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impair

93 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 93 de la rue des pyrénées, une jeune fille allongé sur le canapé du salon de ces paents lit cette phrase dans un livre d'olen steinhauer  : "L’intrigue est une construction capitaliste qui vise à donner de la vie une fausse sensation de totalité, de sorte qu’elle puisse être évaluée, achetée et vendue comme un objet. Heureusement, conclut-il avec un grand sourire, je suis un poète. Je ne suis pas concerné." Devant le 93 de la rue des pyrénées, un homme pense a cette phrase qu'il a lu dans un livre de jim waltzer et auquel il s'identifie : "Il a découvert très jeune ce terrifiant sentiment, l'impression d'être hors de ce corps, l'effervescence d'une peur ressemblant à de petits insectes qui fourmillent sous la peau, la notion inconcevable qu'on ne devrait pas exister, du moins pas comme on le comprend. Il restait là à se regarder, sentant monter le désespoir, sans pouvoir vraiment reconnaître ce qu'il voyait dans son miroir. Il lui fallait alors se forcer à réciter des choses familières pour chasser la panique et retrouver un point d'équilibre." Au 93 de la rue des pyrénées, une femme fredonne les paroles d'un opéra de wagner: " Tout ce que je jugeais juste semblait inique aux autres;

Ce qui me paraissait faux, les autres l'approuvaient.

Je me retrouvais mêlée à des disputes partout où j'allais,

Je tombais partout en disgrâce;

Alors que j’aspirais au bonheur, je ne suscitais que souffrances;

De sorte qu’on m’appela «malheureuse»:

Le malheur, c’est tout ce que je possède."

Au 93 de la rue des pyrénées, une femme se dit qu'elle va répèter ce a sa fille ce qu'elle a lue dans un livre d'indridason : "L'autre possibilité qui s'offre à toi est d'accepter cette saloperie de vie, comme tu l'appelles, et de supporter la souffrance qui s'ensuit. De supporter la souffrance que nous devons tous supporter, constamment, afin de la dépasser et de profiter aussi de la joie et du bonheur que le fait d'exister nous procure malgré tout."  Devant le 93 de la rue des pyrénées, une femme qui se rend chez son avocat au sujet de son divorce pense a ce qu'elle a lu dans un livre de bill james : Mon mari à des côtés merveilleux, adorables, je n'irai jamais dire le contraire. Il est apolitique, gentil, instable, ne joue pas au golf, haleine correcte, inventif au lit, pas amateur de foot, aristocratiquement mal élevé, probablement fidèle la plupart du temps, d'une sauvagerie mesurée, de beaux restes de danseurs de claquettes quasi professionnels, capable d'apprécier les films des frères Coen, sauf le grand saut, bien sûr...et pourtant il y a cette incompatibilité si tragique. D'autant plus tragique, qu'elle est inexplicable, injustifiée et définitive. Il mérite mieux. Qui d'autre pourrait me secouer comme j'ai parfois envie de l'être ? Des enfants...est ce que ça aurait changé quelque chose ? Je n'en suis pas sûre. Je serais toujours la même. Lui serait toujours le même. L'identité...quel foutu fardeau."

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95 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Une femme qui se dirige vers le métro maraîchers, se met les doigts dans les oreilles pour les préserver du bruit, alors qu'un camion de pompiers sort toute sirène hurlante de la caserne du 95 de la rue des pyrénées. Un homme écoute le bruit de la sirène qui décroit alors qu'il longe le 95 de la rue des pyrénées, il se demande s'il est amoureux de la femme avec laquelle il vient de passer la nuit tout en se dirigeant vers l'arrêt du 26. Une femme a sa fenêtre regarde le camion de pompiers qui sort du 95 de la rue des pyrénées, elle se demande si quand elle mourra, les pompiers viendront la chercher et l'emmèneront un peu plus loin vers l'hôpital tenon toute sirène hurlante. L'enfant remonte la rue pour aller a l'école, alors que le camion de pompier passe a toute vitesse dans la rue des pyrénées toute sirène hurlante, son père est encore venu la voir dans son lit cette nuit, il sentait l'alcool et il lui a dit qu'il l'aimait, l'enfant se demande si elle doit en parler a sa mère. L'enfant se demande. Un homme regarde le numéro 95 accroché à la devanture de la caserne de pompiers. Ou suis-je  ? se demande l'homme.  Comment je m'appelle ? Le passé est un brouillard, une illusion. L'homme regarde ses pieds. Il porte des chaussons, pourquoi est-il dans la rue avec des putains de charentaises, oui pourquoi ?

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97 rue des pyrrénées

Publié le par drink 75

 

