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impair

161 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 161 de la rue des pyrénées, un homme est assis sur un tabouret dans son appartement du troisième étage. Il fume une cigarette. Se demande ce qu'il pourrait faire. Il enfile a son pouce une des bagues qui se trouve sur le bar. Il ne va voir personne aujourd'hui. Ne pas parler, ne pas discuter. Il prend une tasse de café et écrase son mégot de clopes dans le cendrier. C'est le matin. Il ne sait pas encore s'il va sortir aujourd'hui. Il prend le livre d'andrei doronine qui traîne sur le bar et repart vers sa chambre pour le lire tranquillement sous la couette. Au 161 de la rue des pyrénées, une femme se prépare un kir. Il est 10 heures du matin mais elle sait que seul un fond de crême de pêche accompagné de vin blanc pour calmer les tremblements de ses mains. Elle a besoin d'alcool bien entendu mais surtout d'un peu de sucre. Elle ne mange pas assez, oh bien entendu elle boit beaucoup trop, mais surtout elle ne mange pas assez. Elle est habituée a son alcoolisme, elle pense savoir le gérer, oh bien entendu elle n'est pas en bonne santé, mais il faut qu'elle se force a manger. C'est assez drôle quand on boit dès le matin de penser a sa santé. L'alcoolisme c'est une maladie curieuse en fait, car on ne se croit pas malade, alors qu'on est juste en train de crever. Lentement mais on est en train de crever. Au 161 de la rue des pyrénées, la femme caresse les seins de l'autre femme qui est dans son lit, elle la regarde, elle semble dormir. Elles sont couchées dans le lit de ses parents, ils sont partis en week-end chez sa grand-mère. Elle imaginent si ceux ci revenaient et découvraient leur fille adorée avec une autre femme. Elle sourit a cette idée. Elle grimace en se disant qu'un jour il faudra bien leur dire. Après tout sa mère le sait peut-être déjà, le subodore comme dirait l'autre. Elle pose sa tête en-dessous des seins de la fille qui dort avec elle dans le lit de ses parents, elle l'aime bien, elle ne la connaît pas beaucoup mais elle l'aime bien. Au 161 de la rue des pyrénées...

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163 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 163 de la rue des pyrénées, le square henri karcher. J'attends un peu que le temps passe. Trépasse. J'attends un peu qu'il ne se passe rien. Je suis fatigué d'errer et je me sens prêt a mourir, oui, c'est pas très grave ni très important mais je me sens prêt a mourir. C'est curieux que les gens aient peur de mourir, peut-être parce qu'ils ne sont pas seuls comme moi, peut-être parce qu'ils sont riches ou heureux, peut-être qu'ils ont des enfants ou des petits-enfants, je ne sais pas. Moi je suis épuisé, j'ai pas soixante piges et je suis épuisé. Putain. Je m'assieds au 163 rue des pyrénées, un banc, au square henri karcher. J'y vois encore. On dirait une chanson de lara fabian. De moins en moins mais j'y vois encore. Un type qui semble au bout du rouleau, un précaire alcoolique je dirais, est assis sur l'autre banc, j'imagine qu'il a soif et qu'il voudrait picoler. Putain. Je gare la caisse vers ce no man's land dans le virage de la rue des pyrénées, devant ce terrain vague a la con qu'ils appellent le square henri karcher. Pas de bol le gars, sans doute un grand résistant ou un truc dans le genre mais pas le nom adéquat pour un sqaure a la con. Je rentre dans le jardin et je me pose sur un banc, nous sommes trois, un vieux machin complètement a l'ouest, et un clodo qui semble se demander ce qu'il fout là. J'allume une clope et j'essaie de réfléchir aux derniers évènements. Putain de putain. J'en ai assez. Un vieux s'assieds sur un autre banc, puis un autre type assez baraqué, un rouquin un peu agité, qui fume et qui tout a coup sort une flasque et en boit une gorgée. Je sens mauvais  c'est ça le problème, je sors des bains-douches de la place du guigner mais mes fringues puent encore et toujours. J'essaie de choper le regard du mec qui ressemble a un rugbyman, j'essaie de choper son regard, le mec semble alcoolique, donc il fait partie de la putain de confrérie. Il va avoir pitié de moi. J'espère, putain. Quand le jour se couche comme ce soir, je me rends compte comme j'y vois de moins en moins. Les deux autres types dans le square semblent seulement intéressé par la flasque d'un des deux qui boit goulûment pendant que l'autre le regarde amoureusement. Enfin sa flasque. J'y vois encore putain. Putain j'y vois encore. Je sors ma flasque de vodka, je ne sais plus si c'est la belarus ou la polonaise, et je m'en jette deux ou trois derrière le col. Putain je transpire, on est fin septembre et il fait chaud. Bordel. Je veux l'automne ou l'hiver, enfin je veux une période ou je ne crêve pas de chaud comme un couillon. Nous sommes trois dans le square un peu glauque. Un vieux qui semble s'endormir a moins qu'il ne soit en train de crever. Et un gars de la cloche, qui regarde ma flasque comme aucune femme ne m'a jamais regardé. Je vais lui donner, putain, de la vodka ça lui fera du bien. Putain de putain.

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173 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 173 rue des pyrénées, dans le minuscule immeuble qui se trouve comme prit en sandwich entre les deux boutiques, l'homme sort les courses qu'il vient de faire au supermarché un peu plus haut en allant vers gambetta, une fois de plus, et malgré de longues recherches dans les rayons, il a une fois de plus constaté qu'il manquait dans les rayons des roulés au fromage. C'était un problème qui n'était jamais traité dans les médias et dont peu de gens hormis lui semblait prendre la mesure : la disparition des roulés au fromage. Après les gnocchis, les roulés au fromage disparaissaient des rayons, ce monde partait en couille.  Au 173 de la rue des pyrénées, l'enfant pose son cartable dans sa chambre. Il est en colère, il a peur, il ne veut plus aller à l'école. Mais il ne peut pas en parler a ses parents.Il se demande si c'est de sa faute, s'il est trop faible. Ils sont trop nombreux a se moquer de lui, ils sont trop nombreux a lui faire du chantage. Il va se suicider. Ainsi les autres ne pourront plus rien contre lui et ses parents n'auront pas honte d'avoir un fils aussi faible. Au 173 de la rue des pyrénées, l'homme referme la porte du réfrigérateur après y avoir déposé toutes ses courses. Ils cassent quelques noix et les jettent dans la salade de mâche qu'il vient d'acheter et de déposer dans un saladier. Il commence a couper un oignon rouge. La veille il a regardé une émission de cuisine ou des types font des concours, il ne comprend pas cela, cet enculage de mouche, bordel la cuisine c'est le simplicité, de l'assaisonnement, des saveurs, du plasir. Pas ces conneries mathématique, ces haies a sauter pour réaliser des plats débiles et pompeux. L'enfant regarde sur internet, les différents façons de se suicider. Il ne voudrait pas trop souffrir, il n'aimerait pas avoir une longue agonie. Il cherche des façons d'en finir afin que ce soit relativement propre et rapide. Il ne veut pas se rater, il ne va pas se rater. Ce serait la pire des choses.  Alors que l'homme regarde les pommes ramollir un peu dans la poêle bien chaude, il se demande pourquoi il prépare toujours a manger comme s'il n'était pas seul a table, comme si sa femme était encore a la maison. C'est pathétique de dîner seul ainsi, comme de boire seul, mais après tout n'est-il pas encore et toujours seul ? Le jeune garçon écrit une lettre pour ses parents, il se sent étrangement calme, il n'a pas peur de mourir. Il est soulagé. Il n'en peut plus de souffrir, cela fait trop d'années qu'il subit, il est usé, épuisé, il ne dort plus, il est souvent au bord des larmes. Il se rend compte qu'il est trop tard, qu'il n'a plus envie de se battre. Les boîtes de médicaments qu'il a récupéré dans la chambre de ses parents sont empilés. Tout est en ordre au 173 de la rue des pyrénées. Tout est en ordre.

