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116 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Nous sortons par le 116 de la rue des pyrénées, la sortie de secours, le garage du foyer d'accueil pour handicapé. Depuis le décès du gars quelques jours auparavant, je suis resté a glander des heures, a interroger, les résidents récupérer les caméras, enfin les bandes des caméras dont la moitié ne semblent pas fonctionner. J'ai regardé le cadavre, je connaissais vaguement le type. Les cowboys du quai des orfévres sont arrivés, pour eux, j'ai merdé sur l'assassinat de louise, ce second meurtre au couteau, puisqu'il s'agit probablement du même meurtrier va leur permettre de nous montrer leur grand professionalisme a ces trous du cul. C'est un peu triste pour ce type mais son assassinat n'est pour tout le monde qu'une occasion de relancer l'enquête sur le meurtre de louise.  J'ai appelé sa mère pour la prévenir que les connards en jean moule bite qui ont trop regardé starsky et hutch vont venir la voir pour lui indiquer qu'un meurtre analogue a celui de sa fille a eu lieu. Elle ne dira pas que je l'ai prévenu, les gars me tueraient. J'ai un peu lu le dossier du mort, c'est une histoire banale et vaguement triste. Une histoire triste et vaguement banale. J'ai rêvé de louise la nuit dernière, comme si la mort du pauvre gus n'était là que pour me rappeler la mort de louise. Son assassinat. J'ai senti l'odeur de louise, je lui ai parlé la nuit dernière, j'ai senti son corps contre le mien, ou alors ce n'était pas la réalité. Ce n'était sans doute pas la réalité.

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117 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

 

Depuis sa fenêtre de la chambre de son appartement du 117 de la rue des pyrénées, une femme regarde le ballet des ambulances et des voitures de flics. Il a du se passer quelque chose en face. Elle le sauraa un peu plus tard, par une connaissance ou un commerçant du quartier. Les résultats ne sont pas bons lui a dit le médecin. J'ai 80 ans elle a répondu au jeune et beau type en blouse blanche, les nouvelles ne seront plus jamais vraiment bonnes. Il a du se passer quelque chose au foyer en face, chez les précaires alcooliques comme dit sa fille avec mépris. Elle doit confondre avec le débile qui lui sert de mari pense la vieille femme. Ce sont des gens un peu handicapés, ils sont souvent gentils, elle en connait quelques uns de vue a force de les croiser.  Dans un appartement du 117 de la rue des pyrénées, une jeune fille rentre chez son père, il est assis en train de d'écouter de la musique classique, du erik satie.  Avec l'âge c'est musique classique ou punk. Comment va mon vieux père, elle demande avant de se pencher et de l'embrasser. Comme le temps, réponds celui-ci, ton père est toujours un peu pluvieux. Elle alterne chez ses parents, 15 jours chez l'un et 15 jours chez l'autre. Quant elle était plus jeune, c'était une semaine chez l'un puis chez l'autre. Elle sait que ses parents sont contents quand elle est chez eux, mais elle est persuadé qu'ils ressentent une forme de soulagement quand elle va chez l'autre. Elle se demande parfois, si ses sentiments sont identiques. Elle ne sait pas. Elle parle cinéma avec sa mère et littérature avec son père, c'est tout ce qu'elle pourrait répondre a quelqu'un qui lui demanderait quel est la différence entre ses deux parents. La vieille femme, lâche le rideau et détourne le regard de la rue. Les nouvelles ne sont pas bonnes, elle ne dira pas a sa fille quand celle-ci lui demandera comment s'est passé la consultation chez le médecin. Elle se demande s'il faut continuer de s'accrocher a la vie alors que la fin est proche, repousser une fois de plus l'échéance, est-ce vraiment nécessaire ? Le jeune et beau médecin lui a parlé de quelques mois, peut-être un peu plus. Elle voudrait en finir rapidement, c'était un peu grandiloquent mais elle aurait pu se jeter par la fenêtre pendant que les secours étaient en face de chez elle, ils auraient pu l'emmer a la morgue pendant qu'ils étaient dans le secteur,  et puis elle a pensé que se jeter du troisième étage c'était peut-être un peu juste pour mourir. Un tout petit juste. Aujourd'hui, je me suis couvert de ridicule en cours de littérature pour soutenir mon vieux daron, elle explique a celui-ci, après avoir pris une canette dans le réfrigérateur. On parlait de science fiction, tu sais dans mon cours que je fais en plus, pour arriver a mes fins, aux études que je veux. Enfin bref, je sais que tu ne comprends rien a mes études et mes options, donc comme tout le monde citait philippe k dick et d'autres, j'ai expliqué que je n'avais pas lu beaucoup de science fiction récemment, hormis édouard louis. Tu as dis ça ? demande son père en lâchant le journal le monde et l'article sur la situation en syrie. Tu dis toujours que doudou écrit de la science fiction elle répond. En fait c'est de la littérature répond son père, a mon sens de la mauvaise littérature, mais il écrit ce qu'il veut. J'appelle ça de la science fiction car il croit vraiment que ce qu'il écrit est la réalité. Et seul mon papa connaît la vie du doudou et celle de sa famille ironise sa fille. Celle de son père, oui, répond l'homme un peu outragé. La vieille dame voit l'image de sa fille et du crétin qui lui sert de mari vider son appartement quand elle sera morte. Les deux idiots qui se prennent pour des génies qui lui font office de petit-enfants viendront renifler l'odeur de l'argent. Ils pourront tout se partager, ou tout vendre, elle s'en fout elle sera morte. Elle remarque que depuis quelques temps, on ne dit plus que les gens sont  morts, on dit qu'ils sont partis.  L'autre fois chez le boucher, il y a eu un quiproquo, elle croyait la vieille cinglée du 132 qui se prenait pour une duchesse était parti quelque part, en vacances, non en fait elle a déménagé au père lachaise. C'est ce qui va bientôt lui arriver, elle se dit, elle va partir, elle aussi, direction crématorium et on va cramer son squelette. Une petite boîte avec les cendres du cercueil et on en parle plus. Elle sera morte. Elle se demande si sa fille dira qu'elle est partie. Ma jeune enfant, dit le père a sa fille, quand tu seras a normale sup ou a sciences po, je t'avoue que je n'ai toujours pas compris ou tu vas aller, tu ne diras pas de mal d'édouard louis. C'est un sacrilège ! Mais non papa, je veux faire une préparation a khâgne et hypokhâgne. Au fond j'ai de la chance, elle reprend, j'ai le seul père qui pense que le bac ça ne sert a rien et que les études c'est débile. Tu m'enlève la pression que m'inflige ma mère. Le père rigole, il regarde l'heure, il est peut-être bien l'heure de boire un verre, oui il est vraiment temps de boire un verre 