Au 97 de la rue des pyrénées, un lit un livre. "le roman d'une érosion". L'auteur est inconnu. Voici ce qu'il lit page 22, assis dans un fauteuil, une bière posée sur la petite table du salon de son deux-pièces. "C'est la façon froide et déterminée dont elle m'a annoncée qu'elle me quittait qui m'a le plus impressionné. Raide et droite sur sa chaise, après qu'elle ait prononcé la phrase composée de ces mots : je te quitte.  J’ai repoussé la tasse de café qu'elle avait posée devant moi et je me suis dit qu'il fallait partir. J'ai eu envie de lui demander pourquoi, pour qui, pour quoi ? J'ai voulu lui demander j'ai fait quelque chose, j'ai dis une connerie, je me suis mal comporté, je t'ai choquée ? J'ai eu envie de lui dire, il y a quelqu'un d'autre, tu couches avec, tu es amoureuse ? J'ai voulu lui dire des horreurs et des choses insensées, blessantes, des mots qu'on jette à la gueule pour faire souffrir, des phrases comme des couteaux effilés. J'ai eu envie de lui dire je t'aime, je t'aimerais toujours, je vais attendre que tu reviennes, je veux bien t'épouser, je veux bien faire un enfant, je suis d'accord pour l'avenir, je suis d'accord pour qu'on vive ensemble.  Mais je n'ai rien fait de tout cela. Je n'ai rien dit. J'ai repoussé ma tasse de café comme pour signifier que la partie était finie, pour prendre acte de ma défaite. Je suis resté sur ma chaise, sonné, l'air hagard.  Je l'ai regardée avec un air contrit et désespéré, je l'ai regardée comme on regarde une étrangère, et j'ai essayé de me lever.  Je ne suis pas parvenu à prononcer la moindre parole, j’ai eu l’impression qu'elle attendait pourtant quelques mots de ma part, mais j'étais en état de choc, je venais de me prendre une nuée de coups en pleine poire. Les lèvres sèches, aucun son n’est sorti de ma bouche, j'avais l'impression que je devais parler, occuper l'espace vide mais j'étais muet. Incapable de bouger et muet." L'homme tourne la page de son livre et avant d'en entamer la lecture boit une gorgée de bière.

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99 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je regarde les enfants qui rentrent dans ma classe de l'école maternelle du 99 de la rue des pyrénées. Une journée de plus. Ou de moins suivant le point de vue dont on se place. Le premier qui entre dans la classe, juste après avoir embrassé son père, celui-ci m'a bien fait comprendre qu'un instituteur en moyenne section de maternelle, c'était comme qui dirait contre-nature. Je me demande si le fils deviendra comme son père. A 4 ans, est que tout n'est pas encore écrit ? La mère de la petite fille très intelligente vient me remettre le livre dont elle m'avait parlé un jour précèdent. Je la remercie et lui promet que je le lirais car bien sur je n'aime rien tant que lire des livres sur l'éducation pendant mes moments de loisir. L'enfant n'ira pas en primaire à côté, je suis sur qu'elle la mettra dans le privé. Ce sont les nouveaux arrivants du quartier, ceux qui viennent car on peut acheter pour moins cher que dans d'autres quartiers de paris. Elle m'a demandé si je faisais une initiation a l'anglais. C'est fou chez les parents, cette propension a vouloir que leur enfant parle une langue étrangère alors qu'ils ne maîtrisent déjà pas le français. C'est sa grande soeur qui amène l'enfant dont je me demande s'il a toutes ses capacités mentales. Il faut que je rencontre ses parents. J'ai remarqué que les autres enfants l'excluent déjà de leur jeux. Le syndrome sa majesté les mouches. Une autre institutrice m'en a parlé dans la cour. Il a un sacré problème de coordination des mouvements en tout cas, il passe son temps a tomber a terre. Les enfants sont tous arrivés, ils ont commencé de petites activités et je me demande ce qu'ils vont devenir alors que leur avenir semble a peu prés écrit. Alors que tout semble irrémédiablement écrit.

