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impair

353 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

L'immeuble du 353 rue des pyrénées est coincé entre "a la bière comme a la bière" et "mister scooter". Un homme écoute le dernier album de mansfield tya qui s'appelle corpo inferno paru chez vicious circle et il répond a une fille qui lui a écrit sur le site adopteunmec point com au moment ou le duo chante en choeur "dans le monde du silence je m'emmerde". Au 353 rue des pyrénées dans un autre appartement une femme dépose dans une machine à laver un jean 501 de marque lévi's, un jean en cuir bill tornade, un tee-shirt de taille L du groupe effello et les extra-terrestres sur lequel est écrit je suis une loutre, une paire de chaussettes acheté par trois pour neuf euros quatre vingt dix neuf a h&m, un shorty noir, une paire de socks acheté chez macy's a pasadena, californie, une chemise mauve de chez celio, elle rajoute une dose de produit lessive de marque leader price acheté au franprix de la rue des pyrénées. Au 353 rue des pyrénées, un homme répète son rôle, il est acteur, il jouera dans quelques semaines, il ne répète pas, il apprend par coeur, bêtement, juste pour se mettre en bouche les mots, il apprend une des tirades principales de son rôle : "Mais mon petit bonhomme, vous savez que vous avez un toupet formidable. Oui je trouve formidable la manière dont vous faites les questions et les réponses, je trouve formidable que vous imaginiez des faits, que vous ne vous posiez aucune questions, que vos errances imaginaires n'aient point de place pour le doute. Ah ! La parole, la parole, les mots, ce ne devrait être que légèreté, que linéarité, que non-dit, que silence. Mais monsieur, cher monsieur, pauvre petit monsieur, la parole n'est pas ce moulin qui doit se déverser, ce n'est pas un flot qui doit recouvrer, non monsieur, la parole est un filet, une douceur extatique, un tout petit chemin. Je crois que vous vous trompez, les pensées ne doivent pas jaillir, répétitives et surannées. Vous êtes de ces gens pleins de certitudes, des étendards a bite, des staliniens mal fanés. Ce n'est pas la marée de mots qui rends la chose intelligente. Ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça, non, non et non. J'ai envie de vous hurler mon silence monsieur, de hurler mon absence monsieur, de hurler encore et toujours." Au 353 rue des pyrénées, un homme ressasse et ressasse encore ce qui lui a dit la femme qu'il aime tant, Des conneries sur la joie du souvenir, ce genre de poncifs qu'on entend plus que dans les ténénovelas. Garde un bon souvenir, il faut passer a autre chose. Cette salope se faisait troncher par une autre bite oui, c'est juste ça, il était tellement furieux, tellement furieux, il voulait fracasser son poing contre le mur de son appartement, pour avoir mal, il voulait boire de la vodka pour se fracasser l'âme et avoir le courage de se fumer. Les conneries que les femmes faisaient avaler aux hommes, c'était à se demander si elle ne répétait pas ce qu'on voulait entendre. Pauvre débile se traitait l'homme. Au 353 rue des pyrénées, la femme faisait d'abord un café très fort. Ensuite elle trempait les biscuits pour tapisser son plat. Elle faisait toujours deux tiramisu, un avec des biscuits champagne, l'autre avec des spéculoos. Chacun de ses fils avaient sa préférence. Ensuite elle versait la crème composait d'œufs de mascarpone de sucre roux de sucre vanillé. Avant de recouvrir avec un nouvelle tapis de biscuits trempés dans le café bien fort. Le système des couches chère a la cuisine d'origine italienne. A la fin elle saupoudrait de cacao. Posait une assiette pour que le tiramisu prenne. Toujours préparer la veille c'était bien meilleur. Au 353 rue des Pyrénées, un homme fait ses comptes et sait bien qu'il n'aura plus d'argent dès le 10 du mois. Il doit aller au lidl de la rue compans de l'autre côté de la place des fêtes pour dix euros il peut s'acheter des tonnes de pâtes et tenir le coup. Il paiera ses factures en retard, il est habitué. Il ne sort plus depuis longtemps, pas de cinéma, pas de sorties, plus de vie sociale. La vie est un mirage dont on ne revient. L'homme en est là. Au 353 rue des pyrénées.

