...L'alcool c'est ça, pour ceux qui suivent, l'alcool ça te donne l'impression que tu vis un truc formidable alors que tu marches le long du canal, une fille cinglée qui se traîne un peu ivre, tu as peur qu'elle tombe, juste parce que toi tu es à jeun, et que tu attends le message d'une autre qui est pas loin de là, à quelques mètres tu sais, tu le sens qu'elle n'est pas loin. Mais elle n'appelle pas. L'alcool tu arriverais à gérer, à jeun tu sais pas, comme les camés tu sais, les filles sous speed sous champignons tu sais pas, tu n'as jamais trop su. Café, café, pas dormir. Elle se jette sur le canapé, tu te dis allez je vais y aller, elle pleure, elle rit on sait plus trop, les murs ça tourne elle dit, tu la regarde vautrée dans ce canapé, et tu te dis combien de mètres, combien pour aller sonner chez l'autre sur le boulevard à côté. Je suis capable de tout. Je vais dans la cuisine, j'ouvre le frigo toutes ces bières qui te tendent leur goulots, toutes ces bouteilles qui t'appellent, tu ris bêtement, tu souris tu as envie de pleurer. Ton esprit s'envole, il reste plus que ça, ton corps débouche une bouteille, l'amène à la fille vautrée, mais ton esprit est ailleurs, tu attends qu'elle dorme plus tard tu t'en vas et tu te retrouves au bord du canal. Tu marche, tu longes, tu te dis pourquoi elle m'appelle pas elle avait dit qu'elle m'appellerait, une mélopée dans la tête, il est minuit, tu serais ivre tu irais tu serais ivre tu serais normal, tu voudrais qu'elle appelle. Juste pour te donner raison. Alors dans le métro tu parles tu pense aux mots d'une autre, à cet échange virtuel, tu penses que tu aimerais faire comme elle, parler avec les mots des autres c'est ça la liberté, c'est à ça qu'il faudrait arriver, tu voudrais lui parler comme elle te parle, mais tu n'y arrive pas, tu n'as pas la légèreté suffisante. Trop lourd, tu as toujours été un peu trop lourd. Tu veux que je te dise boire c’est plus possible, boire, sortir, plus vite, plus vite, ces éléments disparates qui se regroupent tu veux que je te dise pas possible, le corps à l’agonie les respirations par la bouche à la recherche de l’air, la langue qui happe l’air en pleine nuit à la recherche de la fraîcheur et les jambes mêmes pas le courage de se lever pour aller chercher de l’eau tu veux que je te dise pas possible tout ça et toi qui y retourne encore et plus vite et toi l’agonie ça te plait on dirait mais c’est plus possible. C'est donc ainsi que les choses se passent dans ta tête ? Tu aimerais retrouver cette légèreté, tu aimerais tant, tu aimerais effacer les fantômes, les ombres tutélaires, tout ceux auxquels tu penses chaque jour. Chaque matin, effacer la photo des morts sur le tableau, chaque matin s'ébrouer gaiement comme pour se secouer des cauchemars de la nuit, chaque matin tu nettoies ton cerveau des scories qui parsèment ton corps. Dans la chambre verte de ton existence, ils sont tous la, à te regarder, te regarder t'échouer, tomber, pleurer. Tu pleures chaque jour, les larmes dans ton cœur, les larmes de ton cerveau, chaque jour la maison des morts de ton existence se doit d'être aérée. Pourquoi tu ne peux pas vivre pour toi, comme si tu refusais de laisser les morts sur le côté, comme si la lumière de ta propre existence pouvait les faire disparaître. Tu devrais brûler la maison des morts, tu devrais évacuer tout ces cadavres, tout ces visages tu devrais les oublier un peu. Mais tu n'arrives pas tu y reviens toujours tu ne comprends pas que les vivants ne veulent pas de tes souvenirs, tu ne comprends pas que les lèvres qui se tendent ne veulent pas partager tes propres images et souvenirs de détresse. Les fantômes de ton existence, ils sont la près de toi, ils sont lourds, ils sont comme des boulets mais toi tu continues de les soigner, de les garder et tu en accueilles même des nouveaux régulièrement. Tu empiles les morts comme des souvenirs de ton existence. Ta petite troupe de fantômes. Il serait tant tu ne crois pas ? Il serait tant que tu vives pour toi, et plus dans le souvenir rance, dans le souvenir des autres. Ça peut s'apprendre ces choses là. Vivre n'est pas la pire des choses après tout. Par contre vas-y plus doucement, la prochaine fille qui te tends la main, tu n'es pas obligé de lui arracher tout le bras. Pas tout de suite. Ma vie est miel. Ma vie m'attache, me colle, est un peu écœurante parfois. Ma vie est miel, je suis ta tartine, tu m'émiettes, tu me donnes vie. Tu me dissous dans le rhum, tu préfères le grog, à cause de l'alcool sans doute. Ma vie est mienne. Ce sera toujours ainsi. Je ne parviendrais jamais à la partager je crois. Ma vie est miel, tu m'as étalé, je ne serais plus jamais le même. Le troisième lieu, une table de neuf, 8 filles et moi, ma vie est miel. Bon ultra majorité de lesbienne, hein, on se calme. Ma vie est foie gras, je suis ta confiture aux airelles. Une pinte, deux pintes, trois pintes, et l'ivresse qui ne vient pas. C'est sans doute cette impression de foncer tête baissé dans le mur, j'ai plus trop d'appétence pour l'alcool. J'ai envie de me voir tomber, juste pour la beauté du geste. Des rires en cascades, No est complètement bourré, puis peu à peu, son ivresse se transmet, aux unes et aux autres, je vois les lumières qui explosent en feu d'artifices multicolores dans leurs yeux enivrés. Hell me dit je crois que fille du canal c'est mort pour toi, elle hausse les épaules après que je lui ai dit je crois que tout le monde c'est mort pour moi. Ben t'as jamais de projets d'avenir elle me dit, les filles elles ont besoin de projets d'avenir, pas de vivre dans l'abominable présent. Ma vie est miel, je dis à ma belle So, je lui raconte des blagues juste pour entendre son rire hallucinant, je lui dis tes dents sont si belles, tu te rends compte que je suis africaine me dit ma belle So, tu t'en rends compte dis, que je suis toute noire et que la blancheur de mes dents fait contraste avec ma peau. T'es tellement déphasé elle dit je t'aime tellement pour ça. Ma vie est cacao, tu seras le lait qui me noiera. Mon pseudo fils m'appelle quand je suis dehors, un piercing à l'arcade tu crois que ça fait mal il me demande ? En tout cas je veux ça pour noël. Je t'ai donné mon ordinateur portable je lui dis. C'était pour mon anniversaire, il dit sans se démonter. Ma vie est ruine, j'ai même pas d'enfants et mes enfants virtuels me foutent déjà sur la paille. Je suis dans la rue, j'ai envie de courir, il fait un froid qui vous glace le sang mais je ne sens plus rien, je n'ai plus froid, je n'ai plus soif, je n'ai plus faim. Juste envie de me perdre encore un peu, encore un peu plus. Ma vie est lèvre. Elle est gercée."

