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210 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme fume une cigarette devant le 210 de la rue des pyrénées, il regarde la vitrine de la boulangerie qui se trouve a cette adresse, a l'angle de la rue orfila, il n'y allait jamais avant, il trouvait les vendeurs insupportables et la patronne a fumer, la boulangerie a changé de propriétaire, c'est une chaîne qui a prit le relais, il n'y a plus que des chaînes a paris quelque que soit le domaine d'activité, c'est le même nom que la boulangerie qui se trouve a voltaire, devant l'arrêt du 61.L'homme attend une femme qui devrait descendre du 26, il se demande s'il va pleuvoir. Ce genre de questions existentielles. Un enfant sort de la boulangerie du 210 de la rue des pyrénées, puis il prend la rue orfila pour rentrer chez lui. Sa mère l'attend, fais chier ce repas a la con ou elle va lui présenter son nouveau mec. Au fond il s'en fout. L'avantage quand sa mère a un nouveau mec c'est qu'elle lui lâche un peu la grappe. Elle est comme qui dirait occupé. La seule question qu'il se pose c'est a quel moment il pourra se barrer de la table pour aller jouer en réseau, c'est vraiment le seul truc qui le tracasse au fond. La vendeuse de la boulangerie du 210 rue des pyrénées, tend au vieux monsieur qui vient tout les jours a la même heure, sa baguette tradition. Deux mois qu'elle travaille ici et le vieux vient tout les jours a la même heure, pour demander la même chose. Les nouvelles du pays ne sont pas bonnes, elle est inquiète. Elle essaie de se concentrer mais elle à bien du mal. Heureusement il y a pas mal de monde et le temps passe relativement vite. Il faudra qu'elle arrive a obtenir des informations ce soir, elle doit activer tout les réseaux, elle rattrape et efface un sanglot en pensant a sa mère qui doit vivre l'enfer. Des nouvelles de sa mère c'est vraiment la seule idée qui l'obsède. Un vieil homme sort de la boulangerie du 210 de la rue des pyrénées, il pense qu'il va mourir bientôt, il aimerait bien que ça arrive avant qu'on le force a intégrer ces mouroirs ou les vieux vont crever a l'abri de la société. Il faut qu'il trouve une solution. La pression devient importante, ses enfants le poussent vers la maison de retraite, peut-être est ce pour récupérer l'appartement ? Il ne va quand même pas se jeter par la fenêtre pour en finir, en plus il habite au premier étage. Il faut vraiment qu'il trouve une solution. Une femme s'efface pour laisser sortir un vieux bonhomme avec sa canne, elle vient acheter une baguette qu'elle se doit d'apporter pour le repas chez ses parents. Elle y va encore pour sa mère. Elle ne parle quasiment plus avec son père, d'ailleurs elle se demande si son père a déjà discuté avec qui que ce soit dans sa vie. Sa mère lui fait de la peine. Comment peut-elle encore supporter ce vieux taré nazi ? Il joue les malades mais elle est presque sûr qu'il va survivre a sa mère. Ce vieux con va l'enterrer. Elle ne lui rendra plus visite s'il devient veuf. Elle a une légère envie d'esclandre, rapport a la gueule de bois. A la fin du repas elle va demander au vieux pingre combien elle lui doit pour le festin. Un homme passe devant la boulangerie du 210 de la rue des pyrénées, il se dirige vers la place gambetta. Il ne sait pas ou il va. Il s'en fout. Il regarde la mairie ou il devait se marier un jour. Même s'il sait bien que ça n'arriverait jamais. Il a vécu une autre vie, mais il sait bien que rien ne devait arriver.