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355 rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Un homme qui a tellement bu pendant des années qu'il ne sait plus tout a fait comment il s'appelle, il se souvient de son père, il se souvient encore de la pologne, de la terre dure comme de la pierre en hiver, de la nuit qui tombait si tôt. Par la fenêtre de sa petite chambre du 355 rue des pyrénées, il attends l'hiver qui n'arrive pas. Un autre homme, une autre petite chambre, il n'y a que cela ici, des hommes et des petites chambres, des cabossés, des alcooliques, des perdus, des largués, des losers. Des vivants. Un homme est allongé sur son lit, il a envie de boire, mais il n'y a pas d'alcool, il faudrait sortir dehors, il faudrait s'éloigner un peu, il faudrait boire et rentrer au foyer sans que ça se voit, il faudrait se cacher, et c'est tout ce qu'il a fait toute sa vie, se cacher, se cacher des autres, se cacher de sa famille, être un étranger dans sa propre ville, être un fantôme dans sa propre vie, il se cachait toujours, il risquait sa vie. Ici les gens comme lui peuvent se marier, mais s'il ne se cache plus, il n'est plus tout a fait le même, il a été dans le quartier de paris fréquenté par les gens comme lui mais il ne s'est pas reconnu. Il n'a pas retrouvé ses amis dans cette exubérance, dans ces paillettes et cette musique hystérique, il a bien compris qu'il n'aurait pas les moyens financiers de sortir dans le marais, alors maintenant allongé sur son lit, il se souvient de ces amis, ceux qui sont morts, ceux qui se cachent, ceux qui sont en prison, ceux qui ont disparus. Un homme regarde les voitures par la fenêtre de sa chambre, il ne va plus pouvoir rester longtemps, il se demande si ses parents sont encore vivants, sans doute que oui, il faudrait qu'il retourne en Auvergne, il faudrait qu'il s'abaisse a s'excuser, il faudrait qu'il demande qu'on lui pardonne, il faudrait qu'il bosse avec son con de père, il faudrait qu'il bosse avec ses enculés de frères, sous le regard haineux de ses salopes de belles-sœurs, sous les quolibets de ses couillons de neveux et nièces, il ne pourra pas, il savait en partant qu'il ne rentrerait jamais, il savait bien que ce n'était pas possible, alors il se demande ou il va aller aprèsi, s'il va continuer cette fuite en arrière, cette fuite de son passé, de ce qu'il était. Un homme dans sa chambre, lit le journal. Il l'achète a Belleville, un journal de son pays, il regarde si l'on parle de son pays, il regarde s'il y a des nouvelles, tout a l'heure il ira téléphoner, juste avant de repartir travailler, depuis qu'il est ici, il ne fait que travailler, alors pour lui ici c'est bien, il peut dormir et se reposer, boire un café le matin a la machine, faire une petite toilette, il est bien ici, il ne pourra pas rester si longtemps, le type avec lequel il travaille dans le restaurant pourrait lui avoir une chambre pour pas cher, 500 euros pour 12 mètres carrés, la moitié de sa paye, ils pourraient partager, ils ne paieraient que 250 chacun, ensuite il pourrait envoyer 500 euros par mois a sa femme, et il lui resterait 100 euros pour vivre, de toutes façon il travaille tout le temps. Il se lève, sort de sa chambre, il descend l'escalier qui mène à l'escalier, il fait un signe de tête à l'éducateur de permanence, et il sort du 355 rue des pyrénées, ce foyer d'accueil qu'il devra bientôt quitter. Il s'éloigne vers le métro pyrénées, il s'éloigne vers son boulot, il est juste là pour ça, travailler. Juste la pour ça.