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175 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 175 de la rue des pyrénées, une jeune femme relit son journal des jours précèdents : 14 Novembre : Les mots existent-ils pour exprimer la douleur que je ressens ? Je ne  le crois pas, et  d’ailleurs, même si je les trouvais et  leur donnais un sens, même si l’innommable parvenait  à prendre forme sur la seule foi de mes descriptions, cela n’aurait aucun sens. C’est comme si, tout à coup, les mots ne devenaient qu’illusions, comme s’il ne restait que de la fumée de mes paroles et de la cendre de mes écrits. Mon traumatisme est profond, une partie de moi-même est perdue à tout jamais, je me regarde m’enfoncer dans les ténèbres.  15 Novembre : Je retire l’espèce de bonnet que j’ai sur la tête et elle peut admirer mon arcade recousue au-dessus de mon œil au beurre noir. Je souris pour lui montrer ma dent cassée. Je pourrais commencer à parler et lui dire que j’ai envie de mourir, que je suis sale et désespérée. Je pourrais m’exprimer et parler crûment. Je voudrais lui montrer mon sexe mais il n’y à rien à voir. Je suis salope de lui envoyer ma douleur en pleine face. Ce n’est pas une manière de la remercier pour sa visite. Mais après tout, je ne l’ai pas forcée à venir. 16 Novembre : J'accepte ma nouvelle condition. Je comprends bien que je ne suis plus un être humain. Je n’ai plus d’espoirs de carrière professionnelle, plus d’envie d’enfants ou de maris. Je suis à la remorque du monde, sur le bas-côté, dans le ravin. J’ai la gueule en sang, le corps en lambeaux, le cerveau en bouillie. Je ne dois plus fréquenter ce monde, je dois me créer mon propre univers. Je ne veux pas radoter, devenir plaintive. Je ne ferai plus de bruit, je serais à l'écart, hors de la vie.  Je suis un étron sur le trottoir et j’attends que l’on vienne m’effacer du paysage. 17 Novembre : Je picole encore et toujours. Je crois que le cauchemar va prendre fin mais il ne fait qu’empirer. Les bulles d’alcool me sautent à la gueule et me rendent totalement dépressive. Je suis dans un bar. Je bois des gin tonic. Je suis triste, un verre de gin. Je voudrais oublier, un verre de gin. Je vais peut-être mourir, une bouteille de gin. Je me suis faite violée, une barrique de gin. Je vais retourner à l’hôpital et m’éteindre tout doucement comme un moustique qu’aurait sniffé trop d’insecticide. J’ai envie de vomir et de me rendre malade. Je suis une salope violée et je ne veux plus subir. 18 Novembre : Il fait la conversation tout seul, Basile. Et malgré son prénom de clown, il ne plaisante pas. Je voudrais lui parler et tenir une conversation normale mais je m’enfonce dans le mutisme au fur et à mesure qu’il s’échauffe. Je le comprends un peu, il à réellement dû se demander ce que j’étais devenue, une semaine sans nouvelles, je pense qu’il a appelé mon boulot où on à dû lui dire que j’étais arrêtée pour une période indéterminée. Je n’arrive pas à parler même quand il se tait. Il doit croire que je suis partie avec un autre type sur un coup de tête, que je viens de passer une semaine à faire l’amour dans un hôtel à Venise. Il semble très affecté quand il comprend que c’est fini entre nous. Il pense que je n’ose pas lui dire la vérité pour le préserver mais que je veux le quitter pour un autre. Je suis surprise par sa peine. J’ai toujours du mal à comprendre les sentiments chez les autres.  La manière dont je réagis où plutôt mon absence de réaction l’énerve encore plus. Il doit croire que je m’en fous totalement, et en fait il à raison. Le pauvre ne peut pas comprendre, il n’a pas tous les éléments en main. Il raisonne comme un mec et  se raccroche aux évidences. Un homme croit toujours qu’on le quitte pour de bonnes raisons et que si on ne veut plus de lui c’est pour tomber dans les bras d’un autre. Je ne peux rien lui expliquer et je n’ai pas d’excuses. Je vais le laisser faire ses adieux et  je le plains un peu. Je veux surtout qu’il ignore tout ce qui m’est arrivé. Si Basile connaissait la vérité il s’accrocherait à moi comme une moule à son rocher. Je me dis que ce n’est pas plus mal que ça se finisse maintenant, il fallait que ça cesse. J’attends qu’il finisse son laïus. Il me dit qu’il espère que je serai heureuse avec l’autre type et égrène le chapelet de toutes les conneries que l’on peut débiter dans ce genre de situation.  Faut le laisser parler, le laisser me quitter...19 novembre : Je souffre à en hurler. La nuit, je ne dors pas, des millions de sexes m’assaillent le cul, la bouche, le vagin, partout...Je crie. Je hurle. Mais c’est un mur de béton en face de moi, impossible à affronter. Pendant que je me rhabille, je regarde du coin de l’œil la gynécologue. C’est curieux cette sorte de raideur, elle remplit sa petite ordonnance, on sent que c’est mécanique, que rien ne peut l’atteindre. Son périmètre, c’est sous le nombril, pas plus. Au-dessus, ce n’est pas pour elle. 20 novembre: Là ce soir, je retrouve l’ivresse et la désinvolture, je retrouve ce qui était ma vie avant. Je m’agite comme une dingue pendant tout le concert, ça me fait du bien, je me déhanche sur la musique, je m’en fous pleins les oreilles. J’aime cette énergie, cette musique de guitare saturée, cette envie de voltiger, cette hauteur qui m’atteint...J’aime la dépense de mon corps, la façon de m’abandonnée avec une totale liberté, la sensation que le mal ne peut m’atteindre...J’aime quand je monte sur la scène et que je plonge vers les bras tendus...J’aime quand je danse contre les autres types, quand je prends des coups de pieds et de poings...J’aime quand je deviens une autre, quand la sueur me dégouline tout le long du corps, quand je lève les bras, que j’applaudis...J’aime quand mes jambes galopent sans avancer, quand je saute sur place avec légèreté, que tout cela n’ait  aucun sens, que je me sens bien...J’aime cet instant éphémère fait de quelques chansons, ce pur moment d’énergie... La jeune prend son stylo plume qu'elle aime bien, c'est un peu old school mais c'est ainsi, Elle écrit : 21 novembre :  Encore et toujours les mêmes images, les mêmes mots, toujours cette répétition d’actes identiques, sans passion, froidement...Oui il faudrait changer la musique mais la vie est cette chose mécanique qui recommence chaque matin sans grande subtilité...Oui je suis lasse, de toujours  y penser, de toujours repasser devant mes yeux ces images qui ne s’abîment pas, qui se flétrissent à peine...Je me demande si je fais les efforts nécessaires, si je suis à la hauteur, si je suis aussi forte qu’il y paraît...Tout à coup, je ne veux plus être seule, je ne veux pas que l’on m’encourage, que l’on me porte, que l’on m’aide, comme une présence...Je reprends la vie comme lors de mon séjour précèdent, je reprends les médicaments, le médecin me dit qu’il sentait bien que j’allais faire la bêtise d’arrêter le traitement...Et puis voilà, tout reprend à zéro, j’attends des visites qui ne viendront jamais, je guette des violeurs qui sont déjà loin...Mais moi, je ne les oublie pas...