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101 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je suis assis a mon bureau du 101 de la rue des pyrénées et je découvre que nick tosches est mort. Le meilleur écrivain, le meilleur biographe américain vivant. Enfin il lui semblait. Il aimait bien la carrière fourre tout, les livres n'ayant aucun rapport entre eux. Entre polar, biographie, auto-fiction, roman new yorkais, quand au dernier c'était une nouvelle version de la bible. Nick tosches était mort. Le gars qui avait écrit ça : "Je suis venu à l’écriture parce que j’étais lâche, parce que j’avais peur. J’étais tenaillé par un besoin profond de communiquer mes sentiments à quelqu’un et je n’avais personne à qui les communiquer. Dans le quartier où j’ai grandi, quiconque exprimait ouvertement ses sentiments était voué à l’ostracisme. D’ailleurs ce n’était pas dans ma nature. Regarder quelqu’un droit dans les yeux et lui déballer ce que j’avais sur le cœur, c’était au-dessus de mes forces. L’écriture était donc pour moi une façon de communiquer sans regarder qui que ce soit dans les yeux. L’art viril on en était loin. C’était un art de trouillards". Une voiture klaxonne dans la rue des pyrénées. Des gens marchent. Nick tosches est mort un peu plus d'un mois après philippe pascal. Celui qui avait écrit ça : "L’alcool était son aphrodisiaque, son lubrifiant et son libérateur. Beaucoup d’hommes de sa connaissance, dont la plupart buvaient considérablement moins que lui, se plaignaient de l’effet amoindrissant de l’alcool. Mais, pour lui, l’effet avait toujours été différent. L’alcool servait à rendre tolérables, plaisantes même, les sottises vaporeuses exigées par la race des femmes comme prélude et condition avant de baisser leur culotte pour un étranger, le tribut en mots creux que devait rendre au génie de l’amatrice quiconque demandait passage, comme si les vaines paroles et les bêlements d’un homme pouvaient différer de ceux d’un autre." Il n'avait jamais lu de biographie dans sa vie, ça ne l'intéressait pas. Sauf celles écrites par tosches. Celle sur jerry lee lewis, celle sur sonny liston, celle sur dean martin. "Mais lui, il n’avait jamais conçu que dalle. Ça lui était resté sur le dos de la main droite ou la pétasse de service se l’était enfilé dans le bec. Du jus de bébé mort. Et maintenant il était trop tard. Il était né seul et il mourrait seul. Au fond ça valait mieux. Merde, se connaissant, il serait fichu de payer une gonzesse pour qu’elle lui tienne la main sur son lit de mort. Quand on à du pognon on peut tout s’acheter.". Il y a quelques mois, il avait lu son dernier livre, une sorte d'adaptation de la vie de jésus, un truc assez rigolo ou il l'imaginait comme une sorte d'escroc. Un bouquin qui semblait que ce n'est pas parce qu'il allait mourir qu'il se sentait devenir croyant. "Il alla boire avec les fantômes de son passé. Il aimait toujours ces gars comme des frères. Mais c’était comme si eux aussi, à l’instar de ces années auxquelles ils se rattachaient, avaient été emportés par le courant, si loin qu’il n’entendait plus le bruit de leur chute précipitée. Ils étaient transparents, des ombres. Pour lui, la mort n’était pas un pressentiment qui se dressait devant lui, c’était la tombe humide de la mémoire, la tombe de tout ce qui était derrière. Le passé l’avait vidé de l’intérieur et il avait rempli ce vide avec une solitude dans laquelle se terraient les ombres comme celles-ci. C’étaient les larves de ces séductions, de la raison et de l’amour, ces ombres fouisseuses. Il les sentait. Elles lui donnaient la chair de poule, elles le déconcertaient. Leurs précieux souvenirs constituaient la terre de son cimetière. Jamais il n’avait été heureux à leur manière. Jamais il n’avait ri à leur manière. Leur manière à eux était trop proche. Son bonheur, ses rires, étaient des exorcismes, une mano cornuta pour maintenir le monde à distance." Nick tosches est mort le 20 octobre 2019, il était italo-albanais, il parait que son père venait d'un village dont les habitaient faisait même flipper les gars de la camorra. Italo-albanais. Mon dieu ! "Alors la prochaine fois que l’envie te prendra de me montrer une photo de ta mocheté de femme, que j’ai peut-être tronchée et instantanément oubliée il y a 20 ans, et de tes gosses, qui ont le malheur de te ressembler, et que tu t’apprêteras à me parler du mal que tu te donnes pour les faire vivre, je te serai obligée de bien vouloir te la carrer dans le cul. Ainsi d’ailleurs que ta vieille suceuse édentée de mère, dont tu prends paraît-il soin. Merde, quand elle claquera, je suis sûr que ça va bien arrondir tes fins de mois. Allez-vous faire mettre avec vos congés payés, vos retraites, vos vieux pleins aux as, et vos larmes de crocodiles sur votre boulot qui est si dur et les sacrifices que vous vous imposez. Le seul sacrifice que vous pourriez vous imposer, ce serait de vous tirer une balle dans la tête. Je vomis tous ces enculés qui n’ont jamais hérité où sont en passe d’hériter le moindre fifrelin. Vous êtes la lie de la terre, cette terre sur laquelle vous n’êtes pas fichus de faire votre chemin seul. Votre chemin, vous feignez seulement de le faire ; mais vous ne travaillez jamais sans filet. Les dures réalités de la vie, vous les vivez en amateurs." Au 101 de la rue des pyrénées, je me dis que si un jour j'avait été publié, j'aurais sans doute mis en exergue cette citation de nick tosches. "Vous comprenez, il fallait vraiment que j'aille en enfer. J'avais, pour ainsi dire, le mal du pays."

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103 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Le 103 de la rue des pyrénées, c'est le berbère café, ou le berbère rock café. Ca dépend des gens. En fait je crois que pour la majorité des gens c'est le berbère rock. Un  type sirote un café au comptoir du berbère rock, il se demande si c'est autorisé. Ce n'est pas bon pour sa santé le café se dit-il mais est-ce que vivre est bon pour la santé, se demande t'il en rigolant intérieurement. Quand on sait que tout est fini, on commence a se repasser le film de sa vie. C'est curieux depuis quelques temps, il a l'impression de revivre des scènes de son enfance, il voit sa mère, son père, des images qu'il pensait disparu. Bordel, se dit il, en plus de ne plus picoler, voila qu'en vieillissant on devenait sentimental.  Devant le 103 de la rue des pyrénées, à l'angle avec le passage dagorno, devant le rade un peu miteux, une femme attends son uber. Le manteau couvre ses formes, sa jupe un peu courte, son bustier qui met ses seins en évidence. Elle se demande ce que fout le uber, elle n'aime pas attendre sur le trottoir alors qu'elle est habillée pour un rencard. Elle est pourtant détendu car elle connait le client. Elle a déjà couché avec lui 2 fois. Elle n'a pas la même appréhension que lorsque c'est un client inconnu. Payer ses études. Elle se demande si elle y croit encore. Pourra t'elle vraiment revenir a sa petite vie d'étudiante maintenant qu'elle touche beaucoup d'argent, dors dans des draps en soie, dîne dans des restaurants étoilés. Est-ce qu'elle pourra revenir un jour a sa petite vie d'étudiante fauchée ? Au 103 de la rue des pyrénées assis a une table du berbère café, un homme regarde a travers la vitre, le mouvement de la rue. Il assèche sa bière et en demande une autre d'un petit signe au patron. Il se sent seul. Coucher avec deux filles, entretenir une vraie relation avec deux femmes différentes, ce n'était pas la meilleure des idées. Il a perdu les deux en même temps. Il se demande les raisons qui font qu'il n'a jamais fait de choix dans sa vie, pourquoi il a papillonné entre les femmes, les boulots, les villes. Sans réellement choisir. Il est normal de se retrouver seul à l'aube de la vieillsse. La fin du parcours n'attire pas les femmes. Lui même n'est pas très attiré par ce qui l'attends, lui même n'est pas très attiré par ce qu'il va devenir.  Enfin ne rien devenir.