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357-359 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Un seul immeuble qui regroupe ces deux adresses. Il y a eu le feu il y a un an ou deux. De sombres histoires de syndic véreux, de sous location de sous location. Plus d'ascenseur, plus d'eau, plus d'électricité. Ça va mieux je crois. Mais c'est de tout même des gens de peu, dans cet immeuble un peu vétuste, des locataires qui sont tous sur des cordes raides. Un homme trempe ses mains dans l'eau froide, il a coupé les cheveux de 30 personnes aujourd'hui, il n'a pas de papiers depuis 5 ans qu'il vit en france, il est entré comme touriste et il n'est jamais reparti. Il est en co-location avec un ami, un vague cousin. L'homme a mal aux mains, a force de couper des cheveux, a force de virevolter, il a aussi mal aux jambes. Il n'a pas de contrat de travail bien entendu, il n'a pas de papiers, son patron l'appelle parfois pour lui dire de ne pas venir, il ne peut rien demander, il ne peut pas se plaindre, il n'a pas de papiers. Il travaille tous les jours, six jours sur sept, du matin au soir, du soir au matin, sauf le dimanche. Il ne se plaint pas, il a toujours travaillé, toujours survécu, toujours vécu ainsi au jour le jour. Il se demande parfois ce qu'il serait advenu s'il était resté chez lui, auprès de sa mère, de ses frères, le pays n'était pas en guerre, le pays allait cahin-caha, on va dire. Après les attentats de paris, il a eu un peu peur de sortir, que les policiers lui demandent ses papiers, il est resté prostré quelques jours, son patron lui avait demandé de ne plus venir. Et puis il a bien fallu se remettre au travail, il n'avait plus de rentrée d'argent, il ne pouvait pas rester ainsi sans sortir de chez lui. Ce torrent qu'est la vie a recommencé, reprit son cours, comme un fleuve qui emporte tout sur son passage, la vie ne semble jamais devoir s'arrêter, elle continue inexorable jusqu'a ce que l'être humain, lui même a bout de souffle, demande grâce. Il écoute les gens auxquels il coupe les cheveux les sans papiers, la vie est bien loin de ce qu'en disent les journaux, la radio. Il est parfois presque fasciné, par les débats qui se déroulent en france, ces enculages de mouche pour des sujets qui ne concernent personne et qui n'intéressent personne, comme si au fond, la france vivait toujours pour mettre en avant des gens détenteurs d'un savoir inconnu qui assénait des vérités qui ne concernaient qu'eux. Il est fatigué, l'homme qui fait tremper ses mains dans une bassine d'eau, il n'a eu que le jour de l'an de repos, c'est comme si tout les hommes voulaient se faire couper les cheveux pendant les fêtes de noël. Il regarde la rue des pyrénées par la fenêtre, il a envie d'aller boire un café, de se reposer, il sait que l'hiver risque d'être un peu long. Il va continuer de couper des cheveux.

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361 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

 

Devant l'immeuble du 361 de la rue des pyrénées, un homme attend qu'il se passe quelque chose, il boit une rasade de vin rouge et regarde le ciel un peu ambré couleur bleu gris qui semble vouloir l'engloutir. Dans l'entrée du 361 de la rue des pyrénées, un livreur cherche le nom de la personne a laquelle il doit livrer un paquet. Aucun nom sur l'interphone ne correspond au nom sur le paquet, il hausse les épaules de dépit, il est de mauvaise humeur et il sent que cette journée ne sera pas bonne, il en est comme qui dirait intimement persuadé. L'homme se sent de plus en plus malade alors qu'il est déjà fatigué d'avoir descendu les deux étages, il regarde le facteur dans l'entrée et celui-ci lui demande d'un air las s'il connaît un monsieur dralaut. Non il ne connait pas il répond tout en se rendant dans la petite cour de l'immeuble ou se trouve le local a poubelle. Au fond se dit le type qui habite au troisième étage porte droite en poussant la porte cochère du 361 de la rue des pyrénées, on passe sa vie a s'emmerder mais a s'emmerder bordel. L'école n'est qu'ennui, le travail n'est qu'ennui, la vie de famille n'est qu'ennui qu'on soit parent ou enfant, le sexe n'est qu'ennui. Même attendre la mort ça fait chier il pense en ouvrant sa boîte aux lettres alors qu'un type habillé en facteur le regarde d'un air morne et semble se demander ce qu'il fout la. La femme qui descend les escaliers en courant car elle est en retard pour le travail traverse à la vitesse de l'éclair le hall d'entrée et sort dehors pour aller prendre le bus 26 qui doit l'emmener vers nation, elle a senti son téléphone portable vibrer pendant qu'elle marchait et elle regarde ce qu'il y a d'écrit sur le sms. Ya lublyu. Elle esquisse un sourire. Le facteur rebrousse chemin et repart vers de nouvelles mornes aventures. Le type devant le 361 de la rue des pyrénées le regarde passer en buvant une gorgée. Un homme sort de l'immeuble en se demandant s'il verra la nouvelle année. Des vies s'esquissent sans se retenir, sans même avoir le temps de se poser et de regarder, sans même saisir l'instant, au 361 de la rue des Pyrénées comme partout ailleurs dans le monde.

