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180 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Louise. Je gare ma voiture en face du 180 de la rue des pyrénées, juste avant le pont qui surplombe la rue. Il n'y a bien évidemment pas une place mais je monte a moitié sur le trottoir car je ne vais pas traîner et puis c'est un endroit un peu curieux, un peu désert, la nuit par ici on pourrait se croire dans un endroit paumé. Louise. Louise et encore louise. Pas passé une bonne nuit depuis des siècles. Depuis des mois que louise est morte. Je n'ai plus aucune information de l'enquête sur son meurtre, je suis mis de côté. Je me demande si d'ailleurs, ils ont des nouveaux éléments. 6 mois que louise a été retrouvé assassinée. Je monte les escaliers et je sonne a la porte. Une femme de mon âge ouvre la porte. J'explique que je suis policier et que j'ai rendez-vous pour une fermeture de cercueil. Bordel, c'est quoi ces putains de corvées. Voilà ou j'en suis. Me rendre avec un huissier et une serrurier ouvrir les portes chez des cons qui n'ont pas payés je ne sais quelle connerie, et apposer de la cire sur un cercueil, des fois qu'un débile se glisse entre 4 planches pour se faire enterrer vivant. Métier a la con. Les gamins croit que policier c'est comme dans les feuilletons, avec des enquêtes haletantes et des suspects très intelligents. Mon cul. Des débiles ivres morts qui fracassent leur femme, des crétins jaloux, des abrutis qui se prennent pour des lumières, des rapports a la con, des enquêtes sur des chats disparus et des casses de 50 balles. Métier a la con. Louise. Ou es-tu ? J'appose le cachet dans la cire chauffée pendant que des pleurs retentissent et que le croque-mort me regarde avec l'air d'un type qui fait de la rétention anale. Cette fois il est vraiment mort, décrète un type qui a une pure tête de vainqueur comme dirait l'autre, tu sais le gars qui dans tout les repas de famille se place au-dessus de la mêlée car lui il comprends tout sur tout et on la lui fait pas. Un prof de fac qui serait membre de la france insoumise, je ricane intérieurement. Louise bordel. Louise. Tu es morte et tu ne m'entends pas. J'ai baisé ta mère, mais recluse dans la douleur de ta perte, elle n'a pas voulu prolonger nos ébats un peu glauque. J'ai rencontré tout tes amis, enfin les quelques connaissances auxquelles tu confiais un peu de ta vie. Je reprends ma voiture et je repars pour le commissariat voir les têtes de cons qui le peuple. Louise, je cherche toujours ton meurtrier, je cherche toujours.

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181 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 181 de la rue des pyrénées, l'immeuble qui est juste à côté de ce magasin qui s'appelle un air de clope, au second étage donc, un homme commence a écrire un article, A la fin du festival, de ce petit festival ou seul une vingtaine de groupes jouent, on se dit que l'on a vu un paquet de groupes que l'on aime pas, et puis assez vite, on se remémore les bons moments, le festival se déroule sur une surface restreinte, un corps de ferme, deux scènes en alternance ce qui permet de voir toute la programmation. Autant le dire, c'est le groupe hypercult qui nous a tous emballé, le duo suisse batterie-contrebasse, et l'on retrouve derrière les fûts, simone aubert qui était venu avec le quatuor féminin massicot en 2016 ou elle officie a la guitare.  Au 181 de la rue des pyrénées, dans un appartement sur cour du rez de chaussée,  un homme ouvre les yeux, il fait un rapide audit de son corps et de son âme. Il a trop bu la veille, bien trop bu, il avait envie de chatte, il avait bougrement envie de bouffer de la chatte. Il a mal au crâne, il a bu, il a tellement bu, encore et encore. Il est en train de se suicider, il se dit. Lentement, à l'alcool. Il voulait bouffer de la chatte. Il se sent un peu pathétique. Résultat, il est seul. Il entends des bruits, bordel il se dit c'est bien ce bruit qui l'a réveillé, quelqu'un est en train de vomir dans sa salle de bains. Au 181 de la rue des pyrénées, dans un appartement du quatrième étage, un vieil homme se tient droit dans un vieux fauteuil. Il écoute la pluie qui tombe sur le balcon, il entends le bruit de la rue, il se sent encore vivant, il ne sait pas si ça va durer longtemps, mais il se sait encore vivant. Il aimerait entendre son souffle, il aimerait étendre ses bras et serrer dans ses bras celle qui fut l'amour de sa vie, même si ça n'a pas duré très longtemps, il aimerait la revoir encore une fois. Une dernière fois. Au 181 de la rue des pyrénées, un homme pose des questions a un autre. Il y a un enregistreur sur la table. Je pourrais vous citer pleins d'auteurs apparus ces derniers temps. J'ai envie de dire emily st john mandel. L'émotion dans le polar. Si on parle de son dernier opus, j'ai même envie de dire l'émotion dans la science fiction. Vous savez, sans vouloir pontifier, ce qu'écrit shakespeare dans la tempête, le passé est un prologue. Saint john mandel n'écrit pas du polar, il n'y a pas vraiment de meurtres dans ses bouquins, juste de l'absence, juste des disparitions. Devant le 181 de la rue des pyrénées, un homme marche en direction de la rue de bagnolet, il erre dans le quartier, comme on pourrait errer, comme on aimerait errer. Tout au long de notre vie. L'homme est épuisé, par le rien, par le tout, par la vie. Il se récite du baudelaire, sois sage ô ma douleur, et tiens toi plus tranquille. Il se récite du baudelaire alors qu'il passe devant le 181 de la rue des pyrénées.