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105 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 105 de la rue des pyrénées, dans le bel immeuble qui se trouve un peu avant le berbère café, un homme sirote un whisky et se demande ce qu'on dit a une personne que l'on a pas vu depuis 30 ans ?  Il finit son verre de jack daniel's et pense que déjà il ne sait pas quoi dire a quelqu'un qu'il n'a pas vu de puis un an ou deux. Alors depuis 30 ans  ? On dit tiens salut quoi de neuf depuis 30 ans ? Et puis il apprend que philippe pascal est mort. Et tout revient. Rennes. L'ubu. La place des lices. Les trans. La salle de la cité. Les années 80. Dominic sonic. L'hiver. Dol de bretagne. Le train de nuit. La rue st michel. Kalashnikov. Ceux des années 80 étaient en train de tomber. Laurent sinclair. Tous. Y passer. Au 105 de la rue des pyrénées, un homme boit une bière. Philippe pascal est mort. Un de moins. Un de plus. La fin est proche.

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107 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Une femme sort du 107 de la rue des pyrénées, l'immeuble est moche mais elle est heureuse car elle vient de baiser avec son amant. Au 107 de la rue des pyrénées, celui-ci  la regarde sortir et se diriger vers l'arrêt de bus pour retourner chez elle. Elle ne quitterajamais son mari, il le sait. Il n'aura jamais mieux, que des séances de sexe et de rares moments d'intimité. Un jour quand elle le quittera il lui restera le bruit de sa voix sous la douche, quand elle chante, après l'amour. Le bruit de sa voix quand elle chante sus la douche. Un homme attends devant le 107 de la rue des pyrénées, il regarde vers la place gambetta, il regarde vers le métro maraîchers mais la femme avec laquelle il a rendez-vous ne semble pas arriver. Il regarde sa montre un peu nerveux. La femme est dans le bus, elle attends pour descendre que le bus s'arrête a la station un peu après le lieu du rendez vous. Elle a vu celui qui sera bientôt son ex-mari et juste a côté l'immeuble du 107 de la rue des pyrénées et le cabinet d'avocats. Elle sera bientôt débarrassé et elle ne ressent aucune nostalgie. Elle ne comprends pas le regard des autres qui semblent  penser qu'elle est malade. Un divorce, une fin d'histoire, c'est triste pour les enfants, même s'ils n'ont pas l'air d'être traumatisés. Elle descend du bus pour rejoindre celui qu'elle a tant aimé. Un homme fait les cent pas devant le 107 de la rue des pyrénées. Il erre, sur ce petit bout de trottoir, certains disent qu'ils attends une femme depuis toutes ces années, mais personne ne sait vraiment la réalité des choses. Le gars un peu handicapé qui vivait dans le foyer par très loin, celui qui s'est fait assassiné il y a quelques jours, parlait avec lui parfois. Certains disent qu'il attend une femme qu'il appelle fantôme. D'autres disent qu'il attend un fantôme pour dire qu'il n'attends personne. Les gens inventent car ils ne savent pas. Une jeune fille sort du 107 de la rue des pyrénées, elle est pleine de larmes. Elle n'a que 16 ans et elle ne sait pas encore que les amours a cet âge ne sont que des cartes postales qui finissent par rester sur un mur. Un souvenir un peu pâle. Le garçon qui vient de plaquer la jeune fille allume un pétard. Il en avait marre de cette fille, un peu romantique, un peu lunaire. Elle se projetait trop dans l'avenir. Putain meuf, on a 16 ans, laisse-moi te lêcher le clito et te pénetrer, on est juste la pour s'éclater. Au présent. Le jeune garçon ouvre la fenêtre pour aérer et dissiper l'odeur de l'herbe. Du balcon du troisième étage du 107 de la rue des pyrénées, il voit la jeune fille qui attends le bus en pleurant. Dommage elle avait de beaux seins. Dommage, elle avait vraiment de beaux seins.