L'homme arrête le mouvement mécanique de ses doigts qui frôlent l'ordinateur portable. Il prend sa tasse de café et va se poster près de la fenêtre. Il est 8 heures du matin, et il regarde la rue des pyrénées, c'est jeudi, c'est jour de marché, il pourrait peut-être descendre acheter des fruits.

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342 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au dernier étage de l'immeuble assez moche qui se trouve au 342 rue des pyrénées, un peu en retrait de la rue, au dernier étage donc, une femme laisse courir un couteau sur la paume de sa main, comme pour souffrir et se donner l'impression d'exister. Au premier étage de l'immeuble du 342 rue des pyrénées, un homme lit un livre de joey goebbel qui a pour titre blue gene, le livre est posé sur la table de son petit deux pièces, il y a un verre de vin rouge posé aussi sur la table, il se dit que c'est un grand écrivain, il se souvient comme il adorait le précèdent livre de goebbel, torturez l'artiste. Une petite fille pleure au troisième étage du 342 rue des pyrénées, elle ne sait pas trop pourquoi, peut-être qu'elle est fatiguée, peut-être qu'elle est triste d'être toute seule a la maison, peut-être qu'elle voudrait sa mère a la maison, peut-être qu'elle voudrait son père a la maison. Au rez-de-chaussée de l'immeuble du 342 rue des pyrénées, un homme passe la serpillère dans l'entrée, il est payé pour ça, il ne cherche pas a comprendre pourquoi il est ici a faire le ménage alors que dans son pays il était dentiste, mais il se dit qu'il est plus heureux ici, même s'il souffre de l'exil, il aime a penser que sa vie n'est pas une ligne qui ne dévie jamais, parfois il est triste, parfois pas. Une vieille femme prend ses pilules dans un appartement du 342 rue des pyrénées, elle ne sait pas si elle sera toujours en vie a la fin de l'année, elle se rend bien compte que le cancer la ronge, elle ne sait pas si elle veut s'accrocher a la vie, elle ne croit pas qu'elle en ait tellement envie. Un homme verse le vin blanc dans le verre a pied pour noyer la liqueur de pêche, il enquille les kirs dans un petit studio au troisième étage du 342 rue des pyrénées, il aimerait que le jour ne commence jamais, ne finisse jamais, il aimerait que sa vie ne soit plus la même, il aurait aimé que tout cela ne commence jamais, comme si toute sa vie n'avait été qu'un rêve, comme si toute sa vie ne pouvait plus être un rêve. Un homme boit des kirs pour oublier ce qu'il n'est pas, un homme boit des kirs.

