Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

201 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le 201 de la rue des pyrénées, ça n'existe pas. Ce n'est pas une adresse. C'est une famille. Une histoire de belleville-menilmontant-paris qui n'existe plus. Au 201 rue des pyrénées, ce vendredi 11 juillet 1941, un homme écrit une lettre. L'adresse écrite sur l'enveloppe est le 93 rue lauriston dans le seizième arrondissement de paris, l'homme de 35 ans qui vit dans cet appartement écrit au siège de la gestapo. Il dénonce un voisin, qui héberge une juive, sans doute sa maîtresse. L'homme espère que son voisin lui aussi, sera embarqué, c'est un type un peu seul, sans famille, en se débrouillant bien, l'homme sera débarrassé de ce voisin et il pourra récupérer l'appartement d’à coté pour avoir tout l'étage. Il écrit de sa plus belle écriture. Une juive habite dans l'appartement voisin du mien. Au 201 de la rue des pyrénées, ce mercredi 8 juin 1983, un homme ouvre une boîte a chaussure et il trouve des photos de son père qui vient de mourir, ce sont des photos d'une autre époque, paris sous l'occupation, il se souvient vaguement vers la fin de la guerre, les tickets de rationnement, les allemands qui occupaient la mairie et comme ils lui faisaient peur, comme il tenait la main de sa grande soeur pour qu'elle le protège. Il se souvient et un frisson lui parcourt l'échine plus de 40 ans après. Il a toujours peur. Au 201 de la rue des pyrénées, en ce dimanche 18 mars, une femme allaite un enfant, dans un appartement qui n'est pas le sien. C'est pas de chance mon amour, ton père a 50 ans elle dit, ton arrière-grand-père a dénoncé les juifs pour obtenir cet appartement, et comme je suis juive, tu es aussi juif. Nous sommes de retour elle dit a l'enfant, en riant, nous sommes de retour elle explique a l'enfant qui tête le sein comme si c'était son dernier repas. Au 201 de la rue des pyrénées, nous sommes le jeudi 7 juin 1923, un homme regarde la flamme de la bougie qui est en train de s'éteindre. Il vit avec ses souvenirs dorénavant, maintenant que sa femme est morte, son amour de la commune, quand en mai 71 pendant ce qu'on appellera plus tard la semaine sanglante il a rencontré celle qui allait devenir son épouse sur une barricade de la rue puebla. Il pleure des larmes de détresse a la lueur de la bougie dans son appartement du 201 de la rue des pyrénées. C'est quand ménilmontant était une commune, maintenant c'est paris. Toute sa jeunesse, tout ce que fut sa vie, son grand amour, tout cela est fini, il le sait, il ne lui reste plus qu'a attendre la mort maintenant qu'il est seul au 201 de la rue des pyrénées. Maintenant qu'il est seul.

Commenter cet article