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111 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 111 de la rue des pyrénées - juste après l'angle avec la rue des orteaux et de la rue des haies-  se trouve un immeuble, caché derrière l'arrêt de bus du 26 et 64 direction nation pour l'un et place d'italie pour l'autre. Dans cet immeuble, au premier étage, un homme, de retour de voyage,  relit ce qu'il a écrit pendant qu'il était a prague. " Prague. je me souviens du garçon dépressif et bègue qui ne parle que quand il est tout seul et qui ne prononce plus un mot quand sa copine est présente. Je m'approche de son front et je pose ma main sur le visage brûlant de la plus jolie femme du monde. Je me souviens des parties de flippers et de baby-foot, quand nous donnions des cours de flipper a la jeune fille et qu'elle nous donnait des cours de baby-foot. Je regarde ton visage un peu transpirant, un peu glacé, un peu comme hors du monde et je sais que je donnerais ma vie pour que tu ailles mieux. Je me souviens du petit enfant qui donnait toute sa bouffe au petit chien pendant qu'on descendait des bières dans le chalet près du bunker. Je dépose des baisers sur le plus beau front du monde comme pour lui donner un peu de chaleur et de vie. Je me souviens de cette femme qui s'acharnait a me parler en tchèque dans la rue alors que la pluie tombait sur zizkov. Je m'assois près du lit et je plante mes yeux dans les siens et je lui dis que tout ira bien parce que c'est comme ça. Je me souviens des verres et des verres et des verres de bière qui succédaient aux verres de bière et comme j'ai apprécié quand la jeune fille nous a servi une soupe aux potirons. Je caresse son front tout chaud et je sais que c'est la seule femme que j'ai jamais aimé, la seule que j'aimerais jamais, je le sais. Je me souviens du nain qui a gerbé en descendant du tramway, de la fille en mini-jupe qui s'est cassé la gueule au cross, du patron de l'herba ivre mort. Je laisse ma main sur son front et je sais que désormais, elle ne te quittera jamais, car je sais que désormais, nous ne nous quitterons plus jamais. Jamais plus. Noir. Il est 8 heures du matin et on sort de la boîte. Prague est éclairé par un ciel gris et recouvert d'un brouillard assez opaque. La jeune fille appelle un taxi alors que passe un tramway qui nous emmènerait chez nous. Je dois partir dans quelques heures pour l'aéroport et je sais que je n'aurais pas le temps de dormir. Je me sens assez peu bourré. Vu que la soirée a commencé aux alentours de 17 heures, j'ai du boire entre 5 et 7 litres de bières. Il a plu toute la journée sur Prague et pour la dernière journée on a pas fait grand chose, c'était le jour anniversaire de garçon tout maigre et on voulait être en forme en sachant qu'une nuit blanche nous attendait avant mon départ. On mange pas le midi vu que c'est l'heure ou on se lève, on se prend juste une soupe au self d'en bas de la rue. On bouge vers 17 heures, affamés, on se dirige vers cet endroit ou on a déjà mangé, en face de l'akropolis. Je me dis que pendant ces 8 jours, je n'aurais quasiment pas quitté zizkov. En même temps, hormis pour aller bosser, est-ce que je quitte souvent belleville ? Ça nous retape bien de manger, nous sommes ensuite rejoint par la jeune fille et par ce type que j'adore avec ses petites lunettes rondes. Il n'a pas fait d'études parce que c'est parents étaient adversaires du régime mais c'est un puits de science et de culture. La jeune fille s'énerve quand on parle de son avenir. On rejoint ensuite d'autre gens qui fêtent aussi un anniversaire au café u sadu. Il y a ce type qui me fait rire et qui porte une perruque, ce type qui a subi quelques sévices de la police quand il était jeune car il est homosexuel et dont tous les cheveux sont tombés. Il y a aussi ce garçon qui est devenu bègue suite aux visites incessantes de la police chez ses parents quand il était jeune. Comme le mur est tombé, on ne se rends plus compte ici, mais les gens de notre génération, les quarantenaires, ont des bagages un peu chargés. Sachant que je suis français, un type me demande si je connais magma. Niveau musical, ici, il y a toujours cette fascination pour la musique des années 70 et le hard-rock. J'ai même vu une affiche en ville pour un concert de queensryche, un groupe que je pensais disparu depuis les années 80. On boit des montagnes de bière, avec garçon tout maigre notre addition se monte a 500 couronnes sachant que la bière est a 25, je me dis qu'on a éclusé, et surtout que j'ai éclusé, vu que je picole plus que garçon. On va dans la boîte pour laquelle travaille la jeune fille. Son copain m'offre une bière après nous avoir fait rentrer gratuitement. Les autres prennent un peu de speed pour tenir toute la nuit. Je me sens pas très fatigué, j'ai les clés et je peux rentrer a tout moment. Je croise le patissier français avec lequel on déblatère sur la musique. De la techno ultra chiante. En même temps on ne prends pas de drogues je lui dis. Je croise une fille qui me dit que je n'ai pas le visage d'un français mais celui d'un anglais, voire même d'un irlandais. Non sérieux je lui dis pas. Je passe au gin-tonic. Je tiens ainsi toute la nuit, je parle rugby avec l'australien, j'erre dans les détours de l'endroit. Je pose ma main sur le front brûlant du fantôme et je lui dis de ne pas s'en faire. C'est vite le petit matin, je regarde le fantôme dormir alors que l'on remonte les rues de zizkov vu que garçon tout maigre a voulu qu'on descende au même endroit que jeune fille. Je décide de veiller sur le fantôme pour une fois. Je décide de veiller sur toi pour toi une fois. Veiller sur toi. Noir. Le serveur amène une poêle immense ou il doit y avoir la production annuelle de patates de la Corée du nord. Tout cela baignant dans un peu de lardons et recouvert de gruyère rapé vu que la mode ici est de tout recouvrir de gruyère râpé. La journée tire à sa fin, une sorte de fog commence a recouvrir la ville. La jeune fille mange trois ou quatre patates puis demande au serveur de lui mettre le reste dans une boîte pour l'emmener chez elle. Je pense que ça lui fera de quoi diner pour quelques jours. On sirote nos bières peinards. On vient juste d'entamer le marathon du houblon. Juste avant, on a été mangé un peu de sucre dans une de ces pâtisseries qui font salon de thé, garçon tout maigre à pris le gâteau le plus improbable, un truc