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177 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Tu te souviens du 177 de la rue des pyrénées, d'ou nous rentrions en  5 minutes de la flèche d'or situé non loin, rue de bagnolet. C'est fermé maintenant. Enfin ça ferme, ça rouvre, puis ça referme, puis ça réouvre. La flêche d'or, l'ancienne station de la petite ceinture.  Tu  te souviens dis, de mon petit appartement situé au troisième étage du 177 de la rue des pyrénées, ou nous baisions des jours entiers sachant bien tous les deux, que notre relation ne serait qu'éphèmère. Je me consume. C'est comme si tout mon corps me lâchait, comme si le sang quittait mon corps. Je ne veux plus jamais te voir de toute ma vie j'ai pensé, je veux te voir chaque jour du reste de ma vie j'ai pensé. Je veux mourir, j'ai pensé, mourir a en crever, je veux  vivre, j'ai pensé, vivre comme on a jamais vécu. Je tourne et retourne entre les murs de mon petit appartement du 177 de la rue des pyrénées et je regarde le matelas ou tu t'allongeais et sur lequel tes formes restent creusés, et j'entends les cris que tu poussais et je t'entends chanter sous la douche. Je regarde quelques photos volés au néant, comme un souvenir de ce qui ne sera plus,  et je bois dans mon petit appartement du 177 de la rue des pyrénées. Je ne suis personne et je suis tout le monde. Je veux crever je crois, crever et encore crever, ne plus savoir ce qui me tient en vie, ne plus comprendre pourquoi je suis encore vivant. Tu sais ce n'est pas la douleur, le plus terrible, ce ne sont pas toutes ces voix qui hurlent a mes oreilles mais c'est juste que je ne suis jamais tranquille. Je joue à me faire mal, me faire hurler, je joue avec ma propre vie, avec ma propre mort. J'essaie de me flinguer a petit feu, buvant sans limite, me rendant malade autant que je peux. Je joue et je me détruis. Je crois que je suis fini. Je crois que tout est fini. Au 177 de la rue des pyrénées, je fais mes cartons pour nulle part. Je ne sais pas ou je vais, mais j'espère juste que les lieux d'errance qui m'attendent désormais rendront moins prégnante le souvenir de ta présence. Je quitte le 177 de la rue des pyrénées, comme tu m'as quitté. Sans me retourner.

 

 

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179 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 179 de la rue des pyrénées, un homme enfoncé dans son canapé, lit les notes trouvé sur le corps d'un homme mort dans la rue. Il va encore sans doute archivé les quelques feuilles manuscrites, essayé de les transmettre a un héritier. Mais sans doute que ces notes resteront chez lui, car personne ne les réclamera. Il relit les quelques pages. " J'ouvre un œil alors que le métro rentre dans la station. Je reste les yeux sous ma couverture, même si l'odeur est insupportable, je préfère l'odeur nauséabonde à la la lumière crue de la station. Je n'entends pas de bruit de pas qui résonnent, il doit être encore très tôt, ce qui devient pénible à partir d'une certaine heure, ce sont le bruit des talons des femmes qui claquent dans toute la station et qui résonnent dans toute votre tête. Je les entends parfois arriver de l'autre côté du quai, elle commence par descendre l'escalier, et le bruit de leur talons se fait lancinant puis de plus en plus fort, s'approchant comme pour vous fracasser le crâne. Tous les matins c'est gueule de bois, et la lumière crue de la station plus le bruit du métro qui entre et qui repart, le bruit des talons des femmes est comme le bruit de trop. Je voudrais m'asseoir et me lever mais je reste sous la couverture, je tâtonne avec mon bras à la recherche d'une bouteille, j'ai envie de boire une lampée ou deux et puis de retomber dans le coma pour quelques heures. Je ne bois plus depuis plusieurs années mais chaque matin je recherche une bouteille, comme une habitude. Chaque soir quand je m'endors, je me dis qu'il va se passer quelque chose le lendemain, mais il ne se passe jamais rien, et les jours suivants, rien ne diffère de la veille. Chaque jour je m'enfonce un peu plus, mon cerveau perds des neurones, ma vie s'embrume, j'ai une longue journée d'ennui et de survie devant moi. Je sens de plus en plus mauvais chaque jour et même quand je me lave et qu'on me donne des vêtements propres, même si je pue un peu moins, je ne sens plus la différence. Je râle un peu sous ma couverture et je ferme les yeux en m'imaginant, loin d'ici, loin des odeurs du métro, loin de la ville. Alors je m'envole un peu, loin de ma vie ratée, je suis allongé sur une plage, le vent caresse mon visage et je sens le soleil qui me chauffe tout le corps. Les oiseaux gloussent au loin, des enfants jouent dans le sable, j'entends le murmure des vagues crescendo, il y a l'odeur des huiles et des crèmes solaires. Le métro entre dans la station comme pour signifier la fin de ma rêverie. Ça sent mauvais sous la couverture, tout mon corps pue, je ne suis qu'un étron géant. Je ferme les yeux, j'ai mal au crâne, je voudrais encore un peu dormir, une femme avec des talons est descendue du métro, je la maudis, le bruit de ses pas fracassent mes doux rêves. Je ferme les yeux. Je me souviens encore, parfois, de mon ancienne vie. Je me rappelle les odeurs de la campagne, du parfum des femmes, il me revient le visage de mon fils.  Ma vie d'enfant, ma vie d'avant, était comme un rêve ouaté, une vision d'une autre vie. Je me souviens encore de la vie a jeun, d'une vie qui n'était pas encore noyé par l'alcool. Mon existence désormais, n'est plus qu'un cauchemar, une sorte de brume, un peu comme de la mort avant la vie. Ma vie est un réveil difficile, une journée difficile, une soirée difficile, ma vie est une existence fantôme, une vie qui ne veut rien dire, un contresens, mon existence est un sommeil en attendant la mort. J'ai vécu pourtant, je suis près de ma femme, de mon fils, je me souviens des semaines de boulot, je me rappelle des réveils à l'aube, je n'essaie plus de me remémorer les plaisirs, les bons moments, je ne crois pas que cela m'aide beaucoup. Je ne sais pas si j'ai été heureux, je ne sais pas si j'ai vraiment vécu, mais je suis persuadé que c'était différent quand j'étais vivant. Je me souviens de ses yeux, je me souviens de leurs yeux, je me souviens parfois, chaque jour, comme nous étions heureux. Je ne raconte jamais ma vie, sans doute qu'elle n'intéresse personne, il faudrait pourtant, au fur et a mesure que la vie passe, au fur et a mesure que le temps trépasse, ma vie s'efface. Mon ancienne vie du moins, non ma vie en fait, puisque je ne vis plus vraiment aujourd'hui. Je devrais sans doute me souvenir une dernière fois. Je me lève, j'ai l'impression que j'ai de plus en plus de mal a me lever, chaque matin, je me rends compte que c'est de plus en plus difficile, surtout les nuits ou je ne trouve pas de place dans un foyer. Je me lève alors qu'un autre métro entre dans la station, j'ouvre tout doucement les yeux dans mon