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343 Rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

On s'est un peu emballé me dit l'inspecteur, c'est un taré qui frappe sa femme mais je crois pas que ce soit ton type. Commissaire vient me dire un type en civil, je suis pas commissaire je suis capitaine je lui réponds, pourquoi tout le monde vous appelle commissaire il embraye ce con, je hausse les épaules parce que c'est une longue et pénible histoire et que je ne vais pas la raconter maintenant. Tu veux quoi je demande au collègue de la maison poulaga. Capitaine, vous souhaitez voir le gars avant qu'on l'embarque ? Il est dans la pièce a côté. J'entends la sirène des pompiers qui s'éloigne, sans doute en direction de l'hôpital tenon à moins que ce soit en sens inverse vers Lariboisière. Elle va s'en sortir ? je demande a l'inspecteur. Pas sûr, il réponds, hémorragie interne. Je vais dans la pièce ou le type a les menottes aux poignets et est assis sur une chaise, encadré par deux flics en uniforme. Vous êtes le mari ? je demande. Il hoche la tête et me regarde presque avec un air de défi et j'ai bien envie de lui fracasser la gueule a coups de poings mais je prends sur moi comme chaque fois et je me dis qu'il faut absolument que je retourne a la piscine Pailleron aligner les longueurs pour canaliser la fureur qui m’imprègne depuis quelques temps. Je sors de la pièce. Il y a un sacré bordel dans l'appartement et je ne crois absolument pas que le demeuré qui est dans la pièce d'à coté puisse être le meurtrier de louise. Vérifiez son alibi mais je suis presque sur que ce n'est pas lui je glisse a l'inspecteur. Je sors du 345 rue des pyrénées et je franchis le petit groupe de badauds qui semble attendre comme pour faire signer des autographes aux vedettes a la sortie d'un spectacle. Je m'allume une cigarette devant le 343, je me souviens qu'il y a quelques années, c'est juste ici ou au 341 peut-être qu'un représentant des tigres tamoul s'est fait assassiné. Il y a un sit-in chaque année place du guigner juste en face. Je me demande pourquoi le 343 rue des pyrénées me parle. Une vieille affaire sans doute. Le type qui a frappé sa femme a mort sort encadré par des policiers en tenue. Ils l'emmènent ensuite en voiture vers le commissariat du vingtième juste avant la place gambetta. L'inspecteur sort de l'immeuble et vient me rejoindre devant le 343 de la rue des pyrénées. Ce type est un connard, c'est clair, il a fracassé sa femme et il n'a pas appelé les secours, ce sont les voisins qui nous ont prévenus, il m'explique. Je me demande si elle va s'en sortir et même dans ce cas-là, je ne suis pas du tout sur qu'elle porte plainte. Ce gars va s'en sortir si ça se trouve. Je regarde au loin. Ces gars la s'en sortent toujours d'une certaine façon. Je regarde au loin vers le bout de la rue des pyrénées, il souffle un peu de vent, alors que le ciel anthracite se pare d'un léger voile de gris, je pense a louise, je pense a sa mère, je pense a son assassin. Je décline l'offre de l'inspecteur de me ramener au commissariat et je me dirige vers l'appartement de la jeune fille assassinée dans la rue des pyrénées couleur sang.