avec des couleurs et des couches sans fin pendant que j'ai pris un truc avec pleins de crème, une sorte de mini paris-brest un peu lourd. On est dans ce premier café dont je ne me souviens jamais le nom sur une petite place dans les premières rues de zizkov sur jiriho z podebrad. La jeune fille nous a rejoint après avoir été distribuer des flyers tout une matinée pour la boîte de nuit. Le soir se mue en un tableau plus sombre, un dégradé de gris. La jeune fille nous quitte pour aller chez elle se changer pendant sort se changer. On remonte quelques rues pentues pour aller au chocobomba avec garçon tout maigre. On joue un peu au flipper, continuant de siroter des bières, la seconde salle est remplie de gens qui viennent rouler et fumer des pétards. Deux types à l'air crétin viennent jouer au flipper et nous entendant parler une longue étrangère, l'un dit à l'autre en tchèque, qu'est ce qu'ils fichent ici ces deux pédés. Chaude ambiance je dis au garçon tout maigre en rigolant. La jeune fille nous rejoint, on boit un shot de becherovka et on repart à la bière tout en continuant de jouer au flipper. J'aime bien ici, il y a 4 billes par partie. Ensuite, une table de poker est installé dans le bar et on décide de se casser pour de nouveaux horizons. Encore une petite errance dans les rues de zizkov et on se retrouve au belzebuth. On tombe sur ce type un peu allumé qui à l'apocalypse de Dürer tatoué dans le dos. Le copain de la jeune fille nous rejoint et on fait quelques parties de baby foot. J'ai un peu faim. Il est aux alentours de une heure du matin. On sort du belzébuth. On laisse le petit couple devant sa porte. On monte cette rue ou le dénivelé est vraiment important. Je m'achète un sandwich chez une vietnamienne qui à les ongles peints en roses fluos et on se dirige vers l'akropolis avec garçon tout maigre. Un petit arrêt dans un square pour que je mange tranquille pendant que le garçon pisse contre un arbre et roule un pétard. Un jour je devrais compter combien il en fume par jour. Une dizaine, une quizaine, une vingtaine ? Je le connais depuis 25 ans, et le rythme n'a jamais faibli. Je ne fais plus attention depuis longtemps. Dans la première salle de l'akropolis, celle avec le bar tout en longueur, il y a une techno assez basique et chiante. Par contre dans la seconde salle c'est juste parfait. Il y a ce dj dont le nom est si long qu'il ne tient pas sur le flyer, j'adore ce qu'il fait, un son à la prodigy, très équilibré. Je bois des bières pendant que garçon tout maigre roule des pétards. Il regarde fasciné une jeune fille qui porte un tee-shirt magic girl danser. Un moment il me désigne une brune qui danse curieusement sur la piste. C'est pas le fantôme là-bas il me demande. Soudain l'effet des bières s'estompe un peu. Elle est jolie il me dit. Oué, elle est jolie je dis. Mais elle n'arrive pas à la cheville du fantôme. Elle est même à des années lumière de la grâce du fantôme je lui réponds. A des années lumière de la plus belle femme du monde. Noir. On est au cross club venu voir ce type qu'on avait rencontré la veille dans le bar punk. Je viens toujours au moins une fois au cross lors de mes séjours a prague. Comme une madeleine de proust. C'est vraiment chouette ce qu'il fait le garçon brésilien. Je descends jusqu’à Florenc pour récupérer le métro, il fait assez beau surs zizkov, j'aime bien le chemin dans ce sens, ca ne fait que descendre. J'ai un peu mal aux jambes à cause des longues heures de marche de la veille, vu que garçon tout maigre avec décrété que le cross n'était pas loin a pied. Je suis le regard extérieur de cette affaire familiale qui se déroule sous mes yeux, garçon tout maigre essaie de parler avec la jeune fille qui veut retourner vivre en belgique mais elle devient tout de suite hystérique, j'ai un peu peur un moment qu'elle nous balance dans la gueule la sauce brune et si tchèque dans lequel baigne son pauvre morceau de boeuf. Le brésilien nous l'avait expliqué la veille, il en a eu ras le pompon de la battucada et des sambas en tout genre, dorénavant il joue sur scène accompagné de multiples percussions et d'instruments divers et variés comme dirait l'autre, il accompagne un dj. Il brode un thème sur les sons que mixent le dj, c'est assez chouette. Ce soir là, il en a plus un saxophoniste à ses cotés. Je croise le garçon que j'appelle très finement pinocchio car il semble toujours avoir la gueule de bois, et on papote cinq minutes dans un sabir anglo-tchèque avant de se quitter sur la certitude de se revoir à l'anniversaire de vendredi. L'ex de garçon tout maigre habite en plein quartier touristique, juste au bout du pont charles sur malostranska. Sauf que perdu dans la corse profonde en train de lire le dernier toussaint je descends à l'arrêt d'avant qui est staromachinchouette près du conservatoire et que je me traverse le fleuve sur le pont à côté du pont charles pour éviter les hordes de touristes. Je devine le fantôme sur un bateau sur la vltava qui me fait de grands signes. On croise un français qui nous interpelle au cross, il a une portion de frites à la main et la main d'une fille dans l'autre. Il demande à garçon tout maigre ce qu'il fout la et celui ci lui retourne la question. On est pas amis dans la vie mais on peut être amis facebook me propose curieusement l'ex de garçon tout maigre en me faisant visiter son grand appartement. Je bois une ou deux bières pendant le conseil de famille. C'est presque cocasse. L'ex cinglée est relativement calme comme je l'avais déjà remarqué l'avant veille quand on l'a croisé dans je ne sais plus quel rade vers les trois heures du matin. J'explose de rire, quand elle dit je ne prends plus rien à la suite de la réflexion de garçon tout maigre, qui lui dit qu'elle semble plus sereine. Je ne prends presque plus rien drink elle insiste. Cinq minutes plus tard elle s'enfile deux lignes de speed sans sourciller alors que je me bidonne. On rentre par le tramway de nuit. Un nain vomit sur le trottoir. Une fille marche de travers sur le trottoir dans un état d'ivresse avancé. Je me dis que la nuit ressemble a berlin. C'est jour de match au viktoria zizkov et je me noie un peu dans la foule. J'essaie de trouver un regard. J'essaie de deviner son visage. Je cherche le fantôme qui me manque terriblement. Et puis je me dis qu'elle est quelque part et qu'elle veille sur moi. Quelque part et elle veille sur moi."