sac de couchage et peu a peu j'essaie d'acclimater mes yeux à la lumière crue et drue de la station. J'ai mal au dos à cause de la nuit allongé sur le carrelage du métro. J'ai mal partout et les voyageurs sur le quai me regarde avec un mélange de condescendance et de dégoût. Je les comprends, j'ai été à leur place, alors je baisse les yeux vers la sortie. J'ai mal partout. Je me suis toujours levé tôt, je me réveillais et sans faire de bruit je m'extrayais du lit, même si ma femme ouvrait déjà un œil et me regardait d'un air ensommeillé. Je me souviens avec émotion de ses yeux pleins d'amour. J'aime m'inonder encore de l'amour de son regard, parfois, j'ai encore et toujours le souvenir de ses pupilles ensommeillés qui me regardent. Je préfère cette image plutôt que celle de ses yeux morts, perdus dans le vide, comme vidé de la moindre substance, hors de la vie. Ceux d'aujourd'hui. Je me levais de très bonne heure, je me levais rapidement après avoir allumé la cafetière pour me préparer un café. Je laisserais en partant la cafetière allumé, pour que ma femme puisse se servir en se levant peu après mon départ. Parfois je buvais le café auprès d'elle dans le lit, après m'être lavé, je la regardais se réveiller. Ces instants, d'une banalité absolue, ces moments répétés chaque matin, me semblent tout à coup comme des instants de grâce, me paraissent si loin mais si beaux. Je sais aujourd'hui que c'était cela le bonheur, me réveiller auprès de ma femme, la regarder, voir son ventre s'arrondir, toucher de près, la volupté et la douceur, la passion et l'amour. Ce temps semble si loin. Je pue, je le devine en sortant dehors, à l'air libre loin des odeurs de la nuit, je croise des mines renfrognés, des femmes qui se pincent le nez, des visages agressifs ou condescendants, des gens de l'autre vie. Ceux qui partent travailler, qui ont une vie, une existence sociale, ceux qui sont de l'autre côté. Je me rends bien compte que je suis désormais hors jeu, hors de la vie,  et je m'éloigne tout doucement d'un monde dont je ne fais plus partie. Je ne bois pas beaucoup pour quelqu'un qui vit dehors. Je n'ai pas encore basculé dans la folie et dans l'alcoolisme. Je sais que ça viendra. Je sais déjà que peu à peu, ma pensée recule, l'âge venant, l'ancienneté de la rue, je me rends bien compte qu'un jour, mon esprit va me lâcher. Tout m'agresse. Le bruit du métro qui entre et qui s'en va de la station m'agresse, le bruit des talons des femmes m'agresse, la lumière crue m'agresse. Un jour je sais bien que je ne le supporterais plus. En attendant je me regarde couleur, spectateur de ma propre débâcle, innocent parmi les coupables ou coupable parmi les innocent. Je dérive parmi les vivants mais je suis mort. Les autres me croient vivant mais je suis mort. Les autres me croient présent mais je suis absent.  Il fut un temps ou je menais une vie normale. Auprès de cette femme, si jolie et si aimante, tout était bien jusqu'à lui. J'essaie parfois de me souvenir, de retrouver qui a décidé. Nous vivions depuis plusieurs années, un amour intense et fusionnel. Je crois que ma femme s'est retrouvé enceinte de façon naturelle, comme dans une sorte de continuité logique. Je me remémore son bonheur, sa joie intense. C'est bien bon et doux de revoir ses traits déformés par la bonheur, sa bouche rieuse, ses yeux pétillants tel un feu d'artifice. Ma femme était si heureuse de se retrouver enceinte. Et j'adorais ma femme, j'aimais tellement voir et ressentir son bonheur. J'ai regardé son ventre s'arrondir, le bonheur absolu de ses traits, elle mangeait un peu plus, petit moineau qu'elle était, je lui découvrais tout à coup un grand appétit. Je me souviens comme parfois la nuit, je la regardais dormir sur le dos avec notre enfant dont le cœur battait au dedans de son ventre. Je ne pouvais deviner que le cœur de cet enfant briserait nos cœurs a nous. Je ne pouvais réaliser qu'elle portait le début de notre malheur et de notre perte. Quand je dors dehors, je vais presque toujours au bain douches. Grâce a une assistante sociale qui m'a prit en amitié, je touche le RSA, ça me permet d'avoir un tout petit pécule. J'ai une carte de retrait que je laisse avec mes quelques affaires dans le lieu qui me sert de boîte aux lettres dans le quartier de la butte aux cailles. Pour me laver je vais presque toujours place du guigner. Quand je dors au métro jussieu, je prend la 7 jusqu'à châtelet et puis la 11 jusqu'à Jourdain. Ensuite je descends la rue du Jourdain et puis je longe la rue des Pyrénées jusqu'à la place du guigner. J'apprécie la douche chaude et je frotte énergiquement avec mon petit bout de savon, j'ai l'impression de faire un peu partie des humains quand je sors lavé et revigoré de la douche. Parfois j'ai des affaires de rechange car j'ai prévu de dormir dehors, mais quand comme ce matin, je remets mes affaires sales, je sais bien que je ne vais pas garder longtemps cet illusion de propreté. Les journées sont longues même s'il faut se rendre assez tôt dans l'après-midi au foyer pour avoir une chance d'avoir un repas chaud et un lit pour dormir. Parfois je passe dans des lieux ouverts la journée, ou je bois un café, je mange un biscuit et ou parfois, on me donne quelques vêtements. Le ventre de ma femme grossissait et nous entamions une danse de bonheur, d'amour et de légèreté. La vie semblait simple. Je me rappelle de cette période comme d'une fulgurance, tout se passe bien, ma femme semblait apprécier la maternité, rien ne semblait devoir renverser la sérénité qui envahissait nos deux êtres. J'essaie de me rappeler de ce que fut notre vie pendant ces instants de vie tranquille, calme. Le ventre de ma femme s'arrondissait. Tout semblait sous contrôle. Je n'ai pas tant d'images, de sons, de cartes postales de cette période. Je crois savoir que le bonheur n'est pas la plus belle des choses. Non pas tant, parce que le vague clapotis des vagues n'est qu'un va et vient sur le sable, tout semble sous contrôle, il n'est pas question de bonheur ou de paix, la vie est une impression qui ne fait pas de vagues. Le bonheur ne s'explique il se vit, il ne se dit pas, ne se raconte pas, le bonheur est un quotidien qui n'a pas d'histoire. Je ne bois plus depuis déjà quelques années. Au début dans la rue, je me suis réfugié dans l'alcool, sans doute que perdu dans mes dérives, je voulais m'achever par l'alcool. Boire était ma punition et mon oubli, mon pardon et ma culpabilité. J'avais encore un peu d'argent après que je sois sortie de la vie sociale, j'avais une vision encore un peu claire, je me regardais plonger dans les méandres de l'alcool, dans les entrailles de la rue, ombres parmi les ombres, errant parmi les errants. J'ai longtemps cru que l'alcool me permettrait d'oublier tout les événements de ma vie que je voulais oublier, mais ce ne fut jamais le cas, il me revenait plutôt avec une prégnance, une impression d'absolue nécessite. Mais l'alcool n'est pas que ça, que