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211 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Un homme marche lentement devant le 211 rue des pyrénées. Très lentement. Comme pour se souvenir de tout ce qui s'est passé dans cet immeuble. Un homme marche très lentement devant l'immeuble moche du 211 de la rue des pyrénées. Comme il a joui dans un appartement de cet immeuble. L'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. L'amour qu'elle ressentait pour lui. L'amour qu'il ressentait pour elle. L'amour de l'un et de l'autre, il s'en souvient bien, l'amour pour de l'un pour l'autre, l'amour de l'autre, dans cet appartement du 211 de la rue des pyrénées, et comme ils étaient tout l'un pour l'autre. Il se souvient comment il a joui, en elle, et comme elle criait en le chevauchant. Il se souvient de tout. Chaque jour. Chaque matin. Chaque soir. Il se souvient de tout, de leurs étreintes, de leurs baisers, de tout ce qu'ils sont pour l'un et pour l'autre. L'homme marche lentement comme s'il voulait rester devant le 211 de la rue des pyrénées. Ou son âme est restée. Ou son coeur est resté. Ou son corps est resté. Il ne marche plus devant le 211 de la rue des pyrénées. Il veut y rester. Il veut retrouver la femme qu'il a tant aimé. La femme qui l'a tant aimé. Il veut la retrouver. Il veut rester devant le 211 de la rue des pyrénées, il veut rester. Il veut y retourner. Devant le 211 de la rue des pyrénées. Et ne plus en bouger, non il ne veut plus en bouger, jamais. Il s'allonge sur le trottoir. Il ne veut plus jamais partir du 211 de la rue des pyrénées, et rester en elle. Celle qu'il aimait. Rester en elle.

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212 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Se garer a l'angle de la rue des pyrénées et de la rue des gâtines devant le 212 rue des pyrénées.  La rue des gâtines qui continue de l'autre côté jusqu’à l'avenue gambetta est barré par de multiples barrières pour empêcher l'accès au commissariat. Pas le courage de faire le tour. Gueule de bois. Gueule de bois. Gueule de bois. Louise encore et toujours dans mes cauchemars. Louise. Encore et toujours. Rien de nouveau. Toujours morte. Toujours pas de pistes. Aucune trace. Mais qui l'a tuée bordel. Qui ? Retrouver son meurtrier. Le retrouver. Retrouver son meurtrier avant de partir. Bon, j'ai plus l'enquête. Je glande en attendant. Téléphone qui vibre. La mère de louise. Non. Un crétin de lieutenant qui me demande ou je suis. En face je lui dis. Tiens la boulangerie a un nouveau nom, les vendeuses seront forcément moins connes que les précédentes. Et la boutique côté commissariat qui a encore changé. Depuis que la clinique de l'aspirateur nous a quitté, cette boutique est maudite. Qu'est ce que tu racontes me demande mon adjoint qui vient de s'asseoir dans la voiture. Je disais que depuis que la clinique de l'aspirateur nous a quitté, tout fout le camp. Je démarre, j'allume la clope que j'ai dans la bouche depuis des plombes. Louise. J'ai baisé ta mère. Bordel qu'est ce qui m'a prit, qu'est ce qui lui a prit ? Qu'est ce qui nous a prit. Jamais vu une femme autant chialer en baisant. Mes yeux se mouillent alors que je prends l'avenue gambetta pour rejoindre la porte des lilas. Un noyé dans une piscine râle mon adjoint, on a que ça a foutre. Une piscine olympique, je souligne, jeux olympiques de 1924. T'y étais, m'interroge mon adjoint, tu es de plus en plus dingue, il ajoute. Mes yeux humides, je pense a toi louise, je pense a ta mère, je pense a ce meurtrier que je dois retrouver même si je ne suis plus chargé de l'enquête. Je pense a tout le monde. Je ne pense plus a personne d'autre que toi. Que toi.

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213 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je suis chez mon copain qui vit au 213 rue des pyrénées. Je lui dis que je le vois peut-être pour la dernière fois, et déjà, j'ai l'impression qu'un voile se dresse entre lui et moi. Je passe le voir assez souvent, c'est curieux, depuis que je sais que je vais perdre la vue, je ne fais que déambuler. Voir mes amis, revoir paris, j'ai l'impression d'une sorte de chant du cygne avant de rejoindre les ténèbres. Comme si, je voulais tout voir avant de ne plus. On sort dehors avec mon copain, on se met en route vers la rue de bagnolet, on pense aller s'en jeter un dans un rade quelconque, je lui prends le bras car avec le temps pluvieux et gris, je préfère me tenir a lui car je n'y vois déjà plus très bien. C'est fou, il me dit, tu auras attendu 60 ans d'amitié pour me tenir par le bras et nous rions; comme deux petits vieux, en descendant la rue des pyrénées. C'est la que nous nous sommes connus, a l'école qui est beaucoup plus haut, vers la rue de ménilmontant. C'est curieux ce sentiment que j'ai, de tout qui s'éloigne, de cette sensation que je vais comme qui dirait mourir, de cette sorte de bilan. C'est seulement que je perds la vue. J'essaie de me dire que je vais commencer une nouvelle vie, apprendre a marcher dans le noir, apprendre a me déplacer, apprendre a lire le braille. Je regarde les immeubles, les gens, les animaux. J'ai l'impression que tout s'éloigne. Je tiens le bras de mon copain, comme si je n'y voyais plus déjà. Je tiens le bras de mon copain.