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182 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 182 rue des pyrénées, je me demande quoi préparer pour l'enfant. Il faudrait que j'arrête d'appeler l'enfant, l'enfant. Je regarde ma nouvelle cuisine et j'ouvre mon nouveau frigo et je prends le sachet de feuille d'épinard. Je vais lui faire sa salade préférée a l'enfant. Ma fille apparait dans mon champs de vision et s’assied sur un des tabourets du bar. Je dépose les feuilles d'épinard dans le fond du saladier, et je regarde ma fille, et comme chaque jour de ma vie je suis émerveillé de sa ressemblance avec sa mère. Quand elle était plus petite, l'enfant escaladait le tabouret et me demandait de lui parler de sa mère. Je lui disais qu'elle était belle, je lui disais elle est aussi belle que toi, je lui disais tu es aussi belle qu'elle, l'enfant souriait, l'enfant battait des mains. Tu veux quoi ma chérie, je demande a ma fille, elle fait une moue, comme faisait sa mère, elle fait la moue, elle dit qu'elle n'a pas faim, comme disait sa mère. Papa, commence ma fille, papa je veux qu'on sorte ce soir. Je suspends mes gestes, je dépose mes mains sur le plan de travail de la cuisine, et puis je repose l'avocat que j'allais m'apprêter a couper, et je repose mes bras et mes mains, et je demande a ma fille ou elle veut aller manger. Papa, elle me dit, et je lève mes yeux et je regarde le plus bel enfant du monde, et je regarde la plus belle fille du monde, et je plante mes yeux dans les siens et je sais que le jour est arrivé, je sais qu'un de ces jours est arrivé, ce n'est pas le premier ni le dernier, mais un de ces jours est arrivé. Papa, je veux qu'on aille a la mer a boire et je veux prendre cette boisson que maman aimait tant. C'est pas la mer a boire, ça s'appelle le o paris maintenant. Il y a tellement de siècle que je n'ai pas été là-bas, je dis a ma fille, que si ça se trouve ça vient encore de changer de nom, c'est peut-être le mont piat ou je ne sais comment. Papa, me dit ma fille, ça s'appelle le O paris et on sert toujours la boisson de maman. Je dépose le saladier dans le frigo, la salade est foutue mais j'ai pas envie de la jeter. Tu sais que je n'ai jamais remis les pieds à la mer a boire depuis que ta mère est partie je dis a ma fille. Ma fille lève les yeux au ciel, sans doute pour la première fois de ma vie, ma fille lève les yeux au ciel. Papa, tu passes devant ce rade depuis des années et le patron te demande depuis des années pourquoi tu ne viens plus, et toi tu lui racontes n'importe quoi, le type croit que tu es fou. Je vais ouvrir la bouche quand ma fille me devance en imitant ma voix. Mais ta mère n'aimait pas le patron donc je ne l'aime pas non plus. Et je me suis juré que je n'irais jamais sans ta mère. Ma fille reprend sa propre voix. Papa je veux y aller avec toi et je veux y aller ce soir. Je passe par la salle de bains, je pleure en peu sous la douche, non en fait je pleure beaucoup. Puis je m'habille, j'enfile mon costume mad men comme dirait ma fille, un costard noir et une chemise blanche, je dépose ma casquette sur mon crâne et j'enfile mes docks grenat pour la touche de couleur. Je suis au bord des larmes tout le chemin, ma fille tient mon bras, on passe devant la maison bleue et ma fille tient mon bras, on descend les escaliers et ma fille tient mon bras, je suis au bord des larmes car ma fille chante a mon bras, comme sa mère le faisait. Elle ne connait pas ce détail ou peut-être que si, je ne sais plus trop. Je l'ai trop enfermé dans le souvenir de sa mère je me dis, j'ai tellement voulu qu'elle connaisse sa mère que je l'ai écrasé avec ce souvenir. On remonte la rue des envierges, je te vois courir après les pigeons, on remonte la rue des envierges, notre fille me tient le bras, on remonte la rue des envierges tu me dis que tu veux aller voir la tour eiffel depuis le belvédère, on remonte la rue des envierges. Notre fille me tient le bras. Notre fille me tient le bras.

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