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363

Publié le par drink 75

 

L'immeuble est assez joli au 363 de la rue des pyrénées, un peu comme les HBM en brique rouge qui jalonnent les boulevards des maréchaux, il doit dater des années 20 ou 30, un truc dans le genre, au pied de l'immeuble. Au second étage de l'immeuble, un homme prépare son suicide. Il est toujours un peu au bout du rouleau quand noël arrive, quand les gens passent leur temps a faire un pseudo-bilan comme si la vie était un classement d'équipe de foot ou une connerie de ce style. Dans la matinée, il avait lu sur le facebook d'une vague connaissance le classement de ses 10 films préférés de l'année. Il se demandait quel type de personne pouvait penser que ça intéressait les autres, le classement de ses 10 films préférés, le classement de ses 10 livres, le classement de ses 10 amants ou maîtresse de l'année. C'était quoi ces conneries ? Les journaux regorgeaient de cela, comme si la vie devait absolument avoir une instantanéité, comme si on devait tout voir, tout lire, tout de suite. Et tout classer, putain, ça lui rappelait l'école, cette connerie inventée par l'homme pour créer des machines. De toutes façons il n'allait plus au cinéma, ce n'est pas seulement qu'il n'avait plus d'argent, c'est juste qu'il n'avait plus envie. Il lisait encore beaucoup mais c'est a peu-près tout. L'essentiel de ses journées, c'était fréquenter des collègues complétement abrutis, exécuter un travail sans intérêt. Il avait depuis longtemps ce soupçon d'inutilité qui lui vrillait tout le corps. Vivre ? J'aimerais mieux ne plus, j'aimerais mieux ne pas, se dit-il ce matin là, parodiant Bartleby, alors qu'après s'être branlé au réveil en pensant a des corps inconnus, il regardait la circulation éparse de la rue des pyrénées. Si le regard portait plus loin, il voyait le marché de la place du guigner qui longeait la rue des pyrénées jusqu'au croisement avec la rue de ménilmontant. J'aimerais bien manger une banane avant de mourir il se dit en se dirigeant vers la douche, ou l'attendait posé sur le rebord de la douche le gel douche pamplemousse-fleurs de frangipanier acheté au franprix d'en face. Alors que l'eau coule sur sa tête, il se demande comment il pourrait se fumer, après tout c'est bien beau de prendre des décisions de ce genre mais il faut ensuite les mettre en pratique. Un dimanche matin au 363 rue des pyrénées, un homme pense au suicide mais une bonne douche va dissoudre tout cela. Ou peut-être pas.