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344 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

Dans l'immeuble assez moche du 344 rue des pyrénées, juste au-dessus du garage qui fait le contrôle technique, dans cet immeuble assez moche, un homme pose deux petits verres a pied et dit on va se boire un communard. Il verse d'abord la crème de cassis puis ensuite le vin rouge. Ils trinquent, allez a la tienne marcel, l'autre rigole de cette vieille blague éculée qui fait référence a une station de métro de paris. Qui est aussi une rue. Faut pas croire les médecins dit l'homme qui habite là, seul, depuis que sa femme est morte, faut pas croire tout ce qu'ils disent. L'autre homme, celui qui habite un peu plus loin dans la rue, en fait juste dans l'immeuble à côté, hausse les épaules. Non cette fois c'est fini, je vais devenir aveugle. Il vide son verre, le communard pense t'il, voilà une boisson qui va disparaître, c'est pas une boisson pour les jeunes, c'est pas une de ces conneries de cocktail raffiné que boivent les gens d'aujourd'hui, le communard va disparaître, comme les communards ont disparus, combien sont morts sur la barrière qui se trouvait a ce qui est maintenant l'angle pyrénées-ménilmontant ? Une centaine ? Le type qui habite ici, dit que ça l'empêchera pas de boire, et il rempli les verres de cassis et de vin rouge. Je pourrais t'aider si vraiment tu vois plus grand-chose. A mon âge pense l'homme qui va perdre la vue, à mon âge tu crois que je vais apprendre a me servir d'une canne blanche, lire en braille, tout ces machins pour ceux qui voient que tchi, tu crois vraiment que je vais apprendre tout cela a soixante-dix piges ? Ils trinquent. Tu as entendu cette histoire de cette pauvre gamine assassinée juste en face demande celui qui y verra encore dans quelques années quand son ami sera devenu aveugle. Oué répond celui qui va devenir aveugle, ils sont venus habillés comme des cosmonautes pour trouver des traces. Ils boivent en silence leur deuxième communard, le jour un peu gris s'éteint tout doucement rue des pyrénées, ils se mettent tout les deux a la fenêtre pour regarder ce qui se passe en entendant une voiture de police, puis une ambulance et une voiture de pompier passer dans un fatras de sirène, et continuer leur route après le virage au niveau de la rue du jourdain. Ils ne voient donc pas les voitures qui s'arrêtent devant le 345 qui est hors de leur vue. Et ils retournent s'asseoir a leur table recouverte d'une toile cirée. Un petit dernier propose celui qui y verra encore. Un petit dernier ?

 

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345 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Dans l'immeuble du 345 rue des pyrénées, une femme prend un coup de poing dans le ventre. Elle se met a hurler. Elle n'en peut plus, ne veut plus que ça continue. L'homme lui hurle des mots terribles dans les oreilles, sale conne, il lui donne des coups de pied. Espèce de sale pute je vais te tuer, il répète. Dans un appartement de l'immeuble du 345 rue des pyrénées, une femme se prend des coups parce que son mari n'est pas content. C'est la violence ordinaire des jours ordinaires. Personne n'entends, elle a tue ses hurlements, elle ne veut pas que les policiers reviennent, elle ne veut pas leur dire que ce n'est pas de sa faute, elle ne veut pas aller aux urgences, elle ne veut pas se retrouver face aux condés qui lui disent qu'elle doit porter plainte, elle pense a ses enfants qui ne sont pas la ce soir heureusement, elle se dit que ce n'est pas de sa faute s'il la frappe, il fait comme son père avant, et comme peut-être son grand-père avant lui. Elle sent qu'il se calme, il n'a pas tellement bu, peut-être que bientôt il va pleurer et s'excuser, elle lui dira que ce n'est pas de sa faute, elle lui pardonnera, les coups, elle lui pardonnera tout. Il s'est arrêté, il a posé son grand corps dans un fauteuil, elle l'entend qui reprend son souffle. Elle sent le carrelage froid contre sa joue, elle ressent le goût du sang sur sa langue. Elle n'arrive plus a bouger, c'est comme si tout son corps semblait tétanisé, comme si tout son corps s'échappait, elle essaie de bouger mais elle n'y parvient pas. Elle ressent une drôle de douleur, elle a du mal a respirer elle se dit qu'elle a peut-être une côte de cassée. Elle l'entend qui dit allez relève toi, arrête ton cinéma, mais elle sent bien qu'elle ne va pas y arriver. Elle a du mal a bouger ses bras et ses jambes, elle voit du sang qui s'écoule de sa bouche.et qui peu a peu provoque une flaque sur le sol de la cuisine. Elle aimerait se lever pour lui faire plaisir, pour reprendre le cours d'une soirée normale, les enfants ne sont pas la, elle pourrait en profiter pour lui préparer son plat préféré, pour ouvrir une bouteille de vin et n'en boire qu'un verre, elle aimerait que ce soit une belle soirée. Il oublierait ses problèmes, elle oublierait sa folie. Mais elle n'arrive pas a se lever, elle ne parvient pas a se relever, elle aimerait bien, mais elle n'y arrive pas. Elle a l'impression qu'elle s'échappe de son corps alors qu'elle a de plus en plus froid. Mais qu'est ce que tu fous il lui demande. Elle n'entends plus, elle ne voit plus rien. Le sang continue de couler. Elle n'entends plus, elle ne voit plus. Il semble se lever. Elle...