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113 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Au 113 de la rue des pyrénées, un homme relit les premières pages d'une nouvelle qu'il vient de commencer. Elle s'appelle "le bout du goulot", et il se demande si c'est vraiment intelligent comme titre. Il relit ce qu'il a écrit jusqu'ici. " J'ouvre un œil alors que le métro rentre dans la station. Je reste les yeux sous ma couverture, même si l'odeur est insupportable, je préfère l'odeur nauséabonde à la  lumière crue de la station. Je n'entends pas de pas, il doit être encore très tôt, ce qui devient pénible à partir d'une certaine heure, ce sont les talons des femmes qui résonnent dans toute la station et qui claque dans votre tête. Je les entends parfois arriver de l'autre côté du quai, elle commence par descendre l'escalier, et le bruit de leur talons qui commence lancinant a fracasser le crâne. Tous les matins c'est gueule de bois, et la lumière crue de la station plus le bruit du métro qui entre et qui repart, le bruit des talons des femmes et comme le bruit de trop. Je voudrais m'asseoir et me lever mais je reste sous la couverture, je tâtonne avec mon bras à la recherche d'une bouteille, j'ai envie de boire une lampée ou deux et puis de retomber dans le coma pour quelques heures. Chaque soir quand je m'endors, je me dis qu'il va se passer quelque chose le lendemain, mais il ne se passe jamais rien, chaque jour je m'enfonce un peu plus, mon cerveau perds des neurones, ma vie s'embrume, j'ai une longue journée d'alcools et de manches devant moi. Je sens de plus en plus mauvais chaque jour et même quand je me lave et qu'on me donne des vêtements propres, même si je pue un peu moins, je ne sens plus la différence. Je râle un peu sous ma couverture et je ferme les yeux en m'imaginant, loin d'ici, loin des odeurs du métro, loin de la ville. Je suis allongé sur une plage, le vent caresse mon visage et je sens le soleil qui me chauffe tout le corps. Les oiseaux gloussent au loin, des enfants jouent dans le sable, j'entends le murmure des vagues crescendo, il y a l'odeur des huiles et des crèmes solaires. Je ferme les yeux et je devine le sable et la mer. Le métro entre dans la station comme pour signifier la fin de ma rêverie. Ça sent mauvais sous la couverture, tout mon corps pue, je ne suis qu'un étron géant. Je ferme les yeux, j'ai mal au crâne, je voudrais encore un peu dormir, une femme avec des talons est descendue du métro, je la maudis, le bruit de ses pas résonnent dans mon cerveau. Je ferme les yeux. Je me souviens encore parfois, de mon ancienne vie. Je me souviens des odeurs de la campagne, du parfum des femmes, je me souviens encore et toujours du visage de mes enfants. Ma vie d'enfant, ma vie d'avant, était comme un rêve ouaté, une vision d'une autre vie. Je me souviens encore de la vie a jeun, d'une vie qui n'était pas encore noyé par l'alcool. Mon existence désormais, n'est plus qu'un cauchemar, une sorte de brume, un peu comme de la mort avant la vie. Ma vie est un réveil difficile, une journée difficile, une soirée difficile, ma vie est une existence fantôme, une vie qui ne veut rien dire, un contresens, mon existence est un sommeil en attendant la mort. J'ai vécu pourtant, je me souviens de ma femme, des mes enfants, je me souviens des semaines de boulot, je me rappelle des réveil à l'aube, je n'essaie plus de me remémorer les plaisirs, les bons moments, je ne crois pas que cela m'aide beaucoup. Je ne sais pas si j'ai été heureux, je ne sais pas si j'ai vraiment vécu, mais je suis persuadé que c'était différent quand j'étais vivant. Je me souviens de ses yeux, je me souviens de leurs yeux, je me souviens parfois, chaque jour sans doute comme nous étions heureux. Je ne raconte jamais ma vie, sans doute qu'elle n'intéresse personne, il faudrait pourtant, au fur et a mesure que la vie passe, au fur et a mesure que le temps trépasse, ma vie s'efface. Mon ancienne vie du moins, non ma vie en fait, puisque je ne vis plus vraiment. Je devrais sans doute me souvenir une dernière fois. Je me lève, j'ai l'impression que j'ai de plus en plus de mal a me lever, chaque matin, je me rends compte que c'est de plus en plus difficile, surtout les nuits ou je ne trouve pas de place dans un foyer. Je me lève alors qu'un autre métro entre dans la station de métro, j'ouvre tout doucement les yeux dans mon sac de couchage et peu a peu j'essaie d'acclimater mes yeux à la lumière crue et drue de la station. J'ai mal au dos à cause de la nuit allongé sur le carrelage du métro. Je me suis toujours levé tôt, je me levais sans faire de bruit, même si ma femme ouvrait déjà un œil et me regardait d'un air ensommeillé. Je