cette impression d'oubli et de perte, l'ivresse vous fait rencontrer des fantômes que vous ne voulez plus voir, des horizons que vous ne pouvez plus deviner. Comprendre que ma vie sociale était bel et bien terminé m'a permis de comprendre que l'avenir n'existait pas pour moi. Alors je me suis plongé dans une mer de solitude et de frugalité. Vivre est ma dernière protection. Je me souviens de ce jour d'hiver assez précisément. C'était un samedi je me rappelle, ma femme était hospitalisé depuis la veille, l'accouchement était prévu pour le week-end. J'étais sur place quand elle est partie en salle de travail. Je me rappelle que je lui tenais la main, et quelques instants après je tenais mon fils dans mes bras. Je ne pourrais dire ce que j'ai ressenti, je regardais la vie battre au creux de mes mains, cet être moche et hurlant, et j'ai pensé que je m'occuperais longtemps de lui. Je ne le savais pas encore mais j'étais loin de la réalité. Ma femme semblait si heureuse, c'est sans doute pour cela aussi que j'étais heureux. Aujourd'hui encore je me demande si c'est le bonheur d'être père ou la joie de ma femme, la raison réelle de mon bien-être. Quand il fait plutôt bon dehors, j'en profite parfois pour aller aux buttes Chaumont, je m'allonge sur la pelouse et puis je  me mets à lire les journaux que j'ai récupéré la veille et le matin dans les poubelles. Parfois, j'entame mon pécule. Je fais chez un bouquiniste pour m'offrir un livre a deux euros. Ces temps sont de plus en plus rare, je me sens de plus inapte à la lecture et a la réflexion, je suis en train de vaciller de l'autre côté je le sais bien. Je retrouve parfois un peu de sérénité à la lecture des journaux, je m'intéresse souvent aux faits divers, aux histoires de petites gens. Je ne suis que le reflet de la vie des autres, je me dis souvent, parfois, que ma vie n'est pas bien différente de celle des autres, je n'ai pas eu plus de bonheur, ni de malheur. Je ne m'apitoies pas sur ma propre vie, je suis un homme de la rue qui n'a plus de vie sociale, je suis un homme d'ailleurs, j'ai quitté la réalité de la vie des gens, de la vie des autres, je suis une histoire sans mouvement. Ma réalité n'est plus la votre, je suis hors de ce monde, j'ai l'illusion d'une vie à l'arrêt. Une vie sur le bas-côté. Je ne veux pas dire comment c'est arrivé. Je ne veux pas expliquer ce qui est arrivé. J'ai longtemps nié, refusé la réalité. La vie vous impose des douleurs qui ne sont pas humaines, alors, parfois j'aimerais un peu de répit. Un jour, de plus ou de moins, un jour, vous ouvrez un œil et vous entendez un hurlement inhumain, vous savez que personne ne mérite une telle souffrance, au fond, votre oreille est comme qui dirait un condensé de douleur, alors, personne au fond, ne mérite d'entendre le hurlement absolu de sa femme. J'ouvre un œil, ma femme crie et crie encore, j'ouvre un œil, ma femme déchire le silence d'un dimanche matin, j'ouvre un œil, ma femme émet un cri qui n'est pas humain. Je me lève et court vers la chambre de l'enfant. Je l'entends parler mais je ne comprends pas bien. Je tombe dans l’hébétude glacée, mon cœur se givre. Notre bébé est mort. Parfois je m'évade un peu, j'erre beaucoup, parfois je me dis que la vie est un accident pour lequel je ne suis pas fait. La vie dehors est difficile. Tout est contre moi. Mais ça ne dure jamais très longtemps, cet état de dépendance à la fatalité, je l'éloigne presque toujours d'un revers de la main. Tout le monde subit la vie, chacun essaie de s'en sortir, fais comme il peut, un jour parfois succède à la nuit, ou le brouillard souvent efface les joies et les douleurs. Des sirènes de bateaux résonnent au loin, des images se perpétuent, parfois fugaces, tantôt innocentes, parfois futiles et d'autres prégnantes. Notre bébé est mort. Quand j'ouvre les yeux, une légère ombre passe devant moi. Je ne sais pas si c'est le visage de mon fils, ou l'illusion que j'ai de son visage. Il aurait presque 10 ans maintenant. Je n'ai pas tellement pensé a cet enfant de quelques mois pendant les mois qui ont suivis sa mort. L'état de sa mère, l'état de ma femme me préoccupait tellement. J'avais choisi d'accompagner ma femme. Ma femme n'acceptait pas la mort subite de notre nourrisson. Elle s'en voulait, s'accusait, alors même que tout les médecins lui expliquait la fatalité des choses. Je restais auprès d'elle, la tenait a bout de bras, mais je me rends bien compte aujourd'hui comme tout était terminé pour elle, le jour de la mort de notre fils. Je me rends assez tôt en général vers le foyer, pour être sur d'obtenir une place pour dormir. Ma vie est devenu une course au ralentie, une monde qui ne se voit plus, je me suis enfermé dans une absolue solitude. Quand j'ai compris que ma femme partait a son tour, qu'elle s'enfermait dans un monde dont elle ne reviendrait plus, quand j'ai compris que ma femme à son tour ne serait plus très bientôt qu'un fantôme que je ne reconnaîtrais plus, il m'a bien fallu accepter de partir aussi. Quelques mois après la mort de notre fils, et après une longue et douloureuse descente vers une nécessaire folie, on internait ma femme. J'ai travaillé encore quelques temps, j'ai continué encore un peu de vivre, de respirer, j'ai joué quelques malheureux mois à la vie normale. Chaque jour j'allais voir ma femme dans son enclos de folie et de douleurs, et puis peu à peu j'ai compris que pour elle la vie ne serait désormais que renoncement, qu'il fallait que j'accepte à mon tour sa disparition. J'ai encore donné le change pendant quelques temps, je n'avais plus de parents, ni de frères et sœurs, il était assez de s'effacer de la vie. J'ai gommé les dernières traces de mon existence sociale pour rejoindre la rue. Parfois il me prends encore, dans des bouffées de nostalgies précaires d'aller rendre visite à ma femme. Mais la cage capitonné de son existence ne me permet par de l'atteindre. Je regrette presque toujours ce moment de faiblesse ou j'ai cru que je pourrais la retrouver. Je ne sais plus si ma femme me reconnaît, elle s'est enfoncé peu à peu dans des ténèbres de son esprit et je n'ai plus l'accès. Elle s'en voulait beaucoup au début, me disait qu'elle allait remonter la pente, se reprendre, nous pourrions avoir d'autres enfants. La fatalité nous avait atteinte mais nous étions un couple et nous étions forts. Elle pensait s'en sortir. Depuis qu'elle est enfermée, elle s'est toujours enfoncée, toujours un peu. Je ne vais presque plus la voir, ça me rends trop malheureux. Je veux encore garder le souvenir de ma femme telle que je l'ai aimé, je veux garder le souvenir de ma femme enceinte. Parfois, avant de me rendre au foyer, ou en sortant au petit matin, je me rends au cimetière de Gentilly ou mes parents sont enterrés auprès de mon fils. Je pleure encore un peu quelques rares fois et ça me rassure. Je me dis que je suis encore un être humain. C'est de plus en plus rare, mais je me dis que je suis un être humain."