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365 rue des Pyrénées

Publié le par drink 75

Ma fille, ma toute petite fille, dit l'homme qui vit avec sa femme au troisième étage d'un petit appartement du 365 rue des pyrénées alors qu'il berce le nouveau-né dans ses bras, mon enfant, mon tout petit enfant, tu dois me pardonner car tu ne me connaîtras sans doute pas si longtemps, tu dois me pardonner car j'ai bien peur de ne pas être un bon père pour toi, je ne serais sans doute pas à la hauteur, et surtout je ne serais plus la, quand tu auras besoin de moi, je ne serais plus la et je t'en supplie ne m'en veux pas pour ça, je suis trop vieux pour toi il murmure beaucoup trop vieux pour être ton père, mais ta mère te désirait tellement. Ta mère sera toujours près de toi, ne l'oublie pas, s'il te plait, n'oublie pas que c'est à elle que tu dois tout. Je serais mort avant que tu n'aies 20 ans et je te supplie de ne pas m'en vouloir pour ça. Pardonne moi de ne plus être la. Un homme au premier étage regarde par la fenêtre pour regarder la circulation de la rue des pyrénées, les feuilles jaunies des arbres, les gens qui marchent vite pour combattre le froid, un sdf dort dans l'abri anti-atomique qui sert de bureau d'accueil dématérialisé quand vous avez un problème ou une question pour les autolib dont les emplacements sont comme toujours presque vide. L'homme cherche la solution et ne la trouve alors il se pose quelques minutes regardant le bruissement de la rue des pyrénées au-dehors et puis il se rassied et reprend sa grille de sudoku. Une femme compte et recompte les pièces au creux de sa main et se demande ce qu'on peut faire comme course pour 3 euros soixante quinze. Il va lui falloir aller au lidl de la place des fêtes, acheter un paquet de pâtes, nous sommes le quantième du mois elle se demande, et puis elle se dit que c'est de pire en pire, avant elle n'avait plus d'argent juste avant la fin du mois et maintenant c'est quasiment au début du mois qu'elle est a sec. Ne pas sortir ce week-end, ne plus sortir du tout, elle va rester chez elle et arrêter de claquer sa paie dès le début du mois dans des rades et dans des soirées bidons. Elle ne comprends pas pourquoi elle n'a pas d'argent et comment elle en est arrivé la. Elle se demande si elle va s'en sortir un jour mais elle ne le croit pas. L'homme est assis dans sa cuisine, il boit un café, il ne sait pas si c'est bon pour la santé et il s'en fout. Ainsi donc c'est arrivé il se dit, il est comme tout le monde désormais lui aussi il a un cancer. C'est curieux il se dit, je n'avais pas l'impression d'être aussi malade, cette petite douleur dans les poumons, il ne pensait pas que ça prendrait de telles proportions, lui qui ne va jamais chez le médecin, il est comme qui dirait récompensé de sa visite. Elle lui a trouvé un bien beau cancer. Il se dit qu'il va attendre de voir comment cette merde évolue, si c'est grave ou non, il considère qu'il n'est pas nécessaire de harceler son corps pour le tuer avec autre chose. Si c'est trop grave ou trop pénible, il en finira. Il n'a pas de famille, pas d'enfant, ce n'est pas indispensable de s'accrocher plus que de raisons. L'enfant qui vit au premier étage du 365 de la rue des pyrénées, est assise a son bureau, en train de rédiger sa liste de cadeaux. Elle sait que le père noël n'existe pas mais elle joue le jeu car elle voit bien que ça fait plaisir a ses parents. Elle aimerait qu'il neige sur paris, elle aimerait que les buttes chaumont soit recouverte de blanc coton pour y glisser de tout en haut avec un morceau de carton. Son père lui a dit qu'il faisait cela quand il était petit. Elle se demande quand il y aura de la neige. Elle se lève de sa chaise et se poste devant sa fenêtre, elle regarde le ciel, un garçon de sa classe passe en trottinette de l'autre côté de la rue et s'engouffre dans le franprix. Elle retourne s'asseoir pour continuer sa liste. Un sourire se dessine sur son visage alors qu'elle écrit. Dehors il ne neige pas.