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118 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je repère le 118 de la rue des pyrénées, c'est un immeuble hyper moche qui fait l'angle avec la rue de vitruve. Un immeuble moche, d'une couleur moche, d'une architecture moche, avec des sortes de hublot partout. J'avais jamais fait gaffe comme c'était moche. Je me gare juste en face devant la grande pharmacie. Camion de pompiers, car de police, c'est la grosse artillerie. Je salue le planton qui filtre les endroits. Boris m'attends, et me dit de le suivre. C'est quoi cet endroit moche je lui demande dans l'ascenseur. Un lieu de vie pour handicapé il explique, un genre de centre d'information, mais aussi un centre d'hébergement avec des appartements. On sort de l'ascenseur et on arrive dans l'appartement du mort. Ce dernier ne nous a pas attendu et est partir pour l'institut médico légal quai de la rapée. L'appartement. Beaucoup de sang. On reste sur le seuil pendant que les gens de la scientifique amassent des preuves. C'est un meurtre, me dit boris, le problème c'est le passage continuel, les résidents passent leur temps a se recevoir les uns et les autres, ça va être un sacré bordel au niveau empreintes et adn. Louise, je vois le visage de louise. Putain je dis, c'est le second meurtre rue des pyrénées en moins de 3 mois. Justement dit boris, le doc dit que sur les premières constatations il y aurait des points communs avec le meurtre de la gamine il y a quelques semaines. Louise, je lâche. Oui c'est ça, réponds boris, louise. Comment ça des points communs ? je demande. Ecoute, elle a juste dit c'est curieux il y a des points communs, je ne peux pas t'en dire plus. Et la victime ? Un gars qui trainait dans le quartier, un précaire alcoolique comme qui dirait, un gars pas méchant, qui vivait de son allocation adulte handicapé et qui vivait ici. Il me montre une photo du mort. Je le connais je dis, il était toujours a traîner dans le quartier. J'ai toujours cru que c'était un sdf. Il était tout le temps a gambetta. Boris me regarde avec curiosité comme s'il trouvait incongru que je connaisse ce type. Il faisait la manche devant la poste de la place gambetta, je lui explique, il m'a déjà taxé des clopes, tu sais le commissarait est juste en face. J'allume une sèche en sortant, une vieille qui campe sur le trottoir me demande si c'est vrai que quelqu'un est mort assassiné. Le même meurtrier que louise ? Je m'installe dans la voiture tout en tirant sur ma cigarette. Quel rapport entre louise et ce type, hormis le quartier. Allez voir la mère de louise, lui demander si sa fille avait un ami handicapé. Allez voir la mère de louise.