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181 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 181 de la rue des pyrénées, l'immeuble qui est juste à côté de ce magasin qui s'appelle un air de clope, au second étage donc, un homme commence a écrire un article, A la fin du festival, de ce petit festival ou seul une vingtaine de groupes jouent, on se dit que l'on a vu un paquet de groupes que l'on aime pas, et puis assez vite, on se remémore les bons moments, le festival se déroule sur une surface restreinte, un corps de ferme, deux scènes en alternance ce qui permet de voir toute la programmation. Autant le dire, c'est le groupe hypercult qui nous a tous emballé, le duo suisse batterie-contrebasse, et l'on retrouve derrière les fûts, simone aubert qui était venu avec le quatuor féminin massicot en 2016 ou elle officie a la guitare.  Au 181 de la rue des pyrénées, dans un appartement sur cour du rez de chaussée,  un homme ouvre les yeux, il fait un rapide audit de son corps et de son âme. Il a trop bu la veille, bien trop bu, il avait envie de chatte, il avait bougrement envie de bouffer de la chatte. Il a mal au crâne, il a bu, il a tellement bu, encore et encore. Il est en train de se suicider, il se dit. Lentement, à l'alcool. Il voulait bouffer de la chatte. Il se sent un peu pathétique. Résultat, il est seul. Il entends des bruits, bordel il se dit c'est bien ce bruit qui l'a réveillé, quelqu'un est en train de vomir dans sa salle de bains. Au 181 de la rue des pyrénées, dans un appartement du quatrième étage, un vieil homme se tient droit dans un vieux fauteuil. Il écoute la pluie qui tombe sur le balcon, il entends le bruit de la rue, il se sent encore vivant, il ne sait pas si ça va durer longtemps, mais il se sait encore vivant. Il aimerait entendre son souffle, il aimerait étendre ses bras et serrer dans ses bras celle qui fut l'amour de sa vie, même si ça n'a pas duré très longtemps, il aimerait la revoir encore une fois. Une dernière fois. Au 181 de la rue des pyrénées, un homme pose des questions a un autre. Il y a un enregistreur sur la table. Je pourrais vous citer pleins d'auteurs apparus ces derniers temps. J'ai envie de dire emily st john mandel. L'émotion dans le polar. Si on parle de son dernier opus, j'ai même envie de dire l'émotion dans la science fiction. Vous savez, sans vouloir pontifier, ce qu'écrit shakespeare dans la tempête, le passé est un prologue. Saint john mandel n'écrit pas du polar, il n'y a pas vraiment de meurtres dans ses bouquins, juste de l'absence, juste des disparitions. Devant le 181 de la rue des pyrénées, un homme marche en direction de la rue de bagnolet, il erre dans le quartier, comme on pourrait errer, comme on aimerait errer. Tout au long de notre vie. L'homme est épuisé, par le rien, par le tout, par la vie. Il se récite du baudelaire, sois sage ô ma douleur, et tiens toi plus tranquille. Il se récite du baudelaire alors qu'il passe devant le 181 de la rue des pyrénées.

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183 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 183 de la rue des pyrénées, dans la chambre de l'appartement qu'il occupe avec sa mère, un adolescent regarde une photo sur son téléphone, celle de la fille de sa classe qui lui a dit "no way" quand il a essayé de l'embrasser. "No way" il répète, la fille se croit dans une série américaine ou bien ? Il regarde et regarde encore la photo, elle n'était pas si belle après tout. Dans son petit studio qui se trouve au dernier étage du 183 de la rue des pyrénées, un homme se demande pour quelle raison il s'emmerde autant dans la vie. Il s'emmerde. Il sort a des concerts, il voit des amis, il lit, il va au cinéma, il travaille beaucoup, mais au bout du bout comme dirait l'autre il s'emmerde. C'est presque un art comme il s'emmerde. Une femme descend lentement les escaliers de l'immeuble du 183 de la rue des pyrénées. Elle sera bientôt morte, déjà elle n'est plus très vaillante. Elle pense a son mari, chaque jour et comme elle est seule, et comme il lui manque. Elle ne sait pas encore qu'elle va mourir mais elle est comme las, comme vraiment las. Au 183 de la rue des pyrénées, un homme se suicide. A petit feu et lentement, en buvant. C'est curieux comme l'alcool permet d'accélérer le processus. Il ne sait pas pourquoi il boit, c'est ainsi, il n'est pas particulièrement malheureux mais il boit. Il a une forme d'appétence, comme si la vie c'était de boire. Comme si la vie c'était boire. Au 183 de la rue des pyrénées, un homme d'a peu-près cinquante ans écoute le nouveau vinyl de belly button qui s'appelle bleat, il rigole en pensant qu'il avait les deux premiers albums en cédés et que le troisième est vinyl. Comme tout redevient ce qu'il fut. Toujours. Au 183 de la rue des pyrénées, une femme regarde des photos, comme des vies qui se sont évaporés. Au fond la vie n'est qu'une fabrique. Souvenirs, émotions, évènements. Nos vies sont des navires qui voguent, vaguement, très vaguement vers le néant. 