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367 bis rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 367 rue des pyrénées, au second étage, vue sur cour, calme et silencieux, un homme rédige son journal intime. Il appelle ça fragment de la vie d'un homme, c'est un peu pompeux mais l'homme lui-même, est un peu pompeux. Il écrit sur son journal, au stylo, old school, et voici qu'il écrit : "Parfois je me dis que je n'arrive pas a la cheville de ce qu'elle croit que je suis et puis je me dis quelle importance après tout puisque l'on peut vivre en plaquant les uns sur les autres ce qu'ils ne sont pas mais ce qu'on veut qu'ils soient. Une étreinte me convainc qu'elle ne plaisante pas et je crois que c'est ce que j'aime chez elle, elle ne plaisante pas. J'entends sa fureur dans le téléphone mais j'entends ses larmes. Je devine les battements de son cœur qui s'espacent, trépassent, je dévie les larmes de son visage vers le néant. C'est curieux comme je n'ai jamais supporté quoi que ce soit de qui ce soit et comme j'accepte toutes ses questions et toutes ses interrogations. Elle est sincère, elle ne triche pas. J'ai connu des gens nocifs, des gens qui n'ont jamais dis une phrase sincère de leur existence. Elle est l'exact inverse. Elle ne triche pas, elle ne joue pas. On voudrait la prendre dans ses bras et lui dire de ne pas se fracasser contre des murs de métal la tête en avant. Je sais que je pourrais l'attendre des heures, des jours, des semaines, des mois, des années...On passe sa vie a ne croire en rien. A n'attendre rien. A n'espérer rien. J'attends, pendant qu'elle maintient des existences a bout de bras. J'attends. Elle ne se plaint jamais de ça. C'est un taureau. On passe sa vie en sachant qu'on fera de son mieux entre les grands moments, que les tourments sont proches des plaisirs et que la vie n'est pas la pire des choses. On passe sa vie car on se ne sait pas l'occuper. Et puis un jour rien n'a plus vraiment d'importance. On regarde cette femme qui dort au fond d'un lit sans confort. On sait qu'on veut juste qu'elle ne parte jamais. Je sais que je ne te mérite pas je lui dis. C'est vrai que tu n'es qu'une andouille elle répond. Un jour on regarde cette femme qui dit oh la tour eiffel comme si c'était la première fois qu'elle la voyait et l'on a pas envie de se moquer d'elle. Mais juste de la prendre dans ses bras. Et qu'elle ne vous quitte pas. Qu'elle ne te quitte pas. Je crois que tu es faite pour moi. Ou moi pour toi. Je crois que nous sommes faits pour nous." Au 367 rue des pyrénées l'homme pleure sur ce qui ne sera pas. Au 367 rue des pyrénées, l'homme coule des larmes sur des feuilles de papier et puis il attends que le temps ne passe pas. Il attends un peu, que le temps ne passe plus.

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367 Rue des Pyrénées.

Publié le par drink 75

 

L'immeuble qui se trouve trois cent septante sept rue des pyrénées forme un arrondi a l'endroit ou la rue vacille un peu sur sa droite pour ensuite aller tout droit vers la place Gambetta pour ensuite descendre tout schuss vers le métro maraîchers pour ne vaciller en bout de course que vers le cours de Vincennes. En face la rue des pyrénées s'interrompt quelque peu pour laisser l'espace a la place des grandes rigoles. Mais nous en reparlerons quand enfin nous commencerons le décompte des numéros pairs de la rue des pyrénées, bientôt, pas tout a fait tout de suite mais bientôt. Dans l'immeuble qui se trouve au trois cent septante sept rue des pyrénées, une femme caresse les seins de sa femme, elles sont toutes deux nues, allongées sous la couette. La femme caresse les tétons de sa femme comme pour se persuader qu'elle ne rêve pas, que tout cela est bien réel. Elle voudrait laisser encore courir sa langue sur tout le corps de l'autre femme, elle a encore envie de s'abreuver de sa peau salée, de sa chatte chaude qui a goût de caramel. L'autre femme est un peu assoupie, ce serait bien que jamais elle ne se réveille. Dans l'immeuble du trois cent septante sept rue des pyrénées, un homme assis dans son fauteuil club acheté en solde a maisons du monde, lit "or noir" le dernier livre publié par dominique manotti à la série noire de gallimard, il entame le chapitre 4, sous-titré mercredi 14 et jeudi 15 mars 1973, mercredi en soirée, nice. C'est le onzième livre de dominique manotti si l'on compte celui co-écrit avec DOA, c'est la quatrième a la série noire. Il contient trois cent trente deux pages si l'on compte la post-face. Au trois cent septante sept rue des pyrénées, une femme compte et recompte, elle regarde son compte bancaire sur l'écran de son ordinateur et calcule que vers le 15 elle sera a découvert et une semaine plus tard, elle aura atteins la limite de son découvert et elle vivra sur ses réserves de nourriture et sur ses tickets restaurant pour la semaine qui précède la paie suivante. Le seul problème par rapport a d'habitude c'est que cette fois nous sommes en décembre et qu'il y a les fêtes de noël. Ou va t'elle trouver l'argent pour offrir les cadeaux de noël ? Demander a sa mère combien ils seront a noël, en espérant que ce soit le chiffre minimum. Cette connerie de noël la fout dans la merde de manière récurrente chaque année. Au trois cent septante sept rue des pyrénées, un homme écoute un album de miossec tout en rêvassant, miossec chante : c'était mieux avant quand on chantait pour les allemands, l'homme se demande ce qui l'attends pour le futur, qu'est ce qui peut encore lui arriver de bien, il est a ce moment de sa vie ou l'on se demande si ça vaut le coup de continuer encore, pour subir les assauts du temps, pour se laisser peu a peu recouvrir par un torrent de boue, pour s'enfoncer dans les sables mouvants, un prélude a la mort. Au trois cent septante sept de la rue des pyrénées, l'enfant se demande quand il pourra vivre tout seul, quand il pourra s'échapper de l'appartement de ses parents, quand il pourra enfin ne plus étouffer ici, quand il sera maître de son destin. Il se rend compte comme il a hâte, il se rend compte comme il veut vivre. Au trois cent septante sept de la rue des pyrénées...