me souviens comme ses yeux sont amour. J'aime m'inonder encore de l'amour de ses yeux, parfois, j'ai encore et toujours le souvenir de ses pupilles ensommeillés qui me regardent. Je préfère cette image plutôt que celle de ses yeux morts, perdus dans le vide, comme vidé de la moindre substance, hors de la vie. Je me levais de très bonne heure, je me levais rapidement après avoir allumé la cafetière pour me préparer un café. Je laisserais en partant la cafetière allumée, pour que ma femme puisse se servir en se levant peu après mon départ. Parfois je buvais le café auprès d'elle dans le lit, après m'être lavé, je la regardais se réveiller. Ces instants, d'une banalité absolue, ces moments répétés chaque matin, me semblent tout à coup comme des instants de grâce, me paraissent si loin, mais si beaux. Je sais aujourd'hui que c'était cela le bonheur, me réveiller auprès de ma femme, la regarder, voir son ventre s'arrondir, toucher de près, la volupté et la douceur, la passion et l'amour. Ce temps semble si loin. Je pue, je le vois en me relevant, en m'extrayant de mon sac de couchage, je me rends des mines renfrognées, des femmes qui se pincent le nez, des visages agressifs ou condescendants, des gens de l'autre vie. Ceux qui partent travailler, qui ont une vie, une existence sociale, ceux qui sont de l'autre côté. Je me rends bien compte que je suis désormais hors-jeu, hors de la vie, et je m'éloigne tout doucement d'un monde dont je ne fais plus partie. Je ne bois pas beaucoup pour quelqu'un qui vit dehors. Je n'ai pas encore basculé dans la folie et dans l'alcoolisme. Je sais que ça viendra. Je sais déjà que peu à peu, ma pensée recule, l'âge venant, l'ancienneté de la rue, je me rends bien compte qu'un jour, mon esprit va me lâcher. Je me lève, le bruit du métro qui entre et qui s'en va de la station m'agresse, le bruit des talons des femmes m'agresse, la lumière crue m'agresse. J'enroule mon duvet et je sors de la station. La veille, comme il faisait beau, j'ai un peu traîné en ville, et il était bien trop tard pour espérer avoir une place dans un quelconque foyer. Il fut un temps ou je menais une vie normale. Auprès de cette femme, si jolie et si aimante, tout était bien jusqu'à...J'essaie parfois de me souvenir, de retrouver qui a décidé. Nous vivions depuis plusieurs années, un amour intense et fusionnel. Je crois que ma femme s'est retrouvée enceinte de façon naturelle, comme dans une sorte de continuité logique. Je me souviens de son bonheur, de la joie intense de ma femme quand elle s'est retrouvée enceinte. Et j'adorais ma femme, j'adorais qu'elle soit heureuse. J'ai regardé son ventre s'arrondir, je me souviens comme elle était heureuse, elle mangeait un peu plus, petit moineau qu'elle était, je lui découvrais tout à coup un grand appétit. Je me souviens comme parfois la nuit, je la regardais dormir sur le dos avec notre enfant dont le cœur battait au dedans de son ventre. Quand je dors dehors, je ais presque toujours au bain douches. Grâce a une assistante sociale qui m'a prit en amitié, je touche le RSA, ça me permet d'avoir un tout petit pécule. J'ai une carte de retrait que je laisse avec mes quelques affaires dans le lieu qui me sert de boîte a lettres. Pour me laver je fais toujours place du guigner. Quand je dors au métro jussieu, je prend la 7 jusqu'à châtelet et puis la 11 jusqu'à Jourdain. Ensuite je descends la rue du Jourdain et puis je longe la rue des Pyrénées jusqu'à la place du guigner. J'apprécie la douche chaude et je frotte énergiquement avec mon petit bout de savon, j'ai l'impression de faire un peu partie des humains quand je sors lavé de la douche. Parfois j'ai des affaires de rechange car j'ai prévu de dormir dehors, mais quand comme ce matin, je remets mes affaires sales, je sais bien que je ne vais pas garder longtemps cet illusion de propreté. Les journées sont longues même s'il faut se rendre assez tôt dans l'après-midi au foyer pour avoir une chance d'avoir un repas chaud et une place. Parfois je passe dans des lieux ouverts la journée, comme rue du château des rentiers, ou je bois un café, je mange un biscuit et ou on parfois on me donne quelques vêtements. Le ventre de ma femme grossissait et nous entamions une danse de bonheur, d'amour et de légèreté. La semblait simple. Je me rappelle de cette période comme d'une fulgurance, tout se passe bien, ma femme semblait apprécier la maternité, rien ne semblait devoir renverser la sérénité qui envahissait nos deux êtres. J'essaie de me rappeler de ce que fut notre vie pendant ces instants de vie tranquille, calme. Le ventre de ma femme s'arrondissait. Tout semblait sous contrôle."

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