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187 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 187 de la rue des pyrénées, dans son appartement du troisième étage, un homme écrit sur un cahier a spirale avec un vieux stylo plume. Comme depuis 35 ans, comme depuis qu'il a 15 ans :  Samedi 26 mai 2018. Soirée chez benjamin. Je tombe sur élise, la soirée commence bien. A peine une bise et elle entame un monologue.  " J'ai prié pour te revoir, j'ai tellement voulu que tu réapparaisse. Je ne comprends pas ce qui nous à séparé, l'hôpital, l'alcool, la drogue, les infidélités ? Je crois que nous n'avons jamais su vivre, tout simplement. Nous ne sommes que l'impression de nos propres possibles, nous ne sommes pas nous-mêmes. Nous rêvons peut-être trop tout simplement. Tu refuse le sérieux, je peux comprendre tu sais, je sais que nous ne sommes pas obligé de tout prendre au tragique mais parfois c'est fatigant. Parfois je ne comprenais pas ce refus de responsabilité. Tu sais, quand on va mal, vraiment très mal, que les médocs ne font plus d'effet, quand on à envie de s'arracher la peau avec les ongles parfois on sature de ce refus du combat. Je hurle à en mourir, je te demande d'ouvrir ton cœur et tu me réponds que tu n'as pas d'ouvre-boîte ! Je ne riais pas toujours quand tu appelais tout tes copains au téléphone pour leur demander pour quelles raisons la danette en gros pots n'a pas le même goût que la danette en portion individuel. Je voulais me battre et toi tu planais, à lire tes livres, à écouter ta musique, à aller voir tes films, à écrire. Tu es égoïste, je ne te le reproche mais tu refuses de communiquer. Tu sais, je crois que tu es la personne que j'aime le plus au monde mais tu es la dernière personne avec laquelle je voudrais vivre et construire une relation amoureuse. Oui je sais tu n'es pas maçon, tu ne veux rien construire. J'ai toujours entendu dire que dans un couple, il y en à un qui souffre et un qui s'emmerde. Tu n'es pas celui qui souffre ça c'est sur. Mais tu ne t’emmerdes pas non plus, non, tu t'en fous. Tu t'en contrefous. Tu es insensible aux autres, ce n'est pas une critique, je crois même que ça te satisfait." La soirée commençait mal, du coup j'ai pas traîné. Jai pris quelques vieux amis sous le bras et nous avions entamé la tournée des rades, pour se soumettre à l'exposition du zinc, c'est ma thérapie à moi. Noir. Je me souviens que je parle a Sébastien, je dis, tu ne vas pas te rendre malade pour une fille quand même. Bon je veux bien que tu picoles mais tu ne vas pas te mettre à chialer parce que ta copine s'est barré. Merde. Je suis bourré je sens que je vais en faire trop. Et comme Eric est dans le même état que moi et qu'il est aussi léger, tout en délicatesse et en nuances, je sens que nous allons vraiment atteindre des sommets d'intelligence. Mais oui, je reprends, déjà arrête de chialer comme ça, tu noies ta bière. C'est gâché. Oui, reprends Eric, qui voit bien que j'ai du mal à ne pas rire et qui veut faire dans la surenchère, arrête de te lamenter. C'était quoi cette fille ? C'est juste un squelette avec de la peau dessus, passe une femme aux rayons X, tu vas voir, tout de suite tu vas remettre les pieds sur terre et ramener les choses à une plus juste proportion. Et puis sincèrement, je reprend, cette fille elle était pas  faite pour toi, tu as beau jouer les intellos, elle était un peu "too much" comme on dit maintenant. Sébastien nous regarde avec un air ahuri. Son regard va de l'un à l'autre, il sait qu'il va entendre un flot de conneries mais bon comme son moral est en dessous du niveau de la mer, il préfère encore ça à rentrer chez lui et se morfondre tout seul. On nous ressert une tournée de bière mais c'est surtout pour eric et moi car séb n'a même pas fini la sienne. Tu vas quand même pas arrêter de boire, je lui dis, elle trouvait que tu picolais trop, mais bon maintenant qu'elle est partie autant te laisser aller. Ca sert plus à rien de pondérer ta consommation, elle n'est plus là pour te surveiller. Sébastien hausse les épaules, il dit que nous avons raison cette fille n'était pas faite pour lui (moi perso je doute qu'une femme soit faite pour un homme ) mais qu'il souffre quand même. Ecoute, je dis, les femmes elles ne sont pas faites comme nous, bon c'est des êtres humains c'est vrai mais c'est pas des vrais êtres humains comme nous quand même, tu aurais idée toi d'acheter des magazines qui expliquent tous les mois comment maigrir. Ben bien sur faut acheter un magazine pour savoir que si tu mange rillette, cassoulet et tiramisu arrosé de vin rouge tu vas grossir. Alors que si tu mange carotte rapée, filet de poisson grillée, haricot vert et une pomme arrosée d'eau plate tu vas maigrir. Et puis ça ne pouvait pas marcher, reprends délicatement eric, tu as fais des efforts pour la mettre dans ton plumard mais vous n'aviez pas les mêmes goûts, faut la comprendre aussi, elle pensait se retrouver dans un film de bresson écrit pas rohmer et elle se retrouve dans un claude sautet joué par patrick sébastien. En gros elle rêvait de visiter le musée guggenheim de bilbao et tu l’emmènes à eurodisney, il y avait un décalage. Ben oui, je continues, aller voir les matchs de rugby dans un pub irlandais je t'avais dit que ça lui plairait pas, je la sentais pas dans son élément. Sébastien me regarde. Je regarde Sébastien. On regarde Eric. J'aime pas claude sautet, je dis. Pourquoi, tu aime quelque chose toi, dit Séb. Je le sens devenir hargneux.C'est normal il est triste et puis on à peut être été un peu fort. Vous êtes content tous les deux que je me sois fait largué, évidemment c'est pas quelque chose qui t'arriverait toi hein, dit-il en me regardant, tu reste jamais plus d'une journée avec une fille. Juste le temps qu'elle comprenne quel escroc tu es. Et toi c'est pas mieux, il dit à eric, toi la fille elle est déjà partie quant tu te réveilles, une fois que tu as consommé. Vous me faites de la peine, on dirait deux ados attardés. Pourquoi attardé, je reprends. Bon dit éric, tu es malheureux, mais ne nous on t'a jamais gonflé avec nos conquêtes. Oui, reprends sébastien, vous n’en avez pas de conquêtes, vous arrivez juste à emballer les filles encore plus bourrée que vous à la fin de la soirée. Il y a un petit silence pendant quelques secondes, en fait je ne sais pas trop si chacun cherche une vacherie à sortir ou une remarque pour calmer le jeu. Ben pour finir on trinque et on va passer une soirée entière a essayer d'avoir le dernier mot. Noir.  L'homme pose son stylo un peu étonné de dire autant de conneries quand il est bourré. Se demandant si c'est une excuse.