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119 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 119 de la rue des pyrénées, un homme boit un gin-tonic dans un appartement situé au troisième étage, son mari assis dans le canapé a peu près en face de lui sirote un bourbon. Je dois encore écrire un article sur les séries, dit l'homme a son mari. Normal, répond celui-ci, tu es l'un des meilleurs spécialiste des séries télévisés en france. Cette fois-ci, reprend le premier, je vais écrire une étude sur la tenue d'une série sur la durée. J'ai remarqué que les séries dont les premières saisons sont très puissantes, ont souvent une seconde saison bien plus faible. Il y a plein d'exemples, la servante écarlate, thirtheen reason why, stranger things. Il y a parfois l'inverse répond son mari, regarde bad blood, une première saison classique et une seconde très puissante. L'autre homme assêche son verre de gin tonic en se demandant si son mari ne parle pas de leur relation ? Bad blood ? Au 119 de la rue des pyrénées, dans un appartement du premier étage, une jeune fille explique a ses parents assis l'un a côté de l'autre dans le canapé, qu'elle veut partir en erasmus l'année suivante. Je n'en peux plus de la france, et non maman je ne veux pas aller en espagne, on est pas dans un putain de film a la con de klapisch. Son père hausse les sourcils, non pas qu'il aime klapisch mais parce qu'elle a dit putain et con dans une même phrase. J'en peux plus de la france, de ce pays de geignards ou tout le monde ne fait que se plaindre et s'apitoyer sur son sort et jalouser son voisin. J'ai postulé en roumanie, en lituanie et en lettonie. Son père sourit. Il aimerait bien venir la voir dans un de ces pays, pas comme sa mère, il pourrait venir en vacance dans un pays qu'il apprécie et sans sa femme, tu m'étonnes qu'il sourit son daron ! Un putain de jackpot !  Dans un appartement du quatrième étage du 119 de la rue des pyrénées, une femme écoute cet album qui doit avoir plus de 25 ans ou des jeunes chanteurs et groupes de l'époque reprennent des chansons de joe dassin. Tu vois que l'album est vieux quand tu pense qu'a l'époque murat, philippe katerine ou daniel darc étaient considerés comme jeunes, dit-elle a son mec. C'est la reprise des objets que j'adore répond son mec, j'adorais ce groupe, qu'est ce que j'ai pu écouté leur premier album, et puis ils ont disparus. J'adore la reprise d'autour de lucie, reprend sa femme, c'est mon côté romantique. C'était bien joe dassin, reprend son copain, ma mère l'adorait, tu savais qu'il avait écrit big bisou pour carlos ? Sa femme le regarde interloqué alors que bill pritchard chante avec son accent rosbeef la chanson "la fleur aux dents" et ses imparables paroles. Pourquoi je lui ai dis cela se demande l'homme ? Et pourquoi pas ? Au troisième étage de l'immeuble du 119 de la rue des pyrénées une femme parle avec sa fille, enfin elle essaie de lui soutirer les vers du nez sur sa vie. Maman, lui explique sa fille, j'ai de bonnes notes a l'école, ça ne m'interesse pas mais j'ai de bonnes notes, je sais que c'est important pour toi et pour que papa ne te mette pas le pression. Tu es une bonne mère. Mais ne m'en demande pas plus. Je suis ta mère, lui explique sa mère des fois qu'elle n'aurait toujours pas compris a 16 ans, j'ai quand même le droit de poser des questions a ma grande fille unique. Ecoute maman reprend la grande fille unique, pour l'instant j'ai une phrase qui me sert de mantra et qui m'aide a me lever et a vivre. Ah oui demande sa mère, et qu'elle est donc cette phrase ? "Demain c'est aujourd'hui en pire". Kierkegaard ? demande sa mère. Vérole, chanteur des cadavres, répond sa fille avec un grand sourire. Avec un très grand sourire.

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