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369 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

Au 369 rue des pyrénées, un homme lit un livre ou il est écrit : Il est devenu solitaire. Mais sans jamais se plaindre. Il trouvait qu'il méritait d'être seul. Il disait je me souviens, que la haine de soi est une haine qui se nourrit chaque matin au réveil quand on se regarde dans une glace. L'homme referme le livre et récupère son verre pour boire une gorgée du porto qu'il contient. Au second étage du 369 rue des pyrénées, un jeune homme écoute le dernier disque de taulard. Il adore ce groupe de grenoble, l'album tourne en boucle sur sa platine disque, il regarde les posters au mur de son appartement, il écoute les photos sur le mur en face de son lit, il attend qu'un son sorte de la voix de la femme sur les photos même si ça n'arrivera jamais. De savoir que les choses n'arriveront pas, n'empêche pas de les attendre. Au 369 rue des pyrénées, une jeune fille écrit dans son journal intime comme chaque jour, elle a 16 ans et étudie dans un lycée professionnel, un endroit ou l'on envoie les filles comme elle qui ne feront pas de grandes études, elle vit un peu plus haut dans les hlm de la place des fêtes et si elle se trouve dans ce bel appartement c'est juste parce qu'elle garde la jeune enfant qui fait ses devoirs avant que ses parents ne rentrent, mère qui travaille dans la pub, père dans le graphisme. Des bobos comme ils disent dans les journaux de province pour ne pas dire parisien et ne pas être traité de xénophobe. Un homme fait revenir les oignons tout doucement dans une huile d'olive un peu chaude, il surveille aussi le lapin qui ruisselle dans la cocotte, et il l'humecte d'un peu d'eau pour ne pas qu'il brûle. Sa femme lui passe une main sur les fesses pour qu'il se souvienne qu'elle existe encore. Elle se demande s'il a une maîtresse. Au 369 rue des pyrénées, un homme prend la queue d'un autre homme dans sa bouche en même temps qu'il pose ses mains sur ces pectoraux. L'autre homme gémit et il lui dit des mots cochons pour l'encourager. Il ne faudra pas qu'il se souvienne de n'aimer personne. Aussi. Surtout n'aimer personne. Dans une chambre de bonne du 369 rue des pyrénées, un homme dont la vie n'a plus vraiment d'importance, regarde au-dehors le mouvement de la rue, détend peu a peu son corps et ses muscles, étreint comme ça vient la vie qui n'existe plus. Au 369 rue des pyrénées, des femmes et des enfants, des hommes et des moins que rien, des vies qui se continuent ou qui entament un peu de surplace, au 369 rue des pyrénées on dirait que la vie encore, on dirait que la vie toujours. On dirait que la vie. Malgré tout. La vie malgré tout.