 

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189 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je fume une cigarette et je bois une gorgée de ma bière. Je me remémore la cérémonie de la veille, l'enterrement de mon débile de frère. Je suis dans son appartement juste au-dessus du franprix, au premier étage du 189 rue des pyrénées. Je n'y étais jamais venu. L'enterrement de mon débile de frère, la veille. Je regarde cette fille qui vient vers moi après la cérémonie. Je suis devant l'église, j'attends que le cercueil avec le corps de mon frère soit emmené par les pompes funèbres. Je ne connais pas la fille qui vient vers moi, elle est blonde, un peu inconséquente, je crois qu'elle a pleuré. Pendant la cérémonie, je suis resté bien sagement près de mes parents. Je ne connais pas l'étendue de mes sentiments, je n'avais pas vu mon frère depuis plus de 10 ans, nous nous évitions. Je vivais loin d'ici, et quand je revenais, nous arrivions sans aucune difficulté a ne pas nous rencontrer. Si je venais a Noël, je passais le réveillon avec mes parents, et le lendemain midi je me débrouillais pour aller ailleurs. Mon frère se fichait totalement de ma présence. C'était moi qui ne voulait pas le croiser. J'en voulais encore à ce connard plus de dix ans après les faits, j'ai toujours été hyper susceptible et rancunier. Surtout susceptible, surtout rancunier. Alors qu'elle s'approche de moi je rends compte que le visage de la fille est remplie de larmes." Je m'appelle Reine, elle me dit comme pour s'excuser de son prénom ridicule. J'étais l'amie de ton frère. Je dois la regarder d'un air un peu surpris car mon père m'a présenté une autre fille comme sa copine officielle. " Je n'étais pas l'amie officielle, elle m'explique, mais nous vivions une histoire fusionnelle et passionnelle". Oui je vois bien je me dis. C'est juste que mon frère ne voulait pas s'encombrer de cette fille, et qu'il la voyait quand il voulait, ça voulait juste dire qu'ils s'engueulaient puis se réconciliaient dans la moiteur d'une couette. Une histoire fusionnelle, c'est bien une phrase de mon frère. Il devait bien se marrer quand il repensait à cette fille. Une histoire passionnelle, c'était aussi une connerie qu'avait vu du trouver mon frère, ça voulait juste dire qu'ils se voyaient quand lui en avait envie, qu'ils n'habitaient pas ensemble et que mon cher frère  pouvait se taper d'autres fille. * J'aimerais venir au cimetière, tu m'autorises a y aller avec toi ? Je finis ma bière au 189 de la rue des pyrénées, et je hausse les épaules en repensant a cette fille. Je lui dis qu'elle peut venir avec moi au cimetière et c'est le moment ou cousin camé arrive vers moi et me demande de lui présenter mon amie. Ensuite il lui demande si elle habite aussi en Belgique et je constate a ce moment précis qu'il la drague. Tu m'étonne que cousin camé s'entendait bien avec mon frère, le même intérêt pour les trucs sans intérêts, la même fatuité. Je suis inconsolable, il répète à la fille qui pleure a chaudes larmes. Je ne le connais plus assez pour juger de sa sincérité. Je ne prends pas assez de drogues pour juger de son état réel. Cousin est un gros fumeur de pétard, je sais qu'il peut se maîtriser, j'ignore ce qu'il ressent. Depuis la petite dizaine d'années que je vis a Bruxelles, je le ne vois qu'a de très très rares occasions. Alors que nous prenons la route du cimetière avec Reine, il s'éclipse sans doute pour aller draguer une nouvelle conquête. L'avant-veille je suis revenu a Paris. J'ai erré dans toutes les rues de mon ancien quartier. J'ai pris un hôtel a Belleville. Je suis retourné dans les rades ou je traînais il y a une dizaine d'années et j'ai retrouvé des visages un peu connus, un peu vieillis aussi sans doute. Depuis que je vis a liège, je ne viens que pour noël a paris et je reste très peu de temps. Comme si j'avais un peu peur de me brûler a nouveau a Belleville, comme si je sentais l'odeur de mon frère, comme si la présence prégnante de Hell m'empêchait de rester là. Je n'étais pas vraiment revenu a Paris depuis la petite dizaine d'années que j'en étais partie. Trop peur de croiser des fantômes sans doute, j'étais exilé de l'intérieur. J'ai pris une chambre d'hôtel porte des lilas. Je ne suis pas allé voir mes parents, j'avais annoncé mon arrivée pour le lendemain. Le premier soir de mon retour a Paris, j'ai déposé ma valise a roulette dans ma chambre d'hôtel du troisième étage de l'hôtel de la porte des lilas, posé sur le périphérique qu'on avait recouvert d'un toit de béton. J'avais une vue imprenable sur le cirque électrique dont le chapiteau trônait tel un dernier rempart contre les bâtiments et les immeubles de béton. Le ciel de novembre recouvrait le vingtième arrondissement alors que je dépassais la place Édith piaf. Plus je descendais vers la place Gambetta, plus je sentais et ressentais la ville, la vie de mon ancien quartier. Les lieux n'existent que pour ce a quoi ils nous ramènent. Les lieux sont le cœur palpitant de notre existence. J'ai bifurqué dans la rue Pelleport et j'ai dépassé l'immeuble ou vivait Hell quand je l'avais rencontré. Quand nous l'avions rencontré. La fille descends la rue qui nous mène au cimetière a mes côtés. Quand le corps de mon frère s'est pointé à l'église dans son joli cercueil en chêne, je me suis dis tiens il est a l'heure, ça doit être la première fois de sa vie. Une fille pleurait sur l'épaule de mon père devant l'église et celui-ci m'a dit je te présente la petite amie de ton frère. J'ai serré la main, d'une créature blonde et sans saveur, soulagé que ce ne soit pas Hell. La fille pleurait a chaudes larmes, elle m'a soufflé son prénom sans que je le comprenne. Ma mère semblait la connaître aussi. J'ai pensé que c'était la copine officielle de mon frère. " Ton frère ne parlait jamais de toi, elle à dit d'une voix un peu lasse, j'imagine que tu n'avais jamais entendu parlé de moi non plus.". " Je n'avais pas parlé à mon frère depuis une petite dizaine d'années, je lui ai expliqué. ". La dernière fois que j'ai vu mon frère, j'avoue ne même pas être sur de m'en souvenir, j'ai parfois l'impression que j'ai tout effacé de mes souvenirs. Je n'ai jamais pensé qu'il y avait un bon et un mauvais, c'est juste, mon frère et moi, nous étions si différents, c'est comme si on avait pris deux personnes aux antipodes l'une de l'autre et qu'on les avait obligé a vivre sous le même toit. Je crois que nos parents aimaient nos caractères différents, je crois qu'ils appréciaient nos visions totalement à l'opposé. Nous avons toujours eu des rapports difficiles, j'ai longtemps cru que c'était du à la promiscuité de notre chambre, au fait que nous vivions sous le même toit. Mais dès que sommes devenus adulte, dès que nous avons vécu loin l'un de l'autre nos rapports sont devenus encore plus compliqué. Les repas de famille, seule occasion ou nous nous fréquentions, sont devenus le théâtre d'une sorte de guerre larvé, un combat sourd mais saignant, et peu a peu nos frasques respectives n'ont plus fait rire nos parents. Après ma trahison, comme on dit dans la mythologie familiale, et suite à mon départ pour l'étranger, je n'ai plus jamais revu mon frère. J'arrive devant le cimetière avec la fille à mon bras, mes parents sont dans le corbillard qui visiblement n'est pas encore arrivé. Je vois Alain qui est avec une fille à son bras et je vais vers lui. Salut il me dit alors que je lui tends la main. "Je te présente Camille, il me dit, la nouvelle compagne de ton frère." La fille à le visage ravagée de larmes. Elle me tends une main molle et puis dans un élan soudain me tombe dans les bras et me déclame une phrase de petit vieux à la manière d'une tragédienne. " Je suis désolé de faire ta connaissance dans des circonstances aussi dramatique." Je la laisse finir de verser des larmes sur ma veste en cuir pendant qu'alain serre la main de la fille qui m'accompagne dont j'ai oublié le nom. Il demande à la fille si elle est mon amie. " Non, elle réponds avec un air digne et mauvais, je m'appelle reine et je couchais avec Jérôme moi aussi." Alain est un ami de mon frère que j'ai toujours connu. Ils étaient déjà en classe en primaire ensemble, c'était un peu son frère de substitution, mais un qui avait le même âge et qui n'était toujours en désaccord comme moi. Un qui ne le méprisait pas et qu'il ne méprisait pas. Je referme la fenêtre de l'appartement de mon frère. Ma mère fait des cartons. Je repense a la scène quand mes parents sont arrivés avec la pseudo petite amie officielle de mon frère et que les trois filles se sont retrouvées face a face. Mort, mon frère m'aura fait rire. Le jour de son enterrement il m'aura enfin fait rire.

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