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346 bis rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au troisième étage de l'immeuble qui se trouve au 346 bis rue des Pyrénées, une femme dépose une religieuse au chocolat qu'elle vient d'acheter a la boulangerie juste en bas de l'immeuble, l'enfant qui est assis dans la cuisine pour faire ses devoirs, ouvre le paquet en souriant. La femme qui est la mère de l'enfant jette un regard interrogatif a son mari et celui-ci réponds oui il a bien travaillé, il mérite une petite récompense. L'enfant applaudit et découvre la religieuse, énorme, dont la pâte a chou a du mal a retenir la crème pâtissière au chocolat prête a déborder. Au quatrième étage de l'immeuble du 346 bis rue des Pyrénées, un homme débouche une bouteille de vin de la journée. Il est un peu plus de 16 heures et il revient du café du métro ou il a mangé du chou farci puis une charlotte aux poires, il se demande en ricanant de désespoir pendant combien de temps il pourra encore faire ce simple geste. Ouvrir une bouteille de vin. Le matin, avant le restaurant, le médecin lui a dis que ça semblait inéluctable mais n'a pas su lui dire le temps qui lui restait. Il doit appeler a l'hôpital qui est près de bastille, comment ça s'appelle déjà, les quinze-vingt, pour prendre un rendez-vous. L'enfant plante sa cuillère dans la boule supérieure de la religieuse, il ramasse avec le doigt la crème pâtissière au chocolat qui s'est répandu sur l'assiette. Il est soulagé d'avoir terminé les exercices pour lundi, il avait surtout du calcul, son père l'a bien aidé, ils ont prix des noix pour compter, ajouter, soustraire. Il est soucieux depuis quelques temps, il a sans doute vu une chose qu'il n'aurait pas du voir et il se demande s'il doit en parler. Et a qui ? Il doit demander conseil a un copain de sa classe, ou peut-être a sa maîtresse ? Au quatrième étage, l'homme boit une une gorgée de vin rouge. C'est une affaire de mois lui a dis le médecin, c'est une maladie dégénérative et sa vision va peu à peu disparaître. Il devrait peut-être aller dans un des pays ou il rêvait d'aller, il devrait peut-être aller voir une dernière fois les gens qu'il ne verra sans doute plus jamais. Il pense a une femme en particulier. L'enfant a vu son père embrasser une autre femme, l'autre jour dans la rue, de manière très furtive, il ne sait pas s'il doit le dire a sa mère. Il n'a pas envie que ses parents divorcent, il est un des seuls de sa classe dont les parents vivent encore ensemble et il n'a pas très envie qu'ils se séparent a leur tour. Sa mère lui donne une lettre, monte la au gentil monsieur du dessus elle dit a son fils, il y avait cette lettre dans notre courrier et c'est pour lui. L'homme se lève pour aller ouvrir la porte après qu'il ait entendu toquer, il ouvre la porte et c'est le petit garçon du dessous dont la mère est si charmante. Je suis content de te voir dit le monsieur au jeune garçon qui sourit alors que l'homme se rend compte que bientôt il ne verra plus. Il y avait cette lettre dans notre courrier dit le petit garçon. L'homme réfléchit a ce qu'il pourrait donner a l'enfant mais il n'a jamais de bonbons chez lui et encore moins de jouet. Merci dit le monsieur, je suis content de t'avoir vu, dit il en se rendant compte que bientôt il ne pourra plus rien voir. Attends un instant, il fouille dans sa poche de pantalon et trouve une pièce de 2 euros qu'il donne a l'enfant. Tiens tu t'achèteras ce qui te fait plaisir. Il regarde le sourire de l'enfant puis le voir descendre les escaliers et l'entends entrer chez lui. Il referme sa porte en essayant de garder chaque image, pour s'en souvenir quand il ne verra plus. Pour se souvenir.

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