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214 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un homme regarde vers la place gambetta qui n'est qu'a une dizaine de mètres, il regarde si la femme qu'il aime revient, elle est partie il y a des années désormais, mais tout les matins en partant travailler, l'homme qui vit au second étage de l'immeuble du 214 de la rue des pyrénées, regarde vers la place gambetta si la femme qu'il aimera jusqu’à son dernier souffle, revient a la maison. Puis il se détourne de cette maudite place ou il l'a vu disparaître et il presse le pas pour partir en sens opposé, vers l'arrêt du 26 qui s'appelle villiers de l'adam, il part en sens opposé, toujours un peu plus vouté chaque jour. Un peu plus chaque jour. Une vieille dame essaie de lire le nom d'un fromage sur l'étiquette, elle se trouve au fromager du 214 de la rue des pyrénées, c'est son fromager, elle y vient souvent. Le vendeur lui fait un petit signe, en emballant un reblochon dans un papier pour le vieux monsieur qu'il est en train de servir. Elle lit le nom du fromage, mais ce n'est pas cela qui la tracasse, elle sait très bien le nom de ce fromage, il est au même endroit depuis des années, elle ne devrait pas avoir besoin de lire le nom sur l'étiquette. Elle devrait s'en souvenir. Mais elle ne s'en souvient pas. Un courant d'air glacé, lui traverse l'échine, l'autre jour déjà, elle a été incapable de se souvenir du code de son immeuble. Elle ressent la peur. Le jeune vendeur vient vers elle en souriant, il va falloir prendre un rendez-vous chez le médecin, elle se voute un peu, comme si la peur, elle se voute un peu plus. Un homme pénètre au 214 de la rue des pyrénées, il ouvre la boite aux lettres, et il n'y a pas de courrier, il monte les escaliers, un par un, tranquillement, personne ne l'attends, il arrive sur le palier du troisième étage, il prend sa clé dans sa poche, il ouvre la porte de son appartement, il pénètre dans l'entrée, qui est aussi le salon, qui est aussi la cuisine si l'on compte le petit réduit ou trône un réfrigérateur et une plaque a induction. Il marche jusqu’à la fenêtre, l'ouvre, il jette son sac sur son canapé, il enlève son manteau qu'il va accrocher dans un petit placard intégré dans le mur. Il aimerait parler a quelqu'un, il aimerait parler a un fantôme. Mais il se sent juste un peu plus vieux. Il se tasse. Il se tasse comme un petit vieux. Une femme boit un verre d'eau directement au robinet. Après tout, cela fait 60 ans, qu'elle boit l'eau du robinet et il ne lui ai jamais rien arrivé. L'eau de paris. Elle la trouve bonne. Depuis toujours. La femme se rend dans la salle de bains pour se regarder dans le miroir, curieusement ce ne sont pas les cheveux qui tombent. Elle se préparait a acheter une perruque mais ce ne sont pas ses cheveux le problème, juste qu'ils deviennent un peu plus gris. Elle regarde son visage, un peu plus rose, légèrement gonflé quand on sait le regarder. Mais surtout elle se tasse. SI elle se mesurait, elle est presque sur qu'elle a perdue un ou deux centimètres, Elle est sûre qu'elle rapetisse. Un effet de la chimio sans doute. Elle se tasse, elle se tasse un peu plus chaque jour. Un peu plus chaque jour qui tasse.

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