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371 Rue des pyrénées

Publié le par drink 75

 

Je toque a la porte du quatrième étage de l'appartement du 371 rue des Pyrénées. Je suis un peu essoufflé car j'ai voulu monter a pied pour faire le malin au lieu de prendre l'ascenseur. Je sors ma carte professionnelle quand la porte de l'appartement s'ouvre et j'explique a la femme qui se tient sur le seuil de son appartement que je suis de la police, mon adjoint fait de même et la femme qui semble totalement au bout de sa vie, s'efface sur le palier et nous invite a entrer. Nous la suivons dans le salon, ou je m'assieds dans un fauteuil passé de mode alors que la mère de la victime s'assoit au bord du canapé comme si elle voulait déjà s’éclipser, quitter cette place. Je lui présente nos plus sincères condoléances pour la mort de sa fille, je lui dis le baratin habituel, que nous mettons tout en œuvre pour retrouver la personne qui a fait cela et qu'elle sera lourdement condamné. Des larmes commencent a couler sur le visage de la femme. Elle a une cinquantaine d'années. Je me souviens que la victime a 22 ans. La femme se mouche et essaie de garder une contenance. Mon adjoint prend le relais. Avec sa voix douce et son visage avenant et imberbe d'asiatique mon adjoint ressemble a un gamin alors qu'il a presque 40 ans. Il entame la ronde des questions habituelles. Mes yeux courent à l'intérieur de l'appartement de la femme. Il y a des photos de la jeune fille que nous avons découverte morte, au 387 de la même rue. Elle était si gentille si vous saviez messieurs, elle était si douce, si prévenante, tout le monde l'adorait. La femme se mouche. Je regarde les photos de la victime disséminées un peu partout dans l'appartement. Fille unique, un père absent, qui n'a peut-être jamais existé. La femme est dévastée, sa fille était sa vie, son absolue, son unique enfant. Hospitalisation pendant quelques jours a tenon, puis retour a son appartement. J'ai lu et relu son audition dans sa chambre d'hôpital, le même discours, sa fille formidable, studieuse, elle habitait le petit appartement du 387 rue des pyrénées depuis quelques mois, étude sérieuse, du droit, elle voulait devenir avocate, travaillait dans un cabinet d'assistance juridique pour payer ses études. Pas de père, la mère travaille comme puéricultrice a la clinique des bluets vers le père lâchaise. Pourriez-vous nous parler du père de votre enfant, je demande après que mon adjoint se soit tourné vers moi pour montrer qu'il avait fini de reposer ses questions sans importance pour mettre en confiance la mère de la victime et vérifier quelques points de détail. Rien a en dire, elle soupire, un garçon qui a prit peur quand je lui ai dis que j'étais enceinte, nous sortions ensemble depuis quelques semaines, ce n'était pas dans mes plans de me retrouver enceinte aussi rapidement mais que voulez-vous, il a bien fallu que j'assume et je ne l'ai jamais regrettée. Sa voix se brise. C'est toujours un moment délicat quand vous interrogez les proches d'une victime. Il faut avancer dans l'enquête sans les brusquer. Excusez moi se reprend la femme. Je lève la main comme pour dire que c'est normal. Je ne vais pas vous ennuyer beaucoup plus longtemps. Vous avez déclaré que votre fille n'avait pas de petit ami mais il semble qu'elle connaissait son agresseur, il n'y a pas trace d'effraction, vous n'avez pas la moindre idée sur qui aurait pu faire une chose pareille. Elle secoue la tête. Elle dit que sa fille était une sorte de bon samaritain, elle pouvait accueillir un sans domicile fixe pour dormir au chaud, ou quelqu'un qu'elle connaissait peu. Plus tard alors que nous sortons de l'immeuble du 371 rue des pyrénées, mon adjoint me dit que tout le monde dit la même chose. Une copine extra, une fille bien. C'est un rôdeur il dit, elle a accueillie quelqu'un, il a voulu la violer, elle a résisté et il l'a tuée sauvagement. 10 jours qu'elle est morte, 10 jours de perdus. J'ai été occupé par cette merde qui a ruisselé sur paris et je n'ai pas pu m'occuper de l'affaire. L'autopsie de la jeune fille ne raconte pas la même histoire que mon adjoint. Elle n'a pas vraiment résisté a son agresseur, comme si elle acceptait son sort. Je commence a marcher en direction de gambetta pour rejoindre le commissariat. Le visage de Louise, 22 ans, assassinée dans son appartement, brutalement, sauvagement, me hante. Je vais trouver son assassin, je lui jure. Je vais